Conséquences du manque de structures d’accueil extrascolaires à Orsières
Comme il n’existe pas de structures d’accueil extrascolaires pour enfants de type crèche ou UAPE, cette situation peut poser problème pour les familles résidentes.
Ces dernières doivent en cas de besoin faire appel à des crèches de communes avoisinantes (principalement celle de Vollèges), aux mamans de jour ou alors simplement à leurs propres ressources (souvent la famille ou des proches). Ces diverses solutions peuvent induire des coûts importants pour les parents qui doivent mener leurs enfants dans une autre commune ou chez une maman de jour.
La solution de garde par la famille, souvent par les grands-parents, peut demander beaucoup d’investissement de leur part afin d’être disponible.
Une étude (Barbeiro, Le Goff & Gossweiler, 2011) montre que les arguments des parents qui confient la garde de leurs enfants à leurs parents sont de nature pratique car ils sont plus disponibles et plus flexibles qu’une institution ou une maman de jour. Les raisons économiques sont également mises en avant car les services de garde peuvent se révéler coûteux. Il y a également parfois des difficultés à trouver des mamans de jour disponibles et des places en crèches. La proximité géographique des grands-parents favorise également le choix de leur confier les enfants.
Durant la rédaction de ce travail de Bachelor, une UAPE a été mise en place dans la commune d’Orsières, en août 2015. Il y avait 24 enfants qui allaient quatre jours par semaine manger à la cantine du cycle d’orientation d’Orsières. Ils étaient accompagnés et surveillés par les professeurs. Suite à une demande du Canton, la commune a créé une UAPE afin d’accompagner ces enfants pendant les temps de midi.
Les prestations et les fonctions de la famille
Prestations des familles
Les prestations fournies par la famille ont une double nature (Dafflon, 2003, p.67) : Une dimension privée : la famille en tant que communauté est responsable de trouver et d’entretenir un logement, de garantir l’habillement et la nourriture, de pourvoir à l’éducation primaire des enfants et des les aider.
Une dimension collective : la famille a plusieurs rôles dans la société ; garantir une éducation de base, faire naître la curiosité, socialiser l’enfant par la langue, la vision du monde, le style de vie, les us et coutumes et l’identification sociale.
Par la gratuité des aides qu’elle fournit, la famille est une pièce indispensable pour le bon fonctionnement de la société (Dafflon, 2003, p.67).
Les prestations des familles sont insuffisamment reconnues en Suisse. La famille reste considérée comme relevant du « domaine privé », l’Etat étant censé ne pas s’immiscer dans cette sphère-là. La politique familiale relève essentiellement des cantons et des communes. Cela conduit à des différences régionales considérables. Au plan national, les mesures de politique familiale font gravement défaut (COFF,2002).
La famille avec enfant produit une « externalité » positive, une richesse additionnelle pour la société à laquelle se rattache l’enfant. Ce qui justifie une première dimension dans l’intervention de l’Etat, non de tutelle, mais d’incitation et d’encouragement. Le secteur public « achète » en quelque sorte la valeur de production collective du ménage, compense la richesse sociale qui se crée avec l’enfant (Dafflon, 2003, p. 69).
Fonctions de la famille
La famille en plus de fournir des prestations précieuses à la société, remplit aussi plusieurs fonctions (Lecaillon, 2008) :
Le service de la vie : fonction de reproduction, de maternité (condition nécessaire au dynamisme économique, un pays qui n’a pas d’enfant est un pays qui meurt).
La fonction éducative : celle-ci est reconnue, dans les développements les plus récents de la théorie de la croissance économique, comme un facteur prépondérant.
La fonction de cohésion sociale : la famille est le cadre privilégié pour apprendre à vivre ensemble, en permettant à chaque individu de s’enraciner, de lui offrir des repères d’autant plus importants que nous sommes confrontés à des changements de plus en plus rapides (technologie) et à des espaces de plus en plus vastes (mondialisation).
Elle est un pont entre l’individu et la collectivité ; Elle est le meilleur vecteur pour assurer le bien commun. Elle est la « cellule de base de la société » tandis que la finalité de l’économie pourrait être la paix et la prospérité des familles.
Définitions des différentes structures d’accueil de l’enfance en Valais
Il existe différentes institutions pouvant accueillir des enfants. Certaines sont des structures à temps d’ouverture élargi, plus de 12 heures par semaine (Service cantonal de la jeunesse, 2010) :
La nurserie : pour les enfants de 1 à 18 mois ; La crèche : lieu d’accueil pour les enfants de 18 mois à 6 ans sur des journées ou des demi-journées dans un espace sécurisé et les repas sont compris.
La garderie : comme la crèche, elle accueille des enfants de 18 mois à 6 ans mais elle ne comprend pas de repas.
Le jardin d’enfants : le but est de permettre aux enfants de se socialiser et stimuler certains apprentissages, ils ont entre 3 et 6 ans. Il existe des jardins d’enfants à temps d’ouverture élargi ou restreint.
UAPE (unité d’accueil pour écoliers) : prend en charge les enfants scolarisés jusqu’à 12 ans avant et après l’école et pour le repas de midi.
Et d’autres structures sont dites à temps restreint, avec une ouverture de moins de 12 heures par semaine (Service cantonal de la jeunesse, 2010) :
La halte garderie : ouverte au maximum deux après-midi par semaine pour des «dépannages», elle offre un espace de jeux et de rencontres aux enfants uniquement quelques heures et sans réservation.
Il existe également la possibilité de faire appel à des mamans de jour qui prennent en charge les enfants à leur domicile avec des horaires plus flexibles.
Ces différentes structures sont régies par des directives cantonales au niveau du Valais. Ces directives précises les besoins : en encadrement éducatif, pour les rapports entre personnel professionnel et auxiliaire, pour les locaux et l’équipement et pour les documents relatifs au fonctionnement de la structure. Elles doivent être respectées afin de favoriser un bon fonctionnement.
Avantages des crèches
Les avantages directs de la création de structures d’accueil de l’enfance peuvent être chiffrés de cette façon pour les différents intervenants (Oth, 2002, p.10) :
Pour la Confédération, le canton et les communes : Ils bénéficient de rentrées fiscales et de cotisations sociales plus importantes grâce au travail rémunéré supplémentaire fourni par les parents, épargnent des dépenses d’aides sociales diverses qui pourraient être causées par l’absence de revenus supplémentaires des ménages.
Pour les parents : Les familles ont un pouvoir d’achat augmenté grâce à une plus grande participation au marché du travail, Les familles monoparentales sont susceptibles d’atteindre une plus grande autonomie financière, Les parents conservent et développent leurs savoirs professionnels, ce qui se traduit par l’accès à des emplois plus qualifiés et mieux rémunérés tout au long de la vie active, Les cotisations sociales supplémentaires payées à l’AVS et au 2ème pilier leur assurent un revenu plus élevé à la retraite. Pour les entreprises et les enfants : Il n’y a pas d’avantages chiffrés qui peuvent ressortir.
D’autres avantages découlent de l’existence de ces structures et ne peuvent pas être chiffrés (Oth, 2002, p.11) :
Pour la Confédération, le canton et les communes : La collectivité bénéficie d’un potentiel de croissance économique plus élevé, La diminution des dépenses d’intégration des enfants et de santé publique, L’économie régionale obtient la création d’emplois pour du personnel éducatif, d’intendance et administratif.
Pour les parents : Une meilleure intégration des familles immigrées suisses et étrangères, Une répartition des rôles plus équilibrée au sein de la famille.
Pour les entreprises Les entreprises ont accès à un réservoir élargi de travailleurs et travailleuses qualifiés, Celles qui participent aux frais de garde de leurs employé.e.s sont plus attrayantes en temps qu’employeurs, Les entreprises profitent d’être installées dans une région plus attrayante pour les travailleurs et travailleuses, parce qu’elles offrent des structures d’accueil.
Pour les enfants : Les enfants bénéficient d’une meilleure intégration sociale, de mesures de prévention et d’un mode de garde d’une grande sécurité.
Tous ces avantages chiffrés ou non montrent un réel gain potentiel grâce aux structures d’accueil de l’enfance. Car même si elles amènent des coûts, ils peuvent largement être compensés par ses bienfaits.
Effets de l’absence de structure d’accueil de l’enfance
L’absence de structures d’accueil induit, des coûts d’opportunité (biens ou revenus auxquels les parents renoncent)de deux ordres (Oth, 2002, p.6) :
des revenus perdus par les parents à la suite du retrait du marché du travail ou de la diminution non désirée des heures travaillées,
une détérioration des perspectives de revenu à long terme due à l’effritement progressif du capital humain.
C’est pourquoi, les structures d’accueil permettent une mise en valeur des ressources humaines de l’économie.
La création de structures est souvent freinée. En Suisse, le système institutionnel entre communes, cantons et Confédération entraîne une attribution moindre des ressources aux structures d’accueil. Le plus souvent les communes sont invitées à fournir l’effort financier principal, ou même unique, alors qu’au travers du système fiscal, les bénéfices seront redistribués au canton et à la Confédération . Une implication et une coordination des trois niveaux de gouvernement sont donc indispensables pour dégager les avantages des structures d’accueil (Oth, 2002, p.6).
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Table des matières
1 INTRODUCTION
1.1 CHOIX DE LA THEMATIQUE ET MOTIVATIONS
1.2 OBJECTIFS PERSONNELS ET PROFESSIONNELS
1.2.1 Objectif général
1.2.2 Objectifs personnels et professionnels
2 PROBLEMATIQUE GENERALE : L’ABSENCE DE STRUCTURES D’ACCUEIL
EXTRASCOLAIRE A ORSIERES
2.1 ABSENCE DE STRUCTURES D’ACCUEIL DANS LA COMMUNE D’ORSIERES
2.1.1 Situation géographique d’Orsières
2.1.2 Nombre d’habitant.e.s de la commune d’Orsières
2.1.3 Orientation politique de la commune d’Orsières
2.2 PRESENTATION ET COMPARAISON AVEC LA COMMUNE DE VOLLEGES
2.2.1 Situation géographique
2.2.2 Nombre d’habitant.e.s de la commune de Vollèges
2.2.3 Orientation politique de la commune de Vollèges
2.2.4 La crèche et l’UAPE de la commune de Vollèges
2.2.5 Service de mamans de jour de l’Entremont
2.3 CONSEQUENCES DU MANQUE DE STRUCTURES D’ACCUEIL EXTRASCOLAIRES A ORSIERES
2.4 QUESTION DE DEPART
2.5 QUESTION DE RECHERCHE
2.6 HYPOTHESES DE RECHERCHE
3 LA FAMILLE : DEFINITION, EVOLUTION, MODELES ET ROLES
3.1 DEFINITION DE LA FAMILLE
3.2 EVOLUTION DES MODELES FAMILIAUX EN SUISSE
3.2.1 Une vision traditionnelle de la famille : le modèle bourgeois traditionnel
3.2.2 Volonté des femmes de travailler : le modèle bourgeois contemporain
3.2.3 Conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle : le modèle égalitaire centré sur l’emploi
3.2.4 Recherche de l’égalité entre femmes et hommes : le modèle familial égalitaire centré sur la famille
3.3 STATISTIQUES DES DIFFERENTS AUX TYPES DE FAMILLES
3.4 LES PRESTATIONS ET LES FONCTIONS DE LA FAMILLE
3.4.1 Prestations des familles
3.4.2 Fonctions de la famille
3.5 LA PAUVRETE DES FAMILLES EN SUISSE
3.5.1 Pauvreté des familles en Suisse : quelques statistiques
3.5.2 Stratégies de prévention de la pauvreté des familles
3.6 CONCLUSION : LE TEMPS CONSACRE AUX TACHES DOMESTIQUES
4 CONCILIATION FAMILLE ET TRAVAIL
4.1 CONSEQUENCES D’UNE GESTION PRIVEE DE LA FAMILLE
4.2 DIFFERENTES POLITIQUES EN FAVEUR DE LA CONCILIATION ENTRE FAMILLE ET TRAVAIL
4.2.1 Politique sociale
4.2.2 Politique familiale
4.2.3 Politique de l’enfance et de la jeunesse
4.2.4 Politique de l’égalité
4.3 INTERACTIONS ENTRE LES DIFFERENTES POLITIQUES
4.4 CONCILIATION ENTRE VIE FAMILIALE ET VIE PROFESSIONNELLE POUR LES PARENTS EN SUISSE
4.4.1 Statistiques valaisannes sur le taux d’activité des mères et des pères
4.4.2 Propositions pour faciliter la conciliation pour les parents
4.4.3 Recours aux différents types de gardes pour enfants
4.5 EFFETS DE LA PRISE EN CHARGE DES ENFANTS EXTERNE SUR LE REVENU DES FAMILLES EN VALAIS
5 AIDES FINANCIERES POUR LA CREATION DE NOUVELLES STRUCTURES D’ACCUEIL DE L’ENFANCE
5.1 DEFINITIONS DES DIFFERENTES STRUCTURES D’ACCUEIL DE L’ENFANCE EN VALAIS
5.2 AIDES FINANCIERES DE LA CONFEDERATION POUR LA CREATION DE STRUCTURES
5.2.1 Aides financières pour qui ?
5.2.2 Quelles conditions pour avoir droit aux subventions ?
5.3 BENEFICES DE LA CREATION DE STRUCTURES D’ACCUEIL DE L’ENFANCE GRACE AU PROGRAMME D’IMPULSION DE LA CONFEDERATION
5.4 ETAT DE LA SITUATION DES STRUCTURES D’ACCUEIL DE L’ENFANCE EN VALAIS
6 AVANTAGES D’UNE STRUCTURE D’ACCUEIL DE L’ENFANCE
6.1 AVANTAGES DES CRECHES
6.2 EFFETS DE L’ABSENCE DE STRUCTURE D’ACCUEIL DE L’ENFANCE
6.3 ENJEUX DES POUVOIRS PUBLICS
6.4 CONCLUSION INTERMEDIAIRE
7 METHODOLOGIE DE RECUEIL DE DONNEES
7.1 LIMITES DE LA METHODE UTILISEE : LE QUESTIONNAIRE
7.2 TERRITOIRE CONCERNE DE LA RECHERCHE
7.3 POPULATION CIBLE DU QUESTIONNAIRE
7.4 CADRE ETHIQUE DE LA RECHERCHE
7.5 ETAPES DE REALISATION DE LA RECHERCHE
8 ANALYSE DU QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX FAMILLES D’ORSIERES
8.1 NOMBRE DE QUESTIONNAIRES REÇUS
8.2 SITUATION FAMILIALE DES MENAGES : ETAT CIVIL, TRAVAIL, NOMBRE D’ENFANTS
8.3 SOLUTIONS DE GARDES ACTUELLES POUR LES ENFANTS
8.4 BESOINS DES FAMILLES DE LA COMMUNE D’ORSIERES DE CREATION DE STRUCTURES D’ACCUEIL ET LEURS UTILISATIONS
8.5 REVENU DES FAMILLES ET INVESTISSEMENT POSSIBLE DANS UN MOYEN DE GARDE
8.6 LIMITES DE LA RECHERCHE
8.7 CONCLUSION INTERMEDIAIRE
9 REPONSES A LA QUESTION ET AUX HYPOTHESES DE RECHERCHE
9.1 HYPOTHESE 1 : LA POPULATION DE LA COMMUNE SOUHAITE LA MISE EN PLACE D’UNE STRUCTURE D’ACCUEIL
9.2 HYPOTHESE 2 : LA COMMUNE D’ORSIERES VEUT PRESERVER UNE VISION TRADITIONNALISTE DE LA FAMILLE
9.3 REPONSE A LA QUESTION DE RECHERCHE
10 PROPOSITION POUR LA COMMUNE D’ORSIERES
10.1 QUELS SONT LES BESOINS EN STRUCTURES D’ACCUEIL (CRECHE ET UAPE) DANS LA COMMUNE D’ORSIERES ?
10.2 PROPOSITION DE TARIFS D’UNE STRUCTURE D’ACCUEIL DANS LA COMMUNE D’ORSIERES
11 POSITIONNEMENT FINAL
11.1 POSITIONNEMENT PAR RAPPORT AU PROCESSUS ET LES APPRENTISSAGES REALISES
11.2 EVOLUTION DU REGARD SUR CETTE THEMATIQUE
12 BIBLIOGRAPHIE ALPHABETIQUE
13 TABLE DES LOIS CITEES
14 ANNEXES
14.1 ANNEXE 1 : CARTE GEOGRAPHIQUE DISTRICT D’ENTREMONT
14.2 ANNEXE 2 : NOMBRES D’HABITANTS DE LA COMMUNE DE VOLLEGES
14.3 ANNEXE 3 : DIRECTIVES VALAISANNES POUR L’ACCUEIL D’ENFANTS A LA JOURNEE EN STRUCTURE D’ACCUEIL
14.4 ANNEXE 4 : TABLEAU DES COUTS ET DES AVANTAGES D’UNE CRECHE A FRIBOURG SELON L’ETUDE DE OTH (2002)
14.5 ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE
14.6 ANNEXE 6 : LES TABLEAUX DES RESULTATS STATISTIQUES DU QUESTIONNAIRE.
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