L’organisation artisanale du sport face à la réalité industrielle du tourisme

Hors des fédérations et des logiques compétitives, le sport investit le temps de loisir des Français et se transforme en un marché de consommation. Sous sa forme ludique, l’activité sportive revêt les caractéristiques d’une marchandise et investit depuis peu la sphère du tourisme. Si la consommation sportive est grandissante en termes de pratique, depuis une vingtaine d’années, c’est une offre incomplète qui particularise le secteur du tourisme sportif. Habituellement, quand un marché se développe, un processus d’industrialisation l’accompagne avec la rationalisation de son offre et une commercialisation active des produits. Depuis plus d’un siècle, si l’évolution des activités primaires, secondaires puis tertiaires confirme ce phénomène, l’activité de tourisme sportif semble faire exception à la règle. Les structures professionnelles se développent que faiblement avec des offres de service qui restent embryonnaires.

Comprendre comment l’entreprise de tourisme sportif se rend accessible à ses clients, au travers des processus identitaires de l’organisation, représente l’objet de cet ouvrage. Nous portons notre intérêt sur ce carrefour entre les sports de loisir et l’industrie touristique en centrant nos propos sur les particularités de son développement qui n’arbore pas les caractéristiques habituelles d’une offre de service arrivée à maturité. L’interrogation porte sur les faiblesses structurelles et organisationnelles de l’offre ludosportive. Nos écrits recherchent de prime abord les origines conjoncturelles de cette situation. Ils devront éluder les causes économiques pour engager la réflexion sur la dimension communicationnelle et identitaire des organisations de tourisme sportif. L’investigation cherche une origine culturelle à la faiblesse structurelle du tourisme sportif. C’est au travers d’une démarche de réflexion « chemin faisant » que se découvre la nature des relations entre la matérialité marchande du tourisme et l’identité des acteurs professionnels du sport. Le fait que depuis l’ère industrielle, l’entreprise s’intéresse à ce qui donne sens au travail et cherche à maîtriser les phénomènes qui affectent la dimension sociale des organisations, nos propos investissent le domaine de la gestion de l’entreprise. Une investigation approfondie explore les différents courants de l’évolution des modalités managériales qui accompagnent les réalités professionnelles du travail dans les organisations. On s’intéresse spécifiquement à la manière dont le management appréhende la dimension sociale. Les références concernant la culture d’entreprise sont majoritairement d’origine américaine, en France, ce secteur restant l’apanage des professionnels du conseil. Cet ouvrage ajuste le modèle de culture d’entreprise en vogue, pour expliquer les processus identitaires se déroulant dans les organisations françaises. Le management utilise la culture d’entreprise sous la forme d’un outil de communication pour accompagner le développement de l’industrialisation de ses activités. La mise en lumière de ces processus permet d’expliquer les freins au développement du tourisme sportif. L’exploration ambitionne à mettre en lumière certains processus concernant le comportement des acteurs face à l’industrialisation des activités sportives profondément artisanales et liées au professionnel qui les dispensent. Le secteur du tourisme sportif, caractérisé par des structures de très petites tailles, ne se prête pas à une étude historique et conjoncturelle de ses processus identitaires. Si on considère qu’au sein de l’industrie touristique, le sport s’affranchit de ses tutelles éducatives et culturelles, il devient possible de le considérer comme une activité marchande ordinaire. La réflexion appréhende les processus identitaires du tourisme sportif par une approche comparative avec les évolutions enregistrées dans les autres secteurs industriels. L’étude de six grandes firmes françaises, de production et de service, explore la communication de ces organisations face à une évolution structurelle. Une série d’entretiens affine les spécifications du processus de construction identitaire dans le secteur du tourisme sportif. Énoncée face aux phénomènes qui affectent le développement des activités de tourisme sportif, la problématique identitaire centre les propos des entretiens. L’intérêt se porte sur les modalités organisationnelles qui s’imposent au travail et sur les revendications qui émergent en retour. L’analyse de contenu met en lumière la nature et la dynamique des liens identitaires qui se dressent entre les acteurs et leurs clients et expose les conséquences de ces liens sur le développement de l’organisation de tourisme sportif. Le tourisme sportif communique souvent sous la forme d’une gamme de prestations où les considérations techniques et économiques prennent l’ascendant sur les aspects immatériels. Ces écrits cherchent à bousculer la vision habituellement centrée sur fonctionnalité du sport. Évoluant dans l’actualité d’une consommation mondialisée, le développement du tourisme sportif relève de spécificités culturelles que le sport confère à l’offre de tourisme et qui en particularise sa consommation.

La conjoncture favorable au développement du tourisme sportif 

Le sport est omniprésent dans notre civilisation que ce soit sous la forme d’événements festifs ou médiatisés, comme pratiques de loisir et au sein des vacances. Il est communément admis que la pratique sportive évolue dans sa forme et dans son importance comme la société dans laquelle elle se développe. « Les différentes pratiques physiques et sociales que nous regroupons communément sous le nom de sport depuis plus d’un siècle se trouvent aujourd’hui engagées dans un processus de transformation radical » (Loret, 1995, page 10). Le progrès technique dont nous bénéficions depuis 1950, l’urbanisation de nos espaces de vie, le développement des transports, l’évolution des valeurs sociales et du comportement des individus, l’imaginaire lié à la pratique sportive représentent autant d’éléments d’évolution du sport. À l’image des « stabilising jacket » en plongée sous-marine ou des « ski paraboliques », des équipements plus performants et plus faciles à mettre en oeuvre en facilitent l’apprentissage. Sa représentation glisse vers le domaine marchand et « le caractère de marchandise transforme le sport, y compris dans ses formes, ses structures et ses représentations » (Settekorn 1997, page 207). En France, le lien entre le niveau de pratique et le niveau économique des individus engage à penser qu’au sein de notre société de consommation, le phénomène social du sport doit entraîner dans son sillage, l’apparition d’une offre professionnelle conséquente.

L’émancipation de l’offre sportive vers une logique de loisir

Au cours des quarante dernières années, le sport se transforme en une offre de loisir (Dumazdier, 1988). Il s’est affranchi de ses tutelles éducatives et culturelles pour s’émanciper de ses pouvoirs traditionnels et devenir un produit de consommation (Mermet, 2001). Le sport s’insère dans l’actualité économique : « Faut-il s’étonner dans ce contexte que les informations sportives prennent bien souvent l’allure d’informations économiques » » (Settekorn 1997, page 208). Au départ, simple pratique de loisir, il se transforme en un véritable secteur économique. Pour analyser ce phénomène, Bourdieu explique qu’un comportement social n’a pas de sens si on l’isole des autres comportements. Il n’a de sens que rapporté à l’ensemble des autres pratiques sociales qui, mises en relation, donnent un style de vie. Quand on considère le corps comme un objet social distinctif, le sport devient une pratique sociale. Chaque catégorie sociale invente alors sa propre pratique sportive distinctive.

Le marché du sport se présente en trois grandes familles de pratiques : 

– La famille sportive la plus traditionnelle, fondée sur la morale du devoir et de la responsabilité est promue par le mouvement associatif. « Dans ce modèle de création de relations impersonnelles, se jouent et se déploient la démocratie et le civisme, ainsi qu’une morale du devoir et de la responsabilité librement consentie » (Pigeassou., 1997, page 16). Ce mouvement sportif traditionnel se déroule dans des espaces relativement clos et codifiés et devient universel après la guerre de 1945 avec l’avènement des nouveaux moyens de communication. Cette éthique traditionnelle n’offre que peu de prise au tourisme, mais ouvre de larges horizons par le biais du spectacle et de l’évènement sportif. Si la médiatisation de grands évènements sportifs comme les compétitions de football engendre des effets bénéfiques sur les pratiques, elle estompe également la limite entre sport et économie : « les footballeurs sont-ils des entrepreneurs ou des salariés ?» (Settekorn 1997, page 208). La sur médiatisation actuelle du sport entraîne dans le public un besoin de goûter à différents types d’activités. Un effet de « zapping » s’observe chez les jeunes qui glissent d’une activité à une autre en fonction des modes et de leurs différents leaders d’opinions.

– La mouvante décennie entre 1960 et 1970 imprègne les pratiques sportives. Conséquence de la recherche de libération du désir, le sport se fixe comme objectif la recherche de la joie, du plaisir et du bonheur et les codes et les valeurs en vigueur dans cette tendance marquée du sceau de l’émancipation. « Le fun se présente comme une morale du plaisir. C’est aussi une stratégie marketing, un look, un vocabulaire, une musique et un ensemble d’attitudes » (Loret A., 1995, page 30). Les règles sont moins contraignantes et les groupes informels apportent plus d’autonomie et d’indépendance aux pratiques sportives.

– Cette mouvance s’affirme depuis les années 1970 et influence largement les pratiques sportives jusqu’à la décennie suivante : « À partir des années 1980, les effets de l’évolution des enjeux économiques ébranlent l’ensemble des repères de la société. L’augmentation du pouvoir d’achat, la mondialisation des produits, l’explosion de la publicité et des moyens de communication tendent à faire perdre au sport de son substrat moral pour privilégier les objectifs personnels de santé, de loisirs, de plaisir, d’esthétisme, de performance et de distinction sociale » » (Pigeassou., 1997, page 17). Les valeurs sociales véhiculées par les générations actuelles qui rythment ces nouveaux comportements sportifs (Chifflet, 2000, page 24). Ce type d’activités sportives s’observe quotidiennement dans la pratique individuelle du jogging et du roller sur les trottoirs des villes ou dans le rassemblement de jeunes disputant un match de football sur les parkings des cités urbaines. Évaluer l’importance de ces pratiques reste un exercice délicat. Ces effectifs échappent au recensement classique par les adhérents des clubs, les licenciés des fédérations et les fichiers de consommateurs de produits sportifs.

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Table des matières

Introduction
Première partie :
L’organisation artisanale du sport face à la réalité industrielle du tourisme
1° chapitre – Le contexte professionnel et les réalités du tourisme sportif
2° chapitre – L’ambiguïté de la communication dans le monde professionnel
3° chapitre – L’exploration de la culture professionnelle du tourisme sportif
Deuxième partie :
La place de l’identité professionnelle dans le développement des entreprises
4° chapitre – La construction de l’identité entre similitude et différenciation
5° chapitre – L’évolution du management de la fonction vers le lien social
6° chapitre – La quête de sens au travail dans les entreprises
7° chapitre – La revendication identitaire des acteurs du tourisme sportif
Troisième partie :
Le développement du tourisme sportif entre technicité et authenticité
8° chapitre – La dimension professionnaliste de la culture d’entreprise en France
9° chapitre – Le particularisme identitaire des loisirs et du tourisme sportif
10° chapitre – Une profession entre vocation sportive et réalisme professionnel
Conclusion
Bibliographie

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