Les antibiotiques sont des molécules largement utilisés en pratique pédiatrique à des fins thérapeutiques. Leur usage nécessite une bonne connaissance de leur mode d’action et de leur mécanisme de résistance. Ainsi que des mesures préalables et des règles qui lui sont propres. Leur prescription doivent être rationnelles afin d’éviter la survenue des résistances. Les antibiotiques présentent des avantages et des inconvénients. Pour qu’ils soient avantageux, il est nécessaire d’évaluer les résultats qu’ils induisent. Des études ont montré un mauvais usage évalué entre 73 et 80% à Madagascar, par manque de respect et de règle de prescription. Dans les pays industrialisés, il a été noté un mauvais usage de l’ordre de 36% (1). L’utilisation excessive et/ou irrationnelle de ces produits pose un problème sérieux dans le monde du fait du développement et de l’extension de la résistance bactérienne à ces molécules. Ainsi, la connaissance intégrale du mode d’action des antibiotiques pourrait permettre de déjouer les mécanismes de résistance qui sont le plus souvent l’inverse des mécanismes d’action d’un antibiotique.
LES ANTIBIOTIQUES
Définition
Initialement, le terme antibiotique désigne toute substance chimique produite par des micro-organismes vivants, possédant une activité antibactérienne et n’ayant pas de toxicité pour l’hôte. En 1889, Vuillemin fut le premier à créer le terme antibiotique. La pénicilline a été découverte par Sir Alexander Fleming en 1928 et introduit en thérapeutique en 1941. L’antagonisme des microbes et des moisissures a été entrevu et signalé par un français Duchêne de Lyon, qui n’a pas poursuivi ses recherches assez loin. Actuellement, avec le développement de la science, les antibiotiques peuvent être obtenues au laboratoire par synthèse ou semi synthèse .
Mécanisme d’action des antibiotiques
Les antibiotiques ont été depuis longtemps, catégorisés en antibiotiques bactériostatiques et bactéricides. Les antibiotiques bactériostatiques sont capables d’inhiber la croissance bactérienne : in vitro, l’inoculum bactérien est identique au stade initial du contact antibiotique – bactéries, et en fin d’observation (18 à 24 heures) ; in vivo, on observe la non multiplication bactérienne du fait de la bactériostase, ceci permet aux défenses naturelles immunitaires du patient de prendre le relais de l’action de l’antibiotique (6). Les macrolides, chloramphénicol, tétracyclines sont classés bactériostatiques. Les antibiotiques bactéricides sont ceux capables de tuer la bactérie, ce qui s’exprime in vitro par une diminution de l’inoculum bactérien. Par exemple : les bêtalactamines, les aminosides, les polypeptides, vancomycine…
Le mécanisme d’action des antibiotiques est basé sur plusieurs étapes spécifiques et ils agissent à un niveau précis des structures bactériennes dénommé site d’action. Les principaux sites d’action au niveau des bactéries sont (8) :
– la paroi,
– la membrane cytoplasmique,
– le chromosome,
– le ribosome.
On distingue 5 principaux mécanismes d’action :
– inhibition de la synthèse de la paroi,
– inhibition de la synthèse de la membrane cytoplasmique,
– inhibition de la synthèse protéique,
– inhibition de la synthèse de l’ADN,
– et autres mécanismes d’action.
Inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne
Parmi ces antibiotiques qui inhibent la paroi bactérienne, citons les bétalactamines, les glycopeptides, la fosfomycine, et la D-cyclocérine. La bactérie devient sensible à toutes les agressions. Les antibiotiques pénètrent dans la bactérie après fixation à des sites chargés négativement sur la paroi bactérienne. Par exemple l’aminoglycoside pénètre dans la bactérie par un mécanisme de transport actif impliquant deux étapes, dont le second requiert la présence d’oxygène. C’est pour cela que les anaérobies sont exclues d’emblée du spectre d’activité des amynoglycosides.
Il peut s’agir soit :
• Inhibition de la synthèse de précurseurs de la paroi :
– la D-cyclocérine,
– la fosfomycine.
• Inhibition du transfert des précurseurs de la paroi sur un lipide porteur, permettant leur transport à la membrane plasmique :
– la bacitracine.
• Inhibition de l’insertion des unités glycaniques, précurseurs de la paroi, et de la transpeptidation :
– les bétalactamines qui inhibent la transpeptidation intervenant dans la synthèse de la paroi ;
– les glycopeptides, qui se lient à un intermédiaire de synthèse du peptidoglycane.
Augmentation de la perméabilité de la membrane cytoplasmique
Les antibiotiques agissant de cette façon sont peu nombreux, et ils ne sont actifs que sur les bacilles gram négatifs, ce sont :
– les polymixines agissant comme des détergents cationiques, grâce à leur caractère amphipathique, pénètrent dans la cellule bactérienne et s’insèrent parmi les phospholipides de la paroi, perturbant ainsi la perméabilité membranaire ;
– la tyrothricine et substances apparentées.
Dans le cytoplasme bactérien, il y a l’activité intra bactérienne, par conséquent, il y a fixation de l’antibiotique à des sites spécifiques de la sous unité 30s principale, accessoirement, de la sous unité 50s des ribosomes et certains comme la streptomycine ne se lient qu’à une seule protéine de la sous unité.
Inhibition de la synthèse des protéines
La liaison de l’antibiotique avec la bactérie perturbe la synthèse protéique par un mécanisme complexe qui inclut :
– l’inhibition de l’étape de l’élongation,
– l’introduction d’erreurs dans la lecture de l’ARNm conduisant à la production de protéines erronées, (c’est à dire que la liaison de l’antibiotique au ribosome l’empêche reconnaître codon-anticodon au moment de la lecture de l’ARNm) :
– l’initiation,
– la terminaison.
Ce sont les plus nombreux, comprenant notamment les macrolides les tétracyclines, les aminosides (ou aminoglycoside), chloramphénicol, l’acide nalidixique.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1. LES ANTIBIOTIQUES
1.1. Définition
1.2. Mécanisme d’action des antibiotiques
1.2.1. Inhibition de la synthèse de la paroi bactérienne
1.2.2. Augmentation de la perméabilité de la membrane cytoplasmique
1.2.3. Inhibition de la synthèse des protéines
1.2.4. Inhibition de la synthèse des acides nucléiques
1.2.5. Erreur d’interprétation du message apporté par l’ARN
1.3. Mécanisme de développement de la résistance aux antibiotiques
1.3.1. La résistance naturelle
1.3.2. La résistance acquise
1.3.3. Autres mécanismes de résistance
1.4. Classification des antibiotiques
1.4.1. Classification selon la famille d’antibiotique
1.4.2. Classification selon leur mode d’action
1.4.3. Classification selon l’activité d’antibiotiques en fonction du temps et de leur concentration
1.4.4. Classification selon les sources d’antibiotiques
1.4.5. Classification des ATB selon leur pharmacocinétique
2. PRINCIPES D’ANTIBIOTHERAPIE EN PEDIATRIE
2.1. Principes et règle d’utilisation des antibiotiques
2.1.1. Les signes cliniques
2.1.2. Le terrain
2.1.3. Les critères de gravité
2.1.4. L’antibiogramme
2.1.5. La décision documentée de l’antibiothérapie
2.2. Choix de l’antibiothérapie
2.2.1. Choix des molécules adaptées
2.2.2. La durée de l’administration des antibiotiques
2.2.3. Lois de Jawetz et Gunisson
2.2.4. Connaissance et prévention des risques d’effets secondaires
2.3. Antibiothérapie chez l’enfant (en milieu pédiatrique)
DEUXIEME PARTIE : NOTRE TRAVAIL
1. METHODOLOGIE
1.1. Cadre de l’étude
1.2. Justificatif
1.3. Matériel et méthode
1.3.1. Type d’étude et objectif
1.3.2. Recueil, saisie et traitement des données
1.4. La population de l’étude
1.4.1. Critères d’inclusion
1.4.2. Critères d’exclusion
1.5. Limite de l’étude et éthique
1.6. Paramètres étudiés
2. RESULTATS
2.1. Nombre d’enfants de l’étude
2.2. Le genre de patients
2.3. Les tranches d’âge
2.4. Les motifs d’entrée
2.5. Les examens complémentaires
2.6. L’antibiothérapie
2.7. La durée de l’antibiothérapie
2.8. Le type d’antibiothérapie
2.9. Le pronostic
2.10. Le rapport des côtes
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS
1. COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
1.1. La population d’étude
1.2. Les motifs d’entrée
1.3. Les examens complémentaires
1.4. Le traitement par les antibiotiques
1.5. Le pronostic
2. SUGGESTIONS
2.1. Les actions préventives
2.2. Une meilleure utilisation des antibiotiques
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE