Logement social et grands ensembles: heritage, evolution et caracteristiques

L’urbanisation de l’après-guerre a provoqué un changement de cadre de vie et une modification des modes de vie. La France, traditionnellement rurale, devient urbaine, les styles de vie qui en ont découlé ont profondément et durablement transformé les valeurs et les modèles de consommation notamment. En 1954, 56% des français habitent une commune urbaine; ils sont 62% en 1962, 70% en 1968 et 73% en 1975 (LABORDE-1989). L’ensemble du territoire français n’a pas uniformément bénéficié de cette formidable croissance urbaine, à côté du nord ou de l’axe Rhin/Rhône/Méditerranée, l’ouest français ne présente que quelques concentrations ponctuelles importantes. Mais, les phénomènes migratoires y ont joué un rôle déterminant dans l’urbanisation et l’évolution des périphéries notamment. Dans la région des Pays de la Loire, la formation des banlieues et le peuplement des grands ensembles sous l’effet de la croissance industrielle ont fait migrer un nombre considérable de ruraux (PINSON-1990). En 1962, l’ouest représente le principal gisement de main-d’œuvre en France et les entreprises ont investi dans cette partie de l’espace où les conditions d’utilisation des Ouvriers Spécialisés (O.S) étaient les plus favorables. On a ainsi assisté à d’importantes décentralisations en direction de ces réservoirs de main-d’œuvre: les deux tiers des migrants d’origine rurale n’ont d’ailleurs pas changé de région, les déplacements dits « de voisinage » ont été la généralité (de la campagne à la ville). Notre étude porte spécifiquement sur les grands ensembles de logements sociaux des deux agglomérations du Mans et d’Angers qui ont accueilli, à l’origine, ces migrations. Elle traite du logement HLM (Habitation à Loyer Modéré) dont la genèse, l’évolution et les principaux aspects sont retracés.

La notion de logement social est complexe et ambiguë. Cette ambiguïté découle de la grande variété du parc. S’opposent, en effet, un parc repoussoir et un parc convoité. Finalement, le parc locatif HLM recouvre un vaste ensemble de financements (HBM, HLMO, ILN, ILM, PSR, PLR, PLA, PLI) qui correspondent à des programmes de logements dont la destination sociale est une conséquence de cette catégorisation (JOLY-1995): normes de réalisation, prix à la construction, aides de l’Etat, volume des financements publics. Les programmes HLMO (HLM Ordinaires) composent la majeure partie du parc HLM, ILN (Immeubles à Loyers Normaux) et ILM (Immeubles à Loyers Moyens) correspondent à des programmes de standing supérieur, PSR (Programmes Sociaux de Relogement) ou PLR (Programmes à Loyers Réduits) sont composés de logements aux surfaces et normes inférieures. Cette stratification du Parc Locatif Social (PLS) ne fait que souligner les ségrégations, les spécialisations sociales et les segmentations spatiales de l’espace urbain. La ségrégation interne du PLS révèle des analogies du type: profil du logement/profil d’usager. Des secteurs du PLS dévalorisés (socialement, spatialement), pauvres et stigmatisés s’opposent à des secteurs très convoités.

Finalement, quelles que soient l’importance et la forme que prend le financement public, le logement social se définit avant tout comme un habitat qui bénéficie à la fois du concours financier et législatif de l’Etat (FLAMAND-1989). Il est, par ailleurs, normalement destiné à recevoir prioritairement les couches les moins favorisées de la population. Guy Lemée propose quelques critères définissant et caractérisant le logement locatif social (LEMEE-1996):

-l’immeuble a été conçu et édifié par une entreprise ou un organisme dérogeant au droit commun,
-les logements doivent satisfaire à des normes minimales de confort et d’habitabilité,
-le financement a bénéficié d’aides publiques,
-les locataires satisfont à des conditions particulières,
-le loyer d’origine est règlementé,
-le locataire bénéficie de manière quasi automatique du maintien dans les lieux,
-les revenus des locataires sont inférieurs aux moyennes,
-l’habitat se caractérise par une architecture simple et fonctionnelle,
-enfin le Parc Locatif Social (PLS) correspond à des localisations spécifiques (quartiers populaires, périphérie des agglomérations).

Aujourd’hui, responsables politiques, élus ou simples citoyens mettent régulièrement en débat la question du logement social, sa destination et son rôle. Après une période de pénurie, qui a favorisé son développement dans tout le pays, aujourd’hui c’est moins la question quantitative qui pose problème que celle de l’articulation entre parc social et public prioritaire. Dès lors, la question majeure devient celle des attributions; car le logement social apparaît plus que jamais lacunaire et responsable de produire de l’exclusion. En effet, la diversité du parc HLM ne fait qu’accentuer les inégalités et les partitions socio-spatiales: d’un côté les quartiers à problèmes, de l’autre les zones urbaines valorisées, chaque espace étant porteur de puissantes connotations sociales.

Le logement social, en tant que réponse privilégiée des pouvoirs publics à la pénurie de logement, est indissociable de la croissance urbaine et de la division sociale de l’espace urbain. Le logement social, en tant qu’œuvre publique renvoie à la question plus générale de la mise en forme institutionnelle de la ville et des quartiers de la ville. Cette problématique suppose, inévitablement, que soient interrogés la décision, le pouvoir et les politiques publiques. Il paraît donc difficile de faire l’économie de traiter les mécanismes d’élaboration de l’habitat local: projets et idéologies politiques. Interroger les grands ensembles à travers les programmes socio-urbains localisés ou territorialisés, comme nous choisissons de le faire, oblige en effet à nous interroger sur les logiques d’action des politiques publiques. Si les grands ensembles ne constituent pas des espaces identiques sur l’ensemble du territoire, bien que leur morphologie soit assez voisine, leur « sur institutionnalisation » a imposé, inévitablement, une certaine lecture de ces espaces.

Dans les années 60 et 70 les grands ensembles abritent les couches moyennes de la population, les années 80 et 90 sont marquées par une modification de ce profil social dans le sens d’une dégradation des niveaux socio-économiques des résidents. Produits d’abord pour accompagner la croissance des villes, ils ont créé de nouvelles divisions sociales de l’espace. Les deux agglomérations d’Angers et du Mans ont toutes deux connu une phase rapide d’édification de leurs grands ensembles. A Angers, outre le pôle trélazéen, le Parc Locatif Social (PLS) se répartit dans trois cités bien disséminées sur le territoire de la commune: Belle Beille/Verneau/Monplaisir. Au Mans le PLS est indissociable des deux grandes communes ZUP nord et sud (Coulaines et Allonnes); par ailleurs, la ville du Mans est marquée par une localisation plutôt sud-est de son parc: Ronceray Glonnières/Les Sablons. Malgré les efforts déployés depuis le debut des années 80 pour lutter contre ces concentrations géographiques par la constitution notamment d’un PLS de centre-ville, les constructions récentes sont restées trop modestes dans les deux villes pour infléchir les spécialisations socio-spatiales. Il découle de ces localisations des profils sociaux spécifiques, un « zonage social » (GEORGE-1952).

LA QUESTION DU LOGEMENT SOCIAL ET DES GRANDS ENSEMBLES DEPUIS 1950 EN FRANCE ET DANS LES PAYS DE LA LOIRE 

CROISSANCE URBAINE ET DIVISION SOCIALE DE L’ESPACE: DES PROBLEMATIQUES GEOGRAPHIQUES 

En géographie sociale, les rapports sociaux sont envisagés du point de vue de leur influence sur les rapports spatiaux, la mise en évidence « d’effets de lieu » est à la base du discours. Pour le géographe, l’espace urbain reflète la hiérarchie sociale, la stratification des groupes sociaux. La structure d’une ville, telle qu’elle apparaît à travers la composition sociale de ses quartiers, est toujours marquée par une opposition entre espaces spéculatifs et espaces dépréciés (M. HERIN 1982), entre « beaux » et « bas » quartiers. Les sites urbains les plus dévalorisés, comme certains grands ensembles, constituent le point de rencontre de la trajectoire de certains groupes dans la société et de la trajectoire de certains territoires dans la hiérarchie des formes urbaines. La croissance et la dynamique urbaines sont donc généralement appréhendées par la production de l’habitat, même si on reconnaît qu’elles ne se limitent pas à l’étude du logement; celle-ci ne constitue qu’un des aspects de la spécialisation fonctionnelle de l’espace. Mais, de fait, dans le paysage urbain, l’élément le plus directement ressenti et perçu est bien l’habitation. Elle permet les distinctions entre quartiers car elle renvoie à des périodes de construction précises, à des contenus socio-démographiques spécifiques. La distribution spatiale de la population correspond, en effet, à la segmentation économique du marché du logement, symbole de la société dominante mais également expression des systèmes de valeurs individuelles. Le logement est un bien de consommation qui revêt une signification forte sur le plan social aussi bien qu’économique (PINÇON & PINÇON/CHARLOT-1989), cette réalité là ne cesse pas de s’affirmer et ne s’inverse pas (ALTHABE, LEGER & SELIM-1993). Elle constitue un champ de recherches majeur pour les géographes sociaux qui traitent de la ségrégation socio-spatiale.

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Table des matières

I)INTRODUCTION
II) GENERALITES
III) METHODOLOGIE
IV) RESULTATS
V) COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VI) CONCLUSION  
VII) REFERENCES
ANNEXES
RESUME

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