MECANISME D’ACTION DE L’ENVENIMATION

MECANISME D’ACTION DE L’ENVENIMATION

LES VENINS D’HYMENOPTERE

COMPOSITION DES VENINS D’HYMENOPTERE. [2,4,6,10,15,17,22,23,28,34]

GENERALITE

Les venins d’hyménoptères sont des mélanges complexes de protéines toxiques, d’enzymes, d’amines biogènes et de différentes molécules de concentration variable qui sont issues des voies métaboliques ou, de contamination du venin. Les frelons, contrairement aux autres hyménoptères ont tendance à aspirer le venin dans leurs segment abdominaux avant de le « recracher » plutôt que de l’injecter. Le venin est un mélange complexe au sein duquel on a identifié plus de 40 composants représentant 98% de la matière sèche.
Ces venins ont des cibles diverses: ils peuvent affecter le métabolisme, le système endocrinien ou le système nerveux. Chez les Parasitoïdes, les compositions chimiques des différents venins ne sont pas encore totalement élucidées, tandis que chez les Aculéates, à l’exception des fourmis, les données sont importantes et les études approfondies.
La présence de certains composés particuliers permettent d’établir une distinction nette entre les venins d’abeille et ceux des Vespidae d’une part, et entre ceux des derniers d’autre part.
Tableau 6: Principaux composés actifs identifiés dans le venin d’abeille, de guêpe, de frelon et de poliste.[2,10,28]

LES DIFFERENTS COMPOSANTS

Des amines biogènes

Elles sont représentées par l’histamine, présente dans tous les venins, ainsi que par des catécholamines. L’histamine est l’amine biogène majoritaire chez l’abeille, alors que l’on trouve chez les Vespidae on trouve de plus de la serotonie ou de l’acétyl-choline. En quantité relativement
faible, de 217.4 ± 9.8 g/ml chez l’abeille à 251.8 ± 7.9 g/ml chez les guêpes. Les effets de l’histamine sont une vasodilatation, une augmentation de la perméabilité vasculaire, une bronchoconstriction, une sécrétion de mucus, de la douleur, un prurit et une augmentation de la libération de norépinéphrine par les récepteurs adrénergiques.

Des peptides spécifiques

La mellitine
Peptide de 26 acides aminés, l’un des principaux composants toxiques du venin d’abeille (absente chez les autres hyménoptères). Elle représente entre 40% et 50% du poids du venin d’ Apis mellifera. Aux concentrations élevées à modérée, elle se présente sous la forme de tétramère qui peut être immunogène et allergénique. Elle possède une activité hémolytique, par atteinte des phospholipides membranaires et potentialisation de l’action des phospholipases A2, un effet hypotenseur par vasodilatation capillaire et une action histamino libératrice. Elle joue aussi le rôle de canaux ioniques en interférant avec le calcium intracellulaire par interaction avec la calmoduline. C’est le mieux connu des composants du venin, le type même des polypeptides ayant une activité cytolytique. D’autres venins contiennent aussi des peptides modulateurs qui interagissent avec les ions, les membranes et la calmoduline, mais aucun ne peut s’agréger ou être allergénique. Ces peptides s’appellent dans le venins des Bombus, bombolitine, ceux des venins de Vespidae comprennent la crabroline, les mastoparans, les vespulakinines, les vespakinines et les polistikinines.
Figure 10 : Composition de la mellitine.[23]
HOOC-Lys-Gly-Ala-Val-Leu-Lys-Val-Leu-Thr-Thr-Gly-Leu-Pro-Ala-Leu-Ile-Sor-Try-Ile-Lys-Arg-Lys-Arg-Glu-NH2
L’apamine
Peptide de 18 acides aminés, présente en faible quantité dans le venin (2 % environ), c’est un neurotoxique capable de franchir la barrière hémato-méningée, stimulant du système nerveux central et périphérique. Chez la souris, après injection intramusculaire ou intraveineuse, l’animal présente un certain stade d’immobilité pendant 5 à 15 minutes, puis apparaissent une hyper mobilité et des contractions cloniques. L’animal meurt par lésion des centres nerveux de coordination respiratoire.
DL50 souris = 4 mg/kg
DL50 rat = 2 mg/kg
Figure 11 : Composition de l’apamine.[23]
HOOC-Cys-Asn-Cys-Lys-Ala-Pro-Glu-Thy-Ala-Leu-Cys-NH2
Hooc-Ala-Arg-Arg-Cys-Gln-His-NH2
Le peptide-MCD et les mastoparans
En 1968, Breithaupt et Habermann purifient et identifient un des composant de la fraction proteique « FO », apparaissant à l’électrophorèse sur gel de filtration ( Cephadex G50) comme trois pics avant, avec et après celui de la mellitine. Il s’agit du Mast cell degranulating peptide, découvert par Fredholm en 1966. Le peptide-MCD est présent chez l’abeilles, les mastoparans représentant son homologue chez les Vespidae. Ce sont des hitamino libérateurs puissants augmentant la perméabilité vasculaire et ce sont des modificateurs spécifiques de l’activité de la phospholipase.
Figure 12 : composition du peptide MCD.[23]
HOOC-Ile-Lys-Cys-Asn-Cys-Lys-Lys-Arg-His-Val-Ile-Lys-Pro-His-Ile-Cys-Arg-Lys-Ile-Cys-Gly-Lys-Asn-NH2
L’antigène 5
En 1978, King et al. décrivèrent l’isolement d’une protéine d’environs 23kDa de poids moléculaire des venins de Dolichovespula maculata, Dolichovespula arenaria, et de Vespula vulgaris, qu’ils nommèrent antigène 5. Cette protéine appartient à la même famille que les neurotoxines présynaptiques des invertébrés isolées du venin de Vespa mandarina. L’antigène 5 a été isolé chez trois espèces de Polistes nord-américains, sept espèces du Vespula et Vespa crabro. Chez les Polistes, la protéine est identique de 92.7% à 98.5% ; chez les cinq espèces de guêpe du groupe de Vespula vulgaris, elle l’est de 93.1% à 98.0% entre celle du groupe mais seulement de 70.6% à 71.5% avec l’antigène 5 provenant de Vespula squamosa, et de 73.0% à 74.5% avec celui de Vespula vidua ; l’antigène 5 de Vespula squamosa et de Vespula vidua sont, quant à eux identiques à 80.5%. De même l’antigène 5 des frelons du genre Dolichovespula se montre identique de 76.0% à 85.1% selon les espèces et de 66.3% à 72.1% avec l’antigène 5 de Vespa crabro.
L’antigène 5 des Vespula est identique de 63% à 73% à celui des Dolichovespula, de 65% à 72% avec celui des Vespa et enfin il est identique de57% à 62% avec celui des Polistes. Ces résultats reflètent bien le haut degré de réactions immunologiques croisées entre les venins des différents Vespidae. Les séquences protéiques de l’antigène 5 sont rattachées à deux groupes de protéines : un issu du monde végétal, l’autre du monde animal. Ce dernier comporte une glycoprotéine de couverture du sperme, androgène dépendante.
Les kinines
Elles ne sont présentes que chez les Vespidae, elles présentent toutes dans leur molécule la séquence de la bradykinine.

Des enzymes variées

Phospholipase A2
La principale protéine du venin d’abeille est une phospholipase d’un poids moléculaire de 16kDa qui attaque les phospholipides membranaires. La phospholipase A2 catalyse la déacylation des phospholipides en position 2, libérant des lysophosphoglycérides et des acides gras à longue chaîne, et modifiant ainsi la perméabilité membranaire. La phospholipase A2 de Bombus pensylvanicus est composée de 136 acides aminés, N-glycosylé en position 16. La phospholipase A2 des bourdons et des abeilles sont identique à 53.7%, avec de plus 33% de résidus qui ne diffèrent que par une seule base. Les 64 premiers résidus présentent 72% d’identité, expliquant le haut degré de réactions immunologiques croisées entre les venins d’abeille et de bourdon. Cette phospholipase A2 est présente chez toutes les espèces mais possède une activité propre, l’ agelotoxine de la guêpe tropical Agelaia pallipes pallipes par exemple, présente une activité phospholipase A2 moindre que celle d’Apis mellifera ou que l’hornetine de Vespa basalis ; mais par ailleurs elle se révèle une hémolysine directe puissante, son activité hémolytique directe est 200 fois plus forte que la polybitoxine de Polistes paulista, 740 fois celle de la phospholipase A2 d’Apis mellifera.
Les phospholipases du venin d’abeille appartiennent à la même famille que la phospholipase A2 de nombreux vertèbrés retrouvées dans le venin, les cellules ou le système digestif. La figure suivante montre la comparaison des phospholipases A2 de Bombus pensylvanicus et du monstre Gilla (Heloderma suspectum). Les molécules montrent 38% d’identité avec conservation de toutes les cysteines, 22 des 38 premiers résidus étant identique.
Figure 13 : Comparaison de séquences des phospholipases du bourdon Bombus pennsylvanicus et Heloderma suspectum. Les deux points indiquent les résidus identiques, les simples points les résidus ne différant que par une seule base (substitution conservative). Les tirets représentent les insertions effectuées pour maximiser les alignements.[15]

PhospholipaseA1B

Le venin des Vespidae contient une phospholipase d’un poids moléculaire de 34kDa. Cette phospholipase n’a pas de réaction croisée, du point de vue immunologique, avec la phospholipase des abeilles et elle scinde les acides gras en position 1 des phospholipides membranaires suivie par le clivage de l’acides gras en position 2 (lysophospholipase). Cette enzyme appartient à la fois à la famille des lipoproteines lipases et à celle des phospholipases A2, avec un important point commun entre les phospholipases du venin de Vespidae et les lipoprotéine lipase en la présence d’un groupement labile acide aspartique-proline en position 165 pour l’un et 210 pour l’autre. la figure suivante montre la comparaison de séquence de la phospholipase de Vespula maculifrons avec la lipoprotéine lipase de souris (Mus musculus). Tous les isozymes des différents Vespidae sont très proches : les deux isozymes du venin de Dolichovespula maculata présentent 66.7% d’identité, ce qui est comparable aux différence trouvées entre les isozymes du venin de Dolichovespula maculata isozymes du venin de Dolichovespula maculata et la phospholipase du venin de Vespula maculifrons, 68.3% et 58.7%, ou la phospholipase de Vespa crabro, 75.7% et 65.7%. La phospholipase de Vespula maculifrons est identique à 71.0% à celle de Vespa crabro, identique à 70.4% à celle de Vespula squamosa, et identique à 95.3% aux 257 premiers résidus de celle de Vespula vulgaris.
Figure 14 : Comparaison de séquences de la phospholipase de venin de Vespula maculifrons 71 et de la lipoprotéines lipase de souris 73. Les deux points indiquent les résidus identiques, les simples points les résidus ne différant que par une seule base (substitution conservative). Les tirets représentent les insertions effectuées pour maximiser les alignements.[15]
Hyaluronidase
Les venins des Apidae et des Vespidae contiennent une hyaluronidase, d’un poids moléculaire de 42kDa. Chez Apis mellifera, l’enzyme est composée de 350 acides aminés et elle en compte 331 chez Dolichovespula maculata et les séquences sont identiques à 55.3%. la région N-terminale est relativement proche selon les espèces, ce qui explique un grand nombre de réactions croisée, du point de vue immunologique. C’est une enzyme non toxique par elle même, mais qui agît comme un facteur de diffusion du venin, capable par conséquent de majorer l’effet des composants toxiques, et qui se trouve du reste dans tous les liquides biologiques.
Les recherche dans les bases de données montrent que les hyaluronidases de venin d’hyménoptère sont reliées à une protéine du sperme de cobaye, la PH-20, impliquée dans l’adhésion spermatozoïde-ovule. Des études supplémentaires ont montré que des protéines similaires se retrouvent dans le sperme de tous les mammifères avec une activité hyaluronidase.
Phosphatase acide
La phosphatase acide du venin du venin d’abeille est un dimère de protéine de 49 kDa. L’activité phosphatase acide n’est pas constamment présente dans les venin de Vespidae. On a récemment publié la séquence N-terminale et les séquence de nombreux peptides de la phosphatase acide du venin d’abeille. la phosphatase acide du venin est plus proche des phosphatases acides de type prostatique chez les mammifères que des phosphatases acides de type lysosomiales.
Protéase
Les venins d’abeille et de Vespidae ne contiennent pas de quantité significative de protease, mais le venin du bourdon Bombus pensylvanicus contient de grandes quantité d’une amidase trypsique. Cette enzyme ne clive pas les substrats esters mais seulement les amides et avec une spécificité trypsique ; de plus elle solubilise facilement la caséine. Cette protéine est aussi allergénique, sa séquence de 243 acides aminés a été récemment déterminée. La protéase du venin de bourdon est une protéase sérique reliée à un grand nombre d’autres protéases sériques. La correspondance la plus proche a été trouvée avec une coagulase du crabe « sabot de cheval » avec 41.1% d’identité, ensuite on avait 37.7% et 37.0% d’identité avec les acrosines humaine et murine, la protéase de la tête des spermatozoïdes.

PROPRIETES DES VENINS D’HYMENOPTERE [5,9,13,15,18,25,26,34,35,37]

PROPRIETES TOXICOLOGIQUES

Les réactions toxiques locales apparaissent normalement à l’endroit d’une piqûre. Dans pratiquement tous les cas, ces réactions sont causées par les composants du venin de plus faible poids moléculaire. La plupart des aspects d’une piqûre d’abeille peuvent être provoqués par une injection de méllitine . La douleur et l’inflammation générées par une piqûre d’abeille sont en fait dues aux petits peptides et autres petites molécules pharmacologiquement actives du venin. Pour les fourmis, c’est un peu différent, puisque le venin est composé à 90 – 95% d’alkyl- et d’ alkenyl-d’alcaloïdes de pipéridine. Ces molécules insolubles provoquent immédiatement abcès et rougeur puis pustule stérile sous 6-24 h. Cette réactions est pathognomonique des piqûres de fourmis rousses. La plupart des venins d’hyménoptères ne sont pas proprement létaux, puisqu’on a recensé des centaines voir des milliers de piqûres avec seulement des réactions locales.
Les réactions toxiques systémiques aux piqûres d’hyménoptères sont relativement peu communes, bien que le comportement vivement agressif des abeilles africanisées aient focalisé l’attention sensationnelle des médias. La LD50 intraveineuse de la plupart des venins s’estime entre 1 et 10 mg/kg. Les poids de toxines émises par les piqûres varient de 50 g pour l’abeille, 1-10g pour guêpes et frelons, et 100ng pour les fourmis. La grande majorité des cas de réactions systémiques aux piqûres a été décrit en anecdotique sans études systématiques. Le nombre de piqûres alors recensées s’étendait de 20 à plus de 1000. Les insectes incriminés comprennent les abeilles européennes, les guêpes, les frelons Vespa asiatiques, les fourmis rousses et les abeilles africanisées. Les réactions toxiques comprennent l’hémolyse intra-vasculaire, la rhabdomyolyse, l’insuffisance rénale, des réactions neurologiques, une coagulopathie, une cardiopathie, un angio-œdème et un purpura de Henoch-Schonlein. Les études les plus poussées sur les réactions toxiques systémiques ont été menées sur des incidents d’abeilles africanisées. Dans des études soigneusement documentées du Brésil, des protéines de venin circulantes restaient détectables dans le sérum et les urines plus de 50 heures après la piqûre et une victime présentait une dose de venin non liée estimée à 27 mg.
Les symptômes se présentent sous forme d’hémolyse intra-vasculaire, de détresse respiratoire, de défaillance hépatique, d’hypertension, de dommages au myocarde, de rhabdomyolyse, état de choc, coma, insuffisance rénale aiguë, saignements. 3 des 5 patients étudiés sont morts entre 22 et 71 h après les attaques, les résultats de l’autopsie comprennent le syndrome adulte de détresse respiratoire, nécrose hépato-cellulaire, nécrose tubulaire aiguë, nécrose subendocardique focale, et coagulation intra-vasculaire disséminée. Dans une série de 12 patients (Texas), les signes cliniques comprenaient les nausées, vomissements faiblesse fatigue, hypotension, œdème pulmonaire, tachycardie, et trois cas de ‘sans connaissances’. Deux de ces texans comptant environ 800 à 1000 piqûres ont montré des signes de défaillance rénale aiguë, trois étaient candidats à l’hémolyse intra-vasculaire, et trois souffraient d’une rhabdomyolyse. Dans de nombreux cas décrits, il est difficile de départager les effets toxiques des effets allergiques ou des combinaisons de ces effets. La défaillance rénale peut être la conséquence de lyse cellulaire et ainsi les dommages hépatiques pourraient n’être que secondaires. Les réactions cardiaques pulmonaires et neurologiques peuvent être primaires ou résulter de réactions allergiques, et/ou d’autres réactions immunologiques.
Dans une étude sur trois chiens, deux des chiens présentaient une insuffisance rénale aiguë, de la même manière que chez l’homme. ces trois chiens montraient des signes biochimiques de lésion du foie qui pourraient avoir été induite par une hépatotoxine associée au venin, comme par une réaction allergique, provocant des dommages transitoires aux hépatocytes et une fuite d’enzymes sans mort cellulaire. L’hépatotoxicose a été induite expérimentalement chez le chat et sur des cultures d’hépatocytes de rat par envenimation par l’extrait de sac à venin du frelon Vespa orientalis. Le patient humain développe une nécrose hépatocellulaire, une fuite et une hausse durable de l’activité enzymatique. Le chat ne présente qu’une faible hausse d’activité enzymatique ; le composé hépatotoxique du venin n’est pas identifié. Il semble donc probable que la piqûre d’autres frelons, guêpes ou abeilles, provoque un accroissement des enzymes hépatiques.
Une coagulation intravasculaire disséminée (CIVD) de faible ampleur ou chronique a été suspectée chez ces trois chiens, comme l’indique les symptômes observés : hémorragie du tractus gastro-intestinal, du tractus urogénital et du système nerveux central (vu à l’autopsie sur un des chiens) , les hautes teneurs en produit de dégradation de la fibrine, le retard de sédimentation de thromboplastine et la thrombocytopénie. La CIVD aurait été initiée par un dommage hépatique, et la libération subséquente de grande quantité de thromboplastine tissulaire. Ainsi, des composants du venin tels les phospholipases, l’histamine, l’acétylcholine, la sérotonine et les kinines pourraient avoir favorisé la CIVD en augmentant la perméabilité vasculaire. Lors d’un cas clinique sur un cheval, il a été observé une fréquence respiratoire élevée, une tachycardie, des plaques de sudation sont présente sur le cou, le poitrail et la partie ventrale du thorax. Plusieurs zônes cutanées sont surélevées avec un halo circulaire ; la langue, les lèvres, les paupières et la vulve de la jument sont enflées et douloureuses, ce qui est compatible avec un angioœdème. Les bruits bronchoalvéolaires sont augmentés sur toute l’aire d’auscultation pulmonaire. L’état clinique se détériorant rapidement et face à l’hypothèse de CIVD la jument est euthanasiée.
A l’autopsie, les lésions macroscopiques comprennent des hémorragies graves et diffuses qui s’étendent dans les fascia et les principaux groupes musculaires des membres et de la région cervicale. Le diagnostic d’œdème pulmonaire est confirmé au cours de l’examen histopathologique. Il existe des foyers de nécrose hépatique, de nécrose cutanée extensive associées à la présence des dards d’abeilles. dans la région de la piqûre, le derme est nécrosé, les vaisseaux sont thrombosés à l’intérieure de ces zones confirmant l’hypothèse de CIVD.
L’ensemble des lésions cutanées sont très graves et sont attribuées principalement aux effets locaux des toxines. Le nombre élevé de piqûres auquel la jument a été soumise, et la quantité de venin sont vraisemblablement responsable des signes cliniques ainsi que de la réaction toxique observée.

PROPRIETES IMMUNOLOGIQUES

Rappels d’immunologie

La réponse immunitaire normale est protectrice et bénéfique, elle doit prévenir l’apparition de maladies après l’exposition à des agents infectieux, des parasites, des cellules cancéreuses ou d’autres antigènes étranger. Cependant, cette réponse immunitaire peut devenir anormale et délétère lorsqu’elle provoque des désordres systémiques à médiation immune tels l’anémie hémolytique auto immune, la throbocytopénie à médiation immune ou le lupus érythémateux systémique , mais aussi de l’immunodéficience ou des désordres allergiques.
La réponse immune normale
Lors d’une réponse immunitaire, la réaction de l’animal à l’exposition d’antigènes étrangers comme des virus, bactéries, parasites, champignons ou cellules cancéreuses, est la production d’anticorps spécifiques et /ou de cellules cytotoxiques pour supprimer, ou du moins neutraliser ces antigènes. Un antigène est une substance qui induit une réaction immunitaire par des composants cellulaires et /ou humoral du système immunitaire.
De la future rencontre avec cet antigène spécifique résultera une réponse augmentée ou anamnéstique.
Chez le chien, tous les antigènes présents au 42 ème jour in utero sont reconnus comme le
« Soi », ainsi, toute exposition antigénique après ce jour sera reconnue comme le « non-soi ». Normalement, la réponse immunitaire est dirigée contre tous les antigènes étrangers. La perte de cette habilité à distinguer le « Soi » du « non-Soi » entraîne le développement de maladies auto-immunes ; la perte de capacité à établir ou maintenir une réponse immunitaire normal e conduit à une immunodéficience. Enfin, la prédisposition héréditaire à la fabrication d’anticorps réaginiques (Ig E) cause les allergies.
Les anticorps sont des globules produits par la composante humorale du système immunitaire en réponse à une stimulation antigénique, ces anticorps sont appelés immunoglobuline. Chez l’animal de compagnie, il y a quatre grandes classes d’immunoglobulines : Ig G, Ig A, Ig M et Ig E.
Les principales immunoglobulines produites sont les Ig G, environ 80% des Ig anti-bactériennes, antivirales et anti-toxines appartiennent à cette classe. Les Ig A se retrouvent principalement dans les sécrétions. Elles sont actives à la surface des muqueuses tel le tractus respiratoire, gastro-intestinal ou urogénital. Les Ig M sont les immunoglobulines produites initialement ou après une stimulation antigénique, elles sont les plus importantes dans la protection précoce contre les maladies. Chez les animaux sensibles aux allergies, les Ig E sont produites en excès après l’exposition à des substances inoffensives pour les autres.
Le système du complément, qui aide le système immunitaire à détruire des antigènes étrangers comprend 12 protéines sériques. Ces protéines réagissent en une séquence intégrée après activation par les Ig A ou les Ig M. le résultat est la lyse de la membrane de la cellule cible.
Le système immunitaire est composé de trois principaux groupes de cellules : Les lymphocytes T, les lymphocytes B et les macrophages.
Les lymphocytes T qui proviennent du thymus, ne produisent pas d’anticorps, mais se multiplient en réponse à un antigène. Quand ils sont stimulés par un antigène, ils deviennent des régulateurs, ou les lymphocytes T de reconnaissance (mémoire). Les lymphocytes T de reconnaissance peuvent devenir des lymphocytes T helpers qui répercutent la réponse des anticorps des lymphocytes B ou des lymphocytes T suppresseurs, qui annulent cette réponse. Les lymphocytes T effecteurs prolifèrent et, soit produisent des lymphokines qui détruisent l’antigène, soit deviennent des lymphocytes killer qui détruisent les anticorps par contact direct. C’est un des principaux mécanismes de protection contre les cellules cancéreuses. Les lymphocytes T mémoires «se rappellent » des antigènes précédemment introduits dans l’organisme, 80% des l ymphocytes sont des lymphocytes T ; de plus, ils diffusent dans le secteur interstitiel de la peau, des reins, des gonades et de l’utérus.
Les lymphocytes B dérivent de la moelle osseuse (bone marrow). Suite à une stimulation antigénique, ils peuvent, soit se transformer en plasmocytes qui produisent des anticorps spécifiques de l’antigène, soit, ils deviennent des lymphocytes B de reconnaissance (mémoire) avec le même devenir que leurs homologues lymphocytes T. Seulement 20% des lymphocytes du sang sont des lymphocytes B. Après leur transformation en plasmocytes, ils restent dans les tissus lymphoïdes secondaires c’est-à-dire la rate, les nœuds lymphatiques, et secrètent des anticorps circulant dans la lymphe.
Le troisième type de cellule entrant dans la réponse immunitaire sont les cellules accessoires ou cellules adhérentes. Ces cellules non lymphoïdes, qui ressemblent aux macrophages, proviennent de la moelle osseuse. Elles captent l’antigène et le présentent aux lymphocytes, ce qui initie la production d’anticorps par les lymphocytes B et / ou de lymphokines par les lymphocytes T.

La réaction immunitaire anormale : la réaction allergique

Richet et Portier en 1902 ont introduit le terme d’anaphylaxie (éthymologiquement
« contraire de protection ») pour désigner les chocs expérimentaux provoqués chez le chien, dans certaines conditions d’immunisation.
L’anaphylaxie regroupe actuellement toutes les manifestations déterminées par la dégranulation des mastocytes et des basophiles. Celles-ci peut-être à médiation par les lg E ; les substances libérées ( autacoïdes) sont responsables des atteintes organiques pro-inflammatoires, spasmogènes et chimiotactiques à tous les niveaux et en particulier pulmonaire, vasculaire, cutané, neurologique et digestif.
La dégranulation mastocytaire peut connaître d’autres mécanismes :
• Activation du complément avec formation d’anaphylatoxine(C3-C5) à pouvoir histamino libérateur direct.
• Action directe sur la dégranulation de nombreuses substances (opiacés, myorelaxants, pentamidines …).
Cette communauté de symptômes, quel que soit le type de dégranulation, les fait regrouper sous le terme d’anaphylactoïdes.
Une prédisposition génétique est nécessaire pour le développement de réaction allergique à un pneumallergène, ce qui n’est pas essentiel pour les autres types de réactions allergiques à médiation par les Ig E (i. e pénicilline, allergie aux piqûres d’hyménoptère …) ; dans ce dernier cas, les allergènes sont présentés au système immunitaire par les cellules présentatrices de l’antigène comme des lymphocytes B ou des cellules dendritiques. Les antigènes sont tenus aux récepteurs spécifiques (Ig E spécifiques) et internalisés après cela. Les protéines et polypeptides antigéniques sont digérés et présentés sous forme de peptides aux lymphocytes T compétents. Ces peptides sont tenus au récepteur des lymphocytes T, une immunoglobuline qui peut reconnaître de manière
spécifique le déterminant antigénique en conjonction avec le Complexe Majeur d’Histocompatibilité II des cellules présentatrices de l’antigène.
Dans les réactions allergiques, il y a un changement de production des lymphocytes B avec un passage des Ig G au Ig E . Cette modification est induite par les cytokines telles l’IL4 et l’IL13 qui sont associés aux lymphocytes T helpers2 (Lth2) qui produisent en sus IL5 une cytokine conduisant à la fabrication des éosinophiles ( figure 15).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie ?avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

CHAPITRE 1 LES HYMENOPTERES, ANIMAUX VENIMEUX
1. QUELS SONT LES HYMENOPTÈRES VENIMEUX. [1,8,10,24]
1.1. Principaux caractères définissant les Hyménoptères
1.2. Taxonomie
1.3. Les hyménoptères venimeux
1.3.1. Chrysidoidea
1.3.2. Vespoidea
1.3.3. Apoidea
2. MECANISME D’ACTION DE L’ENVENIMATION. [1,3,10,14,23,27,33]
2.1. L’appareil venimeux, un organe complexe
2.2. L’appareil venimeux un organe complexe
2.2.1. Une architecture commune
2.2.2. Et quelques spécificités
2.3. La piqûre et ses consequences
2.3.1. Les causes
2.3.2. Mécanisme
2.3.3. Ses conséquences
CHAPITRE 2 LES VENINS D’HYMENOPTERE
1. COMPOSITION DES VENINS D’HYMENOPTERE. [2,4,6,10,15,17,22,23,28,34]
1.1. généralité
1.2. Les différents composants
1.2.1. Des amines biogènes
1.2.2. Des peptides spécifiques
1.2.3. Des enzymes variées
2. PROPRIETES DES VENINS D’HYMENOPTERE [5,9,13,15,18,25,26,34,35,37]
2.1. Propriétés toxicologiques
2.2. Propriétés immunologiques
2.2.1. Rappels d’immunologie
2.2.2. Action immunologique des venins
CHAPITRE 3 LES TRAITEMENTS DE L’ENVENIMATION PAR LES HYMENOPTERES
1. LES TRAITEMENTS D’URGENCES [5,13,26,34]
1.1. Lors de symptômes peu étendus
1.2. lors d’effets systémiques
2. LES TRAITEMENTS PROPHYLACTIQUES [7,11,12,16,18,19,20,21,28,29,30,32,36]
2.1. L’immunothérapie au venin
2.1.1. Effet immunologique de l’immunothérapie
2.1.2. Mise en place d’une immunothérapie au venin
2.2. réactions allergiques croisées et consequences
2.2.1. Quelques rappels
2.2.2. Allergie croisée et venin d’hymenoptère
2.3. L’ immunité intra-nasale, une méthode d’avenir ?

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *