Au moment où les pays du Nord (USA, Canada, pays européens) ne se soucient plus de l’autosuffisance alimentaire, au moment où la malnutrition ne fait même plus partie de leurs souvenirs, mais plutôt au moment où ces pays sont confrontés à un problème sérieux de surproduction jusqu’à vouloir même limiter les productions ; dans les pays du Tiers monde, singulièrement en Afrique, la sécurité alimentaire reste un des axes majeurs des interventions pour le développement (LY, 1996). Les pays d’Afrique au Sud du Sahara multiplient d’initiatives parmi lesquelles l’élevage des animaux à cycle court pour relever le défi de sécurité et de souveraineté alimentaires.
En Côte d’Ivoire, ce défi a été alourdi par la violente crise sociopolitique post- électorale de 2011 qui a plongé le pays dans une situation dramatique. Pour faire face à ce défi, tous les secteurs de l’économie ivoirienne sont impliqués, en particulier le secteur agricole (FAO, 2012). En effet, l’économie de la Côte d’Ivoire est basée sur l’agriculture qui représentait 26% du PIB et 65% des recettes extérieures en 2008. Avant la crise de 2002, le secteur des ressources animales et halieutiques (élevage et pêche) contribuait pour 2,9% au PIB agricole et 1% au PIB national. La contribution de la filière avicole au PIB agricole en 1999 était de 56,475 milliards soit 45% de l’apport de la production animale au PIB (125,5 milliards de F CFA) (FAO, 2008).
Ainsi, le développement durable de la filière avicole mérite une attention particulière de la part des autorités compétentes de la Côte d’Ivoire. Ce développement, du fait de nombreuses pathologies auxquelles les volailles restent confrontées, passe par des stratégies et des mesures visant à mettre en place une bonne protection sanitaire des volailles. Cette protection consiste à prévenir et à contrôler les pathologies aviaires dominées par des pathologies infectieuses classiques telles que la maladie de Newcastle, la maladie de Gumboro, la variole ou diphtérie aviaire, la maladie de Marek, la bronchite infectieuse, les salmonelloses, le choléra ou pasteurellose aviaire, la colibacillose, etc .
Pour lutter contre ces pathologies, on a recours à des méthodes de prévention et de traitement par des médicaments vétérinaires en particulier les antibiotiques. Ce qui permet de contribuer au bien-être des volailles afin de leur permettre de produire à la hauteur de leurs performances zootechniques. Selon DOSSO (2014), les aviculteurs ivoiriens utilisent couramment les tétracyclines, une famille d’antibiotiques ayant un large spectre d’action, représentée en l’occurrence par l’oxytétracycline et la doxycycline. Ces molécules sont les plus utilisées sur le terrain en raison de leur bonne efficacité et leur faible toxicité.
Structure du secteur avicole en Côte d’Ivoire
Généralités
En Côte d’Ivoire, l’aviculture est principalement pratiquée par les populations rurales sous forme d’exploitation familiale de races de volailles locales à petite échelle. Il existe cependant une aviculture de type commerciale et moderne, notamment dans les périphéries des grandes villes du pays et les grandes agglomérations. En effet, l’aviculture familiale est présente sur toute l’étendue du territoire avec une forte concentration dans la partie septentrionale du pays, avec en moyenne plus de 1000 volailles par village. La région des Savanes (Nord) fournit 40% des effectifs de volailles du secteur familial tandis que la région du Zanzan (Nord -Ouest) fournit 30% des effectifs. Les productions avicoles modernes ont particulièrement été développées dans la région Sud, dans la périphérie d’Abidjan et des principales agglomérations de cette région. Ce secteur s’est développé autour des centres urbains pour combler une demande importante en protéines d’origine animale. Quant à la production de poulets de chair, elle est assurée par l’Union des Aviculteurs de Côte d’Ivoire (UACI) qui compte 545 aviculteurs membres répartis sur quinze zones dont 341 éleveurs de poulets de chair se trouvent autour d’Abidjan tandis que 204 éleveurs se répartissent entre les zones d’Adzopé, Agnibilékrou, Bouaké, Daloa, Gagnoa, et Man (FAO, 2008). Selon cette même source, la Côte d’Ivoire compte trois types de système d’élevage avicole :
✓ le système d’aviculture industrielle ou intégré ou secteur 1 ;
✓ le système d’aviculture commerciale ou secteur 2 et 3 ;
✓ le système d’aviculture villageoise et de basse-cour ou secteur 4.
La filière avicole ivoirienne est bien organisée et se caractérise :
✓ au niveau des producteurs, par deux associations dénommées :
● l’Union des Aviculteurs de Côte d’Ivoire (UACI), créée en 1989, regroupant plus de 700 adhérents ;
● l’Association Nationale des Aviculteurs de Côte d’Ivoire (ANAVICI), créée en juillet 2005.
✓ au niveau des Industriels (Accouveurs, Fabricants d’aliments, etc….), par une association dénommée l’Association des Industriels Distributeurs d’Intrants et de Produits Avicoles (INTERAVI), créée en 1989.
✓ au niveau de la commercialisation, par la création en décembre 2008 de l’Association Nationale des Revendeurs de produits avicoles de Côte d’Ivoire (ANAREVCI).
Ces différentes associations (UACI, ANAVICI, INTERAVI et ANAREVCI) forment l’Interprofession Avicole Ivoirienne (IPRAVI), qui existe depuis 1995 et comprend 6 collèges (accouveurs, producteurs d’aliments, éleveurs de volailles de chair, producteurs d’œufs de consommation, abatteurs de volailles et conditionneurs d’œufs de consommation). Depuis décembre 1998, un contrat plan a été signé entre l’Etat et l’IPRAVI, pour confier la maîtrise d’œuvre des programmes de développement de l’aviculture à cette dernière (MIRAH, 2014).
Statistiques du cheptel avicole
Selon la FAO (2008), les espèces aviaires rencontrées sur le territoire ivoirien sont essentiellement les poulets, les pintades, les canards, les dindes et les pigeons, mais aucune statistique fiable ne permet de déterminer les différentes proportions de ces espèces. Néanmoins, de 2003 à 2013, les cheptels des volailles traditionnelles, des poulets de chair et des poules pondeuses ont passé de 30560 à 58380 milliers de têtes .
Production
Les productions avicoles constituent un maillon essentiel du système de production animale en Côte d’Ivoire.
Production des œufs
La production commerciale d’œufs de consommation est, de 2000 à 2007, relativement constante à l’exception des années 2004 (troubles politiques de novembre à décembre 2004) et 2006 (épidémie de grippe aviaire). Ces baisses sporadiques n’ont pas profondément bouleversé la production (FAO, 2008) car à partir de 2008, cette production a beaucoup augmenté jusqu’ à atteindre des valeurs de 980 millions d’œufs en 2013 .
Production de viande
La production nationale de viande de volaille des élevages modernes a connu une nette progression à partir de 1998. La tendance s’est inversée avec une régression de 2002 jusqu’en 2004. Une légère reprise est notée en 2005. Les fluctuations décrites sont essentiellement liées aux variations de production des poulets de chair. La production de poule reformée n’a pas connu de variation notable (FAO, 2008). A partir de 2008, la production de viande de volailles a connu une progression accrue suite à la modernisation de l’élevage avicole. La production de viande de volaille, de 2000 à 2013, a passé de 8818 à 36140 tonnes équivalent-carcasse .
Consommation
En Côte d’Ivoire comme dans beaucoup de pays subsahariens, le bilan entre offre de production et besoin de consommation des produits avicoles est négatif, ce qui traduit bien le caractère déficitaire de la production nationale en protéines animales.
Viande
La consommation de viande de volailles industrielles importées a toujours été en deçà de la consommation de volailles locales issues des élevages modernes (FAO, 2008). Selon les données de FAOSTAT, ce n’est qu’en 2003-2004 que la consommation de viande de volailles industrielles importées a surpassé celle des volailles modernes locales.
Œufs
En Côte d’Ivoire, selon les données de l’IPRAVI, le niveau de consommation d’œufs par habitant et par an a diminué jusqu’à 2007. C’est à partir de 2008 que cette consommation a augmenté suite à l’augmentation de la production des œufs de consommation par le développement de l’élevage avicole.
Importance de l’élevage avicole
L’aviculture est un secteur d’élevage qui constitue une activité porteuse de croissance économique. Elle fournit les protéines animales sous la forme de viande et d’œufs. En outre, la volaille joue un rôle culturel et social non négligeable dans les sociétés africaines. En effet, l’aviculture est un élevage rapide dans sa réalisation et facile dans sa conception. Au fil des années, le secteur avicole a pris de l’ampleur et représente à ce jour, la meilleure activité pour produire une grande quantité de protéines animales (FAO, 2008).
Importance nutritionnelle
Les protéines d’origine animale, de par leur richesse et leur teneur en acides aminés essentiels, augmentent considérablement la valeur nutritionnelle du régime même lorsqu’elles sont apportées en faible quantité. Ces protéines sont de ce fait un élément capital de l’équilibre alimentaire surtout chez les groupes les plus vulnérables (les jeunes enfants et les femmes enceintes) qui devraient en consommer quotidiennement au moins une dizaine de grammes (FEDIDA, 1996). Parmi les sources de protéines animales, les produits avicoles occupent une place de choix.
Viande de volaille
La viande de volaille a ses qualités nutritionnelles : apports en protéines, faible teneur en lipides et ses apports en acides gras polyinsaturés de type oméga 3. Mais selon l’espèce ou le muscle considéré, ces proportions diffèrent, comme pour les autres constituants tels que les vitamines, les acides gras ou les éléments minéraux, qui peuvent également varier selon les auteurs et les méthodes d’analyses employées. Ainsi, chaque viande a ses propres caractéristiques nutritionnelles qui, parfois, se rapprochent plus ou moins entre espèces. Certains facteurs sont susceptibles de faire varier les proportions de ces différents éléments constitutifs. Ainsi, l’âge, le sexe, le mode d’élevage ou encore l’alimentation sont autant de paramètres qui peuvent influer sur la composition nutritionnelle des viandes de volailles (BRUNEL V. et al., 2006).
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’AVICULTURE EN COTE D’IVOIRE
I.1. Structure du secteur avicole en Côte d’Ivoire
I.1.1. Généralités
I.1.2. Statistiques du cheptel avicole
I.1.3. Production
I.1.4. Consommation
I.2. Importance de l’élevage avicole
I.2.1. Importance nutritionnelle
I.2.2. Importance socio-économique
I.3. Contraintes de l’aviculture en Côte d’Ivoire
I.3.1. Contraintes liées au cadre réglementaire
I.3.2. Contraintes zootechniques
I.3.3. Contraintes sanitaires
CHAPITRE II : MEDICAMENTS VETERINAIRES ET UTILISATION DES ANTIBIOTIQUES EN AVICULTURE
II.1. Médicaments vétérinaires
II.1.1. Définition du médicament vétérinaire
II.1.2. Classification des médicaments vétérinaires
II.1.3. Marché des médicaments vétérinaires en Côte d’Ivoire
II.2. Utilisation des antibiotiques en aviculture
II.2.1. Définition
II.2.2. Modalités d’utilisation des antibiotiques
CHAPITRE III : PROBLEMATIQUES DE LA QUALITE DES ANTIBIOTIQUES UTILISÉS EN AVICULTURE
III.1. Qualité des antibiotiques utilisés en aviculture
III.1.1. Indicateurs de qualité des médicaments
III.1.2. Cas spécifiques des médicaments vétérinaires
III.2. Données sur la qualité des antibiotiques en Afrique Subsaharienne et en Côte d’Ivoire
III.3. Catégories de non-conformité des médicaments vétérinaires
III.3.1. Contrefaçon
III.3.2. Malfaçon
III.3.3. Génériques non-conformes
III.3.4. Médicaments périmés revendus
III.4. Enjeux de l’utilisation des antibiotiques en aviculture
III.4.1. Résistance aux antimicrobiens
III.4.2. Residus d’antibiotiques et delai d’attente
III.5. Mesures de protection de la santé publique
CONCLUSION