Mesure de la diversité alimentaire
L’une des composantes clé de la qualité globale de l’alimentation est l’adéquation nutritionnelle, que l’on approche par la mesure de la diversité alimentaire. Ceµ concept repose sur le fait que les besoins en nutriments ne sont pas couverts par un seul aliment mais par un régime composé de plusieurs aliments. Malgré l’importance accordée à la diversité de l’alimentation, les méthodes développées pour la mesurer manquent d’harmonisation. De nombreux indices de mesure de la diversité alimentaire ont été proposés dans les pays industrialisés et, dans une moindre mesure, dans les pays en développement, mais les méthodes de mesure et de construction de ces indices ont soulevé de nombreuses interrogations. Le score de diversité alimentaire (SDA) est la principale mesure de la diversité alimentaire, il peut être mesuré au niveau ménage et au niveau individuel principalement chez les femmes enceintes et allaitantes ou chez les enfants. D’autres auteurs ont également proposé des scores basés sur le nombre d’aliments consommés plutôt que sur les groupes, appelés alors scores de variété alimentaire (SVA). Il estime le nombre de produits alimentaires consommés par un ménage ou une personne au cours des dernières 24, 48 heures ou 3 jours [51]. Le SDA est un déterminant fort de l’adéquation en nutriments, puisque l’augmentation du nombre de groupes d’aliments a un impact plus important sur cette adéquation que l’augmentation du nombre d’aliments individuels, cela a été démontré par une étude faite au Mali auprès des jeunes enfants, deux types de scores mesurant la diversité alimentaire par rapport à l’adéquation en nutriments ont été utilisés [52]. Les auteurs ont utilisé un score de variété basé sur le compte des items alimentaires (score de variété alimentaire) et un score de diversité basé sur le compte de 8 groupes d’aliments (SDA), calculés à partir d’une mesure des ingérés alimentaires par pesée. L’adéquation en nutriments a été estimée par le Mean Adequacy Ratio. Les auteurs ont ainsi pu mettre en évidence une association du MAR avec le SVA et le SDA, avec des coefficients de corrélation de 0,33 et 0,39 respectivement. Enfin, dans ses guides techniques, Food And Nutritional Technical Assistance (FANTA) recommande également de calculer le nombre de groupes d’aliments différents plutôt que le nombre d’aliments différents [8,53]. Des chercheurs se sont intéressés à l’utilisation que l’on pouvait faire des scores de diversité alimentaire dans différents contextes. Certains ont ainsi pu mettre en évidence que ces scores pouvaient servir d’indicateurs du niveau économique et de sécurité alimentaire des ménages [54,55]. D’autres auteurs ont montré qu’ils pouvaient être utilisés comme indicateurs de risque de malnutrition, notamment chez les jeunes enfants, ou plus largement comme des indicateurs de risque par rapport à des états de santé [56,57]. Les groupes d’aliments ont été définis à partir des tables de composition nutritionnelle des aliments. La classification la plus utilisée est celle de la FAO (boissons et divers condiments, sucre et dérivés, corps gras, œufs, lait et produits laitiers, viandes, poissons et fruits de mer, fruits, légumes, légumes feuilles, légumineuses, racines et tubercules) qui est basée sur l’origine botanique et zoologique des aliments et leur composition nutritionnelle [58].
Score de diversité alimentaire chez la femme (SDAF)
Le SDAF est utilisé comme mesure supplétive de la qualité nutritionnelle du régime alimentaire chez la femme en âge de procréer, enceinte, et allaitante. Le score de diversité alimentaire au niveau individuel a été validé pour plusieurs groupes d’âge/sexe constituant une mesure approchée de l’adéquation du régime alimentaire en macronutriments et/ou micronutriments chez les nourrissons et chez les jeunes enfants, chez les enfants non allaités [59] , chez les adolescents et chez les adultes.
Score de diversité alimentaire du ménage (SDAM)
Le SDAM est utilisé comme mesure supplétive du niveau socioéconomique du ménage [60], [55]. Des études ont montré que l’accroissement de la diversité alimentaire allait de pair avec un meilleur statut socioéconomique et niveau de sécurité alimentaire du ménage [61]. La diversité alimentaire au niveau des ménages prend en compte les aliments consommés même en quantités infimes, le score étant conçu pour rendre compte de l’accès économique à l’alimentation, toute quantité d’aliment, même modeste, représente un pouvoir d’achat [62]. Une étude réalisée sur la diversité alimentaire en France révèle que les scores de diversité alimentaire les plus faibles sont observés chez les ménages dont la consommation en fruit et légumes est très faibles ou nulle [62]. Il reste difficile de relier la diversité alimentaire au statut nutritionnel ou à des états pathologiques, mais l’indice de diversité alimentaire sur les 24h donne une idée du comportement alimentaire, et peut utilement compléter des enquêtes de consommations alimentaires L’ensemble suivant 12 groupes alimentaires est utilisé pour calculer le SDAM (Céréales ; Racines et tubercules ; Légumes ; Fruits ; Viande, volaille, abats ; Œufs ; Poissons et fruits de mer ; Légumes à gousse/légumineuses/noix ; Lait et produits laitiers ; Huile/matières grasses ; Sucre/miel ; Divers) [63].
Il y’a une différence entre la méthode de calcul du score de diversité alimentaire au niveau ménage et au niveau de l’individu. La différence sur le groupe d’aliment s’explique par le fait qu’avec le SDAF, les huiles et graisses, les condiments et épices, les sucreries voire même les boissons ne sont pas prises en compte car ces trois groupes d’aliments nécessitent plus de dépenses, alors que les scores individuels sont censés refléter la qualité nutritionnelle du régime alimentaire. Le SDAF rend compte de la probabilité d’adéquation en micronutriments du régime alimentaire des femmes. Ces trois groupes d’aliments ont alors été inclus dans le SDAM qui est conçu pour donner une indication de l’accès économique des ménages à l’alimentation. Le groupe d’aliments « graisses et huiles » n’étant pas inclut dans le SDAF, il a été recommandée de calculer sous forme d’indicateur la proportion des femmes consommant des huiles et graisses car ils contribuent pour une large part à la valeur énergétique du régime et facilitent l’absorption des vitamines liposolubles et des caroténoïdes présents dans les végétaux [64].
Méthode de calcul du score de diversité alimentaire
Le score de diversité alimentaire décompte des groupes d’aliments qu’un ménage ou qu’une personne a consommé au cours d’une période déterminée. Dans les pays industrialisés, plusieurs méthodes de calculs du SDA ont été proposées. Kant a proposé un score très simple, appelé le « Food Group Score », qui attribue un point à chaque groupe d’aliments consommé parmi un total de cinq groupes (lait et produits laitiers, viandes, fruits, légumes et céréales) [65,66]. En France, Drewnowski et al. ont utilisé le même score de diversité, qu’ils ont appelé le « Dietary Diversity Score », et ont également utilisé un score de variété, le « Dietary Variety Score », correspondant au nombre d’aliments consommés parmi une liste de 73 aliments [67]. D’autres auteurs ont pris en considération le nombre de portions de différents groupes d’aliments consommées, en conformité avec les recommandations alimentaires. Tel que le « Dietary Score » proposé en 1981 par Guthrie et Scheer, qui attribue des points à 4 groupes d’aliments consommés au cours des dernières 24h. Pour les groupes lait/produits laitiers et viandes/légumineuses, 2 points sont attribués pour chacune des 2 portions recommandées ; pour le groupe des fruits/légumes et le groupe pains/céréales, 1 point est attribué pour chacune des 4 portions recommandées. Ainsi, le maximum de points possible est le même pour chacun des groupes d’aliments. Les points attribués sont ensuite sommés, le score maximum pouvant alors être de 16 points [68].
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Table des matières
Introduction
I. État des connaissances
I.1. Concepts de base
I.2. La diversité alimentaire
I.3. Mesure de la diversité alimentaire
I.4. Epidémiologie de la diversité alimentaire
I.5. Les facteurs de risques associés à la diversité alimentaire chez les femmes enceintes
I.6. Les politiques et déclaration sur la diversité alimentaire
II. Justification
III. Modèle théorique et cadre conceptuel
IV. Question de recherche
V. But et objectifs de l’étude
V.1. But de l’étude
V.2. Objectif général
V.3. Objectifs spécifiques
VI. Cadre d’étude : la région de Dakar
VI.1. Situation géographique et climatique
VI.2. Aspects sociodémographiques
VI.3. Aspects socioéconomiques
VI.4. Caractéristiques sanitaires
VII. Méthodologie
VII.1. Type et période d’étude
VII.2. Population d’étude
VII.3. Échantillonnage
VII.4. Collecte des données
VII.5. Saisie des données
VII.6. Analyse des données
VII.7. Considérations éthiques
VIII. Résultats
VIII.1. Partie descriptive
VIII.2. Partie Analytique
IX. Discussion
IX.1. Limites de l’étude et difficultés rencontrées
IX.2. Mesure du score de diversité alimentaire : discussion méthodologique
IX.3. Le score de diversité alimentaire de la femme enceinte
IX.4. Diversité alimentaire et caractéristique sociodémographiques
IX.5. Diversité alimentaire et caractéristiques économiques et professionnelles
IX.6. Diversité alimentaire et caractéristique de la grossesse
IX.7. Diversité alimentaire et Pratiques et connaissance en Nutrition
X. Recommandations
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes