Médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire : état de la réglementation

Médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire : état de la réglementation

Réglementation de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire

Dans son Rapport sur les médecines traditionnelles et complémentaires dans le monde de 2019, l’OMS estime que la part de la population ivoirienne ayant recours à de telles approches est de 80 à 99 %. L’agence estime à 20.000 le nombre de tradipraticiens dans le pays – dont 7000 phytothérapeutes, 12000 naturothérapeutes et étonnamment 3500 praticiens revendiquant la pratique de la médecine chinoise. L’agence indique la mise en place d’une politique nationale spécifique en 2007, avec le « Document Cadre de Politique Nationale en Matière de Medecine Traditionnelle et de Pharmacopée Africaine », matérialisée par deux textes législatifs fondateurs (OMS, 2019).

Tradipraticiens et pratique de la médecine traditionnelle

L’organisation de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire est la mission du Programme National de Promotion de la Médecine Traditionnelle (PNPMT), établie par l’Arrêté N°409 du 28/12/2001 (République de Côte d’Ivoire, 2001), portant création, organisation et fonctionnement dudit programme. Ce programme a pour objectif d’assurer un bon exercice de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire :
– améliorer la couverture des besoins sanitaires par l’utilisation effective des médicaments traditionnels ;
– élaborer une stratégie de promotion des médicaments traditionnels et coordonner des activités de recherche ;
– promouvoir la production de ces médicaments.

Ses domaines d’activité peuvent être résumées par les « 8 DAP » :
➤Domaine du renforcement institutionnel ;
➤ Domaine de la réglementation
➤Domaine du système f’information et de gestion
➤ Domaine de la formation
➤ Domaine de la communication
➤ Domaine du suivi et de l’évaluation
➤ Domaine de la recherche
➤ Domaine du partenariat et de la mobilisation des ressources .

Ce n’est qu’en 2015 que la Côte d’Ivoire s’est dotée de son premier texte de loi (Loi N°2015-536 du 20 Juillet 2015, relative à l’exercice et à l’organisation de la médecine traditionnelle et de la pharmacopée traditionnelles) (République de Côte d’Ivoire, 2015). Cette loi décrit les types de thérapeutes (accoucheuses traditionnelles, naturothérapeutes , phytothérapeutes, psychothérapeutes, herboristes, médico-droguistes).

Les spiritualistes (qui font appel à des prières et à des pratiques métaphysiques) n’ont pas été retenus. La loi stipule qu’une autorisation d’exercice doit être obtenue. Celle-ci, délivrée par le Ministère de la Santé, est relative à un nombre donné de pathologies qui peuvent être soignées par le praticien en fonction de ses compétences. La loi indique également quels sont les lieux d’exercice reconnus : centres de consultation et de soins traditionnels, herboristeries. Un décret (Décret N°2016-24 du 27 Janvier 2016 relatif au code d’éthique et déontologie des praticiens de médecine et de la pharmacopée traditionnelle) (République de Côte d’Ivoire, 2016) a été établi pour fixer des bases éthiques à la pratique de la médecine traditionnelle.

Produits issus de la médecine traditionnelle 

Outre son objectif de promotion et d’encadrement de la médecine traditionnelle, la loi N°2015-536 était destinée à inciter les fabricants de médicaments à base de plantes à réaliser les analyses nécessaires à la reconnaissance scientifique de leurs produits. Le texte ne fournit pas de détails spécifiques à ce propos. Il stipule cependant qu’un médicament traditionnel, délivré dans une herboristerie ou en pharmacie, doit être conditionné et étiqueté (nom du médicament, nom scientifique des plantes, indication, nom des autres constituants, mode d’emploi, posologie, méthode de conservation, date de péremption, effets indésirables, contre indications). La reconnaissance d’indications données, la démonstration d’un usage traditionnel, l’évaluation de l’efficacité ou du risque ne font pas l’objet de précision : ce cadre réglementaire reste à construire. Ce médicament traditionnel, tel que défini par la loi N°2015-536, est fabriqué dans des unités de production agréées. Les exploitations à échelle industrielle ne peuvent concerner que des plantes de culture conformément au code forestier et au code de l’environnement. La procédure d’enregistrement des produits à base de plantes ne figure pas dans cette loi. Une réglementation « grise » existe cependant : elle est présentée en partie 2.1.3. et en annexe.

Il fait l’objet d’un enregistrement et de l’obtention d’une autorisation de commercialisation, tous deux délivrés par la Direction de la pharmacie, du médicament et des laboratoires d’analyses médicales (DPML), devenue récemment Agence Ivoirienne de Réglementation Pharmaceutique (AIRP). Le souci de reconnaissance de leur art et de leurs médicaments pousse les tradipraticiens à se tourner de plus de plus vers les instituts de recherche spécialisés pour remplir les conditions définies par cette agence. Dans cette dynamique, les autorités, représentées par le ministère de la santé et par la DPML (AIRP), poursuivent la réflexion sur la mise en place d’un processus de réglementation, plus précis que les éléments de la loi N°2015-536 du 20 Juillet 2015. Elle prend en compte la définition donnée par l’OMS – notamment par la région Afrique de l’Ouest – aux médicaments traditionnels améliorés (MTA) : 4 catégories sont définies. Ces catégories, reprises en Côte d’Ivoire, sont explicitées plus loin.

Pour une définition légale et réglementaire claire de ces médicaments issus de la médecine traditionnelle, l’apport d’autres systèmes législatifs peut être considéré. Le Dr A. Amari a montré dans une analyse publiée en 2008 que certaines dispositions de la directive européenne 2004/24/CE définissant les médicaments traditionnels à base de plantes dans l’espace européen pouvaient être adaptés à la médecine traditionnelle africaine. Le caractère dérogatoire à une autorisation de mise sur le marché usuel , prenant en compte le caractère traditionnel des produits sans pour autant occulter l’innocuité et la sécurité pour le consommateur, sont en effet des préoccupations partagées par les systèmes de santé africains.

Ce modèle législatif pourrait-être un point de départ pour la réglementation des médicaments issus des pharmacopées traditionnelles africaines (Amari, 2008 ; Amari, 2009) . Cette réflexion doit porter également sur la validation scientifique des performances des médicaments issus de la pharmacopée traditionnelle ainsi que sur l’usage rationnel par les malades (OMS, 2002). En effet, le cadre européen ne couvre que des pathologies relevant de l’automédication et pas de pathologies sévères comme le paludisme. La valorisation de la pharmacopée traditionnelle est de plus une source prometteuse de développement et d’essor de l’industrie pharmaceutique locale. C’est dans cette esprit que plusieurs chercheurs et instituts de recherche Ivoiriens ont initié en 2016 la rédaction d’une pharmacopée nationale nommée « Pharmacopée Ivoirienne » qui décrit 52 plantes couramment utilisées en médecine traditionnelle ivoirienne. Des analyses chimiques et micrographiques accompagnent la bibliographie réalisée sur ces plantes (Pharmacopée Ivoirienne, 2018). Cela montre la volonté d’avancer dans ce processus de reconnaissance et d’amélioration de la qualité des matières premières et des produits.

Toutefois, des méfiances liées aux suspicions de biopiraterie et d’exploitation non éthique des connaissances poussent beaucoup de praticiens à garder le secret sur leurs préparations. De plus l’insuffisance de protection des savoirs traditionnels en matière de pharmacopée rend les autorités impuissantes face à ce risque de piratage. Il est donc nécessaire de créer un cadre réglementaire incluant la protection des droits de propriété intellectuelle, qui soit conforme aux préconisations de la Convention sur la Biodiversité établies par le protocole de Nagoya (2010) (Site de la Convention de la biodiversité, 2021).

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre 1 : Données bibliographiques
1. Données sur le paludisme en Côte d’Ivoire
1.1. Généralités sur le paludisme
1.2. Physiopathologie du paludisme
1.3. Traitements
1.3.1. Médicaments sur le marché
1.3.2. Médicaments traditionnels améliorés (MTA) et évaluation clinique
1.4. Cas de la Côte d’Ivoire
1.4.1. Côte d’Ivoire : caractéristiques démographiques
1.4.2. Côte d’Ivoire : caractéristiques floristiques
1.4.3. Prévalence du paludisme en Côte d’ivoire
1.4.4. Compréhension et prise en charge du paludisme par les tradipraticiens en Côte d’Ivoire
2. Médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire : état de la réglementation
2.1. Réglementation de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire
2.1.1. Tradipraticiens et pratique de la médecine traditionnelle
2.1.2. Produits issus de la médecine traditionnelle
2.1.3. Procédures d’enregistrement des produits à base de plantes
2.2. Plantes médicinales et produits à base de plantes vendus en Côte d’Ivoire
2.2.1. Circuits d’approvisionnement, traitement du matériel végétal, stockage
2.2.2. Qualité des médicaments traditionnels
3. Plantes médicinales employées comme antipaludiques en Côte d’Ivoire
3.1. Introduction
3.2. Enquêtes ethnobotaniques relevées
4. Conclusion
Chapitre 2 : Travaux personnels : Enquêtes ethnobotaniques
1. Introduction : contexte de notre travail ethnobotanique
2. Enquête auprès des vendeuses du marché d’Adjamé (Abidjan)
2.1 Plantes antipaludiques citées
2.2. Plantes antipaludiques citées : analyse des données
2.3. Remarques relatives aux recettes
2.4. Activités antiplasmodiales décrites dans la littérature pour les espèces recensées
3. Enquête relatives aux produits manufacturés
3.1 Produits antipaludiques collectés
3.1.1. Produits déclarés suite à l’appel du PNPMT
3.1.1.1. Présentation des produits déclarés suite à l’appel du PNPMT
3.1.2. Produits collectés dans le commerce
3.1.2.1. Obtention des produits
3.1.2.2. Caractéristiques des produits collectés dans le commerce
3.1.2.3. Produits collectés dans le commerce : composition au regard de la tradition
3.2. Activité antipaludique des produits manufacturés
4. Conclusion et perspectives des enquêtes ethnobotaniques
Chapitre 3 : Travaux personnels – Etude de remèdes à base du fruit de Picralima nitida
Introduction
1. Données bibliographiques relatives à Picralima nitida
1.1. Présentation de l’espèce, botanique
1.2. Emplois
1.2.1. Emplois médicinaux
1.2.2. Emplois non médicinaux
1.2.3. Production et commerce international
1.3. Composition chimique
1.4. Activités biologiques
1.4.1. Activités diverses
1.4.2. Activités antiparasitaires, dont activité antiplasmodiale
1.4.3. Données toxicologiques publiées
2. Etude micrographique du fruit
3. Déréplication d’un extrait du fruit de Picralima nitida
3.1. Introduction, méthodologie
3.2. Déréplication de l’extrait L1-1T
3.2.1. Données obtenues par analyse en réseau moléculaire
3.2.2. Conclusion : composition alcaloïdique de l’extrait L1-1T
4. Analyse comparatives de lots du fruit de Picralima nitida
4.1. Lots de fruit employés
4.2. Comparaison des extraits aqueux de pulpe
4.2.1 Comparaison chromatographique des extraits aqueux
4.2.2 Etude de la variabilité chimique : confirmation par analyse métabolomique
4.2.3. Profil alcaloïdique en fonction du degré de maturité du fruit
4.2.3.1. Analyse comparative des extraits de pulpe de fruits mûrs de Picralima nitida obtenus par décoction
4.2.3.2. Analyse métabolomique
4.2.4. Comparaison avec les péricarpes et les graines
4.2.4.1. Profil UHPLC-MS/MS des péricarpes
4.2.4.2. Profil UHPLC-MS/MS des graines
4.2.4.3. Ions différenciants
4.2.5. Dosage des alcaloïdes totaux des pulpes
4.2.6. Dosage des alcaloïdes majoritaires des pulpes
4.2.6.1. Témoins employés
4.2.6.2. Paramètres et validation du dosage
4.2.6.3. Résultats du dosage
5. Evaluation de l’activité antiplasmodiale des fruits de Picralima nitida
5.1. Activité antiplasmodiale in vitro
5.2. Activité antiplasmodiale in vivo
6. Etude de Picralima nitida : Conclusions et perspectives
Conclusion générale

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