Difficile de concevoir une vie sans média, en effet de nos jours, la télévision, la presse, la radio, internet ; tant de médias qui ont une place importante dans la vie de chacun d’entre nous.
Chaque sujet devient d’actualité par l’intermédiaire des médias qui font prendre une ampleur positive ou négative à un sujet choisi dans le but d’intéresser un maximum de monde. Les médias ont en fait un rôle crucial dans la transformation d’un savoir expert en un savoir de rôle commun (Joffe, 2005). Tout d’abord, il est important de comprendre ce que sont les médias et ce qu’ils comportent. Les médias correspondent à tout moyen de communication servant à transmettre et à diffuser des informations, des œuvres. La presse, la radiodiffusion et la télévision sont des médias (CNTRL). A ces sources médiatiques s’ajoute un nouveau mode de médiatisation développé dans les années 2000 : celui des médias sociaux qui désignent un large éventail de services internet et mobiles permettant aux utilisateurs de participer à des échanges en ligne, de se joindre à des communautés électroniques et de diffuser du contenu qu’ils ont eux-mêmes créés ; c’est le cas des blogs, des forums, les réseaux sociaux etc… (Dewing, 2012). Les médias ont pour but de développer un sujet par des moyens de communication divers et variés. La télévision par exemple permet une diffusion médiatique à base d’images ce qui permet de laisser des traces « riches » dans la mémoire à la différence d’une source médiatique sans image où l’information va « s’évanouir » (Joffe et al, 2005). Dans le monde de la santé, les médias sont des « émetteurs relais » c’est-à-dire qu’ils sont impliqués dans la conception, la production et la diffusion des messages. Ces derniers sont véhiculés à partir d’émetteurs initiaux impliqués dans le processus proposant des normes en matière de santé (Renaud, 2007). Face aux médias, chaque individu réagit de manière différente. En effet, l’ethnographie de la réception montre que les contenus médiatiques sont interprétés différemment selon les groupes, ceci entraine une création de discours et de conversations lorsque les sujets sociaux s’éloignent du média (Fourquet Courbet, 2009). La différence d’interprétation est donc responsable des conversations et discours, qui eux mêmes sont responsables d’une modification des interprétations initiales face à ces médias. Il faut savoir que la communication a pour objectif d’influencer les publics, facilitant les échanges socio-économiques, créant, renforçant ou modifiant certains comportements et/ou représentations (Charbol et al, 2004). Les représentations sociales varient en fonction des individus, du mode de vie, des sources d’informations, du vécu, de l’avis des proches. Un grand nombre de contenus médiatiques forment, renforcent ou modifient ces représentations (Fourquet Courbet, 2009). De même, il est écrit dans cette même littérature que les médias de masse agissent sur l’espace public en le vidant de certaines opinions, en modifiant lentement les représentations et l’idéologie. On retrouve ce phénomène dans tous les domaines médiatiques que cela soit la politique, la société, l’économie mais également la médecine.
La médiatisation de la médecine est en expansion depuis quelques années, de part les reportages, les émissions de « téléréalité » dans lesquelles les professionnels de la santé sont suivis. Une partie des ces émissions concernent notamment l’obstétrique avec de plus en plus de reportages sur la grossesse et l’accouchement. Outre la télévision, internet est également un outil pratique et universel de renseignements et d’informations faciles avec un développement massif de sites spécialisés dans le domaine médical voir obstétrical. Il en est de même pour la presse, la littérature et toutes formes de médias accessibles à tout à chacun. Selon Moulinier en 2017, concernant l’accouchement, les émissions de téléréalités questionnent notre société. Les femmes enceintes sont confrontées à de nombreuses représentations et normes sociales qui sont influencées par diverses instances qui sont familiales, médicales mais également médiatiques. Ceci peut être considéré comme un problème de société car le thème de l’accouchement se développe de plus en plus, notamment au travers de séries télévisées, de films, de documentaires qui sont en pleine expansion (Moulinier, 2017).
Au niveau mondial, le développement des médias est tout aussi important voir plus. En effet concernant les médias sociaux, la France se place au dernier rang avec seulement 57% d’utilisateurs contre la Jordanie qui se positionne au premier rang avec 90% d’utilisateurs (Normandin, 2017). Il est vrai que de nos jours les médias ne se limitent plus simplement aux émissions d’information, à la presse ou à internet ; les médias sociaux se développent, de même pour la téléréalité devenue une source médiatique qui influence souvent les représentations initiales des téléspectateurs. De plus, les médias ne traitent plus seulement des sujets d’actualités tels que la politique. Des émissions se développent concernant des professions, notamment de santé, permettant aux téléspectateurs de suivre ces professionnels mais également de se faire une image de ces derniers et ainsi de pouvoir les confronter, les comparer avec ceux qu’ils ont déjà rencontrés ou qu’ils rencontreront.
De part l’influence de la médiatisation de l’accouchement, les femmes enceintes sont susceptibles d’avoir des attentes particulières pour le jour de leurs accouchements. De ce fait, les professionnels de santé, face à cette demande, risquent de subir une nouvelle pression sociale qui est donc véhiculée par cette nouvelle aire de la médiatisation. Il est du rôle du professionnel de tenir compte des idéaux et des craintes transmis par un phénomène de société afin d’en prévenir les risques et les conséquences. Celui-ci doit rester le référent du savoir dans son domaine. La sage femme notamment proche des patientes, doit avoir la capacité de conseiller les femmes sur les avantages et les inconvénients de la médiatisation de l’accouchement. En effet, le rôle de la sagefemme réside entre autre dans l’anticipation des difficultés psychologiques et sociales qui pourraient advenir mais également dans le fait de compléter ou de donner des informations sur les facteurs de risque, les comportements à risque et des conseils d’hygiène de vie (HAS, 2005).
Matériel et méthode
Cette étude qualitative, phénoménologique a été menée sur une période de six mois, de mai 2017 à octobre 2017 auprès de douze femmes enceintes sélectionnées sur la base du volontariat dans le département des Bouches-du-Rhône. Afin de sélectionner les participantes, plusieurs méthodes ont été utilisées :
– étude de dossier dans les maternités d’Aubagne, de Saint-joseph et de l’Hôpital Nord,
– sollicitation des sages-femmes libérales auprès de leurs patientes,
– connaissances personnelles ou d’étudiantes sages-femmes.
A la suite de ces différentes méthodes, douze patientes ont été inclues dans l’étude. Les données ont été recueillies à l’aide d’entretiens semi-directifs d’une durée de sept à vingt minutes. Cette méthode a été sélectionnée afin de guider l’interlocuteur tout en le laissant libre de ses réponses ; cela permet d’obtenir plus d’informations sur les ressentis de la personne. Une grille d’entretien sous forme de carte conceptuelle a été mise en place (Cf annexe n°1) puis testée deux fois avant de débuter les entretiens. Cette forme particulière de grille d’entretien permet de représenter les catégories de façon visuelle et de rebondir facilement sur les informations données par la participante sans fixer un schéma prédéfini d’entretien. Huit des entretiens ont été réalisés lors d’une rencontre mais les quatre derniers entretiens ont été effectués lors d’un rendez-vous téléphonique et cela pour des raisons pratiques.
Plusieurs outils ont été nécessaires à la réalisation de ces entretiens :
– une grille d’entretien
– un outil d’enregistrement type dictaphone, téléphone
– des outils permettant la prise de note.
Un seul entretien par patiente a été réalisé.
L’étude inclue des primipares, de grossesse d’évolution normale au 3ème trimestre de grossesse. Il a donc été défini par conséquent des critères de non inclusion :
– multiparité en raison de leurs précédentes expériences qui pourraient influencer leur représentation de l’accouchement
– pathologie lors de la grossesse : une pathologie maternelle ou fœtale au cours de la grossesse engendrerait un stress supplémentaire qui aurait une influence sur les craintes ou les attentes des patientes
– 1er et 2ème trimestre de grossesse : ces deux stades de grossesse ne permettent pas d’obtenir une projection des futures mamans concernant l’accouchement.
– professions médicales ou paramédicales qui connaissent le milieu hospitalier car leurs représentations initiales pourraient être influencées par leurs métiers plus que par les médias.
Particularités de l’étude
Biais et limites
Plusieurs biais ont put être identifiés au cours de cette étude. Tout d’abord un biais de sélection. En effet les lieux ont été sélectionnés par convenance avec un nombre de participante différent en fonction du lieu. De plus, les participantes ont été sélectionnées sur la base du volontariat par le biais de sages-femmes hospitalières ou libérales mais également grâce à des connaissances personnelles ou d’autres étudiantes sages-femmes. Il existe également un biais d’interprétation ainsi qu’un biais de confusion inhérent à l’analyse qualitative et au recueil d’information des entretiens semi-directifs (Kaufmann, 2004). L’avis et le vécu des proches peut également constituer un biais dans cette étude car cela peut s’entremêler aux ressentis face aux médias et ainsi modifier les représentations initiales. Les éléments non verbaux n’ont pas été étudiés lors de ces entretiens ce qui peut entrainer un biais lors de leurs retranscriptions. Concernant les limites, la plus importante relevée est celle du manque d’intérêt pour le sujet : en effet certaines participantes, malgré leur volontariat, n’ont porté que très peu d’intérêt au sujet, de ce fait les entretiens réalisés ont été courts et parfois restreints. Ceci explique la disparité de temps entre tous les entretiens. De plus, la difficulté de trouver des participantes, d’une part due aux critères d’inclusion et de non inclusion de l’étude mais d’autre part due à une absence de réponse des patientes sélectionnées ou des organismes et professionnels contactés. Il est important de noter que le faible nombre de participante ne permet pas à cette étude d’être généralisable à l’ensemble de la population.
La spécificité de l’étude
Cette étude étant l’une des premières sur le sujet, très peu de ressources bibliographiques ont été retrouvées. L’intérêt de cette étude est de créer une ouverture pour permettre d’autres analyses plus importantes mais également d’ouvrir le sujet afin de comprendre ce que provoquent les médias chez les femmes enceintes pour permettre aux professionnels de santé d’évoluer dans leur prise en charge. C’est un sujet novateur, en adéquation avec l’époque, avec l’expansion de la technologie et de la médiatisation.
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Table des matières
Introduction
Matériel et méthode
Résultats
Analyse et discussion
• Particularités de l’étude
– Biais et limites
– La spécificité de l’étude
• Le recours aux médias
– Quels types de médias
• Ressentis et impact de la médiatisation de l’accouchement
– Définition d’un ressenti
– Ressentis face à la médiatisation de l’accouchement
– Définition des représentations
– Modification des représentations
• Abord de la médiatisation de l’accouchement en séance de PNP
– En PNP mais pas que
– Abord actuel de la médiatisation de l’accouchement en séance de PNP
– Intérêt pour les participantes d’aborder le sujet en séance de PNP
• Autres sources d’informations
Conclusion
Bibliographie
Annexes