L’orientation professionnelle : l’enjeu de l’identité sociale

L’orientation professionnelle : l’enjeu de l’identité sociale

Le début de la féminisation de la profession d’enseignant-e dès 1964

« La sociologie des professions montre que la féminisation est une dynamique déjà ancienne dans le cas des enseignants ». En effet, selon les chiffres de l’OFS tirés du site Männer an die Primarschule, la tendance s’inverse dès 1964 en Suisse puisque c’est à ce moment-là que les femmes deviennent majoritaires dans l’enseignement obligatoire.
Toujours selon les chiffres de l’OFS, en 1993/1994, en Suisse, les hommes ne sont plus que 32,2% à travailler dans l’enseignement primaire et la chute se poursuit en 1996/1998 avec un taux de 29,4%. En 2010/2012, ce chiffre atteignait les 17,7% pour continuer à chuter encore aujourd’hui. D’ailleurs, Devineau (2007) constate même que ce mouvement se poursuit pour atteindre des taux excluant pratiquement une présence masculine dans les premiers degrés de la scolarité. En effet, les chiffres pour l’école enfantine ont été présentés précédemment et démontrent bien une absence des hommes en 1-2 H en Suisse et particulièrement dans le Jura. En France, pays voisin de la Suisse, ce phénomène peut s’expliquer par « l’évolution morphologique du groupe professionnel des enseignants du primaire » . En effet, toujours selon Charles et Cibois (2010), « cette évolution se caractérise par une double mutation au cours des cinquante dernières années : il s’agit d’une part d’un accroissement de la féminisation de la profession d’enseignant et d’autre part d’un recrutement de moins en moins populaire »

Le genre, les stéréotypes de genre et la division sexuée du travail

Le genre et les stéréotypes de genre
Le terme « genre » a longtemps été débattu et Thebaut (2003) explique que le concept de genre (ou sexe social) est né dans le milieu médical des années 1960. Il est marqué par la culture nord-américaine, fondé sur la distinction entre le sexe, qui fait référence à la nature, et le genre, qui fait référence à la construction culturelle et sociale du masculin et du féminin, aux rapports sociaux de pouvoir entre les hommes et les femmes.
Quant à West et Zimmerman (2009) sur la question du genre, ils estiment que « le genre n’est pas une série de traits individuels, ni une variable, encore moins un rôle, mais le produit de faits et gestes sociaux d’une certaine sorte » (p. 38). La question du genre se traduirait à travers des actions humaines. Afin de clarifier leur propos sur le sujet, West et Zimmerman (2009) se réfèrent longuement au sociologue Goffman qui a beaucoup travaillé la question de l’interaction sociale. Ainsi, West et Zimmerman adaptent cette interaction en incluant la question du genre. Pour aller plus loin et encore mieux distinguer la question de genre et de sexe, Garfinkel (1967) développe l’étude de cas d’Agnès : « une transsexuelle qui, ayant été élevée comme un garçon, a adopté à l’âge de 17 ans une identité féminine » (cité par West & Zimmerman, 2009, p. 38).

La division sexuée du travail
L’histoire de la femme et du monde du travail est relativement récente, puisque, selon les propos d’Angeloff (2012), « en France, il faut attendre 1965, par exemple, pour qu’une loi suspende la nécessaire autorisation des maris afin que leurs femmes puissent occuper un emploi ».Angeloff (2012) poursuit en disant que : « la rupture historique se situe au tournant des années 1960. Les femmes sont entrées sur le marché du travail parallèlement à la scolarisation et à la qualification grandissantes des filles ».Comme développé plus haut, les années 1960 restent des dates-clés pour les femmes, car c’est également à ce moment-là que les femmes deviennent majoritaires dans l’enseignement primaire.
Aujourd’hui, les femmes du XXIème siècle travaillent encore dans des domaines très restreints comme l’enseignement, la santé ou encore la communication. Au-delà de ces domaines, il est rare qu’une femme puisse accéder à de hauts postes à responsabilités, de gravir les échelons ou que celle-ci soit cheffe d’entreprise même si la situation évolue de manière positive. En effet, les postes à haute responsabilité sont encore majoritairement occupés par des hommes, soucieux de faire carrière.

L’orientation professionnelle : l’enjeu de l’identité sociale

« Mécanique ou coiffure ? A l’issue de la scolarité, le moment est venu pour les jeunes de choisir leur voie professionnelle. Constat : les choix sont sexués et les filles donnent la préférence à des domaines très restreints » . Encore aujourd’hui, l’orientation professionnelle et l’influence du genre dans les trajectoires des individus restent importantes et particulièrement dans le choix de profession d’enseignant-e à l’école primaire pour les femmes et surtout les hommes. D’ailleurs, à ce sujet, une conférence nommée Maçonnerie au féminin et puériculture au masculin- pas mon genre ? , organisée dans le cadre de la journée « Futur en tous genres » a eu lieu en octobre 2017 à Bienne, ville du canton de Berne. A cette occasion, des jeunes ayant suivi une formation dans un métier typiquement attribué au sexe opposé ont pu prendre la parole pour « casser » les stéréotypes de genre. Puis, plusieurs conférences à ce sujet se sont succédé. Cela démontre encore une fois à quel point la lutte contre les stéréotypes de genre reste d’actualité.

Identifier les motivations des hommes et des femmes à exercer la profession d’enseignant-e à l’école primaire.

En effet, les motivations sont un des éléments-clés de mon travail. Comme précisé ci-dessus par Berger et D’Ascoli (2011), les trois principales motivations à retenir et celles qui me semblent les plus pertinentes dans le cadre de l’enseignement sont : altruistes, intrinsèques et extrinsèques. Elles me permettent de dessiner le portrait de l’enseignant-e interviewé-e, de comprendre ses raisons à avoir choisi la profession enseignante et observer si les motivations diffèrent selon un homme et une femme. De plus, il est intéressant de se replonger dans les souvenirs laissés par l’école pour identifier si les enseignant-e-s interrogé-e-s dans ce mémoire, ont été marqué-e-s par le corps enseignant durant leur scolarité et si celui-ci leur aurait transmis, peut-être de manière inconsciente, l’envie de pratiquer cette profession.

Importance et impact du vécu de la scolarité chez les enseignant-e-s

Avant de s’engager dans la profession enseignante, tout individu est passé par le stade «apprenant » à l’école. Dans le cadre de mon mémoire, il est intéressant de se pencher sur le vécu de l’individu en tant qu’écolier et de savoir si sa scolarité l’a marqué et a eu un impact important dans sa motivation à choisir ce métier.
Dans les résultats de mes entretiens, il y a deux versions distinctes. D’une part, les enseignante-s qui avouent avoir été marqué-e-s par leur scolarité et par un-e enseignant-e en particulier et qui ont choisi cette profession en ayant été influencé-e-s par leurs souvenirs laissés par l’école et d’autre part, une enseignante qui a été découragée tout au long de sa scolarité et qui a dû se battre pour exercer sa profession. Pour les enseignant-e-s, hommes comme femme, dont la scolarité les a poussé-e-s à choisir cette profession, elles et ils relèvent avoir été particulièrement marqué-e-s par un ou plusieurs enseignant-e-s pendant leurs années d’école :
« En première année, j’ai eu une maîtresse qui était formidable. Je l’ai eue pendant deux ans, c’était quelque chose de merveilleux ». (Hervé)
Pour Hervé, il s’agit de sa première maîtresse d’école. Lors de l’entretien, il dira qu’il en était amoureux. Cet entretien démontre déjà à quel point l’école et ses acteurs marquent à vie les personnes, que ce soit de manière positive ou négative.

La trajectoire professionnelle des enseignant-e-s

Chaque individu a sa trajectoire professionnelle personnelle, selon ses choix, ses envies, les changements qu’il a voulu effectuer dans sa vie. Dans le cadre de mon mémoire, je souhaite identifier les facteurs qui ont amené les différent-e-s enseignant-e-s de mon échantillonnage à s’orienter vers la profession enseignante. Dans une perspective de stéréotypes de genre, il est intéressant de comprendre pourquoi ces femmes et ces hommes ont choisi cette voie. Pour les hommes, il s’agit davantage d’une « transgression »  dans leur choix professionnel puisque de moins en moins d’hommes se tournent vers cette profession.L’objectif est donc de se pencher sur cette question et de savoir comment leur famille a influencé leur trajectoire et a accueilli leur choix de carrière, que ce soient pour les hommes ou pour les femmes.

 

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1. PROBLEMATIQUE
1.1 DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’OBJET DE RECHERCHE
1.1.1 Raison d’être de l’étude
1.1.2 La féminisation de la profession d’enseignant-e en Europe et en Suisse
1.1.3 Intérêt de l’objet de recherche
1.2 ETAT DE LA QUESTION
1.2.1 Le début de la féminisation de la profession d’enseignant-e dès 1964
1.2.2 Le genre, les stéréotypes de genre et la division sexuée du travail
1.2.3 L’orientation professionnelle : l’enjeu de l’identité sociale
1.2.4 Les motivations à devenir enseignant-e
1.3 QUESTION DE RECHERCHE ET OBJECTIFS DE RECHERCHE 
1.3.1 Identification de la question de recherche
1.3.2 Objectifs de recherche
CHAPITRE 2. METHODOLOGIE 
2.1 FONDEMENTS METHODOLOGIQUES 
2.1.1 Approche qualitative
2.1.2 Approche compréhensive
2.1.3 Approche inductive et déductive
2.2 NATURE DU CORPUS
2.2.1 Récolte des données : l’entretien semi-directif
2.2.2 Echantillonnage
2.2.3 Procédure et protocole de recherche
2.2.4 Transcription
2.2.5 Traitement des données d’analyse des données
2.2.6 Méthodes et analyse
CHAPITRE 3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
3.1 LES MOTIVATIONS A DEVENIR ENSEIGNANT-E A L’ECOLE PRIMAIRE SELON LES FEMMES ET LES HOMMES 
3.1.1 Importance et impact du vécu de la scolarité chez les enseignant-e-s
3.2 LA TRAJECTOIRE PROFESSIONNELLE DES ENSEIGNANT-E-S 
3.2.1 Le choix de la profession au regard du genre vu par les familles
3.3 LA FEMINISATION DE L’ENSEIGNEMENT ET LA DESERTIFICATION MASCULINE, PROBLEME OU PHENOMENE DE SOCIETE
3.3.1 Les causes de la désertification masculine dans l’enseignement perçues par les enseignant-e-s.
3.3.2 Les hommes et le rapport au cycle 1
CONCLUSION

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