MARCHE DU CREDIT ET ASYMETRIES D’INFORMATION

Crédit à court , moyen et long terme

               La question essentielle qui se pose ici étant la « sortie du crédit », c’est-à-dire le moment du remboursement. Il s’agit ici à la fin de l’opération au moment même où elle vient de naître. Cet « écart de temps nous amène à la classification en crédit à court terme (CT), à moyen terme (MT) et en crédit à long terme (LT).
*Le crédit à CT est celui accordé aux entreprises pour donner aux activités commerciales ou agricoles le cycle désirable. Il peut durer entre trois mois jusqu’à deux ans. Cette forme de crédit est le véritable domaine de presque toutes les banques à Madagascar, qui sont des banques de dépôts, en raison même de sa courte durée. Cela correspond à la nécessité pour ces banques de ne pas immobiliser les fonds disponibles qu’elles détiennent, et qui peuvent être réclamées à tout moment (sous forme de dépôts à vue notamment).
*Le crédit à MT s’est beaucoup développé depuis la dernière Guerre Mondiale. Il permet aux entreprises de renouveler leur outillage ou leur matériel ; les effets de ce prêt pouvant s’étendre sur une période allant de deux à sept ans, selon le cas. C’est une subdivision du crédit à long terme, la distinction est justifiée par les modalités d’octroi.
*Le crédit à LT est celui qui finance les investissements dont les conséquences bénéfiques n’apparaîtront que progressivement. Il est destiné à permettre à une entreprise l’acquisition de moyens plus puissants et plus modernes qui faciliteront son développement. Les effets de ce prêt ne se feront sentir que pendant de nombreuses années. C’est la raison pour laquelle la durée du crédit à LT peut atteindre jusqu’à quinze ou vingt ans.

La politique de réescompte

           C’est une procédure de refinancement direct des banques auprès de la BC, c’est-à-dire sans passer par le marché monétaire. Les banques peuvent s’adresser à la BC afin de faire réescompter les effets de commerce. Le taux de l’escompte qui en découle est le prix du service de crédit à CT rendu par la BC. Cette dernière élève ce taux quand elle veut ralentir la distribution du crédit par les banques de dépôt ; elle l’abaisse, en revanche, quand elle veut faciliter l’octroi de crédits à l’économie. Cette politique est de moins en moins utilisée au profit de la politique d’Open Market.

La finance directe

           L’existence des marchés de capitaux permet à des agents à besoin et à capacité de financement d’être en relation directe. En d’autres termes, le système de la finance directe permet à l’offre et à la demande de capitaux de se confronter directement sans passer par la médiation financière. Cependant, les intermédiaires financiers, y compris les banques, sont présents sur les marchés à la fois comme offreurs et comme demandeurs de titres indifférenciés, et non sur l’opération individualisée qu’est le crédit bancaire. A cet effet, les banques interviennent en vendant et en achetant des titres sans assumer le risque lié aux crédits accordés à des clients identifiés. En revanche, elles assument le risque d’effondrement des marchés, ce qui les oblige à détenir de grandes quantités de titres « sûrs ». La question que l’on se pose est « comment se fait l’offre de capitaux (et donc de crédits) dans le cadre de la finance directe ? ». La réponse est simple. Les agents à besoin de financement émettent des titres qui sont souscrits (c’est-à-dire achetés) par les agents à capacité de financement. Ceci revient à dire que ces derniers sont les prêteurs et ceux à besoin de financement sont, de leur côté, les emprunteurs. Les deux parties concluent un contrat sur le marché des capitaux se portant sur un montant, une date de remboursement et un prix, le taux d’intérêt. Dans une économie de marché financier (marché de capitaux à long terme) dominant, les firmes ainsi que l’Etat s’endettent par émission d’obligations, et il y a un vaste marché secondaire des titres où se détermine le taux d’intérêt à long terme. Les banques ne jouent qu’un rôle de courtier pour faciliter l’émission de dette sur le marché primaire et les reclassements de portefeuille des investisseurs sur le marché secondaire. Les pays où la finance directe est très développée sont les pays développés comme la France, l’Allemagne…, où des marchés de capitaux efficients et diversifiés assurent l’allocation des ressources financières. Ce phénomène pourrait s’expliquer par les innovations financières des années 80 et le développement des Euromarchés. Ces derniers permettent aux banques de contourner la réglementation nationale et ont entraîné une expansion considérable de prêts bancaires. Il y a également l’apparition de nouveaux instruments, notamment ceux qui créent de la liquidité et du crédit, à l’exemple du Papier Commercial crée en France en 1985. Mais le développement de la finance direct ne signifie pas pour autant absence ou atrophie du système bancaire. Les deux processus coexistent, les systèmes bancaires sont également très développés. Dans les pays en voie de développement tel que Madagascar, ce système de la finance directe est presque absent. S’il existent, les marchés de capitaux sont étroits et peu efficients ; C’est pourquoi on a privilégié les banques dans le financement de l’économie.

La relation de la clientèle

               Ce terme évoque le retour à la confiance entre le prêteur et l’emprunteur qui fait tant défaut. Plus généralement, il répond à la fois aux problèmes de coûts de transaction et d’asymétries d’information. Le besoin de nouer des liens relationnels se crée souvent naturellement. En effet lorsqu’une entreprise évolue, elle a besoin d’être réactive sur son marché pour mieux s’adapter avec des phases plutôt irrégulières. Ses financements, ses besoins de trésorerie le sont aussi, ce qui pousse à des relations proches entre l’entreprise et l’institution financière. De plus le phénomène de fidélisation, moins présent sur les marchés, peut être considéré comme un objectif rationnel. L’institution financière et l’agent non financier ont tous deux intérêt à instaurer une relation de long terme tant respectivement pour collecter une information de qualité que pour bénéficier de services privilégiés. Grâce à elle, les banques commerciales atténuent les distorsions d’information, comme le souligne MOORE(1987). La gestion des moyens de paiement et de comptes facilite également une entente durable entre les parties. La banque est alors à même de proposer des  lignes de crédits permanents et de maintenir les dépôts en garantie. Par son rôle dissuasif, la relation de clientèle semble apporter plus d’efficacité sur le marché du crédit. Elle représente alors une des raisons pour lesquelles les banques sont sollicitées en premier par rapport à un financement externe direct. Leur pouvoir de création monétaire en main, les institutions financières avec franchise bancaire agissent véritablement comme des médiateurs trop spécifiques et indispensables pour pouvoir être remplacés rapidement.Le contexte informationnel spécifique favorise ainsi l’émergence des institutions financières qui maîtrisent mieux les souhaits à la fois des prêteurs et des emprunteurs. Le marché du crédit représente un exemple type de marché où les asymétries d’information pèsent sur le fonctionnement global. L’intermédiation financière apparaît alors comme une réponse endogène aux coûts et à la complexité des situations d’information présents. En plus des économies d’échelle, elle fait chuter l’incertitude des deux côtés du bilan

Le suivi du dossier crédit

            Une fois l’accord de crédit donné, un contrat de prêt est signé entre la banque et l’emprunteur, prévoyant très précisément les obligations respectives des deux parties notamment les échéanciers de remboursement, ainsi que les conditions tarifaires. Il est ensuite nécessaire d’organiser le suivi du crédit jusqu’à son remboursement intégral et de prévoir le traitement à appliquer en cas de non respect de ses engagements par l’emprunteur. Le personnel en charge du suivi doit disposer de la liste des démarches à accomplir et des délais à respecter pour pouvoir ainsi détecter le plus rapidement possible l’insolvabilité de la contrepartie et déclencher le traitement adéquat. Des difficultés peuvent surgir dans le suivi du risque lorsque les exploitants au contact de la clientèle sont les premiers alertés sur la dégradation de la situation financière du client, et qu’ils tardent à informer leur hiérarchie redoutant qu’on leur attribue la mauvaise évaluation du risque ou parce qu’ils entretiennent de bonnes relations commerciales (ou personnelles) avec le client. Ainsi, le contrôle interne doit veiller à éviter ces situations. En tant qu’aspect du contrôle interne de la banque, le contrôle du risque de contrepartie s’appuie sur les même principes : indépendance des contrôleurs et des contrôlés, exhaustivité des contrôles, vérification de la cohérence des dossiers de crédit avec la politique de crédit de la banque, vérification du respect des procédures lors de l’étude de la demande de crédit puis du suivi du dossier de crédit. A cet égard, il faut insister à nouveau sur la nécessaire rapidité de la remontée des informations sur le risque de contrepartie vers la direction générale ou la comité des risques grâce à un reporting adapté afin que les organes dirigeants puissent, avec cette centralisation, avoir une vision d’ensemble des risques assumés par leur établissement et être informés en temps réel sur les risques qui évoluent de façon préoccupante. Le contrôle s’attache également à vérifier que la réglementation bancaire relative aux opérations de crédit est respectée : division des risques, tarification engendrant des marges suffisantes, taux de provisionnement des crédits non performants

Causes de rationnement

         Les banques rationnent continûment le crédit qu’elles distribuent en raison de la difficulté qu’elles ont à observer les caractéristiques des emprunteurs. Une hausse de taux d’intérêt peut en effet décourager les « bons emprunteurs » et ne laisse subsister que les « mauvais » : c’est l’effet d’anti-sélection. La raison est la suivante : un emprunteur qui a un projet très risqué ne perd que la garantie qu’il donne à la banque si le projet échoue ; s’il réussit, il gagne l’écart entre le rendement du projet et le taux d’intérêt. Lorsque ce taux monte, seuls les projets pouvant générer,si les choses tournent bien, un rendement très élevé (donc les projets très risqués) restent rentables et sont entrepris. La banque, qui veut éviter de n’être confronter qu’à de « mauvais emprunteurs », préfère rationner le crédit (c’est-à-dire, refuser de financer certains projets pris au hasard), plutôt que d’augmenter le taux d’intérêt si elle manque de ressources, si le risque moyen des emprunteurs s’accroît, ou encore si la demande de crédit progresse. Ainsi, les banques ne pratiquent pas des tarifs totalement individualisés en matière de taux d’intérêt débiteurs. A l’origine de ce phénomène, on trouve, selon les auteurs, tout autant une convention sociale que des raisons liées à la simplification de la gestion et au devoir de ne pas se lances dans une guerre des tarifs qui serait coûteuse pour tous les établissements de crédits. Les banques établissent alors des classes de clientèle à l’intérieur desquelles elles ont un comportement homogène, ce qui signifie qu’elles proposent le même taux d’intérêt aux demandeurs de crédit d’une même classe. Chaque classe correspond à un risque type, mais à l’intérieur de chacune d’elles, les risques associés à un prêt sont variables d’un client à l’autre. Autrement dit, les clients qui bénéficient le même taux d’intérêt ne représentent pas le même risque. C’est pourquoi, il est rationnel pour la banque (ou autre institution financière) de limiter ses prêts aux clients à l’égard desquels elle pratiquerait des taux plus élevés (fixés de manière libre). En revanche, les clients à l’égard desquels la banque aurait pu pratiquer des taux inférieurs à ceux de la classe considérée, ne seront pas rationnés. En cas de hausse des taux, le risque de défaut sera accru à l’intérieur de chaque classe et le rationnement augmentera. En cas de baisse, il diminuera. Dans un environnement d’information imparfaite, comme c’est toujours le cas dans la réalité, on ne doit pas oublier en effet que les banques sont des agents qui on pour but d’évaluer les risques des différents emprunteurs. Or, chaque emprunteur est spécifique. Une fois qu’un banquier a accepté de financer un projet, il y a de bonnes chances pour que s’établisse un lien durable par lui et l’entreprise emprunteuse.

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Table des matières

Introduction
Partie I- Approche théorique du marché du crédit
Chapitre I- Généralités sur le crédit
Section 1- Définitions et formes du crédit
Section 2- Les instruments de contrôle du crédit
Section 3- Rôle du crédit
Chapitre II- Le marché du crédit
Section 1- L’offre de crédit en système libéralisé
Section 2- Risque de crédit et organisation de la banque
Section 3- Les problèmes du crédit bancaire à Madagascar
Partie II- Imperfection des marchés du crédit : « les asymétries d’information »
Chapitre I- Fondements théoriques du concept « Asymétrie d’information »
Section 1- Les théories récentes
Section 2- Les structures asymétriques de l’information
Section 3- Asymétries d’information dans les pays en développement
Chapitre II- Le rationnement du crédit
Section 1- Définition et causes du rationnement
Section 2- Les types de rationnement
Section 3- Influences macroéconomiques de la disponibilité du crédit
Conclusion
Annexes
Bibliographie

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