Mémoire et stockage d’informations
Afin de savoir si la manipulation est liée à la mémorisation, nous allons tout d’abord nous intéresser à la mémorisation de façon plus détaillée afin de comprendre son fonctionnement. Lorsque que nous abordons le thème de la «mémorisation» et donc de la « mémoire », deux mémoires de stockage, qui travaillent de concert sont distinguées : la mémoire à court terme et la mémoire à long terme. Nous allons donc les étudier chacune leur tour.
La mémoire à court terme
Nous allons nous pencher sur la mémoire à court terme grâce aux écrits de SteveMAJERUS, Anne BERNARD et Cécile DELANNOY (1994). La mémoire à court terme ou mémoire de travail est considérée comme un système qui conserve entre cinq et neuf informations pendant quelques dizaines de secondes. Lorsqu’une information arrive dans la mémoire à court terme, elle chasse la précédente qui est soit oubliée, soit dirigée vers la mémoire à long terme où elle va être stockée. Cette mémoire agit comme une plateforme de pivot des nouvelles informations qui entrent.
La mémoire de travail va fonctionner avec deux types d’informations. D’une part, elle va pouvoir stocker des mots : nous allons alors parler de « boucle phonologique ». En effet, elle permet de stocker une information comportant six ou sept mots prononcés oralement, écrits ou pensés, pour une durée limitée. Nous parlons de « boucle » car il va y avoir une réitération dans les informations qui viennent et on la qualifie de « phonologique » puisque ces informations proviennent du langage articulé.
D’autre part, notre mémoire à court terme peut aussi stocker des images : nous parlons alors d’ « ardoise » ou de « calepin visuo-spatial ». En effet, elle va stocker des images précises vues par nos yeux ainsi que des images créées de toutes pièces dans notre cerveau suite à notre imagination ou à une description par exemple. Ces images sont précises puisque les objets et personnes présentes à cet instant ainsi que la représentation spatiale des choses y figurent et sont conservés.
La mémoire à court terme peut gérer simultanément une boucle de mots et une boucle d’images. Cependant elle ne peut pas gérer deux boucles de même nature en même temps. C’est pourquoi, afin de favoriser le fonctionnement de la mémoire de travail, il est recommandé de combiner l’utilisation des deux boucles mais sans les surcharger.
La mémoire à long terme
D’après les écrits et les études de Cécile DELANNOY (1994), la mémoire à long terme, quant à elle, conserve un grand nombre d’informations pendant longtemps. Afin d’être emmagasinées, les informations vont être codées. Le fonctionnement exact de cette mémoire est controversé. En effet, certains spécialistes tel que Paivio pensent qu’elle fonctionne selon deux codages se référant aux deux boucles de la mémoire de travail. Au contraire, d’autres défendent l’idée d’un codage unique pour toutes les informations, comme Pylyshyn (Cécile DELANNOY, 1994). Cependant, des constats ont été faits à ce sujet. Afin d’être transmises de la boucle phonologique à la mémoire à long terme, les informations verbales changent de codage. Et concernant alors le stockage des images, un débat perdure afin de savoir si ce sont des images qui sont enregistrées ou si elles sont aussi codées.
Néanmoins, il a été constaté qu’une information sera mieux mémorisée si elle a été transmises de façon verbale et visuelle. C’est pourquoi, comme pour la mémoire de travail, il est préférable d’avoir des représentations mentales ainsi qu’une mise en mots de ce que nous souhaitons mémoriser.
D’autres mémoires
La séparation de la mémoire en deux mémoires, l’une à court terme et l’autre à long terme peut être controversée par d’autres découpages possibles. Nous allons nous intéresser à deux autres possibilités parmi toutes celles qui existent grâce à un article de l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) sur la mémoire.
D’une part, dans cette première autre vision de la mémoire, la mémoire est divisée en une mémoire épisodique et une mémoire sémantique. D’un côté, nous avons la mémoire épisodique qui est celle des souvenirs vécus. Elle est alors très chargée affectivement et peut ainsi déformer certains faits réels. De l’autre, nous avons la mémoire sémantique qui, elle, regroupe toutes les informations dont nous avons perdu la trace de leur origine, leur contexte d’acquisition. Elle est donc très peu influencée par le côté affectif. C’est cet aspect qui lui permet de fonctionner de manière plus sûre et plus rapide puisqu’elle est ainsi immédiate et automatique.
D’autre part, une autre séparation nous propose de distinguer mémoire déclarative et mémoire procédurale. La mémoire déclarative est décrite comme une base de données où les informations stockées sont des connaissances explicites. Elle permet ensuite une récitation mentale. La mémoire principale quant à elle, fait référence à la mise en relation des connaissances. Elle permet de retenir les connexions entre les stimuli et les réponses. Elle se développe en accumulant des expériences et, à chaque fois qu’une information est activée, cette activation devient plus rapide.
Les types d’informations en mémoire
D’après les écrits d’Anne BERNARD (2019) et de l’article « un point théorique sur la mémorisation » de l’académie de Nantes, nous allons nous intéresser aux différents types d’informations qui sont stockés en mémoire. Notre mémoire se forme à chaque instant en fonction de ce que nous savons déjà, de nos expériences passées, de nos perceptions, de nos émotions et de notre attention. Elle est différente pour chacun d’entre nous, même pour un événement qui serait vécu en commun.
Tout d’abord, la mémoire abrite des souvenirs sensoriels afin d’enregistrer et de se souvenir de visages, de lieux, de voix, de bruits, de saveurs, etc. de façon implicite. Elle abrite aussi dans ces souvenirs les savoir-faire, les habiletés et les souvenirs moteurs, qui à force de répétitions deviennent des gestes automatiques et précis. De plus, nous y retrouvons aussi des connaissances générales qui se construisent et se réorganisent tout au long de la vie telles que le langage, les connaissances sur le monde, sur les personnes et sur ce que nous savons sur nous. Et pour finir, nous y retrouvons des souvenirs personnels, vécus ainsi que les émotions qui leur sont liées. Il est donc possible de classer les informations que nous retenons en trois catégories : ce qui a un sens, ce que nous traitons et ce que nous consolidons. Tout d’abord, nous mémorisons les informations qui vont avoir un sens pour nous. En effet, il faut que cette information soit comprise puis qu’elle ait un sens, une utilité pour nous et que nous nous y intéressions personnellement. C’est pourquoi, si un enseignant souhaite que ses élèves mémorisent bien une connaissance, il doit la rendre la plus claire et la plus intéressante possible afin de leur donner envie de la retenir.
Ensuite, nous allons conserver en mémoire les informations que nous allons traiter personnellement. Ainsi, elles vont venir s’intégrer à des informations déjà connues et enregistrées afin d’être elles aussi retenues. La situation optimale d’apprentissage pour des élèves serait lorsque le savoir proposé correspond à une question que l’élève s’était posée. En effet, ce savoir va tout de suite faire sens pour lui et il va être immédiatement traité puisqu’il est rattaché à un cadre de pensée déjà présent.
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Table des matières
Introduction
PARTIE 1 : MÉMORISATION, COMPRÉHENSION ET MANIPULATION
I – Mémoire et stockage d’informations
A – La mémoire à court terme
B – La mémoire à long terme
C – D’autres mémoires
D – Les types d’informations en mémoire
E – La mémorisation chez les enfants
II – Mémorisation et compréhension
A- Qu’est ce que la compréhension ?
B – De la compréhension à la mémorisation
III – La place de la manipulation dans la compréhension et la mémorisation des apprentissages scolaires
A – Qu’est-ce que la manipulation ?
B – Comment la manipulation favorise-t-elle la mémorisation ?
C – Un atout de la manipulation : passer du concret à l’abstrait
D – Manipulation, compréhension et mémorisation dans le domaine scolaire, chez les jeunes enfants
IV – Le repérage dans l’espace et la programmation en maternelle
A – Dans les programmes nationaux
B – Les phases de conception d’un programme par un enfant
C – Le jeu de l’enfant robot
D – Du jeu de l’enfant robot au robot
PARTIE 2 : LA PROGRAMMATION EN CLASSE
I– Séquence de travail envisagée en classe et recueil de données
A – Hypothèses
B – Présentation du bluebot
C – La séquence d’apprentissage
D – Recueil de données
II – Analyse de la séquence
A – Analyse a priori
B- Analyse a posteriori
Conclusion
Bibliographie
Sitographie
Annexes