Lombalgies communes ou non spécifiques

Lombalgies communes ou non spécifiques

Épidémiologie/définitions/facteurs de risques/conséquences

Épidémiologie
Afin de se rendre compte de l’importance de ce sujet assez global, il semble nécessaire d’aborder quelques données en lien avec les lombalgies. Selon la HAS, la prévalence d’apparition de la lombalgie est de 84 % sur une vie entière avec une évolution vers la chronicité (plus de 3 mois) dans 6-8 % des cas [1]. On ne retrouve pas de différence significative dans la répartition entre les hommes et les femmes. La lombalgie commune peut s’observer à n’importe quel âge mais elle touche surtout les patients de 30 à 70 ans avec une accentuation chez les 40-60 ans. Sur 15 années d’observation (de 1995 à 2009) la prévalence de la lombalgie a augmenté de 5,2 % à 6,9 %, soit 14 % [2]. D’après l’enquête Handicap-Santé menée en 2008-2009, incluant 29 931 sujets représentatifs de la population française, 27,7 % de la population (soit 17,3 millions de personnes, IC à 95 % [26,9-28,4]) rapportait présenter une maladie musculo-squelettique et rhumatismale, dont la plus fréquente était la lombalgie (pour 12,5 % IC à 95 % [12,1-13,1]). La lombalgie était le plus souvent associée à un changement d’emploi (11,5 %) et cette donnée était plus importante chez les hommes (13,2 %) que chez les femmes (10,4 %) [3]. D’après les données du réseau OSCOUR® (Organisation de la surveillance coordonnée des urgences), en France, sur la période 2014-2017, 481 291 passages aux urgences pour lombalgie commune ont été enregistrés (et 9,9 % de ces passages ont fait l’objet d’une hospitalisation, ce taux augmentant avec l’âge du patient). En 2017, l’Assurance maladie rapportait la lombalgie comme un véritable enjeu économique, constituant un coût de plus de 900 millions d’euros par an. C’est la 1ère cause d’exclusion du travail avant 45 ans et le 3ème motif d’admission en invalidité [4]. D’après l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), les lombalgies correspondent à 20 % des AT et 7 % des MP. La durée moyenne des AT lombalgies a presque triplé en 40 ans (elle est de 2 mois à l’heure actuelle). Chaque année, ce sont près de 11,5 millions de journées de travail qui sont perdues suite aux lombalgies. Elles représentent 30 % des arrêts de plus de six mois. Les lombalgies en lien avec le travail représentent, pour la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP), un coût de plus d’un milliard d’euros par an.

On remarque que cette dominante n’est pas exclusivement française car d’après une enquête européenne sur les conditions de travail, réalisée par l’agence Eurofound, 47% des travailleurs européens disent avoir souffert du dos au cours de l’année précédant l’enquête. Preuve des coûts astronomiques qu’elles génèrent dans certains pays , l’évaluation des coûts est proche de 1% du Produit intérieur brut (PIB) [5]. Afin de prendre un peu de recul vis à vis de la tendance française et européenne, nous pouvons nous intéresser à la revue réalisée par Maher en 2016. L’auteur a cherché dans certaines bases de données des rapports publiés en anglais depuis la création de la base de données jusqu’au 13 février 2016, avec le terme « lombalgie » [6]. Dans une étude de 2008 sur la prévalence mondiale de la lombalgie, englobant 165 études de 54 pays, la prévalence moyenne ponctuelle a été estimée à 18,3 %, et la prévalence sur un mois à 30,8 %. La lombalgie était plus fréquente chez les femmes que chez les hommes (contrairement au contexte français) et chez les personnes âgées de 40 à 69 ans. La prévalence était plus importante dans les pays à revenu élevé (médiane 30,3 % [EI 16,9-46,6]) que dans les pays à revenu moyen (21,4 % [10,6-38,6]) ou à faible revenu (18,2 % [0,8-21,7]), mais il n’y avait pas de différence de prévalence entre les zones rurales et urbaines. L’étude a fait état d’une corrélation positive entre l’indice de développement humain d’un pays et la prévalence moyenne globale de la lombalgie (r=0,088 ; p<0,001) [7]. Dans une dizaine d’études de la population (regroupant 13486 personnes) on a retrouvé que de nombreuses personnes souffrant de lombalgie ( 58% (95% IC 32-83)) ne cherchaient pas à se faire soigner. La recherche de soins est plus fréquente chez les femmes, et chez les personnes ayant déjà souffert de lombalgie, en mauvaise santé générale, et ayant des épisodes plus invalidants ou plus douloureux [8]. Bien qu’il soit difficile de comparer les estimations des coûts totaux, directs (soins de santé) et indirects (perte de production et de productivité des ménages) de la lombalgie entre différents pays, l’idée commune est que la lombalgie se place comme un élément majeur des coûts des soins de santé. Une estimation australienne du coût total en 2001 était de 9 milliards de dollars australiens, dont seulement 1 milliard pour les coûts directs des soins de santé [9]. Pour l’individu, la lombalgie peut avoir une portée économique profonde. En effet, les personnes atteintes accumulent moins de richesses que celles qui n’en souffrent pas (cette tendance augmentant avec l’ajout de comorbidités) [10]. La lombalgie est le principal problème de santé chronique qui oblige les travailleurs âgés à prendre une retraite anticipée et qui contraint plus de personnes à quitter le travail [11]. Les personnes âgées qui prennent une retraite anticipée en raison d’une lombalgie ont une richesse totale et des actifs générateurs de revenus nettement inférieurs, environ 87% de moins que ceux qui occupent un emploi à temps plein [12]. De même au Moyen-Orient, en 2003 d’après Al-Arfaj, dans la région Al-Qasim (environ 1200000 habitants actuellement) en Arabie Saoudite, la prévalence de la lombalgie est estimée à 18,8 % de la population selon une seule étude [13]. Cette donnée nous semble intéressante car le Moyen-Orient ainsi que d’autres régions du globe sont connues pour l’utilisation de leur médecine traditionnelle impliquant les ventouses.

Définitions

Si on suit lesrecommandations de la HAS (émanant des accords d’experts) : « La lombalgie est définie par une douleur située entre la charnière thoraco-lombaire et le pli fessier inférieur. Elle peut être associée à une radiculalgie correspondant à une douleur d’un ou des deux membres inférieurs au niveau d’un ou plusieurs dermatomes . La lombalgie commune désigne une douleur lombaire qui ne comporte pas de signes d’alertes (drapeaux rouges) » [1]. De plus, toujours d’après la HAS : «La lombalgie chronique est définie par une douleur de la région lombaire évoluant depuis plus de 3 mois. Cette douleur peut s’accompagner d’une irradiation à la fesse, à la crête iliaque, voire à la cuisse, et ne dépasse qu’exceptionnellement le genou » [1].

Cette instance propose une nouvelle définition, en différenciant :
– La lombalgie non dégénérative (anciennement spécifique, secondaire ou symptomatique) liée à une cause traumatique, tumorale, infectieuse ou inflammatoire.
– La lombalgie dégénérative discogénique ou facettaire ou mixte, ligamentaire, musculaire, liée à un trouble régional ou global de la statique rachidienne.
– La lombalgie sans relation retenue avec des lésions anatomiques.

La HAS propose des pistes au sujet de l’évolution de la définition de la lombalgie commune. En effet, elle suggère d’utiliser l’expression « poussée aiguë de lombalgi» au lieu de « lombalgie aiguë » pour englober les douleurs aiguës avec ou sans douleur de fond préexistante, nécessitant une intensification temporaire des traitements ou entraînant une diminution temporaire des capacités fonctionnelles. Les termes de « lombalgie à risque de chronicité » sont préférés pour les patients avec une durée d’évolution de la lombalgie inférieure à 3 mois, et qui présentent un risque élevé d’absence de guérison (en présence de drapeaux jaunes qui sont des indicateurs psychosociaux d’un risque accru de passage à la chronicité́). Enfin, on utilisera l’expression « lombalgie récidivante » en cas de récidive dans les 12 mois. Elle doit être définie comme une lombalgie à risque de chronicité.

Prise en charge selon la HAS

La HAS élabore des recommandations de bonnes pratiques à l’usage de tous les professionnels de santé destinés à prendre en charge des patients souffrant de lombalgie commune. Il est donc nécessaire de rappeler que dans cette partie, nous ne développerons pas tous les aspects de cette prise en charge mais seulement ceux qui intéressent les champs de compétences de notre future profession. Ces recommandations concernent donc les patients atteints de lombalgie commune et excluent les douleurs lombaires ou radiculaires causées par une pathologie sous jacente sévère (infection, tumeur, ostéoporose, fracture, déformation structurelle, maladie inflammatoire, syndrome de la queue de cheval ou maladie neurologique grave) [1].

Prise en charge globale du patient 

Le fait de mentionner les recommandations portant sur l’aspect global de la prise en charge du patient atteint de lombalgie commune nous permet d’avoir une vision plus générale, nécessaire afin de poser le cadre de la prise en charge Ainsi, les accords d’experts ont permis de fonder les recommandations suivantes :
– Le patient doit être le maillon central d’une prise en charge bio-psycho-sociale.
– Il faut lui expliquer les termes du diagnostic d’une façon claire et facile, et le rassurer quant au pronostic de la lombalgie commune.
– En cas de lombalgie chronique ou à risque de chronicité, il est profitable d’envisager une prise en charge pluridisciplinaire.
– Il est fondamental de maintenir une cohérence dans les différentes thérapies des divers professionnels impliqués afin de ne pas instaurer des explications discordantes, affectant la prise en charge [1].

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Lombalgies communes ou non spécifiques
1.1.1 Épidémiologie/définitions/facteurs de risques/conséquences
1.1.2 Définitions
1.1.3 Prise en charge selon la HAS
1.2 Anatomie et fonction
1.3 Traitement par ventouses sèches ou « dry cupping », critères de jugement, et mécanismes d’action supposés
1.3.1 L’histoire de la thérapie par les ventouses
1.3.2 Classification, définition du « dry cupping », indications et contre-indications
1.3.3 Effets et mécanismes supposés d’action sur la douleur : hypothèses théoriques
1.4 État des lieux de la littérature scientifique
1.5 Intérêts et objectifs de la revue de littérature
1.5.1 Intérêt dans un cadre de recherche
1.5.2 Intérêt en terme de santé publique selon la HAS
1.5.3 Intérêt pour les patients, la profession
1.5.4 Objectifs de la revue de littérature
2. Méthode
2.1 Critères d’éligibilité des études pour cette revue
2.1.1 Types d’études
2.1.2 Population/pathologie
2.1.3 Intervention (stratégie thérapeutique)
2.1.4 Comparateurs
2.1.5 Critère de jugement
2.2 Méthodologie de recherche des études
2.2.1 Sources documentaires investiguées
2.2.2 Équations de recherche réalisées
2.3 Méthodologie d’extraction et de recherche des données
2.3.1 Méthode de sélection des études
2.3.2 Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
2.3.3 Extraction des données
2.3.4 Méthode de synthèse des résultats
3. Résultats
3.1 Description des études
3.2 Risque de biais des études incluses
3.3 Effets de l’intervention sur le critère de jugement
4. Discussion
4.1 Analyse des principaux résultats
4.2 Applicabilité des résultats en pratique clinique
4.3 Qualités des preuves
4.4 Biais potentiels de la revue
5. Conclusion
Bibliographie

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