Malocclusions en denture temporaire

Malocclusions en denture temporaire

Rappels anatomiques 

Développement morpho-facial
Chez l’Homme, la croissance se définit comme l’augmentation des dimensions du corps. Ce changement de volume résulte d’une prolifération cellulaire. Elle débute pendant la période intrautérine, et caractérise l’enfance de l’adolescence (2). La mise en place de l’occlusion, qui représente un état physiologique statique, correspond à la relation entre les dents maxillaires et mandibulaires, est consécutive à un phénomène de croissance s’appliquant dans les trois dimensions de l’espace sur les différents éléments qui constituent le massif facial. Ce développement s’applique à la base du crâne, au maxillaire, à la mandibule et aux arcades dentaires (3,4). La croissance de tous ces éléments relève à la fois de l’expression du patrimoine génétique de chaque individu et de l’environnement fonctionnel auquel ils sont soumis (3,4). Ainsi, le développement du squelette crânio-facial est soumis à des phénomènes de rotation, de déplacement et de modelage des différentes pièces osseuses et de l’enveloppe périostée (3,4). Dans un souci de concision, nous nous intéresserons uniquement aux structures osseuses intervenant dans notre problématique, à savoir l’os maxillaire et la mandibule.

Le maxillaire
Le maxillaire est formé de plusieurs pièces osseuses de type membraneux. Son développement et sa croissance vont se faire dans tous les plans de l’espace (3–5). Sa croissance dans le sens transversal est étroitement liée à la fonction linguale, qui permet l’élargissement du maxillaire en stimulant la suture intermaxillaire pendant divers mouvements fonctionnels tels que la succion, la déglutition, la phonation et la mastication. Son développement transversal est également dépendant de la fonction ventilatoire, garante du bon accroissement des fosses nasales et des fosses sinusiennes (3,5). Au cours de la croissance, l’os maxillaire, qui est solidaire de la base du crâne, se déplace en bas et en avant. Cette orientation résulte de la croissance des éléments basi-crâniens, du développement des tissus mous et des fonctions musculaires .

La mandibule
La mandibule, seul os mobile de la face, est de type membraneux. Son ossification va débuter pendant les deux premiers mois embryonnaires au niveau de la branche horizontale au contact du cartilage de Meckel (6). La croissance de la mandibule sera ensuite de type secondaire, par phénomène d’apposition/résorption, et dépendante de l’activité fonctionnelle et musculaire. Tous les muscles cervicaux et faciaux interviennent : parmi les plus importants sont retrouvés les muscles masticateurs (Figures 3a et 3b) (4,6). Durant les premières années de vie, les fonctions évoluent : les phénomènes de succiondéglutition, présents dès le stade fœtal, et importants chez le nouveau-né, laissent petit à petit place à la mastication, qui fait intervenir des muscles élévateurs puissants, tels que les masséters, les muscles temporaux, les ptérygoïdiens médiaux, au fur et à mesure de l’éruption dentaire. La combinaison de ces contraintes appliquées sur l’os mandibulaire va ainsi guider sa croissance, que ce soit au niveau de la branche montante, du corps mandibulaire ou du condyle .

En outre, la dynamique mandibulaire, mise en jeu lors de la réalisation des différentes fonctions, permet d’adapter la croissance de la mandibule, dans le but de maintenir l’engrènement dentaire. En effet, la mandibule se développe en suivant à la fois le déplacement du maxillaire, vers le bas et l’avant, et celui des cavités glénoïdes de la base du crâne auxquelles elle est appendue, qui se déplacent vers le bas et vers l’arrière au cours de la croissance. Ainsi, la croissance mandibulaire doit être quantitativement plus importante que celle du maxillaire, afin de conserver un engrènement dentaire suffisant entre ces deux entités .

Courbe de croissance

La croissance squelettique varie en fonction du temps : le rythme et les quantités de croissance diffèrent d’un organe à l’autre. De fait, en 1977, Bjork a établi une courbe de croissance staturale permettant de définir les différentes étapes de croissance squelettique (2,3). Ainsi, l’interception consistera à intervenir afin d’induire une réponse adaptative des tissus ostéocartilagineux crânio-faciaux, et notamment sur le tissu condylien. De fait, certaines périodes de la croissance ou du développement de l’enfant seront plus ou moins favorables pour traiter telle ou telle dysmorphie, en particulier quand il s’agit de stimuler ou freiner la croissance (3,8,9). Ainsi, selon la période dans laquelle se trouve l’enfant, les thérapeutiques, ne seront pas les mêmes, et n’auront pas le même objectif.

Les phases nous concernant sont les deux premières décrites
– Période infantile (de la naissance à trois ans) : la croissance, élevée de la naissance à 30 mois, diminue ensuite rapidement : c’est une période de prévention.
– Période juvénile (enfance moyenne : de 3 à 7 ans) : cette phase stationnaire permet l’interception et court jusqu’à la prépuberté.
– Période adolescente (de 12 ans à 17 ans en moyenne) : possibilité de stimuler ou freiner la croissance.
– Période adulte (à partir de 18-20 ans) : la croissance s’achève .

Eruption dentaire

Au cours du développement facial, maxillaire et mandibule se dotent d’un système alvéolodentaire qui se façonne au fur et à mesure de l’éruption dentaire. Les dents vont progressivement se mettre en occlusion : elles vont entrer en rapport avec les dents adjacentes sur la même arcade, mais également avec les dents antagonistes sur l’arcade opposée (3,6). Il est indispensable de connaître les différentes dates d’éruption des dents temporaires afin de pouvoir appréhender les multiples rapports d’occlusion entre les dents antagonistes. Une étude de 2017 a été réalisée sur 1601 patients permet d’obtenir une estimation de l’âge médian en mois de l’éruption de chaque dent temporaire .

Relations inter-arcades et intra-arcades en denture temporaire

Présence de diastèmes antérieurs

La présence ou l’absence de diastèmes antérieurs préfigurent l’harmonie des arcades dentaires permanentes (3). La classification de Baume prend en compte cet élément de dépistage :
– Le type I de Baume : présence de diastèmes dans les secteurs incisifs maxillaire et mandibulaire, ainsi que d’un « espace simiens » ou « espace de primate », situé en avant de la canine maxillaire et en arrière de la canine mandibulaire.
– Le type II de Baume : Absence de diastème, les dents sont en contact les unes avec les autres .

Sens vertical

Les dents maxillaires recouvrent les dents mandibulaires pour définir une position d’intercuspidation maximale, les molaires sont en contact par leurs faces occlusales. Dans le secteur antérieur, le recouvrement des incisives maxillaires est de 1 à 3 mm, ou en relation de bout-à-bout incisif (3,13).

Sens antéro-postérieur

Les premières molaires permanentes font leur évolution en suivant la face distale des deuxièmes molaires temporaires maxillaires et mandibulaires. Les faces distales de ces dents sont appelées « plan terminal » (3,11). Le rapport molaire est défini selon les plans terminaux « droit », « à marche mésiale » ou « à marche distale ». Il présage de l’occlusion des premières molaires permanentes (Figure 11) (3,11). Ainsi:
– un plan terminal droit tend vers une classe I molaire si la croissance mandibulaire est prépondérante, ou en classe II en bout à bout.
– un plan terminal à marche mésiale tend vers une classe I ou vers une classe III molaire si la croissance mandibulaire est prépondérante.
– un plan terminal à marche distale tend vers une classe II molaire et canine ou une classe II en bout-à-bout .

Il est toutefois à noter que d’autres éléments interviennent dans la mise en place des premières molaires permanentes, tels que la croissance maxillaire et mandibulaire, la taille et la forme des dents, la perte prématurée de dents temporaires, ou la présence de lésions carieuses (14).

La canine maxillaire temporaire est en normo-position quand sa pointe cuspidienne est située dans l’espace compris entre la première molaire temporaire mandibulaire et la canine temporaire mandibulaire.

Types de malocclusions rencontrées en denture temporaire

Pour chaque individu, la grande variabilité de la croissance squelettique, qui peut être associée à certains paramètres dysfonctionnels, ne permet pas toujours une coordination parfaite de l’ensemble crânio-facial. Le système alvéolodentaire en subit l’influence et doit alors s’adapter, compenser : cela engendre des malocclusions (3,13). D’après les recommandations de la HAS publiées en 2002, « il est recommandé de traiter les anomalies occlusales susceptibles :
– de porter atteinte à la croissance de la face ou des arcades dentaires, ou d’altérer leur aspect
– de nuire aux fonctions orales et nasales
– d’exposer des dents à des traumatismes
– de favoriser l’apparition de lésions carieuses, parodontales ou de troubles articulaires » .

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Table des matières

Introduction
I. Malocclusions en denture temporaire
1) Rappels anatomiques
a) Développement morpho-facial
i. Le maxillaire
ii. La mandibule
iii. Courbe de croissance
b) Eruption dentaire
2) Relations inter-arcades et intra-arcades en denture temporaire
a) Présence de diastèmes antérieurs
b) Sens transversal
c) Sens vertical
d) Sens antéro-postérieur
3) Types de malocclusions rencontrées en denture temporaire
a) Malocclusions dans le sens transversal
b) Malocclusions dans le sens vertical
c) Malocclusions dans le sens sagittal
4) Epidémiologie des malocclusions en denture temporaire
5) L’interception
a) Définition de l’interception
b) Intérêts de l’interception
c) Critères de mise en œuvre de l’interception
II. Examen de dépistage réalisé par le chirurgien-dentiste
1) Anamnèse médicale
a) Motif de consultation
b) Interrogatoire médical
i. Pathologies générales
ii. Allergies et troubles ventilatoires
c) Histoire familiale
d) Habitudes
i. Alimentaires
ii. Hygiène bucco-dentaire
iii. Qualité de sommeil
e) Comportement de l’enfant
2) Examen exobuccal
a) Examen du visage de face
i. Typologie et forme du visage
ii. Proportion des étages
iii. Symétrie ou asymétrie faciale
b) Examen de profil
i. La posture générale
ii. Type de profil
iii. Les lèvres
iv. Angle naso-labial
v. Le menton
3) Examen endobuccal
a) Examen dentaire
b) Evaluation de la santé parodontale
c) Evaluation des éléments anatomiques intra-oraux
i. La langue
ii. Amygdales palatines
d) Evaluation de l’hygiène bucco-dentaire et du RCI
e) Examen des bases osseuses maxillaire et mandibulaire et des arcades dentaires
f) Examen des relations occlusales
i. Examen statique des relations occlusales
ii. Examen dynamique des relations occlusales
4) Examen fonctionnel
a) La ventilation
i. Ventilation physiologique
ii. Ventilation non physiologique
iii. Diagnostic de la ventilation buccale
b) La déglutition
i. Déglutition physiologique
ii. Déglutition dysfonctionnelle
iii. Diagnostic d’une déglutition dysfonctionnelle
c) La phonation
d) La mastication
i. Mastication fonctionnelle
ii. Mastication dysfonctionnelle
iii. Diagnostic de mastication dysfonctionnelle
e) Les parafonctions
i. Différents types de parafonctions
ii. Répercussions des parafonctions sur la sphère orale
iii. Le diagnostic de parafonction
III. Interception des anomalies en denture temporaire
1) Prise en charge des anomalies dans le sens transversal
a) Par appareillage
i. Les gouttières d’éducation fonctionnelle
ii. Les plaques palatines à vérin
iii. Les disjoncteurs
iv. Le quad-hélix
b) Par meulage
i. Meulage des canines temporaires
ii. Meulage de Planas
2) Prise en charge des anomalies dans le sens vertical
a) Traitement de la supraclusion
i. Plaque palatine de Hawley
ii. Cales en CVI (Ciment Verre Ionomère)
iii. Port d’un éducateur fonctionnel
b) Traitement de l’infraclusion
i. Enveloppe linguale nocturne (ELN) de Bonnet
ii. Appareil à perle de Tucat
iii. Le Froggy mouth
iv. Educateur fonctionnel : Lip trainer
v. La plaque de Hawley
vi. Méthodes d’arrêt de succion digitale (hors appareillage)
vii. Dispositif anti-pouce ou anti-langue
3) Prise en charge des anomalies dans le sens sagittal
a) Distoclusion mandibulaire (future classe II)
i. Educateurs fonctionnels
b) Mésiocclusion mandibulaire (future classe III)
i. Educateurs fonctionnels
ii. Plaques de Hawley
iii. Plaque palatine avec ressort
iv. Masque de Delaire (réalisé par un orthodontiste)
4) Prise en charge fonctionnelle pluridisciplinaire
a) L’orthodontiste
b) L’orthophoniste
c) L’oto-rynho-laryngologiste (ORL)
IV. Cas cliniques : exemples de prises en charge des malocclusions en denture temporaire
1) Sens transversal
2) Sens vertical
3) Sens sagittal
Conclusion

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