L’ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
La République Démocratique du Congo en sigle RDC, ancienne colonie belge, devient un pays souverain le 30 juin 1960, jour du début de la première république qui se termine le 23 novembre 1965. Le gouvernement congolais, dès l’accession du pays à l’indépendance, a manifesté un grand intérêt pour la situation des femmes et des enfants. Il a adhéré au programme de renforcement des structures éducatives lancé par l’UNESCO en 1962 (RDC / Unesco, 2008). Ce programme vise une plus grande représentation de la femme dans l’enseignement, comme étudiante, en vue d’accéder à la profession enseignante et travailleuse dans les structures de gestion de l’administration éducative. Ce même programme prévoit également le renforcement de la mixité du personnel administratif. Plus tard, il sera intégré dans le droit et la politique internes du Congo. En effet, l’article 14 de la constitution du 1 er août 1964 interdit la discrimination en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques, notamment en raison du sexe.
En 1970, le président de la RDC, Mobutu Sese Seko (1970) se dote d’une charte politique connue sous le nom de «Manifeste de la Nse1e». Ce document s’inspire largement du programme de l’Unesco de 1962 et prône l’égalité de tous les citoyens, hommes et femmes, devant la loi. La RDC a ratifié la convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme. Elle adhère aux recommandations de grandes conférences internationales sur les droits humains, notamment celle sur la condition juridique et sociale de la femme à Mexico, au Mexique, en 1975. Cette conférence est suivie par d’autres organisées à l’échelle mondiale à Copenhague, au Danemark, en 1980, pour traiter de l’accès de la femme à l’éducation et à l’emploi, puis à Nairobi, au Kenya, en 1985, pour parler de l’implication des femmes dans la vie politique et enfin à Pékin, en Chine, en 1995 sous le thème «la lutte pour l’égalité, le développement et la paix» (RDCIUNESCO, 2008).
Pour affirmer solennellement les libertés et droits fondamentaux reconnus à la femme afin qu’ils soient garantis par la volonté collective et mieux protégés contre toute violation, la Constitution actuelle de la RDC (2006) promulguée au mois de février 2006, prescrit ce qui suit, au chapitre premier du titre II consacré aux droits humains, libertés fondamentales et devoirs du citoyen et de l’État: Art. 14: Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et assurent la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent dans tous les domaines, civil, politique, économique, social et culturel, toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’État garantit la mise en œuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d’application de ces droits.
La volonté déclarée de l’État de régler les rapports entre les citoyens en fonction de la dignité humaine et de déterminer les droits et les devoirs dont l’ensemble est nécessaire à l’épanouissement de la personnalité de chaque être humain, c’est-à dire l ‘homme et la femme, est louable. Cependant, les dispositions mentionnées de la constitution congolaise ne semblent pas s’appliquer suffisamment. Dans les faits, il existe encore des écarts sensibles entre les hommes et les femmes en outre, les efforts de l’État ne semblent se limiter qu’aux textes et ne pas véritablement s’accompagner de mesures de mise en œuvre ni de mécanismes contraignants destinés à rendre. effectives les dispositions légales. De là, l’importance de poser la question suivante : quelles sont les raisons qui empêchent le bon fonctionnement de l’article 14, concernant la représentation équitable de la femme au sein des institutions nationales, provinciales et locales, principalement en éducation?
Quelques études tentent de répondre à cette large et épineuse question. Notre attention a été retenue par les travaux des certains auteurs congolais. En ce qui concerne la capacité d’action de la femme, il faut noter que Tshibilondi (2005) est d’avis que le niveau d’études des femmes en milieu urbain n’ est pas excellent. Un écart avec les hommes existe en ce qui concerne l’ emploi et la participation aux prises de décision. De son côté, Rukata (2002) soutient que l’inertie observée dans l’ amélioration du statut actuel de la femme est imputable à la perception traditionnelle de son rôle essentiellement confiné à celui d’épouse soumise et de mère. Cet auteur relie cela à la faillite de l’administration publique qui a conduit la population à la pauvreté, à la précarité de l’emploi, puis au chômage. L’Institut National de la Statistique (2005) confirme que ce phénomène se fait davantage remarquer dans les grands centres urbains, particulièrement dans la ville de Kinshasa où la majorité des hommes se trouve sans emploi. La même source nous renseigne qu’en 2004, il Y avait 66 % des chômeurs pour la seule ville de Kinshasa. On y trouve 44 % d’hommes et 22 % de femmes. Dans le même sens, une étude de Musitu (2006) confmne que la crise de l’emploi, qui conduit un grand nombre de travailleurs au chômage fait que la femme, en plus de son rôle traditionnel d’épouse, de mère, de ménagère, de gardienne et d’éducatrice des enfants, est présente dans des secteurs informels où sa participation prend de plus en plus d’importance. Elle devient, grâce à la pratique du commerce et des technologies appropriées, une actrice économique incontournable dans la survie ou la subsistance de beaucoup de ménages en milieu urbain. Cependant, dans les métiers à teneur professionnelle, la femme demeure victime d’une stigmatisation, car la mentalité a assimilé la femme qui travaille à une femme aux mœurs douteuses ou peu soumise (Rukata, 2002)
Les représentations sociales
Traiter d’un sujet dans le champ d’étude des représentations sociales, c’est aborder l’histoire, l’ancestralité, les pensées des gens concernés et se référer à des processus qui impliquent les dimensions psychiques et cognitives. C’est également se référer à la réflexivité par le questionnement et le positionnement face à l’expérience, aux connaissances, aux savoirs, à l’ouverture vers le monde et vers les autres. Si, comme le souligne Jodelet (1989), la notion des représentations sociales s’inspire principalement de la sociologie des formes symboliques et des productions mentales collectives instituées (Mauss, 1950; Durkheim, 1895), son fondateur demeure Serge Moscovici (1976) qui en renouvela l’analyse et en développa le concept à l’intérieur de la psychologie.
Définitions de la notion de représentation sociale
Tel qu’étudié traditionnellement, le contenu des représentations sociales est varié puisque l’on y trouve des opinions, des images, des croyances, des stéréotypes et des attitudes. En effet, pour Moscovici (1976, p. 41), les représentations sociales sont des formes de savoir naïves, destinées à organiser les conduites et à orienter les communications. Doise (1985) révèle de son côté qu’il est difficile ~e dégager une définition commune à tous les auteurs qui utilisent la notion de représentation sociale. Cette difficulté, comme l’ explique Moscovici (1976), tiendrait à «sa position mixte au carrefour d’une série de concepts sociologiques et d’une série de concepts psychologiques» (p. 39).
Des pratiques, des valeurs et des connaissances sont des éléments qui font partie intégrante de la définition de Moscovici, qui en fait explique que les représentations sociales peuvent être étudiées comme des structures de savoir qui organisent l’ ensemble des significations relatives à un objet. En plus, il est important de noter l’hétérogénéité des éléments qui forment une représentation sociale telle que définie par Moscovici : [ … ] une représentation sociale est un système de valeurs, de notions et de pratiques ayant une double vocation: tout d’abord d’instaurer un ordre qui donne aux individus la possibilité de s’orienter dans l’environnement social, matériel et de le dominer, ensuite d’assumer la communication entre les membres d’une communauté en leur imposant un code pour les échanges et un code pour nommer et classer de manière univoque les parties de leur monde et de leur histoire individuelle et collective (Moscovici, 1961, p.8).
Quant à Jodelet (1989), les représentations sociales correspondent à <<une forme de connaissances socialement élaborée et partagée ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social. Selon la même source, «cette forme de connaissance comprend des éléments informatifs, cognitifs, idéologiques, normatifs, croyances, valeurs, attitudes, opinions, images» (p. 36).
La définition de Jodelet révèle d’emblée la dimension sociale- du concept et souligne la spécificité des connaissances auxquelles elle fait allusion. Le simple fait que la représentation sociale soit partagée par un ensemble social fait en sorte que ces individus ont une vision commune du milieu dans lequel ils vivent. En bref, les représentations sociales semblent être des grilles de lecture de la réalité socialement construite.
Les fonctions des représentations sociales
Les représentations sociales remplissent quatre fonctions essentielles qui jouent un rôle important dans la dynamique des rapports entre les individus. Il s’agit des fonctions de savoir qui permettent de comprendre et d’expliquer la réalité, suivie des fonctions identitaires qui permettent la sauvegarde de la spécificité des groupes et des fonctions d’orientation qui guident les comportements, les pratiques et définissent ce qui est licite, tolérable ou inacceptable dans un contexte social donné. Enfin, elles ont des fonctions qui servent à justifier les prises de positions et les comportements.
Approche qualitative
La méthode qualitative utilisée dans cette recherche permet de trouver des réponses aux questions posées concernant la sous-représentation des femmes dans certains postes dans les structures étudiées. Notre recherche est dite qualitative car elle produit et analyse des données descriptives, telles que les paroles écrites ou dites et le comportement observatoire des personnes qui participent à l’étude. Elle fournit ainsi des descriptions détaillées des sujets et des phénomènes considérés dans leur contexte naturel. L’approche qualitative choisie dans cette étude nous renvoie à une méthode de recherche intéressée par le sens et l’observation d’un phénomène social en milieu naturel. En définitive, notre recherche qualitative traite des données difficilement quantifiables et ne rejette pas le chiffres ni les statistiques mais ne leur accorde tout simplement pas la première place.
La population à l’étude
La population cible de la présente étude est constituée de l’ensemble du personnel administratif du Bureau de l’Enseignement Catholique (BEC) et de . l’ensemble du personnel administratif du Bureau de Recherches Pédagogiques (BRP) situés tous deux dans la commune de Gombe de la ville de Kinshasa, capitale de la RDC. Ce choix se justifie par le fait que le BEC et le BRP sont deux structures qui coordonnent l’ ensemble des établissements scolaires respectivement catholique pour l’un et public pour l’autre. La sélection des participants pour cette recherche est basée sur le volontariat. Il s’ agit donc de faire appel à des gens qui collaborent de plein gré pour constituer la liste des participants à la recherche. Étant donné que le but de cette recherche est de considérer la conception de genre dans les structures éducatives du BEC et du BRP, nous avons re~enu les personnes du genre féminin et les personnes du genre masculin travaillant dans lesdites structures. Le choix des participants s’est fait selon les deux critères suivants: la fonction et le grade. Les lignes qui suivent, expliquent les liens existants entre la fonction et le grade.
L’échantillonnage
Selon Karsenti et Savoie-Zajc (2004), l’échantillon peut être formé à partir des groupes naturels, d’une association ou d’un groupe qui participe à l’étude. Notre échantillon se compose de 28 personnes: 4 enseignants, 4 enseignantes du BEC, 4 enseignants, 4 enseignantes du BRP, 3 travailleuses et 3 travailleurs de l’ aqministration du BEC, 3 travailleuses et 3 travailleurs de l’administration du BRP. Ainsi, nous avons constitué quatre groupes de sept personnes pour constituer un échantillon représentatif.
CONCLUSION
Sur le plan scientifique, cette recherche permet la bonification des connaissances au sujet de la disproportion des hommes et des femmes dans les structures éducatives de la ville de Kinshasa, capitale de la RDC. Sur le plan social, elle tente de proposer des pistes de solutions concernant la demande des Nations Unies dont l’échéance est fixée à l’année 2015. En effet, la RDC s’est engagée dans une démarche de mise en œuvre pour réaliser l’égalité entre l’homme et la femme dans tous les secteurs de la vie. L’étude faite a éveillé la conscience des participantes et des participants sur l’existence de la sousreprésentation des personnes du genre féminin dans un milieu de travaiL Cette prise de conscience a un impact positif tant du point de vue social que politique ou économique parce qu’elle invite les actrices et les acteurs du milieu scolaire de Kinshasa à l’exercice de chercher des réponses à l’interrogation sur notre problématique telle qu’elle est posée. Une autre retombée positive est constituée par les pistes des solutions que nous proposons.
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Table des matières
PREMIER CHAPITRE
1. PROBLÉMATIQUE
1.1. INTRODUCTION A LA PROBLÉMATIQUE
1.2. IDENTIFICATION DU PROBLÈME DE L’ÉTUDE
1.3. SITUATION DE L’ EMPLOYÉ DU SYSTÈME ÉDUCATIF
1.4. ENSEIGNEMENT MATERNEL, PRIMAIRE, SECONDAIRE ET PROFESSIONNEL
1.5. ENSEIGNEMENT SUPÉRIEURE ET UNIVERSITAIRE
1.6. IMPORTANCE DE LA RECHERCHE
1.7. SUR LE PLAN SCIENTIFIQUE
1.8. SUR LE PLAN SOCIAL
1.9. QUESTION DE RECHERCHE
1.10. OBJECTIF DE RECHERCHE
1.11. DELIMITATION DE LA RECHERCHE
DEUXIÈME CHAPITRE
2. CADRE CONCEPTUEL
2.1 LES REPRÉSENTATIONS SOCIALES
2.1.1. Définitions de la notion de représentation sociale
2.1.2. Les fonctions des représentations sociales
2.2 LE GENRE
2.3 LA MIXITÉ
TROISIÈME CHAPITRE
3. MÉTHODOLOGIE
3.1. TYPE DE RECHERCHE
3.1.1 Approche qualitative
3.1.2 Étude de cas
3.2. LA POPULATION À L’ÉTUDE
3.2.1. LA FONCTION
3.2.2. LE GRADE
3.3. L’ÉCHANTILLONNAGE
3.4. LES INSTRUMENTS DE LA COLLECTE DE DONNÉES
3.4.1. LA PRÉ-ENQUÊTE
3.4.2. LES ENTRETIENS
3.4.2.1. LES ENTRETIENS COLLECTIFS
3.4.2.2. LES ENTRETIENS INDIVIDUELS
3.4.3. LES ENREGISTREMENTS
3.5. LE DÉROULEMENT DE LA COLLECTE DE DONNÉES
TABLEAU 1
CALENDRIER DES RENCONTRES
3.5.1. LA PRISE DE CONTACT
3.5.2. LES PARTICIPANTS À L’ÉTUDE
3.5.3. LE PROTOCOLE DES QUESTIONS
3.6. LE DÉROULEMENT DES ENTRETIENS
3.7. LA SATURATION DES DONNÉES
3.8. TRANSCRIPTION DES DONNÉES
3.9. LE PROCESSUS DE TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNÉES
3.10. LES CRITÈRES DE SCIENTIFICITÉ
QUATRIEME CHAPITRE
4. ANALYSE, INTERPRÉTATION ET RÉSULTATS
4.1. LES REPRÉSENTATIONS SELON LE GENRE ET LA MIXITÉ
4.1.1. LES DONNÉES ISSUES DES ENTRETIENS SUR LA REPRÉSENTATION SELON LE GENRE ET LA MIXITÉ
4.1.2. RÉSULTATS DES DONNÉES RELATIVES AUX REPRÉSENTATIONS SELON LE GENRE ET LA MIXITÉ
4.2. L’ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
4.2.1. LES DONNÉES ISSUES DES ENTRETIENS SUR L’ORGANISATION DU SYSTÈME ÉDUCATIF
4.2.2. RÉSULTATS DES DONNÉES RELATIVES À L’ORGANISATION DU SYSTÈME
ÉDUCATIF
4.3. LES RÉFÉRENTS CULTURELS ET HISTORIQUES
4.3.1. DONNÉES ISSUES DES ENTRETIENS RELATIFS AUX RÉFÉRENTS CULTURELS ET
HISTORIQUES
4.3.2. RÉSULTATS RELATIFS AUX RÉFÉRENTS CULTURELS ET HISTORIQUES
4.4. LES DISCIPLINES ENSEIGNÉES
4.4.1. DONNÉES ISSUES DES ENTRETIENS SUR LES DISCIPLINES ENSEIGNÉES
4.4.2. RÉSULTATS DES DONNÉES RELATIVES AUX DISCIPLINES ENSEIGNÉES
CINQUIÈME CHAPITRE
5. DISCUSSION
5.1 . PREMIÈRE QUESTION DE RECHERCHE
5.2. DEUXIÈME QUESTION DE RECHERCHE
5.3. TROISIÈME QUESTION DE RECHERCHE
5.4. QUATRIÈME QUESTION DE RECHERCHE
5.5. QUESTION GÉNÉRALE DE RECHERCHE
CONCLUSION
CONCLUSION GÉNÉRALE
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