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Les noms vernaculaires du millepertuis
En France, le millepertuis porte de nombreux noms populaires depuis la période de l’antiquité. Ceux-ci lui ont été attribués de par son aspect, ses propriétés ou encore de par sa période de floraison (Garnier G. et al.1961 et Busser C. et E. 2005) :
Ø Aspect : herbe à mille trous, herbe percée, millepertuis perforée, trucheron jaune,
Ø Propriétés : chasse diable, herbe aux piqûres, herbe aux brûlures, herbe aux fées,
Ø Période de floraison : herbe de la Saint Jean.
Au moyen âge, le millepertuis était utilisé dans des rites d’exorcisme, où il était bu ou respiré par les possédés. Cet usage lui a valu le nom de « Fuga daemonum » autrement dit « fuite des démons » (Mulot M.A. 1987).
Les anglo-saxons lui ont donné le nom de « St John’s wort » car ses fleurs sont cueillies vers le 24 juin, autour de la Saint-Jean (Daovy A. 2008).
Cependant vers le VIème siècle, selon certains auteurs, il se peut que l’on parle d’herbe de la Saint Jean en référence à Saint-Jean-Baptiste. En effet, le jus rouge s’écoulant des fleurs pressées représenterait le sang de Jean le Baptiste, décapité par ordre d’Hérode sur instigation d’Hérodiade (Roussel M. 2005).
Les Allemands l’appellent « Johanniskraut », « Hartheu », « Tupfel Harheu » ou encore « Jagdteufel ».
Les Américains l’appellent « l’herbe de Klamath » en référence à une rivière californienne.
Usage traditionnel occidental
D’origine eurasiatique, le millepertuis est très commun dans toutes les régions tempérées d’Europe, d’Afrique du Nord-Ouest et d’Asie du Nord. Mais depuis plus de 200 ans, il est implanté en Australie, aux Etats-Unis et au Canada (Roussel M. 2005).
Le millepertuis est utilisé en médecine traditionnelle depuis plus de deux mille ans dans un large éventail d’indications thérapeutiques, aussi bien en usage externe qu’en usage interne. En effet, le millepertuis été utilisé comme un tonique nerveux, un analgésique pour l’arthrite, pour les crampes menstruelles, pour soigner les problèmes gastro-intestinaux (tels que diarrhée, nausées et ulcères) (Bouron A., Lorrain E. 2013).
Dans son traité « sur la matière médicale », Dioscoride (médecin et botaniste grec de l’Antiquité) est le premier à décrire quatre espèces : Uperikon, Askuron, Androsaimon et Koris. Ce chirurgien de l’armée romaine, recommande de boire le millepertuis, » Car il expulse des excréments colériques … » Il recommande également de le frotter sur les brûlures (Site n°1 et Site n°2).
GUERISON DES BLESSURES
Le millepertuis est connu depuis l’antiquité (-3000 avant JC jusqu’au Vème siècle) pour ses multiples vertus thérapeutiques. Pendant des siècles les écrits des médecins grecs et romains (Dioscoride, Galien, Pline l’Ancien, Hippocrate) et bien plus tard ceux de Paracelse, recommandent le millepertuis comme : diurétique et cicatrisant des blessures, dans le traitement des sciatiques, en application sur les morsures de serpents venimeux, pour les douleurs digestives (ulcères, gastrites), les nausées et la diarrhée , pour les douleurs menstruelles, l’anémie, les parasitoses intestinales et les hémorroïdes (Benzie I.F.F., Wachtel-Galor S. 2011 et Anonyme 2004).
Traditionnellement le millepertuis était utilisé sous forme d’ « huile rouge », qui était obtenue en laissant macérer trois semaines les sommités florifères fraîches dans l’huile au soleil. Les médecins de l’Antiquité utilisaient cette « huile rouge » pour cautériser les plaies et les brûlures des guerriers blessés au champ de bataille (Bruneton J. 2002).
Mais c’est entre le XVIème et le XVIIème siècle que le millepertuis devient populaire avec Paracelse (médecin et alchimiste de la renaissance), Ambroise Paré (chirurgien des champs de bataille), et Gérard et Culpeper (botanistes, herboristes) pour son action vulnéraire (guérisons des plaies et des blessures). Gérard en 1633 et Culpeper en 1651 le préconisent en décoction pour les blessures internes (Ross J. 2013).
A la moitié du XIXème siècle, la réputation de la plante s’étiole et son usage tombe en désuétude avant d’être restaurée au XXème siècle par le docteur H.Leclerc (médecin et grand historien de la phytothérapie) qui va l’utiliser en tant que topique cicatrisant et anti-inflammatoire (Daovy A. 2008).
Aujourd’hui on le retrouve aussi sous forme d’élixir floral et de formes galéniques homéopathiques (gouttes buvables, teinture mère, granules et doses). On l’utilise en application externe, sous forme d’huile rouge ou de crème, pour soigner les contusions, les piqûres d’insectes, les douleurs musculaires et les brûlures du premier degré.
SPHERE URINAIRE
Au XVIIème siècle Culpeper et Gérard le recommandent en cas de mictions insuffisantes et de calculs urinaires (Ross J. 2013). Grieve et Weiss, médecins du XXème, préconisent le millepertuis contre l’énurésie des enfants.
DÉPRESSION ET ANXIÉTÉ
Au Moyen Âge, les médecins lui prêtaient déjà un effet bénéfique dans les troubles mentaux. Dans ce cas on utilisait les sommités fleuries pour traiter l’anxiété, la névrose, la dépression et les névralgies.
En 1525, Paracelse le recommande pour traiter la dépression, la mélancolie, et l’agitation nerveuse (Benzie I.F.F., Wachtel-Galor S. 2011). Il est le premier à parler de son utilisation dans les symptômes psychotiques qu’il appelle « phatasmata ».
En 1652 Culpeper est le premier à citer le millepertuis comme remède pour la mélancolie et la folie (Anonyme. 2004).
Par la suite son usage se répand considérablement en Europe entre le XVIIIème et le XIXème siècle. A la fin du XIXème siècle on l’utilise dans le traitement de l’hystérie et de l’hypocondrie (Bruneton J. 2002).
Deux médecins du XIXème, Felter et Lloyd en 1898, le préconisent contre l’hystérie et Grieve en 1931, dans la dépression nerveuse (Ross J. 2013).
Il faut attendre les années 1980 pour lui reconnaitre des vertus antidépressives. Le gouvernement allemand fut le premier à cette époque à autoriser les études cliniques sur l’homme d’extraits d’Hypericum perforatum pour tester ces effets.
Son efficacité reconnue en 1990, la plante connaît un second souffle et devient l’une des plantes médicinales les plus consommées au monde, ainsi que le premier antidépresseur naturel (Busser C. et E. 2005 et Bouron A., Lorrain E. 2013).
CROYANCES ÉSOTÉRIQUES
Dans l’Europe médiévale, on nomme la plante : fuga doemonum, récoltée à la Saint-Jean et mise en bouquet par la suite. Celui-ci était suspendu pendant l’année durant au-dessus des images pieuses afin de se préserver des maléfices, puis chargé de sorts maléfiques, il était brûlé au feu de la nouvelle Saint-Jean (Bruneton J. 2002).
Ou encore, on plaçait les feuilles de millepertuis sous l’oreiller la veille de la Saint-Jean, afin de se protéger des mauvais sorts durant les douze mois à venir (Roussel M. 2005).
Jusqu’à la fin du moyen âge (Vème au XVème siècle), on utilisait le millepertuis pour soigner les troubles mentaux car on le considérait comme une plante capable de chasser les mauvais esprits, d’où son nom « chasse diable ». À cette époque, il était dit que les gens atteints de dépression, de tristesse, de culpabilité ou d’anxiété étaient possédés par le diable (Daovy A. 2008).
Aspects botaniques de la plante
Taxonomie
La classification utilisée de nos jours est la classification phylogénique APG (Angiosperm Phylogeny Group). Le millepertuis appartient à la famille des Hypericaceae selon la classification phylogénique APGIII de 2009 (APG III. 2009).
Le genre Hypericum regroupe près de 400 espèces de plantes herbacées et d’arbustes dans le monde, caractérisés par des fleurs jaunes ou cuivrées avec quatre ou cinq pétales, de nombreuses étamines et un unique pistil. Selon la flore de Bonnier, en France on dénombre une dizaine d’espèces du genre Hypericum telle que Hypericum hirsutum, tomentosum, quadrangulum, montanum, linearifolium mais seul Hypericum perforatum est reconnu pour son usage médicinal.
LA CHIMIE DU MILLPERTUIS
Le millepertuis renferme plusieurs dizaines de métabolites secondaires détectables, biologiquement actifs. La variation de leur concentration est fonction de la qualité de la plante, de l’exposition solaire, de la période de cueillette ou du procédé de préparation et de traitement de l’échantillon végétal.
Les extraits d’Hypericum perforatum sont généralement obtenus par extraction des sommitées fleuries séchées avec des mélanges éthanol ou méthanol / eau, et sont standardisés en hypéricine par chromatographie en phase liquide (CPL) (Bilia A.R. et al. 2002).
Selon la pharmacopée européenne l’extrait sec quantifié de millepertuis doit contenir de 0,1 à 0,3% d’hypéricines totales (hypercine et pseudohypercine) exprimés en hypéricine, au moins 6% de flavonoides exprimés en rutine et au maximum 6% d’hyperforine (Pharmacopée Européenne. 2010).
Les composées lipophiles
Les dérivés du phloroglucinol
Les dérivés polyprénylés bicycliques du phloroglucinol représentent les principaux constituants pharmacologiquement actifs de la plante (en moyenne 2 à 5 % de la masse des sommités fleuries fraîches). Ils se concentrent essentiellement dans les organes reproducteurs à maturité (fleurs et fruits). Deux composés de structure très proche ont été identifiés chez Hypericum perforatum. Il s’agit de l’hyperforine (2 à 4%) et de l’adhyperforine (0,2 à 1,8%) (Greeson J.M. et al. 2001 ; Bruneton J. 2009 et Benzie I.F.F., Wachtel-Galor S. 2011).
Dans la plante et dans l’extrait sec total, l’hyperforine est stable, mais sous sa forme pure elle est très sensible à la lumière, à la chaleur et à l’oxygène. La synthèse de dérivés beaucoup plus stables comme l’aristoforine [O-(carboxyméthyl)-hyperforin], molécule plus soluble dans des solutions aqueuses, a permis de mieux appréhender l’activité thérapeutique de l’hyperforine. (Daovy A. 2008 ; Linde K. 2009 et Bouron A., Lorrain E. 2013).
La quantité d’hyperforine variant au cours de la floraison, la teneur de ce composé bioactif sera fonction de la période de récolte et de son mode d’extraction La teneur en hyperforine (substance majoritaire de la plante, après les tanins) dans les différents extraits disponibles dans le commerce varie d’une préparation à une autre. En effet, une étude réalisée en Allemagne sur 33 produits a montré que la teneur en hyperforine était comprise entre 0,02 et 6 % selon les différents échantillons (Bouron A., Lorrain E. 2013).
Les propriétés des dérivés du phloroglucinol (hyperforine et adhypeforine) sont reconnues dans ses activités antibactériennes, anti-inflammatoires, antidépressives et anticancéreuses (Ross J. 2013).
Les huiles essentielles
Une des particularités anatomiques du millepertuis est la présence d’un appareil sécréteur sous forme:
• De poches schizogènes translucides, visibles par transparence et à l’origine du mot « millepertuis »,
• De massifs sécréteurs sous forme de points noirs au niveau des feuilles et fleurs,
• De canaux sécréteurs schizogènes à travers toute la plante (Botineau M. 2010).
Le millepertuis renferme une fraction volatile d’huile essentielle, localisée dans les poches sécrétrices des feuilles et fleurs ainsi que dans les canaux à l’état de traces. Leur teneur variant de 0,05 à 0,4 % de la masse sèche et jusqu’à 1% dans la plante à l’état frais (Greeson J.M. et al. 2001).
Les sommités fleuries fournissent environ 0,6 à 3ml/kg (de plante fraîche) d’huile essentielle et on y trouve plusieurs dizaines de composés principalement des mono et sesquiterpènes. Les deux composés majoritaires sont le 2-methyloctane (16%) et l’alpha pinène (10,6%) (Greeson J.M. et al. 2001 ; Bruneton J. 2009 ; Benzie I.F.F., Wachtel-Galor S. 2011 et Ross J. 2013).
Les principaux constituants de l’huile essentielle sont :
Ø Des hydrocarbures à longue chaîne : spécifiquement un hydrocarbure saturé 2-methyloctane 16%, le n-nonane,
Ø Des mono terpènes : alpha (10,6%) et bêta pinène, alpha terpinéol, cinéol, géraniol, mycène et limonène,
Ø Des sesquiterpènes : caryophyllène et humulène.
La teneur en huile essentielle varie selon la période de floraison. En effet, la partie aérienne fraîchement cueillie contient :
• 0,6% d’huile essentielle avant la floraison,
• 1,2% d’huile essentielle au début de la floraison,
• 1,1% d’huile essentielle à la fin de la floraison,
• 0,8% d’huile essentielle au début de la fructification.
les naphtodianthrones
Ces composés ont attiré l’attention des phytochimistes en raison de leur coloration rouge et de leurs propriétés phototoxiques. En effet ce sont les naphtodianthrones qui sont responsables de la coloration rouge du suc contenu dans les ponctuations noirâtres essentiellement concentrés dans les sommités fleuries. Les constituants les plus communs des naphtodianthrones sont l’hypéricine (0,1% dans la masse fraîche) et la pseudohypéricine (0,3%, concentration trois fois supérieure à l’hypéricine) (Bilia A.R. et al. 2002 et Benzie I.F.F., Wachtel Galor S. 2011).
La teneur en dianthrones est de 0,1% à 0,15% de la masse sèche et peut aller jusqu’à 3% dans la masse fraîche. Ils sont surtout concentrés dans les sommités fleuries (fleurs et boutons floraux) (Greeson J.M. et al. 2001). L’hypéricine est une quinone polycyclique possédant des propriétés fluorescentes à la lumière UV.
Dans la plante fraîche on trouve les proto-dérivés (précurseurs) qui sont l’isohypéricine, la protohypéricine et la protopseudohypéricine, converties en hypéricine et pseudohypéricine par photodynamie (exposition à la lumière). On trouve aussi de la cyclopseudohypéricine, qui est issue de l’oxydation de la pseudohypéricine (Bruneton J. 2009 ; Caccia S., Gobbi M. 2009 et Linde K. 2009).
Les naphtodianthrones participent à l’action antivirale, anti-inflammatoire (pseudohypéricine), antidépressive et anti-hyperthermique (hypéricine) du millepertuis (Ross J. 2013).
Les flavonoïdes
Les flavonoïdes sont abondants dans les parties aériennes et représentent jusqu’à 4% de la masse sèche. Ce sont des pigments responsables de la coloration des fleurs et des fruits. On les trouve plus particulièrement dans les tiges (7% de la masse fraîche), dans les fleurs et feuilles (12% de la masse fraîche). Les flavonoïdes dérivent du noyau chromone ou benzo gamma pyrone. (Van Hellemont J. 1986 ; Bilia A.R. et al. 2002 ; Benzie I.F.F., Wachtel-Galor S. 2011 et Bruneton J. 2009).
Les caroténoïdes
On regroupe sous le terme de caroténoïde les carotènes et les xanthophylles.
Ce sont des pigments liposolubles responsables de la couleur jaune des fleurs. Les xanthophylles dérivent des carotènes par ajout d’atomes d’oxygène (fonctions hydroxy, cétone, époxy…). Dans le millepertuis, les caroténoïdes sont généralement trouvés sous forme époxyde et estérifiés par l’acide myristique. De cette association, on différencie trois groupes :
§ Les xantophylles dihydroxylés : la lutéine,
§ Les xantophylles dihydroxylés et diépoxydés : la violaxanthine et la lutéo-xanthine,
§ Les xanthophylles trihydroxylés et monoépoxydés : la trollixanthine et le trollichrome.
Les acides aminés
Dans la plante fraîche, les amino-acides représentent environ 0,01% de la masse fraîche. Parmi eux, on relève la présence de GABA (0,0007% de la plante fraîche), la cystéine, la glutamine, la leucine, la lysine, l’ornithine, la proline ou encore la thréonine (Greeson J.M. et al. 2001).
La teneur des composés du millepertuis est variable en fonction de la localisation géographique et de la technique d’extraction. Pour les dérivés du phloroglucinol (hyperforine et adhyperforine) leur teneur est maximale dans les fruits mûrs tandis que les naphtodianthrones (hypéricine et pseudohypéricine) se concentrent surtout dans les fleurs au maximum de la floraison. De plus, l’instabilité de l’hyperforine à la lumière et à la chaleur ne garantit pas une qualité constante de l’extrait sur le long terme.
RÉGLEMENTATION DU MILLEPERTUIS
La législation du millepertuis
En France
En France, le millepertuis ne fait pas partie des 34 plantes pouvant être vendues hors de l’officine par le décret du 15 juin 1979. Le millepertuis est une plante médicinale relevant du monopole pharmaceutique. En effet il est inscrit à la 11ème édition de la pharmacopée française à la 8e édition de la pharmacopée européenne ainsi qu’au national formulary (USP). A ce titre on trouve la drogue sous forme divisée ou en vrac a l’officine. Les produits à base d’extrait de millepertuis peuvent être délivrés hors prescription médicale et ne peuvent être vendus qu’en pharmacie (Bruneton J. 2002 et Daovy A. 2008).
Pendant longtemps, le cadre juridique du millepertuis est resté flou. En France, en 1998, l’annexe I de la note explicative de l’agence du médicament autorise 3 indications en application par voie locale, des sommités fleuries (drogue) du millepertuis : (Bruneton J. 2009).
• Traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques, comme trophique protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes.
• Brûlures superficielles, coups de soleil et érythèmes fessiers.
• Antalgique de la cavité buccale et /ou du pharynx sous forme de pastilles et collutoires.
En avril 2000, la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) interdit la vente en l’état de la plante et sanctionne toute mention sur l’étiquetage de compléments alimentaires à base de millepertuis, évoquant des propriétés antidépressives et indications thérapeutiques. La mise en vente de compléments alimentaires à base de millepertuis mentionnant des indications thérapeutiques est illicite (Bruneton J. 2002).
Cependant elle autorise l’utilisation de millepertuis comme arôme alimentaire dans les denrées, compléments alimentaires et les boissons avec une teneur maximale en hypéricine de 0,1mg/kg (Site n°4) (Bruneton J. 2009).
• 1mg/kg dans le cas des confiseries,
• 10mg/kg dans le cas des boissons alcoolisées.
Par décision du 22 janvier 2001 publiée au Journal Officiel du 27 janvier 2001, toute préparation magistrale, hospitalière ou produit officinal divisé contenant du millepertuis, ainsi que toute préparation magistrale homéopathique de dilution inférieure ou égale à la troisième dilution hahnemannienne, de même que le millepertuis délivré en vrac, doit comporter sur le conditionnement la mention suivante : « Attention, risque d’interaction médicamenteuse. L’association de cette préparation de millepertuis à d’autres médicaments peut entraîner une diminution de leur efficacité. A l’inverse, une interruption brutale de la prise de millepertuis peut majorer la toxicité de ces médicaments.
Demandez conseil à votre médecin ou à votre pharmacien. » (Site n°5).
Le journal officiel du 2 mars 2002 (site n°6), précise l’inscription du millepertuis dans la liste des médicaments à base de plantes « à usage bien défini », avec pour la voie orale l’indication thérapeutique :
• « traditionnellement utilisé dans les manifestations dépressives légères et transitoires ». Cependant la notice doit préciser :
• Qu’il s’agit « d’un traitement de courte durée pour les états de tristesse passagers accompagnés de baisse d’intérêts et de troubles du sommeil »,
• Les associations contre indiquées, déconseillées et les effets indésirables,
• La posologie : de 1 à 3 prises par jour (soit 1 à 3 mg d’hypéricine totale). Médicament réservé à l’adulte de plus de 15 ans,
• Les précautions d’emploi : Ne pas dépasser 15 jours de traitement sans avis médical, et ne pas utiliser pendant la grossesse par précaution.
Ainsi jusqu’en mars 2002 seule la voie locale était autorisée en France par des autorisations de mise sur le marché (AMM) allégées. L’obtention d’une AMM allégée repose sur les données d’un dossier bibliographique de la plante et ne nécessite pas de démontrer son efficacité clinique. Cependant ce dossier doit garantir la qualité du produit au niveau chimique et pharmaceutique.
Par la suite, le millepertuis a reçu sa première AMM allégée pour la voie orale (en tenant compte des données bibliographiques). Et elle a été accordée au laboratoire Arkopharma pour la spécialité Procalmil 250 mg d’extrait et Arkogélules millepertuis 185 mg d’extrait (site n°7).
Selon le résumé des caractéristiques du produit RCP, la posologie préconisée est de deux à trois gélules par jour pour Arkogélules Millepertuis® alors que pour la spécialité Procalmil®, la posologie recommandée est de deux comprimés par jour.
En Allemagne
En 1984, le BfArM (Bundesinstitut fur Arzneimittel und Medizinprodukt) reconnaît l’usage de la plante par voie orale, dans le traitement de l’humeur dépressive et de l’anxiété ainsi que l’usage interne de l’huile en cas de troubles dyspeptiques (Bruneton J. 2002).
Le millepertuis sous forme d’extrait sec est disponible en capsules, comprimés ou comprimés pelliculés à un dosage journalier compris entre 500 à 1200 milligrammes par jour dans l’indication antidépressive (Linde K. 2009).
Entre avril 2007 et mars 2008, 3,8 millions de boîtes de produits à base de millepertuis se sont écoulées en Allemagne, devant la Russie (2,2 millions) et la Pologne (1,5 million). Ces trois pays couvrent plus de 80% du marché européen. Cependant depuis 2003, presque tous les médicaments disponibles sans ordonnance ont été exclus du remboursement par le système d’assurance maladie allemande. De ce fait, le nombre d’ordonnances d’extraits de millepertuis a brusquement chuté, tandis que les extraits utilisés en automédication sont restés stables (Linde K. 2009).
Aux Etats-Unis
Aux Etats-Unis le millepertuis est largement utilisé en automédication, commercialisé sous forme de compléments alimentaires (Bruneton J. 2002).
Les recommandations de l’ANSM
L’affaire du millepertuis a commencé en France le 1er mars 2000 avec un communiqué de presse sur les risques liés à l’utilisation du millepertuis diffusé par anciennement l’AFSSAPS (devenu depuis 2012 l’ANSM, agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) (site n°8) :
Chez les patients recevant un traitement médicamenteux et ne prenant pas de millepertuis
Les patients traités par indinavir (CRIXIVAN) et par extrapolation les patients traités par d’autres médicaments antirétroviraux dans le cadre d’une infection à VIH ne doivent pas prendre de millepertuis, étant donné le risque de baisse d’efficacité du traitement antirétroviral et de développement de résistances virales.
Les patients traités par un antidépresseur inhibiteur de la recapture de la sérotonine ne doivent pas associer de millepertuis, étant donné le risque de survenue d’un syndrome sérotoninergique potentiellement grave, particulièrement chez les sujets âgés.
Il est conseillé aux patientes recevant un médicament contraceptif oral de ne pas associer de millepertuis, étant donné le risque de diminution de l’efficacité contraceptive.
Plus généralement, il paraît raisonnable de ne pas associer le millepertuis à tout autre traitement médicamenteux, étant donné le risque d’interaction médicamenteuse pouvant se traduire par une baisse d’efficacité des médicaments associés.
Chez les patients recevant un traitement médicamenteux et prenant du millepertuis
Les patients recevant un traitement médicamenteux et prenant du millepertuis ne doivent pas interrompre brutalement la prise de millepertuis sans avis médical.
En effet, cette interruption peut induire une augmentation des concentrations plasmatiques de ces médicaments. Cette augmentation peut s’avérer dangereuse pour les médicaments à faible marge thérapeutique comme la digoxine, la ciclosporine, la théophylline, ou les antivitamines K.
Suite aux nouvelles données concernant les interactions médicamenteuses (induction enzymatique du CYP450) et des essais cliniques, il est demandé aux professionnels de santé :
• de questionner leurs patients sur la prise éventuelle de millepertuis,
• de les informer sur le risque d’interaction médicamenteuse,
• de rapporter les cas (portés à leur connaissance) d’interactions médicamenteuses entre le millepertuis et tout médicament au centre régional de pharmacovigilance dont ils dépendent.
Quelques spécialités médicamenteuses et posologie
Organismes d’évaluation
La Commission E, mise en place par le ministère fédéral allemand de la santé (BfArM : Bundesinstitut für Arzneimittel und Medizinprodukt) en 1978. Elle reconnait l’usage du millepertuis par voie orale dans « les troubles psychosomatiques, l’humeur dépressive, l’anxiété et la nervosité ainsi que les troubles digestifs sous forme d’huile ». Elle reconnait également l’usage local d’huile de millepertuis pour soigner « les brulures légères, les douleurs musculaires et contribuer à la cicatrisation des plaies » (Vidal, Le guide des plantes qui soignent, 2010).
En Europe, l’ESCOP (European Scientific Cooperative on Phytothérapie) a été créé en 1989, et regroupe des associations nationales de phytothérapie. Elle reconnait l’usage de la plante dans « les dépressions légères à modérées » (Vidal, Le guide des plantes qui soignent, 2010).
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) reconnait comme « cliniquement établi » l’usage du millepertuis par voie orale dans le traitement « des dépressions légères à modérées ». Elle reconnait comme « traditionnel » l’usage local du millepertuis pour soigner « les coupures, irritations, brulures légères et infections virales de la peau ». (Vidal, Le guide des plantes qui soignent, 2010).
Aujourd’hui les spécialités possédant une AMM disponibles en France sont des gélules et des comprimés (contenant de 185 à 300 mg d’extrait pas prise). La posologie recommandée par les résumés des caractéristiques des produits (RCP) varie de 370 à 900 mg/j. Pour une instauration de traitement par millepertuis, la dose habituellement conseillée est de 300 mg trois fois par jour.
En Europe, l’HMPC (Herbal Medicinal Products Commitee) ou Comité européen des médicaments à base de plantes a été créé par la Directive de 2004 dans l’EMEA (Agence européenne du médicament). Il établit des monographies communautaires pour « les plantes médicinales d’usage bien établi » dont il évalue la balance bénéfices risques dans le cadre des indications retenues » et pour « les médicaments traditionnels à base de plantes » (Vidal, Le guide des plantes qui soignent, 2010).
Cette monographie établit un usage :
• Défini dans le traitement symptomatique d’épisodes dépressifs modérés,
• Traditionnel dans la neurasthénie, inflammation de la peau, cicatrisant des petites blessures. Cette monographie préconise, dans le traitement de la dépression, que les extraits secs utilisés doivent renfermer au minimum, 2% d’hyperforine, 6% de flavonoïdes et 0,1 à 0,3% d’hypéricine totale. La posologie varie de 800 mg à 1200 mg pendant 4 semaines minimum (Bruneton J. 2009).
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Table des matières
PARTIE 1 : LA PLANTE
I/ GENERALITES SUR LE MILLEPERTUIS
A/ Aspects historiques de la plante
1/ Etymologie du millepertuis
2/ Les noms vernaculaires du millepertuis
3/ Usage traditionnel occidental
B/ Aspects botaniques de la plante
1/ Taxonomie
2/ Reconnaitre le millepertuis
II/ LA CHIMIE DU MILLPERTUIS
A/ Les composées lipophiles
1/ Les dérivés du phloroglucinol
2/ Les huiles essentielles
B/ Les naphtodianthrones
C/ Les flavonoïdes
D/ Autres métabolites secondaires
1/ Tanins et procyanidines
2/ Les xanthones
3/ Divers acides
4/ Les caroténoïdes
5/ Les acides aminés
III/ RÉGLEMENTATION DU MILLEPERTUIS
A/ La législation du millepertuis
1/ En France
2/ En Allemagne
3/ Aux Etats-Unis
B/ Les recommandations de l’ANSM
1/ Chez les patients recevant un traitement médicamenteux et ne prenant pas de millepertuis
2/ Chez les patients recevant un traitement médicamenteux et prenant du millepertuis
C/ Quelques spécialités médicamenteuses et posologie
1/ Organismes d’évaluation
2/ Séchage et drogue
3/ Commercialisation de spécialités à l’officine
PARTIE 2 : LA PHARMACOLOGIE DU MILLEPERTUIS
I/ METABOLISME
II / MÉCANISMES D’ACTIONS DU MILLEPERTUIS
A/ Dans la dépression
1 / Inhibition des MonoAmines Oxydases et Catéchol-O-Méthyl Transférase
2 / Inhibition de la recapture des neurotransmetteurs
3/Interactions de l’activité d’autres neurotransmetteurs : GABA, glutamate
4/ Liaison du millepertuis sur les récepteurs centraux
5/ Mécanismes impliquant les cytokines
6/ Modification de la densité des récepteurs sérotoninergiques et bêta adrénergiques
7/ Un rôle du sommeil paradoxal ?
B/ Dans d’autres pathologies
1/ Action anti-inflammatoire du millepertuis
2/ Action préventive dans la maladie d’Alzheimer
3/ Action anticancéreuse
4/ Action antivirale du millepertuis
III/ EFFICACITE DES EXTRAITS D’HYPERICUM PERFORATUM
A/ Millepertuis dans la dépression légère à modérée
1/ Critères de diagnostic d’un épisode dépressif utilisés dans les études
2/ Les principaux extraits d’Hypericum perforatum versus placebo
3/Les extraits d’Hypericum perforatum versus antidépresseurs tricycliques
4/ Les extraits d’Hypericum perforatum versus ISRS (Inhibiteur Sélectif de la Recapture de la Sérotonine)
B/ Le millepertuis dans la dépression sévère
1/ Les principaux extraits d’Hypericum perforatum versus placebo
2/ Les extraits d’Hypericum perforatum versus ISRS
PARTIE 3 : LES RISQUES LIES A L’USAGE MILLEPERTUIS
I/ LES EFFETS INDÉSIRABLES
A/ Résultats des études cliniques
B / Photosensibilisation
C/ Grossesse et allaitement
D/ Utilisation du millepertuis chez les moins de 15 ans
II/ INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES
A/ Mécanisme des interactions
B/ Les principales interactions
1/ Les immunosuppresseurs
2/ Les médicaments du système cardiovasculaire
3/ Les contraceptifs oraux
4/ Médicaments antirétroviraux
5/ Les anticancéreux (antinéoplasiques)
6/ Les médicaments du SNC
7/ Les médicaments de la sphère respiratoire
8/ Les médicaments du transit gastro-intestinal
9/ Les antimicrobiens
10/ Les hypoglycémiants oraux
III/ THESAURUS DES INTERACTIONS
PARTIE 4 : ENQUETE SUR LA DELIVRANCE OFFICINALE DU MILLEPERTUIS EN REGION HAUTENORMANDIE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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