ย Imageries aux rayons X, spectroscopique, nuclรฉaire et ultrasonore
Radiologie et scanner
Dรฉcouverts en 1895 par W.C. Rรถntgen (prix Nobel en 1901), les rayons X sont des rayonnements รฉlectromagnรฉtiques haute frรฉquence dont la longueur dโonde est comprise entre 0.1 et 100 ร . Lโรฉnergie associรฉe ร ces rayonnements varie ainsi de quelques eV ร plusieurs MeV. Aprรจs quelques expรฉriences sur la capacitรฉ de ces rayonnements ร traverser la matiรจre sans รชtre absorbรฉs, Rรถntgen rรฉalisa la premiรจre radiographie connue sur la main de son รฉpouse. Cette nouvelle classe de rayons a trouvรฉ trรจs rapidement des applications en imagerie.
Le principe de la radiographie est basรฉ sur lโabsorption diffรฉrentielle des rayons X selon les tissus. Les tissus peu denses comme les poumons absorbent peu les RX, tandis que les tissus denses, par exemple les os, les absorbent. Les RX ayant traversรฉ le patient sont alors dรฉtectรฉs soit sur une plaque photographique soit directement de faรงon numรฉrique grรขce ร un dรฉtecteur RX couplรฉ ร un ordinateur. Les zones ayant fortement absorbรฉ les RX apparaissent alors en blanc tandis quโune zone noire traduit une faible absorption . Grรขce ร lโamรฉlioration progressive de la prรฉcision des images ainsi que la diminution de la dose de rayons X nรฉcessaire ร lโacquisition des donnรฉes, il sโagit dโune technique incontournable en clinique. La tomographie axiale calculรฉe ou imagerie CT (Computed Tomography) correspond ร une รฉvolution de la radiographie. Le principe du scanner rรฉside dans lโobtention dโun ensemble de projections (correspondant ร une radiographie simple) avec une rotation du tube ร rayons X autour du patient. Lโensemble de ces vues permettent ensuite par le calcul dโobtenir une reconstruction tridimensionnelle. Le premier scanner ร rayons X a รฉtรฉ dรฉveloppรฉ par G.N. Hounsfield (prix Nobel 1979) en 1972.
Les applications de la radiographie sont principalement osseuses, pulmonaires et sรฉnologiques (mammographie). Pour le scanner, les applications les plus courantes sont des examens abdominales et cรฉrรฉbrales. Des produits de contraste ร base dโiode sont utilisรฉs pour les รฉtudes vasculaires.
Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique (IRM)
LโImagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique est basรฉe sur le phรฉnomรจne de Rรฉsonance Magnรฉtique Nuclรฉaire (RMN). Cette technique permet de sonder les propriรฉtรฉs dโune molรฉcule et de son environnement chimique via lโinteraction dโun champ magnรฉtique avec les moments magnรฉtiques nuclรฉaires de certains atomes. E.M Purcell et F. Bloch furent les premiers ร mettre en รฉvidence ce phรฉnomรจne en 1946, ce qui leur valuent de recevoir un prix Nobel en 1952.
Le noyaux de certains atomes possรจdent un nombre impair de nuclรฉons (protons et neutrons) comme par exemple 1H, 13C, 15N, 29Si, 35P . . . . Ces noyaux possรจdent alors un moment magnรฉtique non nul caractรฉrisรฉ par une grandeur quantique, le spin nuclรฉaire, dรฉtectable en RMN. En IRM, le spin le plus รฉtudiรฉ est celui du proton, lโeau รฉtant le constituant principal du corps humain. Grรขce ร lโapplication dโun champ magnรฉtique continu B0,le moment magnรฉtique nuclรฉaire sโaligne soit dans le sens du champ (spin +1/2) soit dans le sens opposรฉ (spin โ1/2). Un moment magnรฉtique macroscopique liรฉ ร ensemble de spins se crรฉe alors grรขce au peuplement lรฉgรจrement plus important de lโรฉtat le plus stable (spin +1/2). LโIRM, tout comme la RMN, รฉtudie lโรฉvolution de lโaimantation macroscopique lors de son retour ร lโรฉquilibre (alignement selon B0) aprรจs une perturbation externe. La perturbation est provoquรฉe par une bobine alimentรฉe en courant haute frรฉquence crรฉant un champ auxiliaire perpendiculaire au champ B0. En jouant sur la durรฉe et lโamplitude de lโimpulsion radiofrรฉquence, il est possible de faire basculer lโaimantation selon un axe faisant un angle quelconque avec B0. Une fois lโimpulsion rรฉalisรฉe, le systรจme revient spontanรฉment ร lโรฉquilibre par un phรฉnomรจne de relaxation caractรฉrisรฉ par plusieurs temps : le temps T1, T2 et Tโ2.
Le temps T1 correspond ร la relaxation longitudinale. Cโest le temps pour lequel 63% du signal original est retrouvรฉ. Le temps T2 correspond ร la perte du signal transversal. Cette perte est due ร la fois ร la relaxation du signal et aux inhomogรฉnรฉitรฉs du champ dues aux spins voisins. Comme le champ magnรฉtique vu par chaque spin nโest pas homogรจne et que les spins prรฉcessent proportionnellement ร leur champ local, un dรฉphasage des spins est observรฉe. Ce dรฉphasage diminue ainsi lโaimantation transversale plus rapidement que le retour rรฉel ร lโรฉquilibre du moment magnรฉtique macroscopique. Le temps Tโ2 tient compte quant ร lui des inhomogรฉnรฉitรฉs du champ B0 et des variations locales de susceptibilitรฉ magnรฉtique dans lโรฉchantillon. Le passage de la RMN ร lโIRM nรฉcessite de pouvoir localiser tridimensionnellement le signal. Cette localisation nโest pas possible directement par analyse des signaux radiofrรฉquences. Il est nรฉcessaire de rรฉaliser un encodage spatial des spins par lโapplication dโun champ magnรฉtique ร gradient linรฉaire. La frรฉquence de rรฉsonance des spins dรฉpendra alors de leur position dans ce gradient. Lโimage est ensuite classiquement reconstruite en appliquant une transformรฉe de Fourier.
Imagerie nuclรฉaireย
Scintigraphie et tomographie par รฉmission mono-photonique (SPECT)ย
La scintigraphie et la tomographie par รฉmission mono-photonique (SPECT) utilise des isotopes รฉmetteurs de rayonnements ฮณ comme le 99mTc, 111In,123I ou 131I. La dรฉtection se fait ร lโaide de camรฉras appelรฉes ฮณ-camรฉrasย ย qui sont composรฉes :
โ dโun collimateur servant ร amรฉliorer la rรฉsolution spatiale de lโimage,
โ dโun scintillateur capable de transformer les photons ฮณ en photons visibles,
โ dโun photomultiplicateur permettant la transformation des photons visibles en รฉlectrons par effet photoรฉlectrique. Le signal est alors recueilli et transfรฉrรฉ ร lโรฉlectronique du systรจme. Avant dรฉtection, ces rayonnements sont lรฉgรจrement absorbรฉs par les tissus, le coefficient dโabsorption variant de 0,05 cmโ1 ร 0,5 cmโ1 selon les tissus traversรฉs et lโisotope utilisรฉ. Par effet Compton, un phรฉnomรจne de diffusion des photons ฮณ est รฉgalement observรฉ au niveau du patient et du dรฉtecteur, ce qui provoque une augmentation du bruit de fond. Il existe de nombreux marqueurs utilisรฉs en scintigraphie. On pourra citer sans รชtre exhaustif lโutilisation dโiode 123 pour un examen de la thyroรฏde, des biphosphonates marquรฉs au technรฉtium en scintigraphie osseuse, lโalbumine ou les globules rouges marquรฉs juste avant injection intraveineuse ou encore des ligands marquรฉs pour la dรฉtection de zones particuliรจres comme des tumeurs.
Tomographie par รฉmission de positons (PET)ย
La technique PET enregistre des rayonnements plus รฉnergรฉtiques que ceux utilisรฉs en SPECT. Certains noyaux รฉmettent en se dรฉsintรฉgrant des รฉlectrons chargรฉs positivement appelรฉs positons. Ces positons perdent leur รฉnergie cinรฉtique sur une distance relativement importante avant de se recombiner avec un รฉlectron. De cette rรฉaction qui aboutit ร la disparition de la paire positon-รฉlectron sont produits deux photons ฮณ dโรฉnergie 511 keV, รฉmis de faรงon synchrone dans des directions opposรฉes. Une couronne de dรฉtecteur entourant le patient permet de dรฉtecter ces photons ฮณ . Une reconstruction informatique complexe et coรปteuse en ressource informatique permet de visualiser la distribution tridimensionnelle du traceur. Il est ร noter que lโรฉmission des photons ฮณ ne se produisant pas exactement ร lโendroit oรน se trouve lโisotope รฉmetteur de positon, il en rรฉsulte une imprรฉcision inhรฉrente ร la technique PET sur la dรฉtermination de la position spatiale du traceur qui ne peut รชtre corrigรฉe .
Certaines molรฉcules biologiques peuvent รชtre marquรฉes ร lโaide dโun isotope รฉmetteur de positon comme le 11C, le 13N, le 15O ou le 18F. Lโutilisation du PET est variรฉe. Une des applications courantes est la dรฉtection de tumeur par un marquage au glucoce 18F-FDG. Contrairement ร son analogue naturel,le 2-dรฉoxyglucose, il ne peut suivre la mรชme voie mรฉtabolique et ainsi sโaccumule dans les cellules. Les organes consommant les plus de glucose, comme le cerveau, le coeur ou une tumeur, sont ainsi mis en รฉvidence. La sensibilitรฉ de cette technique est excellente et permet ainsi de dรฉtecter de 10โต ร 10โถ cellules cancรฉreuses (correspondant ร une tumeur de quelques mm [4].
รchographie
Lโรฉchographie et le doppler sont deux techniques dโimagerie couramment utilisรฉes en clinique employant des ultrasons. Les ultrasons des ondes รฉlastiques ร la diffรฉrence des ondes รฉlectromagnรฉtiques. Lโรฉlรฉment de base de lโรฉchographie est un matรฉriau piรฉzoรฉlectrique qui a la propriรฉtรฉ de transformer lโรฉnergie รฉlectrique en รฉnergie mรฉcanique. Situรฉ dans une sonde, elle gรฉnรจre des ultrasons grรขce ร des impulsions รฉlectriques (fonctionnement en รฉmission) et inversement gรฉnรจre des signaux รฉlectriques grรขce ร des vibrations mรฉcaniques (fonctionnement en rรฉception). Lโรฉchographie utilise les variations de la vitesse de propagation des ondes acoustiques ร travers les diffรฉrents tissus. Associรฉ ร lโรฉchographie, le Doppler utilise quant ร lui la diffรฉrence entre la frรฉquence de lโonde acoustique รฉmise et celle de lโonde rรฉflรฉchie lorsque la cible est en mouvement. Les frรฉquences des ultrasons varient de 2 ร 14 MHz selon lโapplication et la profondeur des tissus ร imager. Lโattรฉnuation des ultrasons dรฉpend des milieux traversรฉs, mais aussi des caractรฉristiques de lโonde ultrasonore, et en particulier de la frรฉquence des ultrasons. Une augmentation de la frรฉquence des ultrasons permet une amรฉlioration de la rรฉsolution spatiale avec toutefois une attรฉnuation du signal plus importante limitant la profondeur des tissus observables lors de lโexamen. Les รฉchos du signal (qui correspondent ร des rรฉflexions de lโonde dans les tissus) sont captรฉs par cette mรชme cรฉramique, qui joue alors le rรดle de rรฉcepteur : on parle alors de transducteur ultrasonore. Lโimage ultrasonore est reconstituรฉe ร partir des informations recueillies par la sonde et transmises ร lโappareil. Les informations sont traitรฉes pour dรฉterminer la position et lโintensitรฉ de lโรฉcho, et reprรฉsenter lโimage (ou le signal) ร interprรฉter par lโopรฉrateur. Les applications de lโรฉchographie sont principalement les examens obstรฉtriques, cardiologiques, et vasculaires. Les agents de contraste rรฉhaussant le signal รฉchographique sont des microbulles de type coquille/gaz oรน le gaz peut รชtre de lโair ou des gaz fluorรฉs.
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Table des matiรจres
Introduction
I Luminescence persistante: vers un nouvel outil en imagerie optique
1 Prรฉsentation de diffรฉrentes techniques dโimagerie
1.1 Imageries aux rayons X, spectroscopique, nuclรฉaire et ultrasonore
1.1.1 Radiologie et scanner
1.1.2 Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique (IRM)
1.1.3 Imagerie nuclรฉaire
1.1.4 รchographie
1.2 Imagerie optique
1.2.1 Mรฉcanisme de luminescence mis en jeu
1.2.2 Utilisation des sondes optiques en imagerie
1.2.3 Instrumentation et acquisition des donnรฉes en imagerie optique
1.3 Contraintes en imagerie optique
1.3.1 Contraintes liรฉes aux sondes optiques
1.3.2 Contraintes liรฉes aux milieux biologiques
1.4 Rรฉcapitulatif sur les techniques dโimagerie
2 Luminescence persistante et nanoparticules
2.1 Matรฉriaux ร luminescence persistante
2.1.1 Matรฉriaux ร luminescence persistante et applications
2.1.2 Mรฉcanismes de la luminescence persistante
2.2 Silicates et luminescence persistante
2.2.1 Exemple de silicate ร luminescence persistante
2.2.2 Polymorphisme de lโenstatite (MgSiO3)
2.3 Colloรฏdes et procรฉdรฉ sol-gel
2.3.1 Caractรฉrisation de colloรฏdes
2.3.2 Procรฉdรฉ Sol-Gel
II Synthรจse et dรฉtection in vivo de nanoparticules ร luminescence persistante
3 Composรฉs ร luminescence persistante synthรฉtisรฉs
3.1 Synthรจse des matรฉriaux et caractรฉrisations
3.1.1 Synthรจses des matรฉriaux
3.1.2 Caractรฉrisations de la luminescence
3.2 Composรฉs ร luminescence persistante rouge/infrarouge
3.2.1 MgSiO3
3.2.2 ZnMgSi2O6
3.2.3 Ca0,2Zn0,9Mg0,9Si2O6
4 Dรฉtection in vivo de particules non modifiรฉes
4.1 Injections locales
4.1.1 Injection sous-cutanรฉe
4.1.2 Injection intramusculaire
4.2 Injection par voie intraveineuse
4.2.1 Biodistribution des particules non modifiรฉes
4.2.2 Effet de la taille sur la biodistribution des particules
4.3 Expรฉriences sur des animaux de taille plus importante
III Fonctionnalisation et applications biologiques
5 Modification de la surface des nanoparticules
5.1 Stratรฉgie de fonctionnalisation et mรฉthodes
5.1.1 Fonctionnalisation
5.1.2 Exemples de fonctionnalisation
5.2 Couplage de molรฉcules ร la surface des nanoparticules
5.3 Greffage de fluorophores en surface
Conclusion
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