L’OPACITE DE LA LANGUE FRANÇAISE

L’OPACITE DE LA LANGUE FRANÇAISE

L’opacité de la langue française

Le français est une langue dont une partie de la complexité de l’orthographe vient donc de son opacité. Selon Chapleau (2013), l’écriture et plus particulièrement l’orthographe lexicale, par sa complexité, nécessite une charge cognitive plus importante que la lecture. « L’orthographe de la langue française, tout comme celle de la langue anglaise, comporte de nombreuses complexités. Ainsi, la relation entre les graphèmes et les phonèmes est souvent opaque » (Chapleau, 2013, p. 14). Si nous prenons l’exemple du son [ã], celui-ci peut être écrit de diverses manières : an, en, am et em, mais parfois, ces groupes de lettres sont présents, mais ne transcrivent pas le son [ã]. C’est le cas de tous les verbes conjugués au présent à la troisième personne du pluriel (ex. ils mangent), ou encore devant une double consonne ou une voyelle (ex. année, chenille, etc.). « L’écriture du français suit un système alphabétique, basé sur la correspondance entre des phonèmes (unités distinctives de la langue orale) et des graphèmes (unités de la langue écrite) » (Bazard-Jourdain & Coulon, 2014 p.2). Le système écrit d’une langue sera dit transparent si chaque phonème correspond à un graphème. L’écriture du français est un système semi-opaque, car une grande partie des phonèmes sont représentés par plusieurs graphèmes. « Cette pluralité de transcriptions potentielles soulève le problème des critères permettant aux individus de sélectionner la graphie correspondant à la norme parmi toutes celles qui sont à priori possibles » (Pacton, Fayol & Perruchet, 1999, p.23). La complexité de la langue française rend difficile l’entrée dans l’écrit de plusieurs élèves. Il y a plus d’élèves en difficulté dans les langues opaques ou 9 semi-opaques, comme le français et l’anglais, que dans les langues plus transparentes comme l’espagnol ou l’italien. Lors de production écrite, les élèves devraient avoir accès à des règles et connaître des stratégies afin de les aider dans leur démarche. « (…) pour construire les représentations orthographiques précises des mots, les scripteurs peuvent avoir besoin d’utiliser une variété de stratégies » (Chapleau, BeaupréBoivin, Saidane & Fejzo, 2016, p.86). « L’orthographe c’est la manière d’écrire les sons ou les mots d’une langue, en conformité d’une part avec le système de transcription graphique propre à cette langue, d’autre part suivant certains rapports établis avec les autres soussystèmes de langues (morphologique, syntaxe, lexique). Plus ces rapports secondaires sont complexes, plus le rôle de l’orthographe grandit » (Catach, 1980, p.26). L’apprentissage de l’orthographe est important pour la réussite des élèves. En effet, durant sa scolarité, l’élève sera régulièrement évalué sur l’orthographe. Pourtant, depuis plusieurs années, le niveau d’orthographe des élèves est en baisse (Manesse & Cogis, 2007). Les méthodes utilisées ne permettent plus de combler les lacunes. Les difficultés que certains enfants rencontrent compromettent leur réussite scolaire et sociale. Comme évoqué au point précédent, l’orthographe du français est complexe, le système graphique du français est en effet constitué de trois principes : ● un principe phonogrammique avec comme unité de base le phonème ● un principe morphogrammique avec comme unité de base le morphème ● un principe logogrammique avec comme unité de base le lexème Le principe phonogrammique sert à transcrire les phonèmes. Or, comme dit plus haut, il y a plus de graphèmes que de phonèmes. Certains phonèmes peuvent être représentés par plusieurs graphèmes (ex. en, em, an, am). Il n’est donc pas possible de se fier qu’à l’unité phonique, il faut également connaître certaines règles, comme par exemple, pour le son [ã] mettre un « m » devant un « p » et un « b ». Le principe morphogrammique se rapporte aux différents morphèmes qui composent les mots. « L’orthographe du morphème aura tendance à une 10 certaine stabilité, indépendamment des changements qu’il peut éprouver (alternances phoniques, variations positionnelles, incidents propres à la dérivation, etc.) » (Catach, 1980, p.204).

La conscience morphologique

Une première définition a été proposée par Elbro et Arnbak (cités par BazardJourdin & Coulon, 2014, p.9) selon lesquels le terme de conscience morphologique recouvre un large domaine de capacités et de connaissances morphologiques. À travers celle-ci, l’enfant développe sa capacité à prendre conscience de la structure morphémique des mots et à manipuler les morphèmes. « La morphologie est l’étude de la forme des mots, dans leurs différents emplois et constructions, et de la part d’interprétation liée à cette forme même » (Huot, 2006, p.8). Chaque mot est composé d’un ou plusieurs morphèmes. Le morphème est la plus petite unité porteuse de sens. Un mot monomorphémique est composé d’un seul morphème et n’est donc pas décomposable (ex. ami). Un mot plurimorphémique est composé de plusieurs morphèmes et peut donc être décomposé (ex. amitié : ami – tié). Les irrégularités phonographémiques trouvent parfois leur sens dans la morphologie des mots. « La conscience morphologique conduit l’enfant à manipuler les morphèmes et à graduellement comprendre les règles de formation des mots » (Brèthes & Bogliotti, 20124 ). 3 Répertorié dans le Robert méthodique. 4 http://rire.ctreq.qc.ca/2014/04/conscience_morphologique/ 12 Il est important de distinguer la morphologie flexionnelle de la morphologie dérivationnelle, car elles sont différentes et ne permettent pas d’améliorer les mêmes choses. La morphologie flexionnelle par exemple va permettre de comprendre et donner du sens à l’orthographe grammaticale alors que la morphologie dérivationnelle va être une aide à l’orthographe lexicale.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. PROBLEMATIQUE
2.1. DEFINITION ET IMPORTANCE DE L’OBJET DE RECHERCHE PAR RAPPORT A
L’ENSEIGNEMENT SPECIALISE
2.2. L’OPACITE DE LA LANGUE FRANÇAISE
2.3. LA CONSCIENCE MORPHOLOGIQUE
2.4. LA MORPHOLOGIE FLEXIONNELLE VS DERIVATIONNELLE
2.5. L’ORTHOGRAPHE LEXICALE
2.6. LA CONSCIENCE PHONOLOGIQUE
2.7. POURQUOI UTILISER LA MORPHOLOGIE POUR ORTHOGRAPHIER
2.8. LES EFFETS PROTECTEURS DU TRAVAIL SUR LA CONSCIENCE MORPHOLOGIQUE
POUR LES ELEVES EN DIFFICULTE
2.9. LES ACTIVITES PROPOSEES PAR LES AUTEURS
2.10. OBJECTIF DE LA RECHERCHE ET QUESTION DE RECHERCHE
3. METHODOLOGIE
3.1. PRESENTATION DES ELEVES
3.2. DEROULEMENT DU PRETEST
3.3. LES ACTIVITES CHOISIES
3.4. DEROULEMENT DU POST-TEST
4. ANALYSES
4.1. RESULTATS AUX PRETESTS
4.1.1. ÉPREUVES PHONOLOGIQUES
4.1.2. ÉPREUVES MORPHOLOGIQUES
4.1.3. ÉPREUVES ORTHOGRAPHIQUES
4.2. LES ACTIVITÉS DE MORPHOLOGIE AIDENT-ELLES DANS L’ORTHOGRAPHE LEXICALE ?
4.3. ANALYSE DES ACTIVITÉS
LE TABLEAU CI-DESSOUS PERMET D’AVOIR UNE VISION GLOBALE DES ACTIVITÉS RÉALISÉES
AVEC LES ÉLÈVES LE LUNDI. LES ACTIVITÉS FAITES LE MERCREDI NE SONT PAS
REPRÉSENTÉES DANS CE TABLEAU
4.3.1. DÉROULEMENT DES SÉQUENCES PÉDAGOGIQUES
4.3.2. LES ACTIVITÉS DE CONSCIENCE PHONOLOGIQUE
4.3.2.1. EXTRAIT DE L’UNE DES PREMIERES SEANCES
4.3.2.2. EXTRAIT DE L’UNE DES DERNIERES SEANCES
4.4. LES ACTIVITÉS DE CONSCIENCE MORPHOLOGIQUE ABOUTIES
4.4.1. LE MISTIGRI
4.4.1.1. DESCRIPTION DES ACTIVITES ET DEROULEMENT
4.4.1.2. EXTRAIT DE L’UNE DES PREMIERES SEANCES
4.4.1.3. EXTRAIT DE L’UNE DES DERNIERES SEANCES
4.4.2. LES FAMILLES
4.4.2.1. DESCRIPTION DES ACTIVITES ET DEROULEMENT
4.4.2.2. EXTRAIT DE L’UNE DES PREMIERES SEANCES
4.4.2.3. EXTRAIT DE L’UNE DES DERNIERES SEANCES
4.4.3. TROUVE MA BASE
4.4.3.1. EXTRAIT D’UNE SEANCE
4.4.4. INVENTONS DES MOTS
4.4.4.1. EXTRAIT DE L’UNE DES DERNIERES SEANCES
4.5. LES ACTIVITÉS DE CONSCIENCE MORPHOLOGIQUE NON ABOUTIES
4.5.1. TROUVE TA FAMILLE
4.5.1.1. EXTRAIT D’UNE SEANCE
4.5.1.2. PROPOSITIONS DE MODIFICATIONS
4.5.2. LE MOT QUI COMPLÈTE
4.5.2.1. EXTRAIT D’UNE SEANCE
4.5.2.2. PROPOSITION DE MODIFICATIONS
4.5.3. OUI OU NON
4.5.3.1. EXTRAIT D’UNE SEANCE
4.5.3.2. PROPOSITION DE MODIFICATIONS
4.6. DISCUSSION AUTOUR DES ACTIVITÉS
4.7. RÉSULTATS AUX POST-TESTS
4.7.1. ÉPREUVE PHONOLOGIQUE
4.7.2. ÉPREUVES MORPHOLOGIQUES
4.7.3. ÉPREUVES ORTHOGRAPHIQUES
4.8. SYNTHÈSE DES RÉSULTATS OBTENUS AU PRÉTEST ET AU POST-TEST
4.9. DISCUSSION AVEC MA COLLÈGUE
5. LIMITE DE LA RECHERCHE ET PISTES POSSIBLES
5.1. LIMITATIONS
5.2. CONSCIENCE DES FAIBLESSES DE LA DÉMARCHE ET OUTILS CHOISIS
5.3. AUTOÉVALUATION DE LA DÉMARCHE
5.4. AUTOÉVALUATION DES RÉSULTATS
5.5. PISTES POSSIBLES
6. CONCLUSION
7. BIBLIOGRAPHIE
8. ANNEXES.

 

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