Maltraitance et relation mère-enfant

Facteurs de risque associés à la maltraitance

L’approche écologique transactionnelle permet donc de souligner l’importance de comprendre la variété des facteurs issus des niveaux macrosystémique, exosystémique, microsystémique et ontosystémique qui surviennent dans l’apparition de la maltraitance.

La section suivante fera une revue de certains des principaux facteurs associés à la maltraitance.

Pauvreté. Les écrits scientifiques font état de liens importants entre la pauvreté et la présence de comportements parentaux maltraitants (Gelles, 1992; Qi & Kaiser, 2003; Ronan, Canoy, & Burke, 2009). Dans les diverses études en maltraitance, on constate qu’une proportion importante d’enfants maltraités proviennent de familles de milieux défavorisés (à faible revenu) (Fresithler, Bruce, & Needell, 2007; Schultz, Tharp-Taylor, Haviland, & Jaycox, 2009; Sedlak et al., 2010). Il est estimé que de 33 à 43 % des parents maltraitants vivent exclusivement de l’aide sociale ou d’autres prestations gouvernementales (Agence de la santé publique du Canada, 2010; Bouchard, Gauthier, Massé, & Tourigny, 1999). Un faible niveau d’éducation de la mère, indicateur souvent lié à la pauvreté, est aussi associé à plus de risque de devenir un parent maltraitant (Sidebotham & Golding, 2001 ; Wu et al., 2004).

Isolement social et manque de services sociaux et communautaires

L’ accessibilité aux différents programmes de services sociaux est parfois soumise à des listes d’ attente ou un manque d’ accessibilité réduisant l’aide et le soutien dont les parents maltraitants peuvent avoir besoin. Pourtant, le support des services sociaux est considéré comme un facteur protecteur pour prévenir les comportements de maltraitance, en permettant de meilleures compétences parentales, un meilleur sentiment de bien-être pour les parents et une détection plus rapide des enfants pouvant être à risque de comportements maltraitants (Stith et al., 2009; Wang, Lane, & Olfson 2005).

L’isolement social est aussi une réalité présente auprès des mères maltraitantes. Selon Bishop et Leadbeater (1999), ces dernières perçoivent leur réseau social actuel comme peu soutenant.

Tolérance de la violence. Les études démontrent que le fait de « tolérer » les comportements violents ou agressifs augmente les risques de développer des comportements maltraitants (Cicchetti & Toth, 2000). Barnett, Shanahan, Deng, Hasket et Cox (2010) se sont intéressés aux impacts des croyances parentales liés à la discipline et au contrôle sur les conduites parentales émises. Les parents qui endossent ces croyances tendent à utiliser plus facilement la punition corporelle et les méthodes d’éducation coercitives, résultats observés également par Bugental et Johnston (2000) et Smyke, Boris et Alexander (2002). Ils tendent également à entretenir des pensées liées au fait que répondre aux pleurs ou aux signaux de détresse d’un enfant fera de lui un enfant « gâté » (Burchinal, Skinner, & Reznick, 2009). Endosser les méthodes parentales de contrôle et de discipline pourra faire en sorte que le parent utilisera plus facilement la punition physique et un mode d’éducation se rapprochant de la maltraitance (Bugental & Johnston, 2000; Donovan, Leavitt, & Walsh, 1990). Dans le même ordre d’ idée, un parent qui entretient des croyances à l’effet de trop « gâter» son enfant risque davantage de se montrer négligent à l’égard de ce dernier (Burchinal et al., 2009). Par ailleurs, Wilson (2000) rapporte que les parents maltraitants ne possèdent pas autant de connaissances et de plans précis quant à comment se comporter lorsque l’enfant manifeste des comportements inadéquats par comparaison aux parents non maltraitants, ce qui augmente le risque d’utiliser de mauvaises méthodes d’intervention.

Problèmes de santé mentale du parent. La détresse psychologique du parent peut également être mise en lien avec le développement de comportements maltraitants à l’égard de son enfant (Bouchard et al., 1999; Dixon, Hamilton-Giachritsis, & Browne, 2005). Ainsi, le fait de souffrir de dépression augmente les risques d’utiliser les punitions coercitives avec son enfant et réduit la disponibilité du parent à avoir des interactions positives (Chung, McCollum, Elo, Lee, & Culhane, 2004). Le fait de souffrir d’anxiété, de schizophrénie et de troubles de personnalité est aussi lié à la maltraitance par le manque de sensibilité parentale, le manque de chaleur dans les interactions, les difficultés dans le décodage des besoins de l’enfant, le besoin de contrôle et un niveau de critiques et de reproches à l’endroit de l’enfant plus élevé que chez les parents ne souffrant pas de troubles en santé mentale (Goodman & Brumley, 1990; Moore, Whaley, & Sigman, 2004; Newman, Stevenson, Bergman, & Boyce, 2007).

Consommation abusive de drogues et d’alcool et milieu de vie dysfonctionnel. Selon Dunn et al. (2002), le fait d’avoir des parents qui sont consommateurs de drogues et d’ alcool augmente aussi la probabilité que l’enfant vive de la maltraitance. En effet, la consommation des parents diminue la vigilance et la sensibilité parentale, facteurs essentiels pour le développement socioaffectif de l’enfant (Barnard & McKeganey, 2004). Les parents consommateurs auraient par ailleurs tendance à choisir leur milieu de vie en fonction de l’accessibilité à la substance consommée (Hall, Rayens, & Peden, 2008). Or, les études démontrent que l’environnement dans lequel les substances sont accessibles est généralement marqué par la violence (Barnard & McKeganey, 2004; Hall et al., 2008; Rutter, Giller, & Hagell, 1998).

Expériences antérieures de maltraitance. Les antécédents de maltraitance des parents sont également à considérer dans la probabilité d’émettre des comportements de maltraitance (Milner & Dopke, 1997). Les études démontrent que le fait d’avoir été victime de maltraitance durant l’enfance augmente les risques à l’âge adulte de répéter les traumas vécus auprès de leur propre enfant (Dixon et al., 2005; Egeland, Bosquet, & Chung, 2002). Les parents ayant été maltraités à l’enfance sont plus à risque de vivre eux-mêmes une vie familiale dysfonctionnelle à l’âge adulte et de reproduire les actes de maltraitance envers leurs enfants (Carlson, McNutt, Choi, & Rose, 2002; Heyman & Slep, 2002; Leifer, Kilbane, Jacobsen, & Grossman, 2004).

Maltraitance et relation mère-enfant

La maltraitance implique une perturbation importante dans la qualité de la relation parent-enfant. Diverses études se sont attardées à mieux comprendre les caractéristiques des dyades mère-enfant en contexte de maltraitance. Cette section tracera un portrait de la relation entre le parent et l’enfant dans un contexte de maltraitance. Cette relation sera abordée de deux façons. Dans un premier temps, les biais attributionnels des parents maltraitants envers les comportements et les intentions de leurs enfants et dans un deuxième temps, la qualité de la relation entre le parent maltraitant et son enfant. Biais attributionnels  Des facteurs liés aux attributions parentales sont à prendre en compte pour expliquer le manque de sensibilité du parent pouvant mener au développement des comportements de maltraitance. Un nombre important d’ études rapporte les erreurs de perception du parent quant au niveau de difficulté de son enfant (Bamett et al., 2010; Hazler & Denham, 2002; Ronan et al., 2009). En effet, ces mères entretiendraient des attentes plus irréalistes envers leurs enfants, souvent trop élevées en regard de l’âge de l’enfant (Black et al., 2001).

Lorsque comparés aux observations des observateurs externes, les parents ayant des comportements maltraitants rapportent également plus de comportements et d’ intentions négatives de la part de leur enfant (Milner & Dopke, 1997; Stith et al., 2009; Wilson et al., 2010). Ils seraient moins en mesure de reconnaitre leurs manques d’habiletés parentales et attribueraient les difficultés dans la relation à des facteurs liés à l’ enfant surtout, par exemple que ce dernier fait « exprès » d’être désagréable ou encore qu’il ne veut pas comprendre (Wilson, Rack, Shi, & Norris, 2008).

Qualité des interactions entre le parent maltraitant et son enfant

Il est reconnu dans les écrits scientifiques que les enfants maltraités diffèrent des enfants non maltraités· au niveau de la qualité des interactions avec leur parent (Bamett et al., 2010; Mangelsdorf, Gunnar, Kestenbaum, Lang, & Andreas, 1990; Morgan & Wilson, 2007; Stith et al., 2009; Wilson et al., 2010).

Selon Strickland et Samp (2013), comparées aux mères maltraitantes, les mères qui ne le sont pas possèdent de meilleures habiletés parentales et de meilleures compétences en gestion des comportements que les mères maltraitantes. Ainsi, ces mères seraient plus en mesure d’ expliquer à leurs enfants les comportements attendus et acceptables par comparaison aux mères maltraitantes, qui elles mettent davantage l’accent sur la réprimande des mauvais comportements (Black et al., 2001). En général, les mères qui sont maltraitantes sont moins impliquées envers leurs enfants, utilisent plus de méthodes de contrôle disciplinaires, encouragent moins l’enfant dans ce qu’il fait, utilisent moins d’indications et de stratégies physiques et verbales et encouragent moins le jeu avec leur . enfant (Azar, 2002; Valentino, Cicchetti, Toth, & Rogosch, 20 Il). Elles sont également moins sensibles et à l’écoute des besoins de l’enfant en plus de ne pas être en mesure de consoler adéquatement leur enfant (Crittenden, 1981 ; Hesse & Main, 2006).

Certains auteurs se sont intéressés à la relation mère-enfant en fonction du type de maltraitance. Selon ces études, les mères abusives émettent plus de comportements d’agressions physiques et verbales que les mères négligentes ou non maltraitantes (Bousha & Twentyman, 1984). Elles émettent également plus de critiques et de menaces envers leurs enfants (Borrego, Timmer, Urquiza, & Follet, 2004). Elles sont plus intrusives dans leur manière d’ entrer en relation avec leur enfant que les mères des deux autres groupes (Shipman, Schneider, & Sims, 2005; Wilson, 2000). Finalement, bien que plus interactives que les mères négligentes, elles le sont moins que les mères qui ne sont pas maltraitantes envers leur enfant (Wilson et al., 2010). Pour leur part, les mères négligentes sont généralement moins interactives et moins en mesure d’ offrir du support face aux réactions émotives de leurs enfants que les mères non maltraitantes ou abusives (Edwards, Shipman, & Brown, 2005; Wilson et al. , 2008). Elles sont également moins en mesure de nommer et de reconnaitre les émotions de leurs enfants (Hildyard & Wolfe, 2007). Durant les tâches de jeux, elles démontrent plus de comportements négatifs et de contrôle, et moins de comportements pour inciter les jeux (Bousha & Twentyman, 1984). Moins d’ instructions et d’échanges ont lieu durant les jeux, tant de la part de la mère que de l’enfant.

Une méta-analyse réalisée par Wilson et ses collègues (2010) fait état d’une trentaine d’ études portant sur l’ analyse d’observations des interactions entre la mère et l’enfant maltraité. Au cours de cette méta-analyse, les auteurs ont regroupé les méthodes d’observation de manière à obtenir trois catégories de comportements pouvant survenir au cours des interactions entre la mère et l’enfant. Ces comportements sont reliés aux processus de communication verbaux et non verbaux qui émanent de ces mêmes interactions. Ces auteurs font ressortir de l’analysl’;! de ces études que les enfants non maltraités manifestent plus de comportements positifs (comportements d’approbation et de coopération, contacts physiques et de l’enthousiasme) au cours de l’interaction avec leur mère que les enfants victimes de maltraitance. Dans l’interaction des dyades mèreenfant incluant un enfant abusé physiquement, un nombre plus important de comportements avers ifs (affects négatifs, colère, ennui, désapprobation, résistance, voix négative, comportements d’agression physique et hostilité) est remarqué lorsque comparé à la fois aux dyades sans maltraitance et aux dyades incluant un enfant négligé.

Dans l’interaction de ces dernières dyades, un nombre moindre de comportements d’implication de la mère et de l’enfant (intérêt réciproque, contacts visuels et échanges de dialogues) est remarqué lorsque comparé aux dyades sans maltraitance et aux dyades dans laquelle la mère est abusive physiquement.

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Table des matières

Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
La maltraitance
Définitions et incidence
Modèle écologique-transactionnel
Facteurs de risque associés à la maltraitance
Pauvreté
Isolement social et manque de services sociaux et communautaires
Tolérance de la violence
Problèmes de santé mentale du parent
Consommation abusive de drogues et d’alcool et milieu de vie dysfonctionnel
Expériences antérieures de maltraitance
Maltraitance et relation mère-enfant
Biais .attributionnels
Qualité des interactions entre le parent maltraitant et son enfant
Maltraitance et problèmes de comportement
Problèmes de comportement et type de maltraitance
Relation mère-enfant et problèmes de comportement
Relation mère-enfant et régulation émotionnelle et comportementale
Interactions mère-enfant et problèmes de comportement extériorisés
Interactions mère-enfant et problèmes de comportement intériorisés
Maltraitance, interactions mère-enfant et problèmes de comportement
Objectifs et hypothèses de recherche
Méthode 
Participants
Procédure
Instruments de mesure
Qualité des interactions mère-enfant
Problèmes de comportement intériorisés et extériorisés
Résultats 
Plan d’analyses
Données descriptives
Corrélations
Négligence et interactions mère-enfant
Négligence, interactions mère-enfant et problèmes de comportement
Analyse de régression hiérarchique sur les problèmes de comportement intériorisés
Analyse de régression hiérarchique sur les problèmes de comportement
extériorisés
Discussion
Forces et limites
Conclusion
Références

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