Loop Mediated Isothermal Amplification (LAMP): Illumigene Malaria

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Cycle รฉvolutifย 

Il se dรฉroule en trois phases et sur deux hรดtes dont lโ€™un hรฉberge la multiplication asexuรฉe et lโ€™autre, celle sexuรฉe (Figure 6).
La schizogonie ou multiplication asexuรฉe comporte deux phases. La premiรจre, hรฉpatique ou exo-รฉrythrocytaire, dรฉbute aprรจs lโ€™injection de sporozoรฏtes au cours dโ€™un repas sanguin infestant du vecteur sur lโ€™hรดte. Les parasites, inoculรฉs dans la peau, migrent en direction du foie, par les capillaires sinusoรฏdes et ร  travers le revรชtement endothรฉlial pรฉnรจtrent dans les hรฉpatocytes.
Dans la cellule, le sporozoรฏte se transforme en trophozoรฏte puis en schizonte prรฉ-รฉrythrocytaire. Au bout de 7 ร  15 jours de maturitรฉ, lโ€™hรฉpatocyte contenant le schizonte ou ยซ corps bleu ยป รฉclate et libรจre les mรฉrozoรฏtes dans la circulation sanguine. Ces derniers vont parasiter les globules rouges enclenchant ainsi la deuxiรจme phase, sanguine ou รฉrythrocytaire.
Dans lโ€™hรฉmatie, le mรฉrozoรฏte รฉvolue en trophozoรฏte puis en schizonte et ร  maturitรฉ (corps en rosace) fait รฉclater la cellule au bout de 24 (knowlesi), 48 (vivax, ovale, falciparum) ou 72 heures (malariae) avec libรฉration dโ€™autres mรฉrozoรฏtes (8 ร  32) dans la circulation.
Aprรจs plusieurs cycles sanguins, certains mรฉrozoรฏtes รฉvoluent et se transforment en gamรฉtocytes.
La survie des gamรฉtocytes ne peut se faire au-delร  de 3 semaines chez lโ€™homme. Pour que le cycle sexuรฉ puisse se dรฉrouler, il est donc nรฉcessaire que ces gamรฉtocytes soient absorbรฉs par le vecteur, par le biais dโ€™une piqรปre chez lโ€™hรดte infestรฉ : cโ€™est le dรฉbut de la sporogonie.
Au cours de cette phase, les gamรฉtocytes diffรฉrenciรฉs sโ€™unissent, la fรฉcondation conduit ร  un ล“uf mobile appelรฉ ookinรฉte qui migre en traversant la paroi stomacale du moustique et devient un oocyste. Arrivรฉe ร  maturitรฉ, la membrane de cette vacuole remplie de sporozoรฏtes se rompt. Ces derniers, libรฉrรฉs, se dirigent vers la glande salivaire oรน ils poursuivent leur maturation et attendent dโ€™รชtre rรฉintroduits chez lโ€™homme par une nouvelle piqรปre. Ainsi, le cycle se poursuit assurant la pรฉrennitรฉ de la transmission du paludisme.

Vecteurย 

Le paludisme est transmis aux mammifรจres par un insecte du genre Anopheles qui appartient ร  lโ€™embranchement des Arthropodes, ร  la classe des Insectes, ร  lโ€™ordre des Diptรจres, ร  la famille des Culicidae et ร  la sous-famille des Anophelinae. Ce genre contient 6 Sous-genres et lโ€™ensemble des vecteurs de Plasmodium humains appartiennent ร  4 dโ€™entre eux ร  savoir Anopheles Meigen, 1818 ; Cellia Theobald, 1902 ; Nyssorhynchus Blanchard, 1902 ; Kerteszia Theobald, 1905. Il existe 484 espรจces, parmi lesquelles environ 70 sont capables de transmettre les parasites du genre Plasmodium, 41 vecteurs majeurs ont รฉtรฉ rรฉpertoriรฉs, regroupรฉs en 24 complexes dโ€™anophรจles reconnus dont 12 sont retrouvรฉs en Asie, 5 en Amรฉrique, 1 en Europe et 3, en Afrique et en rรฉgion Australo-Pacifique. Les complexes prรฉsents en Afrique sont Anopheles gambiae, An. marshallii et An. nili. Le complexe An. gambiae regroupe 7 espรจces An. gambiae sensu stricto, An. arabiensis, An. melas, An. merus, An. bwambae, An. quadriannulatus A et An. quadriannulatus B.
Un complexe est un ensemble dโ€™individus, gรฉnรฉtiquement diffรฉrents mais morphologiquement identiques.
Au Sรฉnรฉgal, une vingtaine dโ€™espรจces environ รฉtaient recensรฉes mais 6 sont prรฉsentement retrouvรฉs, dont trois vecteurs majeurs ร  savoir Anopheles gambiae ss, An. arabiensis, An. funestus et trois vecteurs secondaires responsable dโ€™une transmission localisรฉe, il sโ€™agit dโ€™An. melas, dโ€™An. nili et dโ€™An. pharoensis. Les anophรจles sont des insectes holomรฉtaboles (mรฉtamorphose complรจte) zoophiles et/ou anthropophiles pouvant รชtre endophiles ou exophiles avec une tendance ร  lโ€™endophagie ou ร  lโ€™exophagie. Seules les femelles sont hรฉmatophages et transmettent le paludisme.

Rรฉpartition Gรฉographique

Elle est รฉtroitement liรฉe aux conditions de lโ€™รฉcosystรจme (tempรฉrature, pluviomรฉtrie, altitude), ร  la nature de la faune et de la flore et ร  lโ€™รฉcologie des vecteurs. Mais aussi au niveau de dรฉveloppement, caractรฉrisant les actions menรฉes grรขce auxquelles certaines rรฉgions ont pu รฉradiquer le paludisme comme le Maroc en 2010 [40]. Dโ€™une maniรจre gรฉnรฉrale la transmission est assez dense dans la zone intertropicale entre le 30ยฐ de latitude Nord et le 30ยฐ de latitude Sud [47] avec des disparitรฉs dโ€™un continent ร  un autre ou mรชme au sein dโ€™une mรชme localitรฉ comme cโ€™est le cas en Thaรฏlande [61].
Cependant, il est nรฉcessaire de mentionner la prรฉsence de deux formes de paludisme pouvant favoriser sa prรฉsence dans certaines zones oรน il a รฉtรฉ รฉradiquรฉ ou jusquโ€™alors indemne, il sโ€™agit du paludisme dโ€™importation [68] et du paludisme des aรฉroports [32].

Manifestations Cliniques

Deux formes majeures sont habituellement observรฉes : lโ€™accรจs palustre simple, dโ€™รฉvolution rapide surtout chez les enfants lorsquโ€™il est dรป ร  P. falciparum et le paludisme grave avec ses risques de complications.

Accรจs palustre

Au moment de la rupture des schizontes, il y a la libรฉration dโ€™endotoxines dont lโ€™hemozoine, active sur la production de cytokines et la thermogenรจse. Au dรฉpart, la fiรจvre qui en dรฉcoule est irrรฉguliรจre et peu perceptible mais au rythme des schizogonies รฉrythrocytaires, elle sโ€™intensifie. Aprรจs plusieurs cycles, un รฉclatement massif et synchrone conduit ร  des pics thermiques cycliques de 39ยฐC – 41ยฐC. Ces pics sont une composante majeure et importante de la triade classique observรฉe lors des accรจs palustres ร  savoir ยซ frissons-chaleurs-sueurs ยป. Cette crise typique, se produit avec une pรฉriodicitรฉ infรฉodรฉe ร  la durรฉe de la schizogonie, propre ร  chaque espรจce. Ainsi, elle se dรฉroule selon un rythme, de 48h pour P. falciparum, P. vivax et P. ovale (fiรจvre tierce), de 72h pour P. malariae (fiรจvre quarte) et de 24h pour P. knowlesi donnant lieu ร  des crises quotidiennes. [63] Lโ€™รฉvolution peut se faire vers la guรฉrison ou vers des accรจs tardifs avec reviviscence schizogonique de plusieurs mois ร  quelques annรฉes pour P. malariae, P. vivax et P. ovale. Mais, elle est trรจs souvent dรฉfavorable avec P. falciparum avec risques dโ€™aggravations et de menaces sur le pronostic vital de lโ€™individu, lorsquโ€™une prise en charge correcte ne se fait pas dans les meilleurs dรฉlais.

Paludisme grave

Le paludisme grave ou accรจs pernicieux est la forme redoutable du paludisme. Surtout dรป ร  P. falciparum ou quelquefois P. vivax ou P. knowlesi. En plus de lโ€™รฉtat grabataire quโ€™il entraine, il sโ€™accompagne de dysfonctionnements des organes vitaux et de troubles mรฉtaboliques pouvant conduire au coma et ร  la mort. Le neuropaludisme, lโ€™anรฉmie sรฉvรจre et le syndrome de dรฉtresse respiratoire sont les complications, les plus frรฉquemment rencontrรฉes lors des accรจs sรฉvรจres, tรฉmoins dโ€™une aggravation de la maladie. [44]
En 2000, lโ€™OMS a actualisรฉ les critรจres de gravitรฉ et dรฉfinit le paludisme grave comme รฉtant lโ€™association entre la prรฉsence de formes asexuรฉes de Plasmodium dans le sang et la prรฉsence dโ€™au moins un des critรจres, clinique ou biologique. Ces critรจres sont รฉnumรฉrรฉs dans le tableau suivant. [74]

Goutte รฉpaisse

Cโ€™est une technique de micro-concentration qui permet dโ€™รฉvaluer la parasitรฉmie du sujet, en comptant le nombre de parasites observรฉs sur au minimum 200-500 leucocytes. La lecture permet dโ€™identifier des trophozoรฏtes, des gamรฉtocytes et des schizontes nus (rare pour P. falciparum) ร  cรดtรฉ des leucocytes, sur fond bleu clair. Sa sensibilitรฉ est de lโ€™ordre de 10-50 parasites/microlitre de sang. Elle permet le calcul de la densitรฉ parasitaire, qui est obtenue par extrapolation selon le nombre total de leucocytes par microlitre de sang qui est estimรฉ ร  8000. Sa rรฉalisation requiert cependant lโ€™expertise dโ€™un microscopiste expรฉrimentรฉ.

Autres techniques

Microscopie ร  fluorescence (QBC)

Cโ€™est une technique de dรฉtection par concentration, basรฉe sur la mise en รฉvidence des acides nuclรฉiques du parasite par fluorescence directe aprรจs centrifugation. Elle est de prรฉparation facile et la lecture se fait en moins de 5 minutes. Sa rรฉalisation nรฉcessite cependant un personnel formรฉ et un appareillage spรฉcial ร  savoir une centrifugeuse, un microscope ร  fluorescence et un tube capillaire contenant de lโ€™acridine orange ou tube QBC. Elle a une sensibilitรฉ de 1 ร  5 parasites/microlitre mais ne permet ni de quantifier les parasites, ni de faire le diagnostic dโ€™espรจce.

Techniques immunochromatographiques

Elles reposent sur la dรฉtection dโ€™antigรจnes palustres. Le principe repose sur une rรฉaction antigรจne-anticorps par le biais dโ€™anticorps monoclonaux prรฉalablement fixรฉs sur une membrane de nitrocellulose. Et dans un deuxiรจme temps ร  rรฉvรฉler cette relation par le biais dโ€™anticorps monoclonaux couplรฉs ร  des particules colorรฉes rรฉvรฉlatrices.
La rรฉalisation du test est facile et ne nรฉcessite ni รฉlectricitรฉ, ni eau ou laboratoire spรฉcialisรฉ. Ils sont prรฉsentรฉs sous forme de Kit ร  usage unique prรชt ร  lโ€™emploi. Cet avantage fait quโ€™ils peuvent รชtre disponibles dans toutes les rรฉgions endรฉmiques et utilisรฉs dans les services de soins pรฉriphรฉriques pour le diagnostic biologique.
Selon (les) lโ€™antigรจne(s) ciblรฉ(s), il existe diffรฉrents sortes de Test de Diagnostic Rapide (TDR). Et certains de ces antigรจnes sont spรฉcifiques dโ€™une espรจce telle que :
– L’Histidine Rich Protein2 (HRP-2), cโ€™est une glycoprotรฉine spรฉcifique de P. falciparum ;
– P. falciparum LDH (lactate dรฉshydrogรฉnase) cโ€™est une enzyme glycolytique du parasite qui disparait plus vite que la HRP-2 ;
– P. vivax LDH.
Dโ€™autres antigรจnes sont communs aux espรจces et donc permettent une dรฉtection du parasite quelque soit lโ€™espรจce plasmodiale responsable, il sโ€™agit de :
– Lโ€™aldolase ;
– La pLDH.
Cependant, ces tests ont quand mรชme un seuil de dรฉtection dโ€™environ 100-300 parasites/microlitre et peuvent donc donner lieu ร  des faux nรฉgatifs en cas de parasitรฉmie faible (infรฉrieure ร  100). Et quelquefois mรชme ร  des faux positifs comme cโ€™est le cas pour les TDR dรฉtectant la HRP-2, glycoprotรฉine capable de persister plus de quinze (15) jours aprรจs un traitement menรฉ ร  bien ou pour les TDR dรฉtectant la pLDH, enzyme retrouvรฉe 5-6 jours aprรจs la disparition des plasmodies dans le sang. Ces faux positifs peuvent aussi rรฉsulter, de la prรฉsence de facteur rhumatoรฏde ร  des taux รฉlevรฉs, de la prรฉsence dโ€™auto-anticorps ou dโ€™une lecture trop tardive aprรจs dรฉpรดt des rรฉactifs. Ce diagnostic, dโ€™exรฉcution facile permet un gain de temps รฉnorme lors de la mise en route dโ€™un traitement en cas de positivitรฉ du test. Et en cas de forte suspicion de paludisme, un TDR nรฉgatif devra รชtre complรฉtรฉ par une GE ou un frottis.

Techniques molรฉculaires

Rรฉaction dโ€™amplification en chaine par la polymรฉrase (PCR)

Cโ€™est une mรฉthode ร  seuil de dรฉtection trรจs faible. Sa sensibilitรฉ est un atout lui permettant de diffรฉrencier des espรจces ร  fortes ressemblances (P. malariae et P. knowlesi) ou mรชme lors de pauciparasitรฉmies. Plusieurs cibles dโ€™amplifications existent, basรฉes sur des gรจnes spรฉcifiques ou communs (le gรจne codant pour la grande sous-unitรฉ de lโ€™ARN ribosomal). Cโ€™est une technique trรจs coรปteuse, et nโ€™est faite que par des laboratoires spรฉcialisรฉs.

Loop Mediated Isothermal Amplification (LAMP): Illumigene Malaria

Cโ€™est une technique de dรฉtection des acides nuclรฉiques qui prรฉsente un vรฉritable intรฉrรชt dans le diagnostic du paludisme et plus particuliรจrement dans un cadre qui a pour objectif lโ€™รฉlimination du paludisme. La LAMP diffรจre de la PCR en plusieurs points. Premiรจrement, cโ€™est un processus isothermal dโ€™amplification reposant sur la polymรฉrase de Bacillus stearothermophilus (Bst). Elle ne nรฉcessite pas de changement cyclique de la tempรฉrature [36] contrairement ร  la PCR ; cela facilite lโ€™adaptation sur le champ dโ€™รฉtude.
Deuxiรจmement, une rรฉaction positive ร  la LAMP se traduit par la formation dโ€™un prรฉcipitรฉ de pyrophosphate de magnรฉsium qui peut รชtre dรฉtectรฉ visuellement, par turbidimรฉtrie. [36]
La LAMP a รฉtรฉ utilisรฉe pour identifier toutes les espรจces de Plasmodium [26] y compris P. knowlesi [22, 27] et les amorces de LAMP ont รฉtรฉ amรฉliorรฉes pour augmenter la sensibilitรฉ de sorte que P. falciparum [56, 69] et P. vivax [28, 45] puissent รชtre dรฉtectรฉs. Des kits commerciaux Loopamp ont รฉtรฉ validรฉs pour la dรฉtection de P. falciparum [20], y compris les faibles densitรฉs parasitaires [23] et pour la dรฉtection indirecte de P. vivax utilisant une combinaison dโ€™amorces pan-genres et spรฉcifiques de P. falciparum [73]. Toutefois, un haut dรฉbit de traitement ferait de la technique LAMP une mรฉthode largement applicable [21] dans le but dโ€™une รฉlimination du paludisme. Quoique pour la plupart des plateformes LAMP, le temps de traitement soit rapide (60-90 min), le haut dรฉbit est toujours restreint par la nature de la plateforme utilisรฉe.
Le laboratoire de Parasitologe-Mycologie de lโ€™Hรดpital Aristide Le Dantec en collaboration avec le Centers for Diseases Control and Prevention (CDC) dโ€™Atlanta (USA) et la compagnie Meridian Biosciences ont pu mettre au point et valider illumigene Malaria appliquรฉe au diagnostic et au suivi du paludisme. Illumigene Malaria prรฉsente un vรฉritable avantage sur la microscopie. Un seuil de dรฉtection de 0,2 et 0,06 parasite par microlitre (P. falciparum et P. vivax respectivement) รฉtait notรฉ lors de la validation ร  CDC Atlanta avec dรฉtection des cinq espรจces plasmodiales [39].
Le diagnostic du paludisme par lโ€™utilisation dโ€™une technique illumigene Malaria qui combine simplicitรฉ, rapiditรฉ et un bon rendement reprรฉsente une approche efficace. La LAMP illumigene Malaria simplifie les aspects techniquement compliquรฉs des autres mรฉthodes de biologie molรฉculaire et peut contribuer largement au programme de lutte contre le paludisme du fait de sa bonne sensibilitรฉ et de sa bonne spรฉcificitรฉ dans la dรฉtection des Plasmodium qui peuvent passer inaperรงus ร  la microscopie [12].

Mรฉthodes sรฉrologiques

Elles visent ร  chercher des vestiges de paludisme chez un sujet non-immun ร  travers ses anticorps. Elles nโ€™ont pas dโ€™utilitรฉ dans le diagnostic dโ€™urgence et dans les rรฉgions fortement impaludรฉes. En pratique elles sont utilisรฉes pour le dรฉpistage chez les donneurs, dans les enquรชtes รฉpidรฉmiologiques, et dans le diagnostic dโ€™une fiรจvre prolongรฉe inexpliquรฉe hors zone dโ€™endรฉmie. Les techniques utilisรฉes sont lโ€™immunofluorescence indirecte, lโ€™immunoรฉlectrophorรจse, lโ€™immunoenzymologie (ELISA), lโ€™immunodiffusion etc.

Dร‰TERMINANTS ร‰PIDร‰MIOLOGIQUESย 

Le paludisme sรฉvit de maniรจre endรฉmique au Sรฉnรฉgal, sa transmission sโ€™effectue principalement pendant la saison des pluies et au dรฉbut de la saison sรจche. Selon lโ€™incidence, deux faciรจs รฉpidรฉmiologiques se distinguent dans ce pays :
– un faciรจs tropical qui regroupe les rรฉgions de Kolda, Kรฉdougou Tambacounda et Ziguinchor. Il est caractรฉrisรฉ par une transmission saisonniรจre de 4 ร  6 mois, de juillet ร  dรฉcembre.
– un faciรจs sahรฉlien qui regroupe les rรฉgions du centre et du nord du pays. Il est caractรฉrisรฉ par une transmission saisonniรจre courte (< ร  4 mois environ dโ€™Aoรปt ร  Octobre).

Indices รฉpidรฉmiologiques

Chez lโ€™Homme

Lโ€™indice gamรฉtocytaire (IG) : il reprรฉsente le pourcentage de sujets porteurs de gamรฉtocytes dans la population. Cโ€™est un indicateur du potentiel infectant des individus sur les anophรจles.
Lโ€™indice splรฉnique (IS) : il correspond au nombre de sujets prรฉsentant une splรฉnomรฉgalie par rapport ร  100 sujets examinรฉs.
Lโ€™indice plasmodique (IP) : cโ€™est le pourcentage de sujets, porteurs dโ€™hรฉmatozoaires dans le sang pรฉriphรฉrique.
Chez les enfants รขgรฉs de 2 ร  9 ans, les valeurs de ces deux derniers indices ont รฉtรฉ utilisรฉes afin de dรฉfinir les diffรฉrentes rรฉgions dโ€™endรฉmie palustre (Holo, Hyper, Mรฉso, Hypo endรฉmique). A ces rรฉgions, correspondent un degrรฉ de transmission selon la saison et une variance du type de paludisme. Chez les adultes des rรฉgions impaludรฉes, il y a une immunitรฉ (prรฉmunition) qui sโ€™installe progressivement due aux nombreux contacts avec le parasite depuis lโ€™enfance.
Dans le tableau suivant est รฉtablie la relation entre la transmission, lโ€™immunitรฉ des adultes et les diffรฉrentes zones dโ€™endรฉmie selon lโ€™IS et lโ€™IP des enfants de 2 ร  9 ans.

STRATร‰GIES DE LUTTE

Au niveau mondialย 

Elles reflรจtent les actions mises en ล“uvre par les diffรฉrents partenaires et traduisent lโ€™engagement des acteurs dโ€™รฉliminer voire mรชme dโ€™รฉradiquer le paludisme dans le monde.
Lโ€™une des premiรจres mesures, fut la crรฉation du partenariat Faire Reculer le Paludisme (FRP). Ce partenariat mondial est un organe de concertation politique, de plaidoiries, de conseils et dโ€™appels ร  lโ€™action pour les pays endรฉmiques et les organismes internationaux. Son rรดle est de faciliter lโ€™accรจs des personnes les plus exposรฉes ร  des interventions dโ€™un bon rapport coรปt-efficacitรฉ et de crรฉer les conditions dโ€™รฉlimination et dโ€™รฉradication du paludisme. La stratรฉgie mondiale repose sur trois axes majeurs :
Contrรดle : il consiste ร  intensifier les interventions prรฉventives et thรฉrapeutiques pour un impact rรฉel, sโ€™appuyant sur des systรจmes de santรฉ renforcรฉs. Et, ร  assurer un contrรดle durable dans le temps grรขce au maintien de la couverture universelle des interventions, jusquโ€™ร  lโ€™entrรฉe en phase dโ€™รฉlimination, des pays endรฉmiques.
ร‰limination : elle correspond ร  un niveau de rรฉsultats satisfaisants des interventions, se traduisant par une rรฉduction ร  zรฉro de lโ€™incidence de lโ€™infection palustre, contractรฉe localement dans une zone gรฉographique spรฉcifique. Ce niveau tant souhaitรฉ, ne constitue en rรฉalitรฉ quโ€™un rempart vers lโ€™objectif ultime ร  savoir la rรฉduction ร  zรฉro, de faรงon permanente, de lโ€™incidence mondiale de lโ€™infection ร  Plasmodium.
Recherche : elle correspond ร  la crรฉation, ร  la mise en ล“uvre de nouvelles interventions prรฉventives et thรฉrapeutiques, de meilleures qualitรฉs et/ou ร  lโ€™amรฉlioration de lโ€™efficacitรฉ de celles entreprises, dans la perspective dโ€™orienter les politiques sur des programmes plus adaptรฉs aux diffรฉrents contextes.
Il est clair que cette volontรฉ, dโ€™expression collective, ne peut se faire sans des ressources considรฉrables, jamais dรฉgagรฉes auparavant. Il est donc nรฉcessaire que les partenaires et les ร‰tats en particuliers fassent preuves de plus de responsabilitรฉ dans la gestion des interventions et que les efforts consentis jusque lร  ne soient vains, suite ร  une rรฉduction, voire une rupture des fonds allouรฉs.

Au niveau nationalย 

Le Sรฉnรฉgal a longtemps affichรฉ son engagement et a adhรฉrรฉ ร  toutes les grandes initiatives internationales dans le cadre de la lutte contre le paludisme. En effet, il sโ€™est dotรฉ dโ€™une instance forte, polarisant toutes les actions menรฉes allant dans le sens de contrรดler puis dโ€™รฉliminer le paludisme : le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP). Ce dernier, depuis 2005 a su bรขtir un partenariat fructueux avec divers acteurs nationaux et internationaux, et crรฉer un cadre de concertation des partenaires afin de coordonner les actions et programmes ร  mener pour lโ€™atteinte des objectifs.

Prรฉvention

Elle constitue lโ€™une des interventions majeures en matiรจre de lutte. Sa rรฉussite passe essentiellement par une appropriation de ces mesures par les populations. Pour se faire le PNLP et ses partenaires se sont orientรฉs vers la communication, lโ€™information et lโ€™รฉducation des masses pour un changement des comportements. A cela sโ€™ajoute les interventions ร  base communautaires, visant un transfert de compรฉtences vers les districts (programmes P15 et ABCD) et vers les populations (projet PECADOM). La stratรฉgie prรฉventive nationale repose sur quatre points :
Lutte anti-vectorielle (LAV) : cโ€™est lโ€™ensemble des mesures collectives et/ou individuelles prises pour rรฉduire au maximum la prรฉsence du vecteur et sa capacitรฉ de nuisance. Elle comprend :
– lโ€™aspersion intradomicilaire (AID) dโ€™insecticides ร  effet rรฉmanent des zones ciblรฉes ;
– la distribution ciblรฉe et de masse, de moustiquaires imprรฉgnรฉes dโ€™insecticides (MII), leur gratuitรฉ pour les femmes en consultation prรฉnatale et leur rรฉ-imprรฉgnation pour celles en perte dโ€™efficacitรฉ ;
– la lutte anti-larvaire (LAL) par le traitement des gรฎtes larvaires, lโ€™assainissement et le curage des canaux dโ€™รฉvacuation.
Traitement prรฉventif intermittent (TPI) : cโ€™est lโ€™administration dโ€™au moins deux doses de Sulfadoxine-Pyrimรฉthamine (SP) en traitement directement observรฉ (TDO) ร  partir de la 16eme semaine dโ€™amรฉnorrhรฉe. Cโ€™est une protection pour la mรจre et une prรฉvention pour le fล“tus contre le passage รฉventuel des parasites ร  travers le placenta.
Chimio-prรฉvention du paludisme saisonnier (CPS) : cโ€™est une mesure prophylactique utilisรฉe dans les rรฉgions de forte transmission saisonniรจre selon les recommandations de lโ€™OMS. Elle est destinรฉe aux enfants รขgรฉs de 3 ร  120 mois et consiste en une administration mensuelle dโ€™un traitement complet de trois jours de SP + Amodiaquine. Selon lโ€™intensitรฉ de la pluviomรฉtrie de la zone concernรฉe, la CPS sโ€™รฉtale sur trois (3) mois ร  partir du mois dโ€™aoรปt (Kolda, Sรฉdhiou, Tambacounda) oรน sur quatre (4) mois ร  partir du mois de Juillet (Kรฉdougou). Un mois dโ€™intervalle est nรฉcessaire entre deux cycles de traitement et la prise du premier jour du cycle doit รชtre faite en TDO.
Chimio-prophylaxie du voyageur : elle concerne les sujets nโ€™ayant jamais sรฉjournรฉ en zone endรฉmique et ceux ayant fait plus de deux ans en zone non endรฉmique et qui retournent en zone dโ€™endรฉmie palustre. La prophylaxie peut รชtre faite avec de la chloroquine (exceptรฉs, les pays classรฉs chloroquine-rรฉsistants comme le Sรฉnรฉgal), de la doxycilline ou avec une association dโ€™Atovaquone-Proguanil. Elle doit dรฉbuter le jour dโ€™avant le dรฉpart ou le jour-j, pour se poursuivre durant le sรฉjour, et finir quelques jours aprรจs รชtre rentrรฉ, sans nรฉgliger les autres mesures prophylactiques.

Prise en charge

Elle a considรฉrablement รฉvoluรฉ depuis lโ€™avรจnement des CTA en 2006 pour le traitement des cas, et des TDR en 2007 pour un diagnostic biologique systรฉmatique des supposรฉs cas.
Traitement du paludisme simple : il repose sur lโ€™utilisation des CTA, les plus prescrites sont :
– Artรฉmether (4mg/kg) + Lumรฉfantrine (12mg/kg) par prise, deux fois par jour pendant 3 jours ;
– Artรฉsunate (4mg/kg/j) + Amodiaquine (10mg/kg/j) en une prise journaliรจre, pendant 3 jours ;
– Dihydroartรฉmisinine (4mg/kg/j) + Pipรฉraquine phosphate (18mg/kg/j) en une prise quotidienne surย  3 jours consรฉcutifs.
Pour les femmes enceintes, en dehors du premier trimestre ou la quinine est de mise pour le paludisme simple, ces mรชmes CTA peuvent รชtre utilisรฉs ร  lโ€™exception de lโ€™association Dihydroartรฉmisinine-Piperaquine phosphate qui peut prรฉsenter des risques de toxicitรฉ pour le fล“tus.
Traitement du paludisme grave : il relรจve de lโ€™urgence et doit dรฉbuter le plus tรดt possible dans une structure sanitaire avec un personnel qualifiรฉ, afin dโ€™amรฉliorer le pronostic vital du patient. En plus de la correction des troubles mรฉtaboliques รฉventuels et de la prise en charge symptomatique, le traitement se fera par voie parentรฉrale avec de la quinine, oรน avec de lโ€™artรฉsunate oรน avec de lโ€™artรฉmether.

Pharmaco-Rรฉsistance

La rรฉsistance aux antipaludiques est un phรฉnomรจne qui a dรฉbutรฉ quelques annรฉes aprรจs la mise en ล“uvre du traitement par la chloroquine, en 1960. Elle sโ€™est poursuivie aprรจs le dรฉploiement des mรฉdicaments qui ont remplacรฉ la chloroquine : rรฉsistance ร  lโ€™amodiaquine, aux antifolates, ร  la mรฉfloquine. [15]. La montรฉe des multirรฉsistances a amenรฉ lโ€™OMS ร  prรฉconiser, il y a une quinzaine dโ€™annรฉes, lโ€™utilisation de combinaisons comprenant un dรฉrivรฉ de lโ€™artรฉmisinine (CTA) pour le traitement du paludisme simple. [77]
Aujourdโ€™hui encore, on assiste en Asie du Sud-Est ร  lโ€™รฉmergence de parasites rรฉsistants aux dรฉrivรฉs des artรฉmisinines et cette rรฉsistance est observรฉe chez trois des cinq espรจces parasites de lโ€™homme (P.falciparum, P. vivax et P. malariae). La rรฉsistance du parasite Plasmodium falciparum ร  lโ€™artรฉmisinine a รฉtรฉ dรฉtectรฉe dans cinq pays de la sous-rรฉgion du Grand Mรฉkong. Au Cambodge, des taux dโ€™รฉchec au traitement ont รฉtรฉ observรฉs pour quatre types dโ€™ACT. [46]
Le phรฉnomรจne de la rรฉsistance ร  lโ€™artรฉmisinine, est un problรจme majeur de santรฉ publique, dโ€™autant plus quโ€™aucune alternative thรฉrapeutique nโ€™est actuellement disponible. Il est donc urgent, ร  lโ€™instar du Plan mondial de la maรฎtrise de la rรฉsistance ร  lโ€™artรฉmisinin (GPARC), de maรฎtriser ou dโ€™รฉliminer la rรฉsistance ร  lโ€™artรฉmisinine lร  oรน elle existe dรฉjร  ainsi que de prรฉvenir la rรฉsistance lร  oรน elle nโ€™est pas encore apparue. [41]

Vaccin antipaludiqueย 

Selon lโ€™OMS, le vaccin dรฉnommรฉ RTS,S est le seul ร  achever avec succรจs les essais de Phase 3. Il sera dรฉployรฉ dans le cadre de projets pilotes dans trois pays dโ€™Afrique Subsaharienne ร  partir de 2018. Cโ€™est un vaccin actif sur P. falciparum, administrable en quatre (4) doses, et qui confรจre une protection partielle contre le paludisme chez le jeune enfant.
Ce vaccin est envisagรฉ ร  titre dโ€™outil complรฉmentaire de lutte contre le paludisme, susceptible dโ€™รชtre utilisรฉ en supplรฉment et non en remplacement des mesures essentielles de prรฉvention, de diagnostic et de traitement employรฉes actuellement.

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Table des matiรจres

INTRODUCTION
PREMIรˆRE PARTIE : Rappels Bibliographiques
I. ร‰PIDร‰MIOLOGIE
1.1. Dรฉfinition
1.2. Historique
1.3. Agents Pathogรจnes
1.3.1. Classification
1.3.2. Morphologie
1.3.3. Transmission
1.3.4. Cycle ร‰volutif
1.4. Vecteur
1.5. Rรฉpartition Gรฉographique
1.6. Manifestations Cliniques
1.6.1. Accรจs palustre
1.6.2. Paludisme grave
1.7. Diagnostic biologique
1.7.1. Diagnostic parasitologique
1.7.1.1. Frottis mince
1.7.1.2. Goutte รฉpaisse
1.7.2. Autres techniques
1.7.2.1. Microscopie ร  fluorescence (QBC)
1.7.2.2. Techniques immunochromatographiques
1.7.2.3. Techniques molรฉculaires
1.7.2.3.1. Rรฉaction dโ€™amplification en chaine par la polymรฉrase (PCR)
1.7.2.3.2. Loop Mediated Isothermal Amplification (LAMP): Illumigene Malaria
1.7.2.4. Mรฉthodes sรฉrologiques
II. Dร‰TERMINANTS ร‰PIDร‰MIOLOGIQUES
2.1. Indices รฉpidรฉmiologiques
2.1.1. Chez lโ€™homme
2.1.2. Chez le vecteur
2.2. Indicateurs รฉpidรฉmiologiques
2.2.1. Prรฉvalence
2.2.2. Incidence
2.2.3. Morbi-Mortalitรฉ
2.2.4. Lรฉtalitรฉ
III. STRATร‰GIES DE LUTTE
3.1. Au niveau mondial
3.2.1. Prรฉvention
3.2.2. Prise en charge
3.3. Pharmaco-rรฉsistance
3.4. Vaccin antipaludique
DEUXIรˆME PARTIE : Travail personnel
I. Mร‰THODOLOGIE
1.1. Cadre dโ€™รฉtude
1.2. Population dโ€™รฉtude
1.3. Diagnostic biologique
1.4. Analyse statistique
II. Rร‰SULTATS
2.1. Caractรฉristique de lโ€™รฉchantillon
2.1.1. Rรฉpartition des patients selon le sexe
2.1.2. Rรฉpartition des patients selon lโ€™รขge
2.2. Rรฉpartition des demandes de diagnostic
2.2.1. Rรฉpartition des demandes par annรฉe
2.2.2. Rรฉpartition des demandes de diagnostic par mois
2.2.3. Rรฉpartition des demandes de diagnostic en fonction de la saison
2.3. Rรฉsultats de la microscopie
2.3.1. Positivitรฉ par annรฉe
2.3.2. Positivitรฉ par mois
2.3.3. Positivitรฉ selon la saison
2.3.4. Positivitรฉ selon le sexe des patients
2.3.5. Positivitรฉ selon lโ€™รขge des patients
2.3.6. Positivitรฉ selon lโ€™espรจce plasmodiale
III. DISCUSSION
CONCLUSION
Rร‰Fร‰RENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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