Marketing Scolaire et Enjeux Sociaux

La sociologie des inégalités d’éducation

L’origine Dans les années 60, en Angleterre, en France et aux USA sont lancées de grandes enquêtes de mobilité : il s’agit d’étudier les impacts de la croissance économique sur la mobilité professionnelle et sociale, et d’analyser l’évolution des inégalités sociales dans une période où le niveau de vie s’élève rapidement. Tous ces travaux vont aboutir à la même conclusion : les inégalités sociales ne sont pas réduites par la croissance économique. Pire encore, à l’inégalité des positions (la différence entre les hauts et les bas revenus par exemple) s’ajoute l’inégalité des chances (la probabilité d’ascension sociale n’est pas la même pour tous). Les sociologues vont se pencher sur les causes de ces phénomènes, à travers l’étude de la stratification sociale et des formes de la mobilité. Le débat va alors se focaliser sur les responsabilités respectives de l’origine familiale et du système scolaire. Dans ces analyses, le recours à des outils statistiques devient essentiel : Girard lance en 1962 la première étude de panel (suivi d’une cohorte d’élèves sur plusieurs années), et le Ministère de l’Education Nationale se dote bientôt d’une « Division de l’Evaluation et de la Prospective » (appelée aujourd’hui DPD : Division de la Programmation et du Développement) qui va fournir de très nombreuses données.
La théorie de la « Reproduction » Les sociologues français P. Bourdieu et J.C. Passeron publient en 1964 « Les héritiers »,ouvrage consacré aux étudiants, qui soutient que l’école a pour vocation de reproduire les inégalités, et qu’elle constitue un système de préservation des élites. L’inégalité des chances scolaires n’est donc pas un dysfonctionnement du système, mais bien un résultat voulu. Trois concepts fondamentaux caractérisent la théorie de la reproduction :
Capital culturel : il est constitué par l’ensemble des ressources et dispositions culturelles : biens culturels, accès à ces biens, diplômes, rapport à la culture et à l’école. Le capital culturel diffère selon le milieu social, et se combine avec le capital économique (revenus, patrimoine) et social (ensemble des relations sociales, prestige…)
Habitus : Le système de représentations auquel l’individu va se référer, et qui va orienter ses pratiques, son comportement, son ambition, ses projets (avenir objectif). C’est un « système de dispositions durables » parce qu’acquis durant une période de temps suffisamment longue pour qu’il soit intériorisé, considéré par l’individu comme naturel. C’est une capacité socialement acquise de penser le monde, de s’habiller, de parler, d’agir, et de réagir de façon appropriée à l’environnement. Ces façons de penser et d’agir sont acquises au cours du processus de socialisation dans la famille d’abord, à l’école ensuite.
Violence symbolique : La fonction de reproduction de l’école s’exerce par la violence symbolique. L’action pédagogique (exercée par la famille, les enseignants) impose un arbitraire culturel, celui de la classe dominante. Cette action réussit lorsqu’elle est investie d’une autorité pédagogique, c’est-à-dire lorsqu’elle est reconnue digne et légitime d’être exercée par ceux qui la subissent Bourdieu et Passeron montrent que l’école a une certaine autonomie par rapport à la sphère économique et à la sphère sociale puisqu’elle appartient à la sphère culturelle. Elle diffuse la Culture avec un grand C, elle se présente comme le canal de transmission du « Savoir Objectif ». Or cette culture n’est pas neutre, elle est socialement arbitraire, c’est la culture bourgeoise. C’est parce que l’école ignore les différences d’héritage culturel, et qu’elle transmet et inculque la culture bourgeoise comme culture légitime, qu’elle participe à la reproduction des inégalités sociales. Cela passe inaperçu parce que ces inégalités sont légitimées par « l’idéologie du don » : si on ne réussit pas, c’est qu’on n’est pas doué. Ce n’est pas parce que la distance entre l’habitus primaire (famille) et l’habitus secondaire (école) est grande, et gêne l’intériorisation de cet habitus secondaire. L’idéologie du don traduit les inégalités sociales en échec personnel ou en reconnaissance de talents individuels, qui sont sanctionnés et légitimés par les diplômes, l’idéologie du don convertit les inégalités sociales en inégalités scolaires. L’origine sociale joue ainsi dans le processus de scolarisation à trois niveaux :
— à l’entrée du système d’enseignement l’élève a une certaine éducabilité qui dépend du milieu éducogène (probabilité objective) et un certain niveau d’aspiration qui dépend de l’horizon de son groupe d’appartenance (probabilité subjective);
— au cours du processus d’enseignement les valeurs transmises et les critères d’élimination reflètent la stratification sociale ;
— à la sortie de l’école, l’élève doit s’intégrer dans la hiérarchie sociale et perpétuer les rôles de son groupe d’origine.
L’individualisme méthodologique et la théorie du « Capital humain » Dans cette perspective, expliquer un phénomène social, c’est reconstruire sous la forme d’un modèle abstrait la motivation des individus concernés par le phénomène et analyser celui-ci comme le produit agrégé de ces micro-comportements. L’individualisme méthodologique implique plusieurs notions fondamentales :
– la notion d’émergence, corollaire de la notion d’agrégation,
– la notion de modèle, procédure indispensable de simplification face à la multitude des cas de figure singuliers,
– la notion de rationalité, liée au postulat de motivation compréhensible.
L’objectif du sociologue Raymond Boudon est d’analyser la mobilité sociale dans les sociétés industrielles. Pour lui, deux facteurs essentiels interviennent :
– la distribution des individus dans le système scolaire ;
– la distribution des individus aux niveaux professionnels.
Boudon explique les inégalités sociales à l’école par un modèle théorique qui repose sur deux hypothèses :
– l’origine sociale conduit, par le jeu de mécanismes intermédiaires (groupes de référence, héritage culturel…) à des distributions différentes en termes de réussite et d’âge (avance/retard)
– la survie d’un individu dans le système scolaire dépend d’un processus de décision dont les paramètres sont fonction de la position sociale.
La thèse de Boudon s’inspire très largement de la « théorie du capital humain », défendue par des économistes libéraux tels que G. Becker. Dans cette approche, la personne humaine est vue comme un « capital », et la formation est conçue comme un investissement susceptible d’accroître ce capital. Le coût de l’investissement sera amorti par les accroissements de revenus futurs obtenus grâce au surcroît de formation, et donc à l’augmentation des savoirs et des compétences. On peut donc calculer un taux de rendement de l’investissement éducatif : En clair, celui qui est « doué » de capacités naturelles plus importantes aura un coût de formation moindre et un rendement plus fort…Il y a donc différents niveaux de la « demande d’éducation » : tout le monde ne demande pas la même chose, en fonction des gains espérés et des risques que l’on accepte de courir. Les inégalités scolaires de parcours et de réussite scolaire résultent donc du comportement rationnel des individus aux différents points de carrefour du système scolaire. A chaque point de bifurcation, suivre une voie de formation implique un coût, des risques et des bénéfices. La combinaison de ces différents paramètres est différente pour chaque voie. Les individus choisissent la voie dont la combinaison coût/bénéfice est la plus avantageuse pour eux, étant donné les contraintes que leur impose leur situation sociale, leurs résultats scolaires etc. Les familles choisissent la filière la plus « utile », la plus rentable pour eux, elles font des choix stratégiques. La perspective théorique de l’individualisme méthodologique considère qu’un fait social (comme les régularités statistiques des inégalités sociales des parcours scolaires par exemple) résulte de l’agrégation des décisions rationnelles des individus. Ce courant ne nie pas le poids des contraintes sociales sur les actions des individus. Mais il montre que, dans la limite de ces contraintes, les individus ont un champ d’action ; il cherche alors à comprendre les stratégies des acteurs dans ce champ.

L’éducation : un investissement dans le capital humain

                 Adam Smith est le premier qui s’interroge sur la notion de capital humain, il était de même que le terme de capital humain lui semble étranger, et c’est pour cela qu’il est considéré comme le fondateur de l’économie de l’éducation. C’est dans la richesse de la nation que Smith a adopté cette vision de capital humain et considéré que les qualifications possédées par les individus constituent un élément déterminant le progrès économique. Ces qualifications ont été acquises par l’individu à travers l’éducation, les études, les formations, et les apprentissages. Comme le capital est composé de capital fixe et de capital variable, ces qualifications doivent donc être introduites en tant que déterminant du capital fixe de l’économie. Elles auront par conséquent un coût, et sont constituées un élément capital de leur dotation et de leur richesse. Comme il le dit : « la dextérité améliorée par l’éducation du travailleur peut dès lors être considérée de la même façon qu’une machine qui facilite et abrège le travail et qui, bien qu’entraînant une certaine dépense, compense cette dernière par un profit ». Toutefois avant Smith, Petty s’est interrogé sur la valeur de l’être humain, et il propose de l’évaluer en liant l’homme et son travail. Le travail est considéré comme une ressource homogène dans le développement économique, comme une quantité de pouvoir humain disponible pour produire des biens et des services. En fait, la productivité ou la qualité de ce travail varient énormément dans les faits en fonction de plusieurs facteurs. Un des ces facteurs, la compétence acquise par l’individu influent sur la productivité du travail. Par exemple, travailler efficacement dans une usine de construction automobile a besoin d’un savoir-faire. Outre les profits apportés par l’éducation au niveau de rémunération c’est-à-dire les avantages financiers associés à l’investissement humain, Smith estime aussi qu’il existe des bénéfices directs et indirects associés. L’éducation évite en particulier la corruption et la dégénérescence. Cette idée se rapproche de celle de liberté civile de Malthus. Il importe alors d’enseigner les gens afin que la corruption diminue, car le niveau d’étude élevé rende la population à changer son comportement, ainsi la lutte contre la corruption nécessite un changement radical du comportement. Il est utile par conséquent que l’Etat se préoccupe de l’enseignement, pas seulement le renforcement du système éducatif public, mais aussi aider financièrement les écoles privées.

Qu’est ce que l’organisation ?

                 La question d’organisation trouve surtout son importance dans la façon dont on administre l’organisation et on gère les conflits qui y règnent. Mais quand on parle de l’école, on a souvent en tête l’idée selon laquelle comment s’organise et fonctionne telle ou telle école. Nous ne devons pas oublier que l’établissement scolaire est une institution organisée qui devrait garantir la bonne marche de la société en générale. En effet, l’école est faite pour produite des individus socialisés pouvant trouver leur places dans diverses situations de la vie sociale : (vie professionnelle, politique et sociale). C’est à elle de modeler un élève capable de devenir un adulte travailleur ayant un salaire décent. Elle fabrique aussi une personne apte à choisir (élire) politiquement ses dirigeants. Mais elle doit aussi assurer l’éducation citoyenne qui est à l’origine de toute sécurité et paix sociale. Normalement une école est faite pour tout ça, mais il ne faut pas également oublier qu’elle est une entreprise commerciale qui fournit (produit) des biens et les vend aux consommateurs. Autrement dit, l’école contient beaucoup de monde qui travaille ensemble et agit chacun selon sa motivation individuelle et personnelle. Dans cette relation interpersonnelle, il se pourrait que l’intérêt de tout un chacun se converge ou se diverge.

L’école connaît une dysfonction due à son inefficacité

                 Ivan Illich ne tolère aucune erreur de confusion des termes comme éducation et école ou bien santé et hôpital etc.…. dans son œuvre monumentale : « société sans école ». Pour lui, la confusion entre les concepts « de valeur » et « des services institutionnalisés » est à éviter si on cherche l’efficacité des écoles. En effet, nous ne devons pas assimiler les institutions comme des valeurs intrinsèques. Ce sont deux choses différentes. A partir du moment où nous mélangeons ces deux concepts, nous commettons beaucoup de dégâts au sein du système scolaire en vigueur. Et l’école elle-même devient inefficace puisqu’elle ne pourrait pas favoriser l’épanouissement de la personne (créativité, critique). Elle ne fait que créer une certaine dépendance chez l’élève. L’école ne pourrait pas également garantir à l’élève les aptitudes et capacités requises fautes des moyens qu’elle peut fournir. Ivan Illich se montre plus pragmatique dans son analyse de l’école car il préconise surtout le côté pratique par rapport à celui de la théorie. Pour cet auteur, il s’agit de ne pas se fier de l’académisme. Ce que la société a besoin c’est le professionnalisme. L’inefficacité de l’école se résume en deux mots : « l’incapacité de garantir l’épanouissement de l’élève et le manque des moyens ».

Négligence pédagogique des enseignants

                La négligence pédagogique des enseignants présente de multiples causes. Tout d’abord, ils sont recrutés dans les conditions illicites (incapacité pédagogique, absence de diplôme et d’autorisation d’enseigner…), peut être, qu’ils sont incapables de respecter les impératifs pédagogiques. Pour les enseignants expérimentés qui exigent une rémunération motivante, à cause d’un taux horaire très minime qui varie de Ar 2 000 à Ar 3 00010, se sentent mal motivés. L’autre cause de la négligence, c’est le sureffectif d’une classe. Cet effectif rend le professeur inactif dans l’accomplissement de son devoir. Selon un professeur collègue : « plus l’effectif est très élevé, ou maigre, plus le professeur n’a pas le courage de bien mener son cour ». La dernière cause de la négligence pédagogique que nous avons constatée, c’est l’insuffisance d’équipements scolaires, ce sont les matériels collectifs de la classe. Il s’agit de tout ce qui est nécessaire à son ménage et à son entretien : balai, récipient d’eau, torchons humides pour les tableaux. La majorité des écoles font leur possible pour disposer ces matériels. Dans ce cas, il y a une négligence involontaire de l’enseignant en quittant l’établissement avant l’heure de sortie. Toutes les causes citées ci-dessus infectent le courage et la conscience professionnelle des enseignants. Ils ne pensent qu’à la gourmandise des propriétaires. Les conséquences sont : les professeurs refusent indirectement de faire les répartitions mensuelles et hebdomadaires. La raison du refus résulte de la mauvaise motivation d’où l’impacte de cette négligence sur la qualité du service rendu.

La mauvaise qualité du service rendu

                    La mauvaise qualité du service rendu par un enseignant n’est pas étonnante. On trouve des professeurs qui terminent très vite leurs programmes. Les discussions entre les professeurs nous ont donné la cause de cette vitesse « on veut terminer très vite afin qu’on puisse assurer d’autres cours ailleurs». C’est la raison des absences fréquentes de la part des autres professeurs. Ceci explique l’insuffisance de motivation de leur part. Ils préfèrent s’absenter pour ne pas laisser tomber une opportunité ailleurs. Et pour enseigner dans deux écoles différentes qui s’éloignent : il faut quitter la première, trente minute avant la sortie pour arriver trente minute après la rentrée chez l’autre. La vitesse accélérée pour terminer un cours, l’absence fréquente, l’abandon d’une classe avant l’heure prévue, et le retard entraîne une mauvaise qualité du service rendu. Sur les 6 enseignants que nous avons enquêté, tous les 6 enseignent dans d’autres établissements scolaires privés, 4 d’entre eux assurent des cours dans 2 autres établissements. Ce sont les élèves qui sont les plus victimes. On les laisse très tôt avant leur examen, et ils vont oublier facilement tout ce qu’on leur a enseigné. C’est la motivation qui manque aux enseignants. Le coût de la vie, et la mauvaise motivation les poussent à ignorer la vraie conscience professionnelle. La négligence des enseignants présente de mauvaises conséquences sur la vie scolaire des élèves. Elle fait partie des causes de l’échec scolaire.

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Table des matières

Remerciement
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES GRAPHES
INTRODUCTION
Problématique
Hypothèses
Objectifs
Méthodologie
Echantillonnage
PREMIÈRE PARTIE : LES CONCEPTS EMPIRIQUES DE L’ÉDUCATION
Chapitre 1 : Les théories sur l’éducation
A. Théories sociologiques de l’éducation
A.1. Durkheim : l’éducation comme moyen de socialisation
A.2. Le fonctionnalisme
B. La sociologie des inégalités d’éducation
B-1L’origine
B2.La théorie de la « Reproduction »
B3. L’individualisme méthodologique et la théorie du « Capital humain »
Chapitre II : Ecole, organisation et vision critique de l’école
DEUXIÈME PARTIE : CONTEXTE DE L’ÉDUCATION NATIONALE : CAS DE LA VILLE D’ANTANANARIVO
Chapitre III : La situation de l’enseignement à Madagascar
A.1. Un accroissement du nombre d’établissements privés
Chapitre IV : Le privilège du secteur privé dans la capitale : cas du quartier d’Ambohipo
A. Le secteur privé sollicité dans le domaine de l’enseignement
B. Choix des parents de l’enseignement privé et leurs attentes
C. Problème d’adéquation formation – Emploi
Chapitre V : L’éducation dans le secteur privé : une perte de la finalité qualitative 
A. Les causes de la défaillance de l’enseignement privé
A.1. Les lacunes dans la création de l’établissement scolaire privé
A.2 Manque de contrôle
A.3 Les faiblesses dans la gestion de ces établissements scolaires
Dysfonction dans la direction
Le recrutement et la fonction de Direction de Ressources Humaines
Problèmes liés à la pédagogie
La mauvaise qualité du service rendu
TROISIÈME PARTIE : APPROCHE PROSPECTIVE ET RATIONALISTE DE L’ÉDUCATION
ChapitreVI : Vers une réglementation et un partenariat avec l’enseignement privé
A. L’obligation de mettre un système de contrôle pertinent
B. La nécessité d’un partenariat public/privé
Chapitre VII : Une éducation privée responsable et motivante
A. Un personnel compétent
B. Motivation du personnel
C. Limitation de l’effectif par classe
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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