La stabilité des prix figure parmi les quatre principaux objectifs de toute politique économique, lesquels consistent en une croissance réelle et soutenue, le plein-emploi, l’équilibre extérieur et une inflation faible. Son instabilité paralyse les activités productives et décourage les placements financiers, car les investisseurs se préoccupent plutôt de se couvrir contre les risques inhérents à la hausse des prix. Par les problèmes de trésorerie et de gestion financière à moyen terme qu’elle engendre au niveau des entreprises, la hausse des prix compromet la viabilité de certaines branches d’activité. Du côté du système financier, il est souvent constaté en période inflationniste une baisse de la propension à épargner et une réduction de l’offre de crédit : l’érosion monétaire étouffe l’intermédiation financière.
Mécanismes économiques de l’inflation
L’inflation est un déséquilibre qui touche les économies nationales. Ainsi, convient-il de préciser ce que recouvre le terme. Une analyse des principales sources de l’inflation s’impose avant de prendre toute mesure de politique économique propre à la combattre .
Quelques notions de l’inflation
Définitions
L’inflation désigne “ un processus cumulatif et auto-entretenu du niveau général des prix ”. Cela veut dire que lorsque le prix d’un seul bien ou de quelques biens augmente, il n’y a pas forcément d’inflation car les prix de tous les autres biens peuvent ne pas bouger, voire diminuer. L’inflation correspond alors à une hausse du prix moyen de tous les biens et services. Mais il faut aussi que ce mouvement de hausse des prix soit durable. Ainsi, lorsque tous les prix augmentent à une certaine date de un pour cent (1%) puis restent stables pendant de long mois, nous ne pouvons pas parler d’inflation. En revanche, s’ils augmentent ainsi tous les mois, nous sommes bien en présence d’inflation. En période d’inflation, certains prix augmentent plus vite que d’autres, l’inflation s’accompagne donc d’une modification des prix relatifs, c’est-à-dire des rapports de prix entre les biens, considérés deux à deux.
L’inflation peut, enfin, prendre trois formes distinctes :
* Elle est dite :
– larvée lorsque son taux est inférieur à cinq pour cent (5%)
– ouverte lorsque son taux passe de cinq pour cent (5%) à dix pour cent (10%)
– Extrême lorsque son taux dépasse de dix pour cent (10%).
Par exemple, Madagascar a connu une période d’hyper-inflation (ou inflation extrême) en 2002 où le taux d’inflation atteint 15,8% en moyenne.
Déflation et désinflation
Si l’inflation caractérise la hausse des prix, le contraire de ce phénomène est la baisse de prix. Il s’agit alors de la déflation. Une déflation est donc la diminution générale des prix à cause de la baisse de la demande qui entraîne aussi une baisse des activités économiques. Il se pourrait aussi qu’elle soit due à la baisse de la masse .monétaire. En ce qui concerne la désinflation, il s’agit d’une augmentation toujours des prix, mais à un rythme moins important qu’auparavant.
La mesure de l’inflation
L’indice de prix à la consommation (l’IPC) est l’instrument de mesure de l’inflation. Il permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix des biens et des services consommés par les ménages sur le territoire national. C’est un indice synthétique qui sert à mesurer l’évolution de la contre valeur monétaire d’un panier de consommation des ménages (coût de la vie). Dans le cas de Madagascar, l’Institut National de la Statistique (l’INSTAT) a calculé l’IPC à partir des huit mille cent quatre vingt dix (8190) relevés auprès de mille deux cent treize (1213) points de vente repartis à Antananarivo (la capitale) ; Fianarantsoa, Toamasina, Mahajanga et Antsiranana. Grâce aux achats des denrées vendues en unité non standard, ces relevés tiennent compte de possibles marchandages des variations masquées des prix. Comme il est impossible d’avoir le panier de consommation mensuel des ménages, le calcul s’effectue avec un indice de type Laspeyres dont le panier de consommation provient des résultats de l’Enquête auprès des ménages (EPM). La nomenclature retenue dérive de la classification internationale COICOIP. Actuellement, les prix de base ont été calculés à partir des moyennes des prix de l’année deux mille (2000).
Les principales sources d’inflation
L’inflation par la demande
Elle est due au déséquilibre des marchés, par rapport à leur valeur d’équilibre de long terme. Un tel déséquilibre provient généralement de l’excès de la croissance de l’offre nominale de monnaie par rapport à celle des encaisses réelles désirées par les agents économiques.
❖ L’offre nominale de monnaie est égale à l’encaisse nominale des agents économiques ; elle est mesurée à une date donnée par la masse monétaire hors banques, puisque toute la monnaie émise hors du système bancaire est supposée détenu par les agents économiques ;
❖ Le niveau des encaisses réelles désirées varie en fonction d’un certain nombre de facteurs, en l’occurrence :
– du volume des transactions : l’augmentation de l’offre sur le marché de biens et services stimule la détention des moyens de paiement susceptibles de les acquérir. Au niveau macro-économique, le volume des transactions peut être mesuré par le volume de la production (PIB réel),
– Du taux d’intérêt nominal, dont la hausse incite à la rentabilisation des actifs financiers en les plaçant. La hausse du taux d’intérêt se traduira par la baisse des encaisses réelles désirées ;
– Du coût réel de l’intermédiation financière dont l’accroissement dissuade le détenteur d’actifs financiers.
Il y a un déséquilibre des encaisses réelles lorsque le niveau de l’encaisse réelle détenue par les agents économiques (égale à l’encaisse nominale déflatée par les prix) se trouve au delà ou en de ça du niveau désiré d’encaisses réelles. Le rétablissement de l’équilibre s’effectue alors par un ajustement au niveau des prix. Lorsque l’encaisse nominale détenue augmente plus rapidement que le niveau des encaisses réelles désirées par les agents économiques, ces derniers disposent d’un excès de monnaie dont ils vont chercher à se débarrasser. En général, cet excès d’encaisse nominale peut être éliminée par l’acceptation de prix plus élevés, et cette hausse des prix ramène à la baisse le niveau des encaisses réelles détenues. Une croissance de la monnaie détenue par les agents économiques hors du système bancaire supérieur à celle des biens et services offerts sur le marché (cas d’une demande qui augmente plus rapidement que l’offre) induit donc, une hausse des prix, de manière à ce que la valeur totale des transactions corresponde au stock de monnaie détenu. C’est principalement pour cette raison que l’expansion monétaire est reconnue comme induisant des tensions inflationnistes.
L’inflation par les coûts
L’inflation par les coûts correspond à la situation où la hausse des prix est provoquée par des hausses de coût de production, sans qu’il y ait excès de demande globale ou sectorielle. Cette hausse des coûts de production peut résulter d’une hausse des salaires résultant, à son tour, de la volonté des travailleurs organisés d’accroître leur niveau de rémunération. Si les entrepreneurs ne consentent pas à supporter l’augmentation des coûts, ils élèvent leur prix et la spirale prix-salaire se développera. Les entrepreneurs peuvent parfois absorber la hausse des coûts en acceptant une diminution des profits ou en la compensant par un accroissement de la productivité. Mais si les salaires augmentent plus vite que la productivité, la hausse des prix sera inéluctable. Ensuite, les prix “ administrés ” fixés par les entrepreneurs, en dehors de la loi de l ‘offre et de la demande sur le marché, entraîne aussi une inflation par la hausse des profits. L’augmentation des marges bénéficiaires peut se faire en dehors de toute croissance de la demande ou des salaires. Cependant, nous admettons que la poussée des profits serait moins importante que celle des salaires, car les profits ne représentent qu’une petite part du prix d’un bien. De plus, la spirale prix-profits serait beaucoup moins fréquente que la spirale prixsalaires.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I : CONCEPT DE L’INFLATION
Section 1 : Mécanismes économiques de l’inflation
1.1. Quelques notions de l’inflation
1.1.1- Définitions
1.1.2- Déflation et désinflation
1.1.3- La mesure de l’inflation
1.2 Les principales sources de l’inflation
1.2.1- L‘inflation par la demande
1.2.2- L’inflation par les coûts
1.2.3- L’inflation budgétaire
1.2.4- L’inflation par les chocs de l’offre
1.2.5- L’inflation permanente ou « core inflation »
1.3 Les différents moyens de lutte contre l’inflation
1.3.1- La politique monétaire
1.3.2- La politique budgétaire
1.3.3- La politique des revenus
Section 2 : Les théories de l’inflation
2.1 La théorie quantitative de la monnaie
2.1.1- L’équation de Fisher
2.1.2- L’équation de Cambridge
2.2 La théorie Keynésienne de l’inflation
2.2.1- La théorie quantitative Keynésienne de la monnaie
2.2.2- La non neutralité de la monnaie
2.2.3- La théorie Néokeynésienne de l’inflation
2.3 L’école monétariste ou école de Chicago
2.3.1- Théorie de l’inflation de Milton Friedman
2.3.2- La théorie monétaire de revenu nominal
2.3.3- La théorie néo-quantitativisme FRIEDMANIEN
2.4 La théorie de la Nouvelle Economie Classique
2.4.1- Les hypothèses fondamentales
2.4.2- La causalité quantitative de la Nouvelle Economie Classique (NEC)
2.4.3- La neutralité de la monnaie selon R. Lucas
2.5 La théorie de l’hyperinflation de P. CAGAN
Chapitre II : ANALYSE DE L’INFLATION A MADAGASCAR PENDANT LA PERIODE 1998-2006
Section 1 : Le cadre d’analyse
1.1 Les enjeux entre la masse monétaire et l’inflation
1.1.1- Evolution récente de l’inflation à Madagascar
1.1.2- Evolution de la masse monétaire à Madagascar
1.1.3- Interaction entre la masse monétaire et l’inflation
1.2 Choix méthodologique : Cointégration et modèle à correction d’erreur
1.2.1- Notion de cointégration
1.2.2- Le modèle à correction d’erreur (ECM)
1.2.3- La cointégration entre plusieurs variables ou cointégration multivariée
1.2.4- Estimation du modèle à correction d’erreur
1.2.5- Tests sur les variables co-intégrées
Section 2 : Déterminant du Noyau de l’inflation
2.1 Spécification du modèle
2.1.1- Choix des variables
2.1.2- Pertinence du choix monétariste
2.1.3- Estimation du prix d’équilibre
2.2 Test de stationnarité des variables
2.2.1- Test de cointégration
2.2.2- Test de Stationnarité des résidus
2.2.3- Introduction du modèle à correction d’erreur
2.3 Résultats économétriques
2.3.1- Résultat de l’estimation de l’équation de long terme
2.3.2- Résultat de l’estimation du modèle ECM (Error Correction Model)
2.4 Analyses économétriques
2.4.1- Comparaison des résultats
2.4.2- Comparaison entre l’inflation réellement observée et le noyau de l’inflation
CONCLUSION