L’organisation et la gestion des territoires à l’origine de la diversification des métiers

L’organisation et la gestion des territoires à l’origine de la diversification des métiers

L’aménagement en France: deux secteurs maleurs en forte évolution

En France, l’aménagement du territoire est apparu à la fin de la seconde guerre mondiale. A cette époque, les préoccupations en aménagement ont été de deux ordres:
– la nécessité de reconstruire des logements à l’origine de l’aménagement urbain actuel en France,
– la réduction du déséquilibre régional entre Paris et le reste de la France prémisse de la politique d’aménagement du territoire. Sans vouloir réduire l’aménagement uniquement à l’urbanisme et au développement, je prendrai ces deux exemples pour démontrer ces phénomènes d’évolution des métiers de l’aménagement. Ils recouvrent en effet à eux deux, la plus grande partie des métiers existants aujourd’hui et que l’on peut attribuer au champ de l’aménagement. Ils sont  également les secteurs les plus représentatifs de ces évolutions législatives.

De l’aménagement urbain à l’urbanisme opérationnel, des pratiques professionnelles variées

L’ espace urbain, siège de l’établissement humain et de ses activités, se différencie de l’espace rural par sa densité. Ces concentrations de population que l’on retrouve depuis l’antiquité, ont fait l’objet de préoccupations diverses. Ainsi, l’urbanisme, analysant et essayant de réduire les problèmes, s’exerce principalement à deux échelles:
– l’échelle de la ville ou de l’agglomération: l’aménagement urbain,
– l’échelle du quartier: l’urbanisme.

L’intervention urbanistique est donc vaste et ne met pas en place les mêmes outils et les mêmes professionnels selon les situations.

➤ L’aménagement urbain: de l’urbanisme planificateur à l’urbanisme de projet Avant 1967, le besoin rapide de terrains pour assurer la reconstruction d’après guerre et l’essor économique des «Trente Glorieuses », s’est traduit par la mise en place de deux zonages. Les Zones à Urbaniser en Priorité et leurs grands ensembles créés en 1958 ont permis la construction de logements en grand nombre, répondant à l’exode rural d’après guerre. Les Zones d’Aménagement Différé et le droit de préemption créés en 1962, ont quant à eux fait suite aux besoins d’implantation des entreprises. En 1967, la loi d’orientation foncière (LOF) consacre la planification déjà amorcée mettant en oeuvre un système plus efficace, avec:
– le SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme),
– le POS (Plan d’Occupation des Sols).
Ils ont pour but de fixer les orientations de la politique d’aménagement à l’échelle intercommunale pour le premier et les règles d’utilisation du sol à l’échelle communale pour le second. L’objectif de cette planification reste la maîtrise et la programmation de l’expansion urbaine et de ses composantes (infrastructures, équipements, activités…). Jusqu’au début des années 1980, l’urbanisme de planification est élaboré par les services de l’État, associant, au titre de la concertation, les communes intéressées. Sans changer la nature des documents d’urbanisme établis par la loi d’orientation foncière (LOF), les lois de décentralisation de 1982-83 donnent aux communes la charge de l’élaboration de ces documents. Le SDAU est alors renommé « Schéma Directeur» et le POS devient facultatif Leurs contenus restent les mêmes. Dans le but de préserver l’intérêt général, la loi de 1983, impose aux collectivités, et plus particulièrement celles situées dans les zones de montagne et de littoral, des prescriptions d’aménagement spécifiques pour le développement des espaces urbains. Outils puissants et aisément modifiables, ces documents ne sont pas toujours respectés et maîtrisés par leurs nouveaux «détenteurs ». Pour réduire les risques de d’adaptation de l’utilisation de ces documents, plusieurs projets de directives sont lancés, dirigés plus particulièrement vers certains espaces vulnérables et attractifs (côte d’azur, aire urbaine de Lyon…), mais n’ont jamais abouti. En 2000, dans le cadre de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU), la planification de zonage laisse place à la planification de projet. Obligeant à une vision plus large, cette nouvelle forme de planification impose une réelle stratégie de développement de l’espace urbain et doit intégrer des secteurs jusqu’alors non pris en compte (transports, logements…). A l’échelle communale, le POS évolue en PLU et le SCOT remplace le schéma directeur, à l’échelle intercommunale.

L’aménagement autrefois centralisé, réduit à une planification de zonage et dirigé par les ingénieurs de l’État, évolue progressivement vers une stratégie d’aménagement urbain, plus complexe et plus complète, transférée aux collectivités locales. Celles-ci ont alors dû se doter d’un personnel formé pour mettre en oeuvre ces nouvelles compétences. En 1984, l’État, conscient de ce besoin, offre la possibilité aux communes de créer trois nouveaux «emplois spécifiques de professionnels de l’aménagement et de l’urbanisme dans les communes » : directeur, chargé d’ études et assistants d’études en aménagement et urbanisme. Dans les années 1990 et 2000, les villes soucieuses d’attirer des entreprises et des habitants inventent le marketing urbain. La compétition entre les territoires urbains s’installe et il faut inventer de nouveaux outils, plus proches de la publicité, pour remplir ces zones d’habitations ou économiques dans une conjoncture sociale et économique difficile.

➤ L’échelle du quartier, un urbanisme plus opérationnel
Après la seconde guerre, une des préoccupations principales était donc la construction de logements collectifs. La crise du logement, due à l’interruption de la construction pendant la guerre et aux mouvements de population, est à l’origine d’une grande vague de construction d’immeubles collectifs et de grands ensembles dans les zones prévues par la planification. Ils sont l’occasion de l’application des théories des grands courants urbanistiques menés par certains architectes comme Le Corbusier. Les grands ensembles sont également présents dans les villes nouvelles et le développement d’un urbanisme d’entière composition met en avant les premières équipes pluridisciplinaires, constituées d’architectes bien sûr, mais aussi de sociologues, paysagistes… constituées au sein des bureaux d’études. Guidés par ce fort besoin en logements, ces quartiers «nouvelle génération» des ZUP, se sont trop focalisés sur cet aspect. On leur reproche très vite de ne pas assez prendre en compte la fonction «habitée» de ces espaces urbains. Construits rapidement avec des matériaux basiques, ils se dégradent vite autant physiquement que socialement. Leur emplacement en périphérie et leurs loyers assez bas ont progressivement donné à ces «zones» une image de banlieue, qui devient vite un terme péjoratif Les urbanistes ont donc dû se pencher sur ces espaces à problèmes multiples. Il a fallu les réhabiliter, les repenser, voire les reconstruire. Là aussi, les équipes pluridisciplinaires ont semblé les plus à même de résoudre les dégradations physiques (architectes), les dysfonctionnements spatiaux (urbanistes), les conflits sociaux (sociologues), les nuisances visuelles (paysagistes)… C’est dans ce contexte qu’est apparu le DSQ (Développement Social des Quartiers) dans les années 80, prémisses de la politique de la ville en France. Ces quartiers devaient retrouver une raison d’être de «vrais» quartiers. On a donc essayé d’y intégrer les fonctions qui leur manquaient et plus particulièrement les emplois, atout essentiel à la réduction des problèmes sociaux. C’est ainsi que sont apparues les Zones Franches Urbaines. Dans les années 90, cette politique de développement des quartiers se met en place dans un contexte national de contractualisation. Même si le logement reste au centre des préoccupations, la vision globale devient essentielle non plus sur un seul quartier mais de plus en plus sur l’ensemble des quartiers d’une agglomération. Les moyens spécifiques pour la ville sont donnés et on impose de nouvelles normes (20 % logement social…). Les outils de la politique de la ville sont donc mis en place avec les Contrats de Ville et les Grands Projets Urbains, déclinés en opérations plus localisées (Opérations de renouvellement urbain…). Moyennant une participation financière, l’État y voit une manière de déléguer la compétence «ville» aux collectivités locales tout en gardant un droit de regard sur les politiques choisies et les réalisations. A la fin des années 90, le rapport Sueur et la loi SRU poursuivent les efforts engagés en instaurant l’intercommunalité de projet, les conseils de quartiers… Dans les plus grandes agglomérations, cette politique de la ville s’est organisée au sein des collectivités en agences d’urbanisme, offices FILM et autres services spécialisés en urbanisme.

Le parc de logements privés a également connu des interventions urbanistiques dans les années 50-60 et plus particulièrement dans les centres-villes. Dans le souci de contrer la perte de vitesse des centres urbains jugés insalubres et inadaptés à la vie moderne, notamment pour la voiture, ces espaces ont fait l’objet d’une série d’interventions qui devaient permettre aux collectivités de mieux les gérer. Mise en oeuvre par des organismes aménageurs, la politique de rénovation urbaine a, a posteriori, déstructuré morphologiquement et socialement le tissu urbain. Intervention radicale, elle consiste à détruire purement et simplement les bâtiments insalubres. Conscient des dégâts provoqués sur le caractère historique de certains immeubles, Mairaux instaure dans sa loi le PSMV (Périmètre de Protection et de Mise en Valeur) pour les centres-villes vulnérables. Cette nouvelle procédure a provoqué de nouvelles modifications sociales dans ces quartiers, malgré l’importance donnée au niveau des loyers lors de la mise en location par les propriétaires (conventionnement). Consécutivement à ces interventions, les centres villes ont acquis de nouvelles fonctions (administratives, locatives, économiques…) sélectionnées parmi les activités supportant les coûts engagés.

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Table des matières

INTRODUCTION 
PARTIE I : PRESENTATION DE LA RECHERCHE
I- L’ÉVOLUTION DES MÉTIERS DE L’AMÉNAGEMENT: DEUX TENDANCES, DEUX HYPOTHÈSES
A- L’organisation et la gestion des territoires à l’origine de la diversification des métiers
1- L’ aménagement en France: deux secteurs majeurs en forte évolution
a) De l’aménagement urbain à l’urbanisme opérationnel, des pratiques professionnelles variées
b) Multiplication des territoires, des métiers en développement
2- Les lois en aménagement à l’origine de la diversification des métiers de l’aménagement
B- Une clarification des métiers de l’aménagement pour des professionnels en mal de reconnaissance
1- Deux groupes professionnels constitués…
a) Profession urbaniste: le rôle de l’OPQU
b) Les agents de développement: la mise en place d’une plate-forme des métiers
2- … pour des revendications communes
a) Méconnaissance et reconnaissance: les premiers pas des groupes professionnels
b) Une clarification et une définition des métiers et des compétences au service de la reconnaissance professionnelle
c) La multitude des formations dessert-elle la constitution des groupes professionnels?
d) Une charte comme code de déontologie?
e) Les statuts d’exercice professionnel : accès à la fonction publique et ségrégation professionnelle?
3- La professionnalisation : des processus engagés?
II- DE LA NÉCESSITÉ DE POSER LES DÉFINITIONS
A- Aménagement, urbanisme et développement: une généalogie floue
1- Rappel des définitions selon Merlin-Choay et Lussault-Levy
2- La définition de l’aménagement au travers de la formation du CESA
B- Métiers, profession, professionnalisation : quelques termes à préciser
1- Métier et profession: synonymes?
2- La profession vue par les sociologues
3- Professionnalisation: «du bénévolat à l’inscription professionnelle»
III- MÉTHODOLOGIE
A- Une enquête auprès des professionnels de l’Aménagement: les anciens du CESA
1- Qu’est ce qu’un professionnel de l’aménagement?
2- Le choix des anciens du Centre d’Études Supérieures en Aménagement (CESA) comme objet d’étude
3- Des limites induites par le choix des anciens du CESA
B- Annuaire, questionnaire et entretiens : confronter les travaux des groupes professionnels aux réalités de « terrain»
1- L’annuaire des anciens
2- Un questionnaire pour détecter les tendances lourdes
PARTIE II : RÉSULTATS ET ANALYSE DE L’ENQUÊTE 
I- QUI SONT LES ANCIENS DU CESA?
A- Quelques précautions à prendre
B- Caractéristiques de l’échantillon
1- Diplômes et années d’obtention
a) La répartition par diplômes
b) La répartition par promotion
2- Caractéristiques socio-démographiques
a) L’âge de l’échantillon
b) Répartition homme / femme
c) Répartition géographique de l’échantillon
3- Les secteurs d’activité et les emplois
a) Les secteurs d’activité
b) Les intitulés de postes
4- Les structures d’emploi des anciens
a) Les organismes employeurs
b) Les salaires
c) Les statuts d’exercice professionnel
d) La répartition du temps de travail
II- L’IDENTITÉ PROFESSIONNELLE
A- Les intitulés de postes support de l’identité professionnelle?
B- Le domaine de l’aménagement peut-il se composer de métiers et de profession(s)?
C- La professionnalisation
D- Pour des processus professionnels
III- UNE IDENTITÉ PROFESSIONNELLE REVENDIQUÉE, MAIS QUEL TERME PROFESSIONNEL FÉDÉRATEUR?
A- « Aménagement I développement / urbanisme»: les définitions des professionnels
1- L’ aménagement (du territoire) : «la vision globale»
2- Le développement (territorial): «plus orienté vers l’économique»
3- L’urbanisme: «tout ce qui touche à la ville»
B- «Aménageur I développeur I urbaniste », des termes connotés ou infiltrés
1- «Aménageur» : confusion avec promoteur
2- «Développeur» : terme le moins accepté
3- «Urbaniste» : reconnu mais pas assez exclusif
IV- LES LOIS « FONDATRICES » DES MÉTIERS DE L’AMÉNAGEMENT
PARTIE III : RETOUR SUE LA MÉTHODE
I- UNE FORMATION DE BASE TRÈS APPRÉCIÉE PAR LES ANCIENS
II- CRITIQUES MÉTHODOLOGIQUES
1- Des hypothèses confirmées?
2- Des réponses correspondant aux attentes
3- L’annuaire des anciens : un réseau de professionnels
4- Un questionnaire imparfait et un manque de représentativité
5- Des entretiens pour aller plus loin
III- LES CRITIQUES DES PROFESSIONNELS
CONCLUSION

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