Matières et Techniques de la Préhistoire récente du Massif armoricain

Diverses voies d’analyse et d’interprétation des vestiges archéologiques ont été explorées dans le cadre de la compréhension des processus de la transition Mésolithique – Néolithique dans l’Ouest de la France. Les approches spatiales présentées en paléobotanique et en archéozoologie, sont des exemples importants pour la compréhension des procédés de la néolithisation.

A ces approches, nous souhaitons ajouter de nouvelles données contingentes, basées sur une analyse synchrone des matériaux rocheux (localisation, pétrographie et structurale), des réponses sous-contraintes mécaniques des roches (propriétés mécaniques), des produits et procédés technologiques (techno-typologie lithique). Les données techno-typologiques bénéficient de la multiplication des découvertes de sites archéologiques, de gisements bruts de roches et d’études précédant ces travaux. Les travaux engagés dans cette recherche visent à évaluer l’importance et l’impact absolu ou relatif des matériaux rocheux dans les ensembles technologiques, par l’analyse des propriétés mécaniques de ces matériaux, et par l’évaluation des facteurs macrostructuraux ou microstructuraux qui contraignent ces propriétés. Ces facteurs mécaniques et structuraux représentent des limites positives ou négatives aux différents procédés technologiques ou méthodologiques mis en œuvre au sein des industries lithiques.

Le cadre géographique 

Le Massif armoricain est situé au nord-ouest de la France et couvre la totalité de la Bretagne (Finistère, Morbihan, Côtes d’Armor, Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique), le nord de la Vendée et le nord-ouest des Deux-Sèvres, une partie de l’Anjou (ouest du Maine-et-Loire) la Mayenne et la bordure occidentale de la Sarthe, une grande partie de la Basse-Normandie (ouest de l’Orne, sud-ouest du Calvados, Manche). Il est limitée vers le continent par le Bassin de Paris, le Bassin aquitain et le seuil du Poitou (ce dernier essentiellement constitué de strates calcaires datant du Secondaire) . L’océan Atlantique et la Manche sont les limites sud-ouest et nord ouest du Massif armoricain.

La topographie et le relief 

Deux grands types de formes composent la topographie actuelle du Massif armoricain : des zones planes et des zones profondément incisées et découpées. Pour le premier, il s’agit majoritairement du littoral immergé et pour le second, du domaine continental. Dans le domaine sud armoricain, le réseau de vallées incisées peut se prolonger en mer jusqu’à –50 mètres, décrivant alors une topographie « continentale » immergée (Bonnet, 1998). Cette opposition typologique ne coïncide donc en rien avec la ligne de rivage actuelle. La contrainte géologique n’influe pas sur cette typologie du fait de la forme plane du fond actuel de la Manche. Ce fond recoupe autant le socle que les formations Mésozoïques.

Trois grands domaines d’altitudes supérieures à 200 m caractérisent le relief armoricain: la Gâtine (altitude maximale, 295 m), le Plateau Ouest Armoricain (altitude maximale, 380 m) et le Bocage Normand (altitude maximale, 420 m). Tous ces domaines sont séparés par des zones de plus basses altitudes parmi lesquelles la Dépression de Rennes dont les limites correspondent à des zones de failles : le Cisaillement Sud Armoricain et les zones de Céaucé (faille orientée NO-SE, au sud du Bocage Normand) et les zones de Quessoy-Nort sur Erdre (dans le prolongement de la Baie de Saint-Brieuc).

A ces grands traits du relief armoricain, se superposent des éléments de second ordre marqués par les hétérogénéités du socle. Les lithologies les plus résistantes sont souvent les plus visibles dans le relief. Ce sont principalement les granites hercyniens et les grès ordoviciens (formation des grès armoricains). Ces roches ont été intensément déformées au Protérozoïque (cadomien) et au Paléozoïque (Hercynien).

Les variations du niveau marin

Le retrait des glaces débute en Europe dès 22000 BP. On estime alors la remontée du niveau marin d’environ 1.5 à 1.8 cm/an (Lericolais, 1997). Le Dryas récent (10100-9700 ans avant J.-C.), très froid, interrompt le fort réchauffement engagé dès 13000 ans avant J-C. (Grousset, 2001). Le niveau marin est alors estimé à –60 mètres N.G.F. en face de la Gironde et à –55 mètres N.G.F. en Manche septentrionale (Ters, 1973). A la fin du Dryas récent le réchauffement reprend cours. Il s’en suit alors deux périodes comprises entre 9700 ans et 8200 ans avant J.-C. (Préboréal-début Boréal) durant laquelle le niveau marin remontera de 25 mètres, et entre 8200 ans et 6700 ans (fin Boréal) de 5 m (Ters, 1973) (Fig. 2). Le niveau de la mer est alors de –25 m (± 5 m) (Ters, 1973), en concordance relative avec les résultats obtenus par R. G. Fairbanks (1989) à partir des récifs coralliens de la Barbade. R. G. Fairbanks montre que la transgression holocène est progressive et régulière, tout le contraire des observations faites par M. Ters (1973) et M.-T. Morzadec (1973, 1974) en Bretagne, suggérant une progression cyclique du niveau marin de périodicité de l’ordre de 1000 ans .

Au cours de la période Atlantique (6700– 4700 ans avant J.-C.), la remontée marine se poursuit, atteignant alors près de 16 mètres en 2000 ans. A la fin de cette période, le niveau des hautes mers correspond à celui des basses mers actuelles. Au Subboréal (4700–2500 ans avant J.-C.), un ralentissement de la transgression se produit, s’accompagnant de trois périodes à tendance régressives (Morzadec, 1973, 1974 ; Barbaroux et al., 1974 ; Visset et al., 1995). Le Subatlantique est marqué par une reprise de la remontée du niveau marin, accompagnée par la mise en place de la majorité des dunes littorales armoricaines (Morzadec, 1973) et la formation de lagunes isolées du domaine marin franc (Thoraval, 2003). La position du niveau marin actuel n’a donc a priori aucune signification morphogénétique.

La carte bathymétrique compilée par Berthois (carte de Berthois in Auffret, 1983 et Bonnet, 1998) montre au premier ordre une planarité des fonds marins jusqu’aux isobathes 130-140 mètres. Il est évident que l’on se trouve dans l’impossibilité de reproduire les limites réelles du trait de côte au cours des temps préhistoriques. En se rapprochant un peu près de la limite côtière réelle, l’évaluation des distances entre les sites archéologiques et la mer est plus aisée.

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Table des matières

INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE ET OBJECTIFS DE L’ETUDE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
1- Le cadre géographique
2- La topographie et le relief
3- Les variations du niveau marin
4- Le paléoclimat et la paléoflore : L’Holocène sur le Massif armoricain
4-1- Le Préboréal
4-2- Le Boréal
4-3- L’Atlantique
4-4- Le subboréal
4-5- L’apport de la paléoflore à la néolithisation
5- La paléofaune marine et terrestre
5-1- Influence du niveau marin
5-2- La faune marine : exemple de la malacofaune
5-3- La faune terrestre
5-4- Un changement d’alimentation à la transition Mésolithique-Néolithique
DEUXIEME PARTIE : HISTORIQUE DES RECHERCHES ET CHRONOLOGIE DU MESOLITHIQUE ET DU NEOLITHIQUE DE L’OUEST DE LA FRANCE
1- Historique des recherches
1-1- Introduction
1-2- Terminologie de la chronologie
1-2-1- Le Mésolithique
1-2-1-1- Le Mésolithique ancien
1-2-1-2- Le Mésolithique moyen
1-2-1-3- Le Mésolithique récent et final
1-2-2- Le Néolithique
1-2-2- 1- Le Néolithique ancien
1-2-2-2- Le Néolithique moyen
1-2-2-3- Le Néolithique récent
1-2-2-4- Le Néolithique final
2- Les limites chronologiques dans l’Ouest de la France : les datations
2-1- Le Mésolithique ancien et moyen
2-2- Le Mésolithique récent et final
2-3- Le Néolithique ancien
2-3-1- Le Néolithique Ancien Centre Atlantique(N.A.C.A.)
2-3-2- Le Villeneuve-Saint-Germain(V.S.G.)
2-4- Le Néolithique moyen
2-5- Le Néolithique récent et final
2-5-1- Le Néolithique récent
2-5-2- Le Néolithique final
2-6- Résumé
TROISIEME PARTIE : DEFINITION, CARCTERISTION PETROGRAPHIQUE, STRUCTURALE ET GEOCHIMIQUE DES ROCHES DU MESOLITHIQUE ET NEOLITHIQUE DE L’OUEST DE LA FRANCE
1- Historique géologique du Massif armoricain
1-1- Le domaine Nord Armoricain
1-2- Le domaine Centre Armoricain
1-3- Le domaine Ligérien
1-4- Le domaine de Champtoceaux
1-5- Le domaine Sud Armoricain
2- La géologie des silex
2-1- Définition et genèse du silex
2-2- Localisation des affleurements de silex
2-2-1- En Bretagne
2-2-1-1- La côte Nord
2-2-1-2- La côte Ouest
2-2-2- En Normandie
2-2-2-1- Les argiles à silex des Rânes
2-2-2-2- Les argiles à silex de Ronai (Commeaux) et des Moutiers-enCinglais
2-2-3- En Pays de la Loire
2-3- Caractérisation pétrographique et structurale des silex
2-3-1- L’échelle macroscopique
2-3-2- L’échelle microscopique
2-3-2-1- La classification texturale
2-3-2-2- La distribution et l’organisation des grains
2-3-3- Résultats de Pétrographie et de structure
2-3-3-1- Les silex des Moutiers-en-Retz
2-3-3-2- Les silex de la Baie de Caen et des Rânes
2-3-3-3- Les silex des Moutiers-en-Cinglais et de la Baie d’Audierne
3- Géologie des formations d’arénites quartzeuses et gréseuses armoricaines
3-1- Les formations arénites quartzeuses et gréseuses sud armoricaines
3-1-1- Localisation
3-1-2- Caractérisation pétrographique et structurale
3-1-2-1- Les grès quartzeux de Montbert (Gisements bruts : lieux dits Eglise et Moulin bleu)
3-1-2-2- Les grès quartzeux du site mésolithique de Gresay
3-1-2-3- Conclusion
3-2- Les formations de grès quartzeux ouest et est armoricaines
3-2-1- Localisation
3-2-2- Caractérisation pétrographique et structurale
3-2-3- Conclusion
3-3- Géologie des silicifications nodulaires ou silcrètes vendéennes
CONCLUSION

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