Les conséquences de l’alcoolo-dépendance
C’est désormais sur les conséquences que la dépendance peut provoquer sur le patient et son environnement que nous orientons notre recherche. Nous avons pris connaissance d’une étude réalisée dans le but de comprendre et d’évoquer les effets de la consommation d’alcool sur les relations sociales et en particulier avec la famille. Klingemann (2001) évoque spécifiquement la problématique de l’alcoolisme. Ce texte se rapproche de notre idée de départ car il parle de l’aspect social, point important, étant donné que nous désirons aborder ce domaine. Il s’agit d’un écrit qui évoque une substance addictive spécifique et qui aborde les conséquences de celle-ci d’un point de vue social.
Ce document évoque la notion de groupe qui peut être composé d’amis, de la famille ou de collègues de travail. En ce qui concerne la construction d’un groupe d’amis qui peut se faire en fonction d’une consommation d’alcool. On parle aussi de différents groupes tels que des confréries d’étudiants ou encore des unités militaires qui ont une consommation excessive et ceci, dans un court laps de temps. Cela peut entraîner des risques élevés et donc, devenir préoccupant.
L’évaluation des souffrances et des difficultés endurées par la famille est très difficile à estimer. Cependant, on peut affirmer que leurs effets sont tout aussi néfastes et graves pour eux, que pour ceux qui boivent. Si l’on se concentre plus sur les conséquences familiales, on observe que ce sont les enfants les plus touchés. De par leur âge, ils ne peuvent pas bien se protéger des conséquences directes ou indirectes liées à la consommation de leurs parents. Lors de la présence de ce type de problèmes au sein d’une famille, il existe un risque deux à dix fois plus élevé de développer les mêmes problèmes que ceux rencontrés par leurs parents. Les partenaires peuvent également être touchés et risquent de subir des violences physiques et verbales qui pourraient amener à un risque d’éclatement familial.
D’un point de vue professionnel, l’alcool n’est également pas compatible avec une carrière. Il a été constaté que les personnes dépendantes à l’alcool sont plus souvent absentes pour maladie que les autres travailleurs, ce qui engendre des coûts assumés par la société. On remarque également un lien entre le chômage et la consommation excessive, un lien de cause à effet, qui peut être observé dans les deux sens, soit par la perte d’un emploi, qui amène à la consommation, soit par la consommation qui amène à la perte de l’emploi.
Concernant l’alcoolisme, il existe un réel problème de santé publique. Le but étant d’inclure l’entourage au sein du traitement du buveur afin de permettre d’éviter une future dépendance d’un des membres de la famille et aussi de mettre fin à sa propre consommation.
L’alcoolisme
Rigaud (2004) a écrit un article sur les conduites d’alcoolisation. Lorsque la consommation excessive d’alcool, de façon répétée, commence à remplacer l’ivresse occasionnelle des problèmes peuvent apparaître. Dès lors, à partir du XIIe siècle on commence à parler d’ivrognerie qui est considérée comme un vice. A partir de la révolution industrielle cette ivrognerie devient, dès le XIXe siècle, un phénomène de masse qui pousse Huss (1849) à décrire les conséquences organiques d’une consommation excessive ou alcoolopathies.
C’est à partir de cette période que l’on commence à parler d’alcoolisme. Cependant ce terme a vite conduit à une confusion de deux phénomènes. D’une part ce qui est qualifié aujourd’hui de dommages provoqués par l’alcool et d’autre part le comportement de consommation nommé conduite d’alcoolisation.
Par la suite, l’étude de ces conduites a permis d’identifier des notions comme l’attrait excessif pour le produit et parfois une tendance à boire jusqu’à une perte de maîtrise. Cette idée de « perte de liberté de l’abstinence » formulée par Fouquet (1951), définit la dépendance plus communément appelée addiction actuellement.
Ces comportements ont étés qualifiés d’ivrognerie, d’alcoolisme, d’alcoolopathies, de conduite d’alcoolisation, de dépendances et d’addiction.
Dès lors il est devenu nécessaire de pouvoir distinguer les différents comportements et conséquences liées à l’alcool pour avoir un langage commun.
L’entretien motivationnel
Nous avons décidé de retenir ce concept car nous avons pu constater lors de nos stages en psychiatrie dans le domaine de la dépendance qu’il est un outil souvent utilisé. Durant notre formation, nous avons également appris comment appliquer cette technique et nous nous sommes entraînées à plusieurs reprises.
Conceptualisé par Miller et Rollnick (1980), l’EM est une méthode de communication particulièrement utilisée dans les soins pour aider le patient à changer son comportement. En tant que professionnel de la santé, notre rôle est de travailler avec le patient sur des objectifs communs qui visent des comportements favorables à sa santé. Pour cela, nous avons recours à diverses techniques de communication qui amèneront le patient à passer à
travers diverses étapes ; la pré-contemplation, la contemplation, la préparation, l’action, le maintien et la rechute, selon Prochaska et DiClimente (1984).
Selon Miller et Rollnick (1980), cette approche est centrée sur le patient. Le professionnel va chercher à explorer la motivation au changement de l’individu qui est bien souvent accompagnée d’une certaine résistance.
Selon Gache, Sommer et Reiner Meylan (2007), le fait d’être motivé à changer ne doit pas être imposé par l’intervenant ou par une autre personne. Le thérapeute va permettre, au travers de cette technique, d’identifier les propres valeurs du patient qui vont lui permettre de passer à un changement.
Le changement de comportement peut être très varié, il peut s’agir d’aider le patient à prendre un comprimé régulièrement ou encore de l’aider à modifier son régime alimentaire.
Théorie de soin
Nous avons décidé de choisir la théorie de soins de Pender (1982, 1996) qui permet d’aider la personne à acquérir la motivation à adopter de meilleurs comportements face à sa propre santé. Il ne s’agit pas de s’intéresser simplement à la personne, mais aux différents facteurs qui peuvent influencer cette motivation, à savoir des facteurs familiaux, culturels, environnementaux, socio-économiques, etc. Cette théorie nous semble adaptée à notre questionnement afin de comprendre le patient à travers ses comportements puis à travers les conséquences que ceux-ci peuvent avoir sur son environnement.
Les principaux concepts qui ressortent dans la théorie « Health promotion modèle » (Pender, 1982) sont: La santé de l’individu, de la famille et de la communauté. La promotion de la santé . La prévention. Pender (1982) définit la santé comme n’étant pas uniquement l’absence de maladie ou de problèmes de santé mais que celle-ci englobe toute la personne ainsi que sa façon de vivre, ses forces, ressources et capacités. Elle en parle comme un ensemble de comportements innés et acquis. La santé au sens globale contient la santé de l’individu, de la famille ainsi que celle de la communauté. Lorsque l’on s’intéresse à la santé d’un individu, cela concerne la personne dans sa globalité notamment ses attitudes, ses croyances et ses comportements. La santé individuelle est considérée dans la famille ainsi que dans la communauté dans laquelle elle évolue.
Cette théorie est basée également sur les concepts de la prévention, dans le but d’empêcher l’apparition de maladies ou d’accidents et de la promotion de la santé afin d’améliorer la qualité de vie de la personne pour diminuer les risques. Ces concepts font partie intégrante de notre sujet de travail. En tant qu’infirmière, travailler sur un contrôle de la consommation d’alcool permet de prévenir les potentielles complications somatiques et/ou psychologiques que la poursuite du comportement délétère pourrait engendrer. De plus, selon Addiction Suisse (2015), la promotion de la santé va permettre aux individus de mieux maîtriser leur santé en adoptant des modes de vies plus sains dans le but d’améliorer leur qualité de vie.
Le modèle de Pender (1982), contrairement à d’autre, n’utilise pas la peur comme méthode de prévention des risques, mais au contraire, la motivation à adopter des comportements sains. On se situe plutôt vers une exploration dans le but d’une prise de conscience afin d’acquérir cette motivation.
Cette théorie fait partie du paradigme de l’intégration car elle ne se focalise pas sur un facteur unique, mais sur plusieurs qui seront mis en évidence afin d’évaluer la situation sous diverses dimensions. La personne est reconnue comme être biopsychosocial, culturel et spirituel en interaction avec son environnement (Pepin, Kérouac & Ducharme, 2010) .
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Table des matières
1. INTRODUCTION
1.1. NATURE DU TRAVAIL
1.2. PLAN DE TRAVAIL
2. PROBLEMATIQUE
2.1. NOTRE INTERET POUR LE SUJET
2.1.1 ORIGINE DE LA QUESTION DE DEPART
2.2. LIENS AVEC LE METAPARADIGME INFIRMIER
2.2.1 SANTE
2.2.2 ENVIRONNEMENT
2.2.3 ÊTRE HUMAIN
2.2.4 SOIN
2.2.5 SAVOIRS INFIRMIERS
2.2.6 SAVOIR ETHIQUE
2.2.7 SAVOIR ESTHETIQUE
2.2.8 SAVOIR PERSONNEL
2.2.9 SAVOIR EMPIRIQUE
2.3. REVUE EXPLORATOIRE
2.3.1 CE QUE LA LITTERATURE DIT SUR LA DEPENDANCE ET L’ADDICTION
2.3.2 CE QUE LA LITTERATURE DIT SUR LA DEPENDANCE A L’ALCOOL
2.3.3 LE ROLE DE LA SOCIETE DANS LES CONDUITES ADDICTIVES
2.3.4 LES CONSEQUENCES DE L’ALCOOLO-DEPENDANCE
2.3.5 QUELQUES APPORTS SUR LES INTERVENTIONS POSSIBLES
2.3.6 QUELLES PERSPECTIVES SUR LA REINSERTION SOCIO-PROFESSIONNELLE ?
2.3.7 ILLUSTRATION DE LA PROBLEMATIQUE PAR UN TEMOIGNAGE
2.3.8 QUELQUES CHIFFRES SUR LA CONSOMMATION D’ALCOOL EN SUISSE
2.3.9 CONCLUSION DE LA PROBLEMATIQUE
2.4. CONCEPTS RETENUS
2.4.1. PERSPECTIVES POUR LA PRATIQUE
3. CONCEPTS ET CHAMPS DISCIPLINAIRES INFIRMIERS
3.1. L’EMPOWERMENT
3.2. L’ALCOOLISME
3.3. L’ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
3.4. THEORIE DE SOIN
4. METHODE
4.1. METHODE PICOT ET TYPE DE QUESTION DE RECHERCHE
4.2. ELABORATION DES MOTS CLES POUR LES BASES DE DONNEES
4.3. CRITERES DE SELECTION ET ARTICLES RETENUS DANS LES BASES DE DONNEES
4.3.1. ANALYSE DE NOS ARTICLES SCIENTIFIQUES
4.3.2. JUSTIFICATION QUANT AU CHOIX DE NOS ARTICLES
5. SYNTHESE DES RESULTATS ET DISCUSSIONS
5.1. SYNTHESE DES RESULTATS DES ARTICLES
5.1.1. QUELS SONT LES INGREDIENTS EFFICACES DANS L’EM
5.1.2. INDICATIONS BIOLOGIQUES DE L’INFLUENCE DE L’EM
5.1.3. EST-CE QUE L’EM EST EFFICACE POUR TOUT LE MONDE
5.1.4. NOTION DE TEMPS DANS L’EM
5.1.5. COMPARAISON ENTRE L’EM ET D’AUTRES TRAITEMENTS
5.1.6. EFFICACITE DE L’EM
5.1.7. ROLE DE LA MOTIVATION AU CHANGEMENT DE COMPORTEMENT
5.2. DEVELOPPEMENT DES RESULTATS EN LIEN AVEC LA QUESTION PICOT
5.2.1. EFFICACITE DE L’ENTRETIEN MOTIVATIONNEL
5.2.2. EFFETS SUR LE COMPORTEMENT
5.2.3. L’EM COMPARE A D’AUTRES INTERVENTIONS
5.2.4. PERSPECTIVES ET PROPOSITIONS POUR LA PRATIQUE
6. CONCLUSION
6.1. APPORT DU TRAVAIL DE BACHELOR
6.2. LIMITES
6.3. PERSPECTIVES POUR LA RECHERCHE
7. REFERENCES
8. ANNEXES
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