L’origine de la maladie d’Alzheimer
Un processus neurodégénératif Actuellement, aucune cause précise n’est identifiée concernant l’apparition de la MA. Plusieurs théories ont été avancées, puis oubliées pour tenter d’expliquer l’originepossiblede cette pathologie. Malgré la ferveuractuelle pourles causes biologiques auprès des scientifiques, le fonctionnement psycho-affectif tient un rôle important et peut modifierl’organisation cérébrale. En effet, Ploton(2009)affirme quechaque état émotionnel se traduit par des modifications biologiques concernant le fonctionnement de l’ensemble des neurones cérébraux. Il évoque également les premières hypothèses biologiques, qui décrivaient une carence en zinc ou concernaient le rôle toxique del’aluminium.Robberts(1991)considérait que les expériences traumatiques majeures pouvaient entraîner un accroissement excessif de substance amyloïde cérébrale (cité parPloton,2009).
Benhalla, Moutawakil, Kadmiri et Nadifi (2019) décriventla MA comme une affection neurodégénérative du système nerveux central caractérisée par une détérioration durableet progressive des fonctions cognitives associée à des lésions neuropathologiques: les plaques amyloïdes et les amas neurofibrillaires. Les plaques amyloïdes sont liées à l’agrégation de dépôts extra-cellulaire de peptides amyloïdes, dans leurs formes pathologiques (Rouaud et Demonet, 2018), entrainant un dysfonctionnement des connexions entre les neurones. Selon ces mêmes auteurs, ladégénérescence neurofibrillaire est provoquée par un dysfonctionnement de la protéine «Tau» anormalement phosphorylée. Il faut tout de même garder à l’esprit que ces lésions sont visibles au cours du vieillissement normal mais sont majorées dans le vieillissement pathologique(Octave, Macq&Philippe, 1995). La fondation «France Alzheimer» décrit une évolution au cas par cas, ce qui entraîne des signes et des troubles différents d’un individu à l’autre.
Sémiologie
La maladie d’Alzheimer se caractérise par des symptômes cognitifs, dominés par les troubles mnésiques. Louis Ploton (2009) explique que la maladie débute principalement par des pertes de mémoire qui provoquent des difficultés à retrouver des mots, situer des événements ainsi que des pertes de sens des lieux ou des tâches en cours d’exécution. Malgré le fait que la maladie présente une atteinte prioritaire des neurones de l’hippocampe,région essentielle de la mémoire,d’autres domaines cognitifs peuvent être touchés avec l’évolution de la pathologie. Delacourte, Campion et Davous (2007) décrivent des troubles du langage oral et écrit,entraînant une perte progressive ou totale de la capacité à communiquer et altère la compréhension des sujets.Ils évoquent également des manifestations apraxiques qui se répercutentsurles gestesjournaliers tels que l’habillage qui peuvent s’avérer déficients car les individus présentent une diminution de la coordination et de la dextérité.Les manifestations agnosiques concernent les troubles de la reconnaissance. Ces auteurs décrivent égalementdes troubles des fonctions exécutives définis par une perte de l’initiative, des capacités de jugement et de raisonnement, des foncions de planification et de régulation. Enfinet selon la même source, les personnes atteintes de la MA peuvent présenter des troubles du comportement tout comme une perturbation affective et émotionnelle.
L’épidémiologie de la dépression dans la maladie d’Alzheimer L’OMS (2018) définitla dépression comme «un trouble mental courant, caractérisé par la tristesse, la perte d’intérêt ou de plaisir, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, des troubles du sommeil ou de l’appétit, d’une sensation de fatigue et d’un manque de concentration». Modrego et Ferrández (2004) expliquent que la dépression est une fréquente comorbidité psychiatrique dans la maladie d’Alzheimer.Une étudedémontre que 51% des 103 participants présentent un trouble dépressif(Migliorelli, Teson, Sabe & Petracchi, 1995). Mais ces données ne sont pas unanimes. En effet, il existe une grande hétérogénéité concernant la prévalence de la dépression d’une recherche à l’autre. Les valeurs épidémiologiques sont très variées, allant de 2% à 85% (Cumming, 2000). Cette variabilité peut s’expliquer de plusieurs façons: tout d’abord, les auteurs ne s’accordent pas sur les mêmes critères de définition du syndrome dépressifet n’emploient pas les mêmes outils d’évaluation de la symptomatologie.
Puis, les tests les moins sensibles sont utilisés dans de larges échantillons alors que les évaluations plus fines effectuées au cours d’entretiens structurés sont réalisées auprès de petits échantillons. Enfin, les patients atteints d’Alzheimer ont parfois des difficultés à reconnaître eux-mêmes leurs affects dépressifs (Arbus, 2004). Cette variabilité peut également s’expliquer par une distinction entre la symptomatologie dépressive végétative (ralentissement, asthénie, perte de poids, insomnie) considérée comme étant peu spécifique de la dépression et celle dite psychique(douleur morale, tristesse, anhédonie, aboulie) considérée comme de meilleurs indicateurs. Et cette dernière serait plus difficile à évaluer chez les patients souffrant de troublescognitifs sévères(Passard, Mantelet, Hervy, Rigaud-Monet & Hardy, 2001). Pour Arbus (2004), la façon dont les auteurs interprètent un signe comme appartenant spécifiquement à la dépression peut être également présent chez un patient Alzheimer non déprimé.
Dépression ou maladie d’Alzheimer , la question du diagnostic Migliorelli et al. (1995) affirment qu’il est difficile de dissocier ces deux entités si la dépression est de faible intensité en phase débutante. Parfois, la question du diagnostic différentiel se pose car les définitions de ces deux troubles sont purement cliniques et leurs sémiologies peuvent partiellement se croiser (Derouesné & Lacomblez, 2004). Ces derniers ont identifié des manifestations communes : parmi elles, la diminution d’activité et les troubles de l’affectivité sont présents. Les éléments d’appoint peuvent orienter le diagnostic, puisque l’apparition de la maladie d’Alzheimer est lente et insidieuse alors que celle de la dépression est généralement plus nette. Enfin, la façon de se comporter du sujet peut influencer le diagnostic puisque le patient dément s’exprime d’une voix normale, est énergique sur le plan moteur alors qu’il s’agira de l’inverse pour le patient déprimé.
Cependant, l’élément de différenciation fondamental reste les troubles mnésiques puisque dans la MA, les difficultés portent sur la mémoire antérograde alors que les sujets déprimés présentent une perturbation des mécanismes de rappel. L’examen neuropsychologique et l’imagerie cérébrale confirmeront le diagnostic. De plus, la présence d’antécédents psychiatriques peut orienter vers une évaluation de dépression mais ceux-ci n’éliminent pas pour autant la maladie d’Alzheimer. Ainsi, la MA débute généralement par des troubles mnésiques, rendant le diagnostic plus aisé. Et la question du diagnostic différentiel se pose pour les patients présentant des signes communs aux deux entités, qui restent dans la majorité des cas distinctes, avec des critères diagnostiques propres à chacune.
La dépression selon le stade de démence Plusieurs études ont tenté de déterminer la prévalence de la dépression dans la maladie d’Alzheimer selon le stade d’évolution de celle-ci. Cependant, les résultats apparaissent une fois de plus contradictoires. En 1982, Reifler, Larson, Teri et Poulsen (cité par Migliorelli et al., 1995) démontrent que la prévalence de la dépression diminue à mesure que la démence augmente. Mais certaines études n’indiquent pas de différence significative dans la mesure dépressive entre les patients peu à modérément atteints de démence ni chez les patients avec une démence de stade modéré à sévère (Gottlieb, Gur & Gur, 1988 cité par Migliorelli et al., 1995). Dans leurs recherches, Migliorelli et al. (1995) ont mesuré la prévalence de la dysthymie (trouble de l’humeur chronique) et de la dépression majeure selon les stades légers, moyens et sévères de la démence. D’après leurs résultats, la dysthymie est plus fréquente chez les patients de démence légère alors que la dépression sévère est similaire aux différents stades de la maladie. Ces auteurs montrent également que 30% des patients déprimés déments déclarent la dépression avant l’apparition de la maladie d’Alzheimer, contre seulement 4 des 29 patients atteints de dysthymie.
La dépression comme facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ? Ownby, Crocco, Acevedo, Johnet Loewenstein (2006)indiquent qu’une histoire de dépression peut contribuer à l’augmentation du risque de MA. Ce résultat appuie celui d’une recherche antérieure:l’étude MIRAGE dans laquelle Green et al.(2003) ont montré une association significative entre les symptômes dépressifs et le développement de la maladie d’Alzheimer, mais ils ont nuancé leurs conclusions. En effet, d’après leurs résultats, ce lien serait important si la personne présente des symptômes dépressifs un an avant la maladie d’Alzheimer et serait inférieur si les symptômes dépressifs surviennent plus d’un an avant la maladie d’Alzheimer. Enfin, l’association est modérée si vingt-cinq ans séparent les symptômes dépressifs de la MA. Cependant, ce lien peut contenir des divergences. En effet, Berger, Fratiglioni, Forsell, Winbladet Backman(1999) montrent que le contexte dépressif..
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Partie théorique
A. La maladie d’Alzheimer
1. Quelques chiffres caractéristiques
2. L’origine de la maladie d’Alzheimer : Un processus neurodégénératif
3. Sémiologie
B. Trouble psycho-affectif dans la maladie d’Alzheimer : la dépression
1. L’épidémiologie de la dépression dans la maladie d’Alzheimer
2. Dépression ou maladie d’Alzheimer : la question du diagnostic
3. La dépression selon le stade de démence
4. La dépression comme facteur de risque de la maladie d’Alzheimer ?
C. Trouble du comportement exécutif dans la maladie d’Alzheimer
1. Les fonctions exécutives : cognitives et comportementales
2. Syndrome dysexécutif comportemental
D. Dépression et comportement dysexécutif
1. Syndrome dysexécutif et dépression
2. Syndrome dysexécutif et dépression : quelles conséquences au quotidien dans la maladie d’Alzheimer ?
E. Problématique
F. Hypothèses
II. Méthodologie
A. Participants
B. Matériel
1. BRIEF-A
2. L’échelle de dépression gériatrique
3. Le Mini-Mental State Evaluation (MMSE)
C. Procédure
III. Résultats
A. Comparaison des auto- et hétéro-évaluations de la BRIEF-A chez les patients Alzheimer dépressifs et non dépressifs
B. Comparaison des auto-évaluations de la BRIEF-A chez les patients Alzheimer dépressifs et non dépressifs
C. Comparaison des hétéro-évaluations de la BRIEF-A chez les patients Alzheimer dépressifs et non dépressifs
IV. Discussion
A. Interprétation des résultats
B. Critiques méthodologiques de l’étude
C. Perspectives
V. Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
Table des tableaux
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