Madrid mémoire d’un tracé comme support d’une ville

Construire une ensanche sur la ville

Analyser un phénomène d’extension d’une ville induitune connaissance de la création de la cité. Comprendre l’histoire permet de prendre conscience du développement de la ville jusqu’au moment de saturation, où le plan d’ensanche devient vital. Dans le cas de Madrid, l’histoire de la capitale est enrichissante car elle révèle différentes appropriations de la ville qui reflètent diverses volontés quant à l’émergence urbaine. Madrid est une villa au passé musulman avant de devenir le lieu de l’exercice du pouvoir royal catholique. Dans son analyse « De Mayrit et de la Villa au Madrid de l’Après Franquisme », Bernard Bessière évoque « qu’il est en vain de penser l’espace madrilène contemporain en ignorant comment Madrid est né, s’est développé, s’est transformé, s’est en partie détruite pour mieux se reconstruire, s’est embellie et parfois enlaidie, a fortifié son image ou perdu de son prestige. »
Vers 865, Mohammed 1er a choisit ce lieu où le relief et le fleuve favorisait un emplacement stratégique pour la construction de son fort à la frontière entre musulmans et chrétiens. C’est à la place de l’actuel Palais Royal que le fort sera bâti. C’est en effet le meilleur endroit pour surplomber le fleuve Manzanares et donc, pour surveiller le mouvement des troupes chrétiennes dans leur tentative de reconquête. Pendant deux siècles, Madrid fut un territoire musulman. Les premières interventions urbaines de la cité date alors du IXème siècle.
La ville est une citadelle de quatre hectares qui abrite principalement une grande mezquita, un grand souk et un parc d’agrément. Il existait déjà des faubourgs qui assuraient le ravitaillement.
Plusieurs tentatives de reconquêtes par Ramiro II et Ferdinand I. En 1085 Alphonse VI s’empare de l’alcazar. Dès la reconquête, la reconstruction de bâtiments religieux est lancée. C’est seulement soixante ans après que les limites de la cité sont modifiées. Alphonse VII fixe des limites nord-ouest favorables et décisives au développement de l’agriculture, l’élevage et l’exploitation des forêts.
Au XVème siècle, l’espace intra muros déborde sur les faubourgs agricoles. Sous le règne d’Isabelle la Catholique, qui succède à Henri IV, on intègre la Puerta del Sol au périmètre urbain. Ce qui est intéressant à retenir de cette succession d’occupation chrétienne est l’influence musulmane qui ne sera jamais totalement éliminée. Les musulmans devenus sujets chrétiens représentent encore à cette époque 5% de la population.
Encore aujourd’hui, ce passé collectif est une des richesses de la capitale espagnole.
Au printemps 1561, Felipe II donne l’ordre de transférer le siège de la Cour depuis Tolède à Madrid. Cette décision aura un impact tant au niveau politique qu’urbain. C’est sous le règne du fils de Charles V qu’une nouvelle modification urbaine sera opérée. En effet, depuis la reconquête la population ne cesse d’augmenter et de se développer dans les faubourgs et les zones extra muros de la ville. La limite est alors déplacée jouxtant à la cité de grands espaces verts comme le parc du Pradoou encore la Casa de Campo où Felipe II pouvait assouvir sa passion pour la chasse (propos retenu de l’article de B.Bessière). C’est sous le règne de Felipe II et ses héritiers Felipe III et Felipe IV que les premiers grands travaux urbains vont être élaborés. Nous pouvons retenir notamment, le chantier de l’Escorial, la Plaza Mayor , le pont de Ségovie (1584) ou encore l’élargissement de la calle Mayor.
Au début du XVIIIème, siècle une nouvelle dynastie va changer le visage de Madrid avec Philippe D’Anjour, héritier du trône. C’est dans un souci d’ordre et d’hygiène que l’on entreprend de moderniser Madrid et de rationaliser l’espace urbain. Ces changements urbains sont suivis d’une mentalité rationaliste présente dans la capitale à cette époque. C’est sous le règne de Charles III que les premiers plans cadastraux sont alors établis. Cette époque reflète une volonté de magnificence de l’image de Madrid, de nombreuses fontaines et de nombreux palais vont être construits, comme celles de Cibeles, Neptuno ou Atocha.
A partir du XIXème siècle, la situation sanitaire de la capitale devient préoccupante. En effet, de nombreuses épidémies se sont développées, notamment le choléra qui a emporté 6000 personnes en 1834. C’est à la suite de ces bouleversements sociaux, économiques mais aussi urbanistiques du XIXème siècle que le plan d’ensanchede Madrid devient nécessaire.
De plus, Madrid est une ville qui n’a pas toujours eu le même statut elle a tardé à acquérir son titre de capitale. Avant 1561, plusieurs cités ont représenté la « capitale espagnole », le simple fait que la ville abrite le roi et les Conseils suffisait à lui doter ce titre. Nous pouvons alors retrouver Valladolid, Léon, Palencia, Ségovie, Medina, Burgos ou encore Cordoue et Séville comme capitales espagnoles. Longtemps Madrid a été en concurrence avec Barcelone, notamment à l’époque de la Guerre de Succession, lorsque l’archiduc Charles de Habsbourg s’installa avec sa Cour dans la ville catalane.
Ce bref retour en arrière nous permet de mettre en avant le fait que Madrid a hébergé plusieurs religions et nous permet de mieux contextualiser l’époque à laquelle la Plan Castro est devenu nécessaire. Cette diversité révèle des volontés urbaines différentes, alors que Mohammed 1er cherchait un lieu stratégique à l’emprise de son fort, Felipe II voulait magnifier l’image de la ville et amplifier sa notoriété. Les enjeux urbains et politique n’ont fait qu’évoluer dans le temps. La religion ou même le système politique peut avoir une influence dans la conduite des projets urbains et participent alors la création d’un palimpseste spécifique à une ville 3. Le Plan Castro : support d’une extension de ville qui ne se suffit plus à elle-même
Le plan Castro a été réalisé à la demande de la ville. A l’instar de notre époque, la nécessité d’étendre une ville fait suite à une décision administrative. La politique de Madrid à la fin du XIX à été un acteur important dans l’exécution du plan d’ensanche. De plus, les observations du gouvernement ont fait naître de grandes lignes directrices dans l’élaboration du plan Castro. Au delà des pouvoirs administratifs communs aux deux époques, la phase analytique du projet est également semblable. Avant toute phase de conception, les villes mettent à disposition une analyse poussée du territoire qui sert de support à toute composition urbaine. Concevoir une ensanchesur la ville.
La ville est surpeuplée et son image reflète une citéinsalubre. La population ne cesse d’augmenter depuis quelques années et la Cour Espagnole réclame une extension urbaine comme nécessité du siècle. En 1845, la ville se développe déjà vers le Nord, Madrid compte 3 774 habitants hors des murs. L’agglomération ne peut pas s’étendre indéfiniment car les murs d’enceinte de la cité sont une limite physique à l’extension. Madrid compte 300 000 habitants intra muros, alors que la capitale est encore circonscrite aux remparts édifiés sous le règne de Philippe IV en 1625. La ville s’élève de jour en jour, le nombre d’étages augmente faisant naître des bâtiments de plus en plus étroits, incommodes et insalubres. Madrid a au XIXème siècle, une faible superficie par rapport à son rôle social et sa fonction de capitale. La ville est bloquée, elle n’offre pas assez d’espace pour le mouvement de la population. «La capital de Espana no contiene un solo paseo dentro de su caseris ; y barrios formados por estrechas calles sin mas interrupcion que algunas reducidas plaznelas »introduction du Mémoire descriptif de l’Ensanchede Madrid. L’extension de la capitale n’est plus un désir mais devient une exigence du Ministère.
Certaines tentatives ont déjà été proposées mais former des projets isolés dans chaque quartier ne résout pas la maîtrise de l’évolution d’une ville. La Cour Espagnole et le Ministère neveulent pas d’une réforme sans unité, ni concertation qui fera naître d’après eux « un résultat informe et peu profitable ». La demande d’un plan général d’extension pour la ville de Madrid est aussi inspirée de l’observation des villes d’Europe et d’Amérique.

Rôle du dialogue social dans l’élaboration du modèle

Le 14 avril 1857, un décret est établi pour officialiser la nécessité d’un plan d’extension. Au cours de la discussion qui précède ce décret, un premier plan d’action est mentionné suite aux volontés du gouvernement. L’extension de la ville doit effectivement être pensé de manière progressive et structurée, par étape. Pour arriver au dessin de l’ensanche, l’équipe choisie devrait passer par un certain nombre d’étapes proposées par le gouvernement.
1. En premier lieu, il faudra délimiter la zone d’impact de l’ensanche.
2. Puis, désigner les grandes voies et délimiter leurs directions pour marquer les axes principaux en correspondance avec le territoire pour prendre une bonne direction. Cette étape va questionner l’avenir des murs.

De la conceptualisation (à grande échelle) à la réalisation (locale, à l’échelle du quartier, de l’îlot)

Nous venons de voir tout le déroulement de la première phase de conception d’un plan d’extension d’une ville, l’étape analytique. Il est important de mentionner que cette étape a été réalisée par une équipe différente de celle du plan d’ensanche. Castro a récupéré ces données et a basé sa réflexion dessus. La phase conception commence alors, elle sera accompagné de période d’observation et d’interprétation. L’équipe de Castro va observer les métropoles européennes et réinterpréter les données analytiques dans le bue d’élaborer des bases de conception d’un avant projet. Les règles architecturales viendront par la suite.
Le 19 juillet 1860, Castro soumet son plan à Claudio Mayano, ministre du développement et père du système éducatif espagnol, qui lui avait commandé.

Références

Au même moment en Espagne, l’ensanchede Barcelone est également pensée. Le plan de Cerda en Catalogne devient une référence en tant que plan urbain. L’application d’une grille systémique sur la ville devient un modèle d’ensancheurbaine. Avant l’élaboration de l’avant projet, la ville de Madrid s’est longtemps demandée si il fallait suivre le plan de Cerda comme référence et l’appliquer directement à la cité ou si, il fallait reprendre l’analyse urbaine et développer une réponse spécifique à Madrid. Après de nombreuses réflexions, la volonté de ne pas imiter le modèle urbain barcelonais mais de le prendre comme références et cas analytique a été choisie. En effet, si un plan urbain est créé pour une ville européenne, tous savent que des études et des réflexions ont été menées et que ce serait absurde de vouloir s’en priver. Les réflexions urbaines sont communes à une société même si les villes sont certes différentes. Les grandes questions sur le développement d’une ville restent identiques. Les réflexions communes du XIXème siècle concernent la salubrité, la commodité et l’économie des habitants. Chaque plan urbain est différent. Les équipes sont formées de divers professionnels et la politique varie d’une ville à une autre. Certains vont proposer un travail axé sur de nouvelles conditions d’hygiènes, d’autres vont plutôt penser à l’obtention des bâtiments et ne vont pas régler le problème de la salubrité. Nous pouvons ajouter à ça, le manque d’investissement de certains gouvernements. Il est difficile de tout résoudre, c’est pourquoi l’atelier de Castro a une volonté d’aller au maximum de ces réflexions et d’essayer de proposer différentes solutions. L’ensanchede Cerda pour Barcelone va devenir une base d’observation pour Castro qui, va également aller voir ce qui se passe au sien de la capitale française. Les fondements haussmanniens vont beaucoup intéressés Castro pour son analyse de l’ensanchede Madrid tout comme le courant hygiéniste qui prend de plus en plus d’importance dans la société européenne à cette époque.
La première grande question à se poser dans l’élaboration d’un plan d’extension d’une ville est l’impact qu’il aura au niveau de la superficie de la cité. En effet, l’anticipation de la superficie est indispensable au premier tracé des limites de la zone. Pour le cas de l’ensanchede Madrid, il y a dans la délimitation de cette zone dite d’influence une volonté de laisser une frontière ouverte assez poreuse comme le font d’autres villes espagnoles. Cette volonté peut atténuer le risque d’une délimitation trop ambitieuse mais peut également être la conséquence d’un plan lâche, sans structure. Néanmoins, comme le projet de Castro est l’ensanchede la Cour d’Espagne, la monarchie se doit d’avoir une limite physique pour sa capitale. Ce propos est officialisé dans le décrét du 8 avril 1857 « dentro de la ronda todas las nuevas vias, parques, paseos y manzanas », au sein d’une périphérie délimitée où seront présent les nouveaux axes, parcs et îlots.
Anticipation et temporalité Le deuxième grand objectif d’un plan d’ensanchepour la capitale est d’améliorer la ville existante au niveau de la salubrité. Il faut partir sur le calcul d’une augmentation probable sur 100 ans pour anticiper au maximum le développement de Madrid. Si les anticipations sont amplifiées les conditions de salubrité appliquées au plan urbain seront de pair avec ce développement. Les logements projetés pourront répondre au mieux aux conditions hygiéniques de l’époque, à savoir un minimum de 40m2/hab. Une projection de 100 ans permet de penser le plan urbain à long terme et surtout de ne pas faire de l’ensanchele caprice d’une imagination enflammée. Au contraire, le plan doit être pensé progressivement et avoir conscience qu’en quelques années tout ne sera pas construit. L’anticipation a un fort rapport au temps dans le projet, il faut savoir cibler les priorités et délimiter des zones privilégiées sans oublier l’aboutissement du projet. Cela implique le travail à différentes échelles pour pouvoir faire un constant aller-retour entre le plan urbain et l’impact à l’échelle de l’îlot par exemple, et inversement. Le risque étant de prévoir une première phase de projet construite qui ne serait plus en accord avec le plan urbain de base. Cependant, ce désaccord peut aussi être perçu dans l’autre sens, les dernières phases du projet peuvent ne plus répondre aux besoins de la société. Le temps est alors un acteur très influent dans la lecture du plan global. Les premières phases du projet sont déjà en retard sur la correspondance des besoins de la société de 1857 car la construction débute plusieurs années en retard. L’anticipation de développement d’une ville s’associe l’évolution de la société à très long terme.
Le risque serait de percevoir une absence d’unité de pensée ; lire une rupture dans le plan conçu.
L’approbation de l’avant projet du plan d’ensanchene signifie pas l’accord pour l’exécution immédiate et simultanée de l’ensemble du projet. Il faut alors mettre en avant une zone majeure à partir de laquelle peuvent progresser et se raccorder les autres phases du projet. Cette progression ira de paire avec les nécessités publiques au moment de l’exécution des phases suivantes. De plus, cette anticipation du développement de la population est liée au développement des voies de chemins de fer. Ce système de transport se développe de plus en plus et il faut penser à son influence nationale dans la projection du plan Castro.

Réformes et rénovations

L’une des volontés de l’ensanche de 1860 repose dans le désir de transformer les espaces aux aspects sales et répugnants en paseosagréables et fréquentés. L’extension de Madrid doit posséder des points de rassemblement de la haute société. La nécessité de nouvelles constructions ou nouvelles redéfinitions d’édifices publics participe fortement à la notoriété que gagneront la ville et sa population dans le pays. Néanmoins, nous allons observer que cette image de ville se pense également à plus petite échelle. De l’îlot à la rue en passant pas la définition des limites ou des places. Chaque éléments du planurbain est pensé dans le même but : étendre la ville de Madrid et magnifier son image. C’est avec une répartition sérielle d’îlot de 113 mètre par 113 mètre que Castro va appliquer les bases de son plan d’ensanche. Chaque îlot sera biseauté à 45° dans ses angles pour laisser place à des petites places circulaires qui favoriseront d’une part le déplacement des habitants et le commerce de proximité mais également, les virages pour les véhicules à vapeurs qui commencent peu à peu à envahir la ville au début du XXème siècle. Au delà de l’application d’une grille en damier sur l’ensemble des zones de l’ensanche, le second point important est la hiérarchisation des voies. En effet, ce n’est pas une grille identique qui sera appliquée sur toute la superficie de l’extension. Il y aura plusieurs largeurs de rues avec des usages différents ce qui créera des sous ensembles de plusieurs unités d’habitations. Nous avons pu observer précédemment que les directions des vents principaux influencent le tracé des voies. Néanmoins, il est souvent difficile d’appliquer à la lettre les désirs de base car le terrain n’est finalement pas adapté. En effet, dans le dessin d’une nouvelle ville il peut être facile de favoriser certains thèmes pour le tracé des rues mais, dans l’application, la réalité reprend souvent ses droits. Cela se complique quand on est confronté au déplacement des tapias(limite) d’une ville et aux mouvements de population. Il est difficile de modifier les habitudes des habitants, surtout à l’échelle d’une ensanche.
Les parcours du centre aux extérieurs de la ville peuvent être complètement bouleversés. Nous ne pouvons pas aller contre le mouvement d’une population. Cependant, dans l’élaboration d’un plan d’extension, la structure des tracés est fondamentale.
Le plan de Castro propose trois grandes identités de voies. Afin de déterminer la largeur des différentes rues, il est indispensable d’analyser tous les moyens de déplacement. Tout comme de nos jours, Castro a à la fin du XIXème siècle confronte le piéton, le train (l’équivalent du tramway) et la voiture (premier véhicule à
vapeur). Il est intéressant de constater avant de rentrer dans le détails de chaque voie que la hauteur des bâtiments n’impacte pas la largeur des rues. En effet, une hauteur maximale est autorisée peut importe l’ordre de la
rue sur laquelle on construit. Les îlots d’habitations seront sur les rues les plus étroites et les îlots présentant un programme plus public sur les voies plus larges.

Rue de 1er ordre

Cette voie de 30 mètres de large sera longue de 400 à 500 mètres au maximum. Elle se compose en 5 espaces dans sa largeur.
– 4 mètres de part et d’autres pour le piéton
– 3 mètres pour le passage d’une voiture
– au centre, 10 à 6 mètres destiné au passage du train
– à chaque division des espaces, des arbres seront planté tous les 6 mètres.
Il est indispensable de construire un système complet pour les rues, Castro propose alors l’inclinaison des rues pour traiter l’évacuation des eaux. Chaque division des espaces permet d’accueillir les eaux pluviales (construit au point le plus bas des îlots).

Rue de 2ème ordre

Cette voie de 20 à 15 mètres sera longue de 80 à 120 mètres au maximum. Elle se compose en 5 espaces dans sa largeur. La composition est identique aux rues de 1er ordre, la différence réside dans l’espace accordé aux voitures et aux trains qui est réduit à 2,5 mètres par voie de voiture et à 10 mètres pour les trains.

Rue de 3ème ordre

Cette rue est destinée à tous les autres quartiers, c’est la plus étroite avec 15 mètres de largeur. La voiture n’est plus présente, nous retrouvons seulement 9 mètres pour les trains et 3 mètres de part et d’autres pour les piétons. Chaque rue sera pavée et plantée dans le but d’augmenter les bonnes conditions de salubrité de la ville. Le rôle des places, des parcs et des bosquets est indispensable à la bonne condition de la ville. En effet ces espaces publics permettent de ventiler la ville. De plus ils viennent rompre la monotonie des bâtiments et permettent de créer des lieux de connexion pour les axes. La place est également un lieu de réunion sociale et de partage. C’est dans ces endroits que le commerce et les activités seront présents. Le plan Castro exige que tous ces espaces soient plantés pour la ramification de l’aire. La forme des ces lieux devra répondre aux écrits du plan Castro, ils seront ronds, carrés ou rectangulaires. La situation géographique de ces espaces publics sera liée à la présence de monuments ou édifices publics.
Les limites seront également rénovées. Les chemins de ronde et la limite administrative de la ville ne sont pas conçus de la même manière. Dans une ville au XIXème siècle les limites sont physiques, représentées soit par un mur soit pas un fossé. Dans le plan de Castro, le cerramiento(limite) de la capitale est un fossé de 2,5 mètres de profondeur et de 6 à 7 mètres de largeur. Ces dimensions permettent de rendre accessible la limite si il est nécessaire de se défendre. De plus, la fonction du fossé va au delà de la protection, cela permet également de traiter et diriger les eaux pluviales. L’ensanchede Madrid possède cependant à quelques endroits des barrières comme limite. Quant au chemin de ronde, il sera large de 6 à 10 mètres et planté.
Nous pouvons observer une conception différente entre les îlots d’habitation sur rue étroite et les îlots proche des grandes rues ou places. En effet, les îlots à proximité des rues de 1er ordre et des places n’ont pas nécessairement de coeur d’îlot ou jardin.

Nouvelle image de la ville : limites du Plan Castro, fragmentation d’une unité

Le Plan Castro fixe une hauteur maximale de trois niveaux (soit un rez-de-chaussée et deux niveaux).
Nous avons vu précédemment que l’emprise autorisée au sol du bâti est de 50% de la surface de la parcelle. Il est intéressant de mentionner que dès 1864, le Gouvernement modifie ces données. La hauteur autorisée passe de trois à quatre niveaux et les espaces extérieurs dédiés aux cours et jardins de la parcelle sont réduits de 50% à 30% (pour toutes parcelles de plus de 10 000 m2). Quant aux parcelles plus petites, l’espace extérieur correspond à 20% de la surface totale (les rues particulières qui desservent les habitations sont prises en compte dans ce calcul).
La forte demande de logement pousse le Gouvernement à aller plus loin. En 1867, le pouvoir applique les mêmes ordonnances de constructions que celles dans le centre historique de Madrid (aménagement possible sous les combles et hauteur maximale de 5 niveaux) aux extensions urbaines. Castro, quant à lui, quitte son poste de Directeur de l’Extension Urbaine en 1868. Les accords municipaux vont par la suite réduire la largeur autorisée des rues et supprimer l’obligation de jardins sur des espaces privés. Toutes les modifications préalables seront également autorisées. Les mouvements politiques ont donc une forte influence sur la qualité de construction du plan d’ensanchede Madrid. Salamanca.
Le quartier Salamanca est l’un des seuls quartiers qui fut construit entièrement avec les règles urbanistiques du plan Castro. Ce quartier est l’une des trois grandes zones du plan Castro avec Chamberi et Arguelles. Situé au Nord Est du centre de la capitale, ce quartier est délimité à l’Ouest par le Paseo de la Castellana, au Nord par la calle de Joaquin Costa, à l’Est par la Plaza Manuel Becerraet au Sud par le parc du Retiro. De nos jours, ce quartier est le plus riche de Madrid. Organisé autour de trois grandes artères, la calle de Velazque, la calle de Goyaet la calle de Serranoqui est de nos jours, est la rue la plus chère de Madrid.
Après approbation de l’avant projet, le Plan Castroest rendu public. Le marquis José de Salamanca, ancien député libéral de Malaga est en 1860 un homme très riche et un « aventurier de la finance ». Salamanca sera l’un des seules personnes a mener au bout le projet pensé trop optimiste et peu adapté à la population. L’expansion des villes espagnols au XIXème siècle entraîne une fièvre immobilière dans les projets de modernisation des villes . De nombreux spéculateurs comme José de Salamanca vont investir dans des quartiers entiers de ville. Le quartier Salamanca qui doit son nom à son promoteur sera le premier quartier construit du plan d’ensancheà Madrid. Situé au Nord du parc duRetiro, l’un des espaces verts les plus fréquentés par la haute société, le quartier devient un emplacement stratégique pour les classes élevées qui aujourd’hui, est l’extension la plus significative de Madrid du XIXème siècle. Création de faubourgs : conséquence non souhaitée d’une politique urbaine. A la fin du XIXe siècle, Madrid n’évolue pas comme la politique urbaine l’a prévu. Au contraire, nous pouvons observer la naissance d’une architecture pseudo-participative avec l’apparition des premiers lotissements en périphérie (en dehors des limites). L’unité recherchée dans le Plan Castro révèle dans sa concrétisation une fragmentation de l’écriture urbaine.

Préservation d’une figure à l’encontre d’une réalité constructive

La ville est en constante évolution et si on retient le Plan Castro comme réponse à l’évolution d’une ville a un instant t, il est très intéressant que les architectes et urbanistes essaient de faire évoluer une réponse urbaine avec des réflexions et des pensées de leurs temps sans prendre pour acquis ces travaux urbains. Une ville ne peut pas évoluer avec un système fixe mais l’échange et le temps sont des facteurs qui peuvent permettent de re-questionner un système et le faire grandir. Madrid moderne, réinterprétation de l’ensanchede 1860 Le Plan Castro est une réponse à l’écriture urbaine madrilène à la fin du XIXème siècle. Soixante-dix ans plus tard, la ville de Madrid demande un nouveau plan d’extension. Cette demande va de paire avec l’apparition de la IIème République. Au début du XXème siècle, la Madrid moderne naît avec l’intervention de deux visionnaires, l’architecte Secundino Zuazo et le ministre des Oeuvres Publiques du Gouvernement d’Azana, Indalecio Prieto. Le développement et la vision de la future ville ont de nouveaux objectifs, ils vont ensemble proposer de nouveaux projets qui participeront à la création du nouveau Madrid. Sans mettre de coté les enjeux du Plan Castro, Zuazo va réinterroger l’écriture urbaine mise en place à la fin du XIXème tout en invoquant ses qualités et ses défauts.
C’est par quatre grandes étapes que le nouveau Madrid va se développer : la création du lien ferroviaire sous terrain pour mettre en relation le Nord et le Sud ; la prolongation duPaseo de la Castellana, qui resta fermée jusqu’à la création de l’hippodrome royal ; la construction d’un ensemble destiné à des bâtiments ministériels qui serait la directrice du développement de la ville vers le Nord ; et l’expansion dans son ensemble à l’échelle territoriale.
En 1930, la ville de Madrid maintient les caractéristiques définies dans le plan Castro. D’après Rosa Regas, directrice des bibliothèques Nationale, Madrid est en 1930 une ville fermée sur elle même, paralysée et qui ne communique pas avec le reste des villes espagnoles. « Una ciudad cerrada sobre si misma, colapsada e incomunicada con el resto de las ciudades esapanolas. » Cette image de la ville perdure depuis l’approbation du plan Castro.
Madrid a souventdû faire face aux mêmes problèmes. La ville souffre de changements sociaux, économiques et de mobilitéà la fin du XIXème siècle. Ces mouvements impliquent des transformations physiques. L’accroissement de la population, le manque de logement, la salubrité, l’organisation fonctionnelle du sol et l’apparition de l’automobile ont été des enjeux lors de la conception du Plan Castro et restent des intentions lors de la création du nouveau Madrid. En effet, le plan Castro avait conditionné le développement de la ville jusqu’à la Seconde République. L’ensanchede Castro s’était défini suivant « une trame unitaire régulière, fermée sur elle-même » de forme en demi lune qui venait se juxtaposer au centre historique. Le Madrid moderne peut reprocher au plan de Castro une réalisation inefficace.

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Table des matières

Introduction
1. Définition ensanche
2. Construire une ensanchesur la ville
3. Le Plan Castro : support d’une extension de ville qui ne suffit plus à elle-même
Concevoir une ensanche
Rôle du dialogue dans l’élaboration du modèle
Analyse géographique
Analyse climatique
Analyse de l’évolution de la ville
4. De la conceptualisation à la réalisation, intervention minimale
Références
Anticipation et temporalité
Description limite
Bases élaboration avant projet
Réformes et rénovations
Règles d’architecture de l’avant projet
5. Nouvelle image de la ville : limites du Plan Castro, fragmentation d’une unité Quartier Salamanca
Création de faubourgs
Îlots verts surpeuplés
6. Préservation d’une figure à l’encontre d’une réalité constructive
Madrid moderne, réinterprétation de l’ensache de 1860
Critique du Plan Castro par S. Zuazo
7. Trame établie : mémoire du passé : Analyse Casa de Las Flores, S. Zuazo
Introduction
Décomposition et morphologie de la manzana
Typologie de logement
Ventilation et salubrité
Espaces publics et espaces verts de l’îlot
8. Madrid mémoire d’un tracé comme support d’une ville
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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