Manifestation de la tradition dans la vie quotidienne

Manifestation de la tradition dans la vie quotidienne 

L’organisation de la société traditionnelle

L’Afrique connaissait une bonne organisation sociale avant même l’arrivée des colons à travers les grands royaumes à l’intérieur desquels cohabitaient différentes ethnies. La société africaine, contrairement à celle de l’Occident trop individualiste, place le groupe pardessus tout. C’est une société basée sur une organisation communautaire. C’est ainsi qu’elle était répartie en famille, en clan, en tribu et en ethnie. Ces groupes pouvaient vivre dans un même village dirigé par un chef qui en est l’autorité suprême. La formation de l’individu se faisait à travers des cérémonies initiatiques dans lesquelles on inculquait aux enfants les valeurs fondamentales pour leur insertion dans la société. Le travail était réparti selon un système de catégories socioprofessionnelles. C’est-à-dire chaque groupe avait un travail qui lui était confié. Le forgeron devait s’occuper du fer, le tisserand de la confection des habits, le griot de la mémoire sociale… .

Pour bien étudier le fonctionnement de ce système social à travers Mbaam Dictateur nous allons nous appesantir d’abord sur le cadre de vie que représente le village en insistant sur ses traits caractéristiques, ensuite nous aborderons la famille traditionnelle avant de parler de l’éducation à travers la « daara » pour enfin terminer par une étude sur le clan des lawbé.

Le village

L’Afrique a été toujours caractérisée par une population majoritairement rurale. Les quelques grands centres urbains comme Tombouctou étaient des lieux d’échanges commerciaux ou de savoir. La plupart des grandes villes  actuelles sont nées avec l’avènement de la colonisation qui a créé un exode massif des populations rurale vers ces lieux. C’est pourquoi le village était souvent l’espace qui symbolisait l’Afrique authentique. Ce qui fait que beaucoup de romanciers qui voulaient faire revivre la culture africaine ont choisi le village comme cadre en écrivant leurs œuvres. C’est le cas le cas d’Abdoulaye Sadji dans Maimouna et d’Amadou Hampaté Ba dans l’Etrange destin de Wangrin. L’auteur de Mbaam dictateur s’inscrit dans cette tradition en faisant séjourner Mbaam Ngonk dans un village pour nous présenter cet endroit où il n’y a pas de barrière entre l’homme et la nature.

Le premier aspect du village que souligne l’auteur dans le roman : c’est le calme qui y règne : « l’on n’y entend ni bruit du train, ni le klaxon d’une voiture » . Ce qui fait que le village est un endroit où il fait bon vivre : « ce que la brousse offre de plus : c’est ce plaisir qui nait de son calme. Tu y restes longtemps sans être dérangé. Aucun écho. Tout se tait » . Cette quiétude permanent est d’ailleurs remarquée par Patrick Mérand selon qui « le point commun de tous les villages africains, c’est le calme qui règne dans les ruelles privées de voitures, les enfants qui y jouent sous le regard amusé ou agacé des vieillards assis sous l’arbre à palabre ; pendant que les poules et les cabris cherchent avec difficulté leur pitance dans une terre bien dure. » Voilà le décor qui caractérise la plupart des villages africains.

Un autre point sur lequel Cheik Aliou Ndao a également insisté : c’est la nature. Avec une vision romantique et un registre parfois lyrique, il magnifie cet espace vert palpitant de vie, d’êtres de toutes sortes. « Pourtant la contrée est belle devant l’œil qui sait observer. La brousse s’étend à perte de vue. Les arbres sont grands et s’élancent vers le ciel avec toutes leurs essences. Perchés sur la cime des arbres dans les frondaisons les plus touffues, les oiseaux tressent leurs nids, chantent à tue –tête. Les bêtes s’égaillent profitant de leur liberté » nous dit-il.  Les éléments qui composent la flore notamment les arbres sont nommés en wolof et personnifiés par fois pour montrer la communion des êtres (ndimb,solom, gang, new, aloom, kad, uule, nete, gouye etc.) La faune est également revisitée à travers l’évocation des animaux sauvages et domestiques (mbaam, fass, nak, golo, gainde, bouki …).

Cheik Aliou Ndao tout en prenant la précaution de traduire les noms de ces éléments pour les lecteurs surtout, ceux de l’étranger, fait également un travail d’archiviste en les nommant en wolof pour permettre à la génération future de bien connaitre cette langue. Dans ce cadre de vie traditionnel qu’est le village l’homme vit directement en rapport avec la nature. L’agriculture et l’élevage sont les principales activités que pratique cette population. Les travaux champêtres pendant l’hivernage, dans lesquels tout le monde participe, sont associés à l’élevage. « Hommes et femmes sont pris par le  labeur. En brousse tout le monde revendique sa part d’efforts dignes des fils d’Adam et cela dès les premiers rayons du soleil. » Ce travail harassant est l’occupation quotidienne des villageois. Les cultures vivrières leur servent de nourriture et l’arachide est vendue pour satisfaire d’autres besoins  .

Le village est aussi caractérisé par son aspect culturel, l’auteur de Mbaam Dictateur nous parle des « bandkats » (artistes ambulants) qui sillonnent les villages à la recherche de sous. Et des séances de tam- tam (tama) qui rythment la nuit au village: « le quartier du chef est animé. Toutes les nuits, les tam tam y résonnent. L’on y danse le dagan et le yaaba » . Ces veillées nocturnes étaient des moments de distraction après une journée très chargée. Elles permettaient au villageois de s’épanouir et de s’éduquer. C’est ce que évoque Léopold Sédar Senghor dans son poème « nuit de sine » quand il dit : « voici que les pieds des danseurs s’alourdissent / que s’alourdit la langue des chœurs alternés. » . Le royaume d’enfance de Senghor vivait au rythme des chants et des danses qui sont l’un des traits caractéristiques du monde noir. Et dans ces vers il parle de la fatigue qui gagne les danseurs et les chanteurs au fur et à mesure que la nuit avançait.

Enfin on ne peut pas parler du village sans s’arrêter sur l’autorité coutumière qu’est le chef, qui était désigné dans la famille fondateur du village. Selon G de Villeneuve cité par Lylian kesteloot dans son ouvrage Contes et mythes du Sénégal « les peuples qui habitent entre les fleuves du Sénégal et de la vivaient autrefois indépendants. Chaque village était gouverné par un chef avec le titre de laman. Ce chef n’agissait qu’avec le conseil des vieillards ; rarement la discorde venait altérer leur félicité » . C’est lui qui s’occupait de la justice, qui donnait les terres d’où son importance. Dans Mbaam Dictateur cette fonction séculaire du chef est mise en exergue : « des descendants des premiers occupants, qui ont débroussaillé et se sont installés bien avant, ont plus de prérogatives. Ils fournissent les chefs, ils prennent les postes de commandement. La délimitation des terrains leur incombe. Un étranger qui désire s’installer est obligé d’aller les saluer pour avoir droit de fonder une famille dans le village. » .

Les descendants du « laman » qui a fondé le village détenaient le pouvoir foncier et politique de leur terroir. En plus « la figure du laman est indissociable de celle du chasseur dans ses premières sociétés. Ce dernier intervient souvent pour protéger les populations des bêtes sauvages ou d’agresseurs. Il arbitrait  souvent aussi les litiges au sein des communautés sédentaires. C’est autour de ce rôle d’arbitre et des fonctions dévolues au laman que va se construire le substrat de la royauté » nous dit le professeur Bassirou Dieng. Mais une autre figure en l’occurrence le marabout se trouvait à côté du chef de village et lui aussi il avait une grande responsabilité. Il incarnait le pouvoir religieux, hérité de son père qui était un grand érudit de l’islam. Toutefois le pouvoir du marabout se limitait à enseigner la religion et à guider les croyants vers Dieu. « À son arrivée en se présentant au chef, celui-ci lui a assigné un lieu pour s’établir. Il a été obligé de se conformer à la règle qu’il a acceptée (…). En bon guide spirituel, son caractère a aidé à drainer beaucoup de gens qui ont embrassé l’islam » .

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Table des matières

Introduction
Première Partie : Manifestation de la tradition dans la vie quotidienne
Chapitre 1 :L’organisation de la société traditionnelle à travers le roman
1) Le village
2) La famille
3) L’éducation (la daara)
4) Les catégories socioprofessionnelles(les lawbés)
Chapitre2 : les croyances et les valeurs antivaleurs traditionnelles
1) Les croyances
1.1 Les croyances animistes
1.2 Les croyances islamiques
2) Les valeurs
3) Les antivaleurs
Deuxième partie : les manifestations de la tradition dans l’écriture de l’œuvre
Chapitre3 : les aspects linguistiques
1) Les xénismes
2) Les traductions littérales
Chapitre 4 : Présence et fonctions des genres oraux
1) Le conte
2) Les proverbes
3) Les chants
Troisième partie : tradition et modernité
Chapitre 5 : la dégradation des figures symboliques
1) La figure du marabout
2) La figure de l’autorité politique
3) La figure de la femme
Chapitre 6 : le syncrétisme religieux et la consolidation de quelques figures symboliques.
1) Le syncrétisme religieux
2) L a consolidation de certaines figures symboliques
2.1 La figure du devin
2.2 La figure du vieillard ou de la vieille
Conclusion

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