La maladie de Mondor (MM) du sein est une pathologie thrombotique veineuse superficielle sur veine saine spontanément régressive et habituellement bénigne. Il s’agit d’une affection caractérisée par une thrombophlébite superficielle sclérosante des veines sous-cutanées de la paroi thoracique antérieure ou latérale, qui implique généralement l’une des trois veines; thoracique latéral, épigastrique supérieur ou thoracoépigastrique (le plus fréquent) . Il a également été décrit dans le bras, l’abdomen ou le pénis .
Son étiopathogénie n’est pas clairement définie. Se référant aux quelques cas décrits dans la littérature, le développement de cette pathologie serait rapporté après une activité physique intense, une grossesse, un traumatisme, une intervention chirurgicale (reconstruction mammaire, biopsie mammaire, chirurgie oncologique, …) et diverses maladies (néoplasies, infection mammaire, processus inflammatoire). Le lien de causalité avec la néoplasie mammaire n’est pas clairement établi à ce jour. Elle a été décrite pour la première fois en 1939 par Henry Mondor, il s’agit d’une pathologie rare avec peu de cas décrits dans la littérature. Elle est à prédominanceféminine, habituellement bénigne et spontanémentrégressive en quelques semaines.
Le diagnostic est essentiellement clinique. On découvre généralement un cordon douloureux sous l’aspect d’une cannelure, d’une gouttière rectiligne ou au contraire d’un relief linéaire. H. Mondor a décrit une forme particulière réticulaire avec la coexistence de deux cordons plus ou moins parallèles ou divergents d’égale ou d’inégale longueur. e calibre du cordon est variable, de quelques millimètresà plusieurs centimètres. Il est de consistance fibreuse, induré et se situe sous le derme 3, 4]. ’échographie reste l’examen de référence pour confirmer le diagnostic et retrouve les signes habituels de thrombose veineuse (non-compressibilité de la veine sous la sonde et image hypoéchogèneendoluminale) . Ces symptômes persistent pendant une à deux semaines et disparaissent spontanément ou sous traitement symptomatique. Du fait de la rareté de cette affection dans nos pays, nous rapportons deux cas colligés à l’unité de Sénologie de la Clinique Gynécologique et Obstétricale (CGO) de l’Hôpital Aristide le Dantec (HALD) et une revue de la littérature pour mieux comprendre cette pathologie.
REVUE DES CAS
OBSERVATION 1
Mme S.B. âgée de 43 ans sans antécédents pathologiques particuliers qui avait consultée pour mastodynies droites survenant de manière intermittentes à la suite d’une chute avec réception sur le sein droit deux ans auparavant. A la suite de ce traumatisme, la patiente aurait notée des poussées récurrentes sous forme d’inflammation avec palpation d’une formation tubulée en susmamelonnaire très apparente et douloureuse qui avait motivé une consultation avec mammographie et complément échographique qui retrouvait une formation tubulée superficielle avec dilatation pseudo-kystique susmamelonnaire correspondant à une phlébite de Mondor probable. Une IRM mammaire réalisée par la suite retrouvait une dilatation d’une veine superficielle supéro-externe proche du mamelon associée à un épaississement cutané évoquant une maladie de Mondor. A la suite de cela aucun traitement médical n’avait été préconisé avec malgré cela une résolution spontanée de la symptomatologie.
La patiente signalait par la suite des poussées récurrentes sous forme d’inflammation avec cordon indurée très apparent et douloureux associé à cela une augmentation progressive du volume mammaire droit avec un sein droit qui aurait presque doublé de volume passant d’un bonnet B à un bonnet D ce qui a motivé la deuxième consultation. A l’admission, l’examen clinique retrouvait une différence de volume entre les deux seins au dépend du sein droit. La veine superficielle sus-mamelonnaire droite était très apparente. Une consultation avec le chirurgien plasticien avait été préconisée qui avait proposé une réduction mammaire ou un stripping de la veine. Intervention qui n’avait finalement pas été réalisée patiente non adhérente.
OBSERVATION 2
Mme G.F. nulligeste âgée de 34 ans suivie dans notre service depuis 03 ans pour néoplasie mammaire gauche de découverte fortuite sur pièce de tumorectomie classée T2N1M1 pulmonaire. Une chimiothérapie adjuvante avait été instaurée avec un protocole à base d’anthracyclines puis reprise secondaire du lit tumoral. Quinze mois après l’intervention, il a été constaté une reprise évolutive qui a motivé la reprise de la chimiothérapie avec une mastectomie et curage axillaire (MCA) réalisée secondairement. Elle consulte 15 jours après la mastectomie gauche pour une mastodynie droite siégeant au niveau du quadrant supéro-externe (QSE) sans autres signes associés. ’examen clinique retrouvait la présence d’une formation tubulée indurée douloureuse à la palpation d’environ 7 cm siégeant au niveau du QSE du sein droit (Figure 1) très évocatrice de maladie de Mondor. Les aires ganglionnaires étaient libres. Une échographie complémentaire réalisée retrouvait une veine superficielle du sein légèrement dilatée incompressible (Figure 2) sans image endoluminale. Il n’y avait pas de masse mammaire associée objectivée par le radiologue. Un traitement à base d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) avait été préconisé avec résolution de la symptomatologie fonctionnelle douloureuse et disparition du cordon induré douloureux au bout de 10 jours.
DISCUSSION
Définition
La maladie de Mondor plus connue sous le nom de ronculitesouscutanéesubaigu de la paroi thoracique antéro-latérale est une thrombose superficielle rare touchant le plus souvent les vaisseaux sous-cutanés de la paroi thoracique antérieure ou latérale [1, 5].
Epidémiologie
Le premier cas rapporté remonte à la fin du 19e siècle, mais c’est seulement en 1939 que Henry Mondor a clairement rapporté une série de cas avec une description précise de la symptomatologie fonctionnelle [6]. Il s’agit d’une affection rare avec moins de 500 cas décrits dans la littérature. La prévalence réelle est inconnue, seulement quelques auteurs ont rapportés une incidence de cette affection qui se situerait entre 0,5 et 0,8%. Mais ces données reste mitigé du fait de la rareté de cette affection mais aussi du fait qu’elle est probablement sous-estimée du fait de son caractère bénin avec une résolution spontanée en quelques jours qui fait que les patientes ne consultent pas toujours [6,7].
Etiopathogénie
La forme clinique la plus fréquemment retrouvée est celle atteignant les vaisseaux de la paroi thoracique et du sein comme c’était les cas pour nos deux patientes. D’autres variantes ont été décrites comme la maladie de Mondor du pénis, de la paroi abdominale et du creux axillaire[1, 2, 8]. Malgré le délai depuis sa première description, l’étiopathogénie de cette affection reste encore floue. Parmi les facteurs de risque on retrouve une activité physique intense, une grossesse, un traumatisme, une intervention chirurgicale (reconstruction mammaire, biopsie mammaire, chirurgie oncologique, …), diverses maladies (néoplasies, infection mammaire, processus inflammatoire) et une thrombophilie[5,6,8,9]. Pour nos deux cas, s’agissant de la première patientel’étiologie probable était le choc direct sur le sein. Un autre facteur de risque probable est la néoplasie mammaire même si le lien de cause à effet n’est toujours pas clairement identifié à ce jour. Une étude retrouvait un taux de 12,7% de MM sans cause évidente survenant sur un terrain de néoplasie. Une autre étude de Hasegawa et Okitaretrouvait un cas de MM survenue sur le sein gauche après une néoplasie mammaire droite comme ce fût le cas chez notre deuxième patiente. Cependant pour ce cas précis l’étiologie retrouvé était un traumatisme direct provenant de la mise en place du cathéter intraveineux pour les chimiothérapies [5]. Pour notre deuxième cas cette étiologie pourrait aussi être retenue vu que cette patiente avait eu une intervention chirurgicale à type de mastectomie et curage axillaire (MCA) sur l’autre sein 15 jours auparavant avec abord veineux à droite. ’étude de hoest en 2005 sur les complications de la chirurgie mammaire retrouvait une fréquence de 1,58% de MM sans spécificité en rapport avec le type de chirurgie avec des patientes qui développait la symptomatologie 10 à 15 jours après l’intervention comme c’était le cas chez notre patiente [3, 10].
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Table des matières
I- INTRODUCTION
II- REVUE DES CAS
OBSERVATION 1
OBSERVATION 2
III- DISCUSSION
III.1 Définition
III.2 Epidémiologie
III.3 Etiopathogénie
III.4 Diagnostic
III.5 Prise en charge
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES