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Cycle évolutif
Il se déroule en trois phases et sur deux hôtes dont l’un héberge la multiplication asexuée et l’autre, celle sexuée (Figure 6).
La schizogonie ou multiplication asexuée comporte deux phases. La première, hépatique ou exo-érythrocytaire, débute après l’injection de sporozoïtes au cours d’un repas sanguin infestant du vecteur sur l’hôte. Les parasites, inoculés dans la peau, migrent en direction du foie, par les capillaires sinusoïdes et à travers le revêtement endothélial pénètrent dans les hépatocytes.
Dans la cellule, le sporozoïte se transforme en trophozoïte puis en schizonte pré-érythrocytaire. Au bout de 7 à 15 jours de maturité, l’hépatocyte contenant le schizonte ou « corps bleu » éclate et libère les mérozoïtes dans la circulation sanguine. Ces derniers vont parasiter les globules rouges enclenchant ainsi la deuxième phase, sanguine ou érythrocytaire.
Dans l’hématie, le mérozoïte évolue en trophozoïte puis en schizonte et à maturité (corps en rosace) fait éclater la cellule au bout de 24 (knowlesi), 48 (vivax, ovale, falciparum) ou 72 heures (malariae) avec libération d’autres mérozoïtes (8 à 32) dans la circulation.
Après plusieurs cycles sanguins, certains mérozoïtes évoluent et se transforment en gamétocytes.
La survie des gamétocytes ne peut se faire au-delà de 3 semaines chez l’homme. Pour que le cycle sexué puisse se dérouler, il est donc nécessaire que ces gamétocytes soient absorbés par le vecteur, par le biais d’une piqûre chez l’hôte infesté : c’est le début de la sporogonie.
Au cours de cette phase, les gamétocytes différenciés s’unissent, la fécondation conduit à un œuf mobile appelé ookinéte qui migre en traversant la paroi stomacale du moustique et devient un oocyste. Arrivée à maturité, la membrane de cette vacuole remplie de sporozoïtes se rompt. Ces derniers, libérés, se dirigent vers la glande salivaire où ils poursuivent leur maturation et attendent d’être réintroduits chez l’homme par une nouvelle piqûre. Ainsi, le cycle se poursuit assurant la pérennité de la transmission du paludisme.
Vecteur
Le paludisme est transmis aux mammifères par un insecte du genre Anopheles qui appartient à l’embranchement des Arthropodes, à la classe des Insectes, à l’ordre des Diptères, à la famille des Culicidae et à la sous-famille des Anophelinae. Ce genre contient 6 Sous-genres et l’ensemble des vecteurs de Plasmodium humains appartiennent à 4 d’entre eux à savoir Anopheles Meigen, 1818 ; Cellia Theobald, 1902 ; Nyssorhynchus Blanchard, 1902 ; Kerteszia Theobald, 1905. Il existe 484 espèces, parmi lesquelles environ 70 sont capables de transmettre les parasites du genre Plasmodium, 41 vecteurs majeurs ont été répertoriés, regroupés en 24 complexes d’anophèles reconnus dont 12 sont retrouvés en Asie, 5 en Amérique, 1 en Europe et 3, en Afrique et en région Australo-Pacifique. Les complexes présents en Afrique sont Anopheles gambiae, An. marshallii et An. nili. Le complexe An. gambiae regroupe 7 espèces An. gambiae sensu stricto, An. arabiensis, An. melas, An. merus, An. bwambae, An. quadriannulatus A et An. quadriannulatus B.
Un complexe est un ensemble d’individus, génétiquement différents mais morphologiquement identiques.
Au Sénégal, une vingtaine d’espèces environ étaient recensées mais 6 sont présentement retrouvés, dont trois vecteurs majeurs à savoir Anopheles gambiae ss, An. arabiensis, An. funestus et trois vecteurs secondaires responsable d’une transmission localisée, il s’agit d’An. melas, d’An. nili et d’An. pharoensis. Les anophèles sont des insectes holométaboles (métamorphose complète) zoophiles et/ou anthropophiles pouvant être endophiles ou exophiles avec une tendance à l’endophagie ou à l’exophagie. Seules les femelles sont hématophages et transmettent le paludisme.
Répartition Géographique
Elle est étroitement liée aux conditions de l’écosystème (température, pluviométrie, altitude), à la nature de la faune et de la flore et à l’écologie des vecteurs. Mais aussi au niveau de développement, caractérisant les actions menées grâce auxquelles certaines régions ont pu éradiquer le paludisme comme le Maroc en 2010 [40]. D’une manière générale la transmission est assez dense dans la zone intertropicale entre le 30° de latitude Nord et le 30° de latitude Sud [47] avec des disparités d’un continent à un autre ou même au sein d’une même localité comme c’est le cas en Thaïlande [61].
Cependant, il est nécessaire de mentionner la présence de deux formes de paludisme pouvant favoriser sa présence dans certaines zones où il a été éradiqué ou jusqu’alors indemne, il s’agit du paludisme d’importation [68] et du paludisme des aéroports [32].
Manifestations Cliniques
Deux formes majeures sont habituellement observées : l’accès palustre simple, d’évolution rapide surtout chez les enfants lorsqu’il est dû à P. falciparum et le paludisme grave avec ses risques de complications.
Accès palustre
Au moment de la rupture des schizontes, il y a la libération d’endotoxines dont l’hemozoine, active sur la production de cytokines et la thermogenèse. Au départ, la fièvre qui en découle est irrégulière et peu perceptible mais au rythme des schizogonies érythrocytaires, elle s’intensifie. Après plusieurs cycles, un éclatement massif et synchrone conduit à des pics thermiques cycliques de 39°C – 41°C. Ces pics sont une composante majeure et importante de la triade classique observée lors des accès palustres à savoir « frissons-chaleurs-sueurs ». Cette crise typique, se produit avec une périodicité inféodée à la durée de la schizogonie, propre à chaque espèce. Ainsi, elle se déroule selon un rythme, de 48h pour P. falciparum, P. vivax et P. ovale (fièvre tierce), de 72h pour P. malariae (fièvre quarte) et de 24h pour P. knowlesi donnant lieu à des crises quotidiennes. [63] L’évolution peut se faire vers la guérison ou vers des accès tardifs avec reviviscence schizogonique de plusieurs mois à quelques années pour P. malariae, P. vivax et P. ovale. Mais, elle est très souvent défavorable avec P. falciparum avec risques d’aggravations et de menaces sur le pronostic vital de l’individu, lorsqu’une prise en charge correcte ne se fait pas dans les meilleurs délais.
Paludisme grave
Le paludisme grave ou accès pernicieux est la forme redoutable du paludisme. Surtout dû à P. falciparum ou quelquefois P. vivax ou P. knowlesi. En plus de l’état grabataire qu’il entraine, il s’accompagne de dysfonctionnements des organes vitaux et de troubles métaboliques pouvant conduire au coma et à la mort. Le neuropaludisme, l’anémie sévère et le syndrome de détresse respiratoire sont les complications, les plus fréquemment rencontrées lors des accès sévères, témoins d’une aggravation de la maladie. [44]
En 2000, l’OMS a actualisé les critères de gravité et définit le paludisme grave comme étant l’association entre la présence de formes asexuées de Plasmodium dans le sang et la présence d’au moins un des critères, clinique ou biologique. Ces critères sont énumérés dans le tableau suivant. [74]
Goutte épaisse
C’est une technique de micro-concentration qui permet d’évaluer la parasitémie du sujet, en comptant le nombre de parasites observés sur au minimum 200-500 leucocytes. La lecture permet d’identifier des trophozoïtes, des gamétocytes et des schizontes nus (rare pour P. falciparum) à côté des leucocytes, sur fond bleu clair. Sa sensibilité est de l’ordre de 10-50 parasites/microlitre de sang. Elle permet le calcul de la densité parasitaire, qui est obtenue par extrapolation selon le nombre total de leucocytes par microlitre de sang qui est estimé à 8000. Sa réalisation requiert cependant l’expertise d’un microscopiste expérimenté.
Autres techniques
Microscopie à fluorescence (QBC)
C’est une technique de détection par concentration, basée sur la mise en évidence des acides nucléiques du parasite par fluorescence directe après centrifugation. Elle est de préparation facile et la lecture se fait en moins de 5 minutes. Sa réalisation nécessite cependant un personnel formé et un appareillage spécial à savoir une centrifugeuse, un microscope à fluorescence et un tube capillaire contenant de l’acridine orange ou tube QBC. Elle a une sensibilité de 1 à 5 parasites/microlitre mais ne permet ni de quantifier les parasites, ni de faire le diagnostic d’espèce.
Techniques immunochromatographiques
Elles reposent sur la détection d’antigènes palustres. Le principe repose sur une réaction antigène-anticorps par le biais d’anticorps monoclonaux préalablement fixés sur une membrane de nitrocellulose. Et dans un deuxième temps à révéler cette relation par le biais d’anticorps monoclonaux couplés à des particules colorées révélatrices.
La réalisation du test est facile et ne nécessite ni électricité, ni eau ou laboratoire spécialisé. Ils sont présentés sous forme de Kit à usage unique prêt à l’emploi. Cet avantage fait qu’ils peuvent être disponibles dans toutes les régions endémiques et utilisés dans les services de soins périphériques pour le diagnostic biologique.
Selon (les) l’antigène(s) ciblé(s), il existe différents sortes de Test de Diagnostic Rapide (TDR). Et certains de ces antigènes sont spécifiques d’une espèce telle que :
– L’Histidine Rich Protein2 (HRP-2), c’est une glycoprotéine spécifique de P. falciparum ;
– P. falciparum LDH (lactate déshydrogénase) c’est une enzyme glycolytique du parasite qui disparait plus vite que la HRP-2 ;
– P. vivax LDH.
D’autres antigènes sont communs aux espèces et donc permettent une détection du parasite quelque soit l’espèce plasmodiale responsable, il s’agit de :
– L’aldolase ;
– La pLDH.
Cependant, ces tests ont quand même un seuil de détection d’environ 100-300 parasites/microlitre et peuvent donc donner lieu à des faux négatifs en cas de parasitémie faible (inférieure à 100). Et quelquefois même à des faux positifs comme c’est le cas pour les TDR détectant la HRP-2, glycoprotéine capable de persister plus de quinze (15) jours après un traitement mené à bien ou pour les TDR détectant la pLDH, enzyme retrouvée 5-6 jours après la disparition des plasmodies dans le sang. Ces faux positifs peuvent aussi résulter, de la présence de facteur rhumatoïde à des taux élevés, de la présence d’auto-anticorps ou d’une lecture trop tardive après dépôt des réactifs. Ce diagnostic, d’exécution facile permet un gain de temps énorme lors de la mise en route d’un traitement en cas de positivité du test. Et en cas de forte suspicion de paludisme, un TDR négatif devra être complété par une GE ou un frottis.
Techniques moléculaires
Réaction d’amplification en chaine par la polymérase (PCR)
C’est une méthode à seuil de détection très faible. Sa sensibilité est un atout lui permettant de différencier des espèces à fortes ressemblances (P. malariae et P. knowlesi) ou même lors de pauciparasitémies. Plusieurs cibles d’amplifications existent, basées sur des gènes spécifiques ou communs (le gène codant pour la grande sous-unité de l’ARN ribosomal). C’est une technique très coûteuse, et n’est faite que par des laboratoires spécialisés.
Loop Mediated Isothermal Amplification (LAMP): Illumigene Malaria
C’est une technique de détection des acides nucléiques qui présente un véritable intérêt dans le diagnostic du paludisme et plus particulièrement dans un cadre qui a pour objectif l’élimination du paludisme. La LAMP diffère de la PCR en plusieurs points. Premièrement, c’est un processus isothermal d’amplification reposant sur la polymérase de Bacillus stearothermophilus (Bst). Elle ne nécessite pas de changement cyclique de la température [36] contrairement à la PCR ; cela facilite l’adaptation sur le champ d’étude.
Deuxièmement, une réaction positive à la LAMP se traduit par la formation d’un précipité de pyrophosphate de magnésium qui peut être détecté visuellement, par turbidimétrie. [36]
La LAMP a été utilisée pour identifier toutes les espèces de Plasmodium [26] y compris P. knowlesi [22, 27] et les amorces de LAMP ont été améliorées pour augmenter la sensibilité de sorte que P. falciparum [56, 69] et P. vivax [28, 45] puissent être détectés. Des kits commerciaux Loopamp ont été validés pour la détection de P. falciparum [20], y compris les faibles densités parasitaires [23] et pour la détection indirecte de P. vivax utilisant une combinaison d’amorces pan-genres et spécifiques de P. falciparum [73]. Toutefois, un haut débit de traitement ferait de la technique LAMP une méthode largement applicable [21] dans le but d’une élimination du paludisme. Quoique pour la plupart des plateformes LAMP, le temps de traitement soit rapide (60-90 min), le haut débit est toujours restreint par la nature de la plateforme utilisée.
Le laboratoire de Parasitologe-Mycologie de l’Hôpital Aristide Le Dantec en collaboration avec le Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) d’Atlanta (USA) et la compagnie Meridian Biosciences ont pu mettre au point et valider illumigene Malaria appliquée au diagnostic et au suivi du paludisme. Illumigene Malaria présente un véritable avantage sur la microscopie. Un seuil de détection de 0,2 et 0,06 parasite par microlitre (P. falciparum et P. vivax respectivement) était noté lors de la validation à CDC Atlanta avec détection des cinq espèces plasmodiales [39].
Le diagnostic du paludisme par l’utilisation d’une technique illumigene Malaria qui combine simplicité, rapidité et un bon rendement représente une approche efficace. La LAMP illumigene Malaria simplifie les aspects techniquement compliqués des autres méthodes de biologie moléculaire et peut contribuer largement au programme de lutte contre le paludisme du fait de sa bonne sensibilité et de sa bonne spécificité dans la détection des Plasmodium qui peuvent passer inaperçus à la microscopie [12].
Méthodes sérologiques
Elles visent à chercher des vestiges de paludisme chez un sujet non-immun à travers ses anticorps. Elles n’ont pas d’utilité dans le diagnostic d’urgence et dans les régions fortement impaludées. En pratique elles sont utilisées pour le dépistage chez les donneurs, dans les enquêtes épidémiologiques, et dans le diagnostic d’une fièvre prolongée inexpliquée hors zone d’endémie. Les techniques utilisées sont l’immunofluorescence indirecte, l’immunoélectrophorèse, l’immunoenzymologie (ELISA), l’immunodiffusion etc.
DÉTERMINANTS ÉPIDÉMIOLOGIQUES
Le paludisme sévit de manière endémique au Sénégal, sa transmission s’effectue principalement pendant la saison des pluies et au début de la saison sèche. Selon l’incidence, deux faciès épidémiologiques se distinguent dans ce pays :
– un faciès tropical qui regroupe les régions de Kolda, Kédougou Tambacounda et Ziguinchor. Il est caractérisé par une transmission saisonnière de 4 à 6 mois, de juillet à décembre.
– un faciès sahélien qui regroupe les régions du centre et du nord du pays. Il est caractérisé par une transmission saisonnière courte (< à 4 mois environ d’Août à Octobre).
Indices épidémiologiques
Chez l’Homme
L’indice gamétocytaire (IG) : il représente le pourcentage de sujets porteurs de gamétocytes dans la population. C’est un indicateur du potentiel infectant des individus sur les anophèles.
L’indice splénique (IS) : il correspond au nombre de sujets présentant une splénomégalie par rapport à 100 sujets examinés.
L’indice plasmodique (IP) : c’est le pourcentage de sujets, porteurs d’hématozoaires dans le sang périphérique.
Chez les enfants âgés de 2 à 9 ans, les valeurs de ces deux derniers indices ont été utilisées afin de définir les différentes régions d’endémie palustre (Holo, Hyper, Méso, Hypo endémique). A ces régions, correspondent un degré de transmission selon la saison et une variance du type de paludisme. Chez les adultes des régions impaludées, il y a une immunité (prémunition) qui s’installe progressivement due aux nombreux contacts avec le parasite depuis l’enfance.
Dans le tableau suivant est établie la relation entre la transmission, l’immunité des adultes et les différentes zones d’endémie selon l’IS et l’IP des enfants de 2 à 9 ans.
STRATÉGIES DE LUTTE
Au niveau mondial
Elles reflètent les actions mises en œuvre par les différents partenaires et traduisent l’engagement des acteurs d’éliminer voire même d’éradiquer le paludisme dans le monde.
L’une des premières mesures, fut la création du partenariat Faire Reculer le Paludisme (FRP). Ce partenariat mondial est un organe de concertation politique, de plaidoiries, de conseils et d’appels à l’action pour les pays endémiques et les organismes internationaux. Son rôle est de faciliter l’accès des personnes les plus exposées à des interventions d’un bon rapport coût-efficacité et de créer les conditions d’élimination et d’éradication du paludisme. La stratégie mondiale repose sur trois axes majeurs :
Contrôle : il consiste à intensifier les interventions préventives et thérapeutiques pour un impact réel, s’appuyant sur des systèmes de santé renforcés. Et, à assurer un contrôle durable dans le temps grâce au maintien de la couverture universelle des interventions, jusqu’à l’entrée en phase d’élimination, des pays endémiques.
Élimination : elle correspond à un niveau de résultats satisfaisants des interventions, se traduisant par une réduction à zéro de l’incidence de l’infection palustre, contractée localement dans une zone géographique spécifique. Ce niveau tant souhaité, ne constitue en réalité qu’un rempart vers l’objectif ultime à savoir la réduction à zéro, de façon permanente, de l’incidence mondiale de l’infection à Plasmodium.
Recherche : elle correspond à la création, à la mise en œuvre de nouvelles interventions préventives et thérapeutiques, de meilleures qualités et/ou à l’amélioration de l’efficacité de celles entreprises, dans la perspective d’orienter les politiques sur des programmes plus adaptés aux différents contextes.
Il est clair que cette volonté, d’expression collective, ne peut se faire sans des ressources considérables, jamais dégagées auparavant. Il est donc nécessaire que les partenaires et les États en particuliers fassent preuves de plus de responsabilité dans la gestion des interventions et que les efforts consentis jusque là ne soient vains, suite à une réduction, voire une rupture des fonds alloués.
Au niveau national
Le Sénégal a longtemps affiché son engagement et a adhéré à toutes les grandes initiatives internationales dans le cadre de la lutte contre le paludisme. En effet, il s’est doté d’une instance forte, polarisant toutes les actions menées allant dans le sens de contrôler puis d’éliminer le paludisme : le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). Ce dernier, depuis 2005 a su bâtir un partenariat fructueux avec divers acteurs nationaux et internationaux, et créer un cadre de concertation des partenaires afin de coordonner les actions et programmes à mener pour l’atteinte des objectifs.
Prévention
Elle constitue l’une des interventions majeures en matière de lutte. Sa réussite passe essentiellement par une appropriation de ces mesures par les populations. Pour se faire le PNLP et ses partenaires se sont orientés vers la communication, l’information et l’éducation des masses pour un changement des comportements. A cela s’ajoute les interventions à base communautaires, visant un transfert de compétences vers les districts (programmes P15 et ABCD) et vers les populations (projet PECADOM). La stratégie préventive nationale repose sur quatre points :
Lutte anti-vectorielle (LAV) : c’est l’ensemble des mesures collectives et/ou individuelles prises pour réduire au maximum la présence du vecteur et sa capacité de nuisance. Elle comprend :
– l’aspersion intradomicilaire (AID) d’insecticides à effet rémanent des zones ciblées ;
– la distribution ciblée et de masse, de moustiquaires imprégnées d’insecticides (MII), leur gratuité pour les femmes en consultation prénatale et leur ré-imprégnation pour celles en perte d’efficacité ;
– la lutte anti-larvaire (LAL) par le traitement des gîtes larvaires, l’assainissement et le curage des canaux d’évacuation.
Traitement préventif intermittent (TPI) : c’est l’administration d’au moins deux doses de Sulfadoxine-Pyriméthamine (SP) en traitement directement observé (TDO) à partir de la 16eme semaine d’aménorrhée. C’est une protection pour la mère et une prévention pour le fœtus contre le passage éventuel des parasites à travers le placenta.
Chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) : c’est une mesure prophylactique utilisée dans les régions de forte transmission saisonnière selon les recommandations de l’OMS. Elle est destinée aux enfants âgés de 3 à 120 mois et consiste en une administration mensuelle d’un traitement complet de trois jours de SP + Amodiaquine. Selon l’intensité de la pluviométrie de la zone concernée, la CPS s’étale sur trois (3) mois à partir du mois d’août (Kolda, Sédhiou, Tambacounda) où sur quatre (4) mois à partir du mois de Juillet (Kédougou). Un mois d’intervalle est nécessaire entre deux cycles de traitement et la prise du premier jour du cycle doit être faite en TDO.
Chimio-prophylaxie du voyageur : elle concerne les sujets n’ayant jamais séjourné en zone endémique et ceux ayant fait plus de deux ans en zone non endémique et qui retournent en zone d’endémie palustre. La prophylaxie peut être faite avec de la chloroquine (exceptés, les pays classés chloroquine-résistants comme le Sénégal), de la doxycilline ou avec une association d’Atovaquone-Proguanil. Elle doit débuter le jour d’avant le départ ou le jour-j, pour se poursuivre durant le séjour, et finir quelques jours après être rentré, sans négliger les autres mesures prophylactiques.
Prise en charge
Elle a considérablement évolué depuis l’avènement des CTA en 2006 pour le traitement des cas, et des TDR en 2007 pour un diagnostic biologique systématique des supposés cas.
Traitement du paludisme simple : il repose sur l’utilisation des CTA, les plus prescrites sont :
– Artémether (4mg/kg) + Luméfantrine (12mg/kg) par prise, deux fois par jour pendant 3 jours ;
– Artésunate (4mg/kg/j) + Amodiaquine (10mg/kg/j) en une prise journalière, pendant 3 jours ;
– Dihydroartémisinine (4mg/kg/j) + Pipéraquine phosphate (18mg/kg/j) en une prise quotidienne sur 3 jours consécutifs.
Pour les femmes enceintes, en dehors du premier trimestre ou la quinine est de mise pour le paludisme simple, ces mêmes CTA peuvent être utilisés à l’exception de l’association Dihydroartémisinine-Piperaquine phosphate qui peut présenter des risques de toxicité pour le fœtus.
Traitement du paludisme grave : il relève de l’urgence et doit débuter le plus tôt possible dans une structure sanitaire avec un personnel qualifié, afin d’améliorer le pronostic vital du patient. En plus de la correction des troubles métaboliques éventuels et de la prise en charge symptomatique, le traitement se fera par voie parentérale avec de la quinine, où avec de l’artésunate où avec de l’artémether.
Pharmaco-Résistance
La résistance aux antipaludiques est un phénomène qui a débuté quelques années après la mise en œuvre du traitement par la chloroquine, en 1960. Elle s’est poursuivie après le déploiement des médicaments qui ont remplacé la chloroquine : résistance à l’amodiaquine, aux antifolates, à la méfloquine. [15]. La montée des multirésistances a amené l’OMS à préconiser, il y a une quinzaine d’années, l’utilisation de combinaisons comprenant un dérivé de l’artémisinine (CTA) pour le traitement du paludisme simple. [77]
Aujourd’hui encore, on assiste en Asie du Sud-Est à l’émergence de parasites résistants aux dérivés des artémisinines et cette résistance est observée chez trois des cinq espèces parasites de l’homme (P.falciparum, P. vivax et P. malariae). La résistance du parasite Plasmodium falciparum à l’artémisinine a été détectée dans cinq pays de la sous-région du Grand Mékong. Au Cambodge, des taux d’échec au traitement ont été observés pour quatre types d’ACT. [46]
Le phénomène de la résistance à l’artémisinine, est un problème majeur de santé publique, d’autant plus qu’aucune alternative thérapeutique n’est actuellement disponible. Il est donc urgent, à l’instar du Plan mondial de la maîtrise de la résistance à l’artémisinin (GPARC), de maîtriser ou d’éliminer la résistance à l’artémisinine là où elle existe déjà ainsi que de prévenir la résistance là où elle n’est pas encore apparue. [41]
Vaccin antipaludique
Selon l’OMS, le vaccin dénommé RTS,S est le seul à achever avec succès les essais de Phase 3. Il sera déployé dans le cadre de projets pilotes dans trois pays d’Afrique Subsaharienne à partir de 2018. C’est un vaccin actif sur P. falciparum, administrable en quatre (4) doses, et qui confère une protection partielle contre le paludisme chez le jeune enfant.
Ce vaccin est envisagé à titre d’outil complémentaire de lutte contre le paludisme, susceptible d’être utilisé en supplément et non en remplacement des mesures essentielles de prévention, de diagnostic et de traitement employées actuellement.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : Rappels Bibliographiques
I. ÉPIDÉMIOLOGIE
1.1. Définition
1.2. Historique
1.3. Agents Pathogènes
1.3.1. Classification
1.3.2. Morphologie
1.3.3. Transmission
1.3.4. Cycle Évolutif
1.4. Vecteur
1.5. Répartition Géographique
1.6. Manifestations Cliniques
1.6.1. Accès palustre
1.6.2. Paludisme grave
1.7. Diagnostic biologique
1.7.1. Diagnostic parasitologique
1.7.1.1. Frottis mince
1.7.1.2. Goutte épaisse
1.7.2. Autres techniques
1.7.2.1. Microscopie à fluorescence (QBC)
1.7.2.2. Techniques immunochromatographiques
1.7.2.3. Techniques moléculaires
1.7.2.3.1. Réaction d’amplification en chaine par la polymérase (PCR)
1.7.2.3.2. Loop Mediated Isothermal Amplification (LAMP): Illumigene Malaria
1.7.2.4. Méthodes sérologiques
II. DÉTERMINANTS ÉPIDÉMIOLOGIQUES
2.1. Indices épidémiologiques
2.1.1. Chez l’homme
2.1.2. Chez le vecteur
2.2. Indicateurs épidémiologiques
2.2.1. Prévalence
2.2.2. Incidence
2.2.3. Morbi-Mortalité
2.2.4. Létalité
III. STRATÉGIES DE LUTTE
3.1. Au niveau mondial
3.2.1. Prévention
3.2.2. Prise en charge
3.3. Pharmaco-résistance
3.4. Vaccin antipaludique
DEUXIÈME PARTIE : Travail personnel
I. MÉTHODOLOGIE
1.1. Cadre d’étude
1.2. Population d’étude
1.3. Diagnostic biologique
1.4. Analyse statistique
II. RÉSULTATS
2.1. Caractéristique de l’échantillon
2.1.1. Répartition des patients selon le sexe
2.1.2. Répartition des patients selon l’âge
2.2. Répartition des demandes de diagnostic
2.2.1. Répartition des demandes par année
2.2.2. Répartition des demandes de diagnostic par mois
2.2.3. Répartition des demandes de diagnostic en fonction de la saison
2.3. Résultats de la microscopie
2.3.1. Positivité par année
2.3.2. Positivité par mois
2.3.3. Positivité selon la saison
2.3.4. Positivité selon le sexe des patients
2.3.5. Positivité selon l’âge des patients
2.3.6. Positivité selon l’espèce plasmodiale
III. DISCUSSION
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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