L’offre et l’accessibilité en soins de santé primaires

Le Sénégal, depuis son accession à l’indépendance en 1960 a mis en place des stratégies pour garantir un niveau de santé adéquat à l’ensemble de sa population. Le droit à la santé est reconnu par la constitution qui dispose en son article 17, que « l’Etat et les collectivités publiques ont le devoir social de veiller à la santé physique morale et mentale de la famille ». Ce faisant l’Etat s’est engagé à assurer à tout sénégalais « un état complet de bien être physique mental et social pas seulement l’absence de maladies » conformément à la définition que l’OMS donne de la santé .

Dès 1996, le Sénégal s’est engagé dans une approche sectorielle ayant aboutit à l’élaboration du Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) qui prend en compte les différents niveaux du système de santé. Ce programme, tout en réaffirmant l’option du Sénégal en faveur des soins de santé primaires qui s’articule autour de onze (11) points stratégiques visant à atteindre quatre (4) objectifs majeurs:
➤ la réduction de la mortalité infanto-juvénile ;
➤ la réduction de la mortalité maternelle ;
➤ la baisse de l’indice synthétique de fécondité ;
➤ l’accès accru aux services de base pour les plus démunis .

Le Plan National de Développement Sanitaire (PNDS), défini par le Ministère de la santé s’étend de 1998 à 2007. Tandis que le Plan de Développement Intégré de la santé (PDIS) qui est la phase opérationnelle, couvre les cinq premières années. Il fait la synthèse de priorités élaborées dans les plans opérationnels des districts sanitaires et les plans des régions médicales . Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale la deuxième étape du PNDS en matière de santé « Sénégal Santé Horizon 2025 » est en phase de mise en œuvre. En ce sens, l’organisation actuelle du système de santé du Sénégal vise à rapprocher les services de santé des populations et à les impliquer davantage dans leur gestion. Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention Médicale, le système de santé du Sénégal est organisé à trois niveaux avec une structuration pyramidale comprenant :

➤ à la base, un niveau périphérique appelé district constitué de centres de santé, postes de santé et cases de santé pour la mise en œuvre des activités ;
➤ à l’échelon intermédiaire, la région médicale traduisant les politiques nationales en stratégies régionales ;
➤ au sommet, un niveau central comprenant le cabinet ministériel, les directions et services nationaux formulant les orientations et politiques de santé.

Depuis plus d’une décennie, on assiste à la décentralisation du secteur de la santé qui a été facilitée par « une proposition formulée par l’UNICEF et par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), adoptée afin de relancer la politique des soins de santé primaires et réduire les taux de mortalité maternelle » . Cette proposition qu’on appellera Initiative de Bamako (IB) a pour objectif de renforcer les mécanismes de gestion des soins de santé primaires et d’assurer des sources permanentes de financement de cette stratégie.

La politique de l’Initiative de Bamako a pour but l’accès des populations démunies à des soins de base de qualité. Elle a été mise en place pour une réduction des coûts de santé pour les populations défavorisées. Selon Niang, A (1997) « l’IB est une politique de gestion autonome de soins de santé primaires. Les communautés à travers des comités de santé sont chargées de commercialiser les médicaments essentiels et les tickets de consultations. Les fonds générés souvent servent à financer les programmes de santé. Ce système doit surtout permettre aux populations dont le pouvoir d’achat est assez faible, d’acquérir les médicaments plus facilement et à des prix abordables. Il doit de ce fait améliorer la rentabilité des services de santé car la disponibilité des médicaments est un élément essentiel de la fréquentation des structures de soins ».

C’est dans ce cadre que l’Etat du Sénégal, qui œuvre pour une meilleure accessibilité de sa population à des soins de qualité, a adopté cette politique. Mais malgré la mise en place de ces politiques et programmes pour améliorer la couverture sanitaire, l’accès aux soins pose toujours problème chez les populations en particulier celles démunies.

Le problème d’accès aux soins est avant tout financier dans les zones urbaines et périurbaines où l’accès aux soins reste le plus souvent assujetti à des facteurs socio-économiques que géographiques. Le coût des prestations de soins et des médicaments détermine souvent le niveau d’utilisation des services de santé. C’est ainsi, dans une étude réalisée à Pikine, Salem, G (1998) affirme que « les problèmes de santé rencontrés dans les villes sont plus des problèmes sociaux que des problèmes médicaux » .

Dès lors, cette étude qui porte sur l’accès aux soins de santé primaires dans la Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud est d’un grand intérêt géographique. Elle nous permet d’analyser l’accès des populations aux structures de soins et leurs différents types de recours aux soins en rapport avec leur environnement physique, socio-économique et culturel.

L’OFFRE EN SOINS DE SANTE PRIMAIRES

La Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud dispose comme offre de soins publique à l’heure actuelle de deux postes de santé avec maternité dont l’une isolée (maternité de Yeumbeul sud) et trois cases de santé. L’étude de la distribution spatiale de l’offre de soins dans la Commune d’Arrondissement s’est fait à partir d’indicateur comme la desserte médicale. La desserte médicale est la mesure de la distribution spatiale du corps médical et paramédical. Elle exprime le niveau de médicalisation d’une population dans un espace donné . C’est le nombre de praticiens ou de structures disponibles sur une population (ex 1 médecin pour 10000 habitants, 1 poste de santé pour 5000 habitants). L’analyse de la desserte médicale permet d’apprécier l’accès des populations aux structures de soins de base. Elle permet aussi d’évaluer la couverture sanitaire dans une zone donnée à travers les indicateurs comme le ratio population / poste de santé et le ratio population / personnel sanitaire. Par conséquent, elle met en évidence les insuffisances de l’offre de soins qui permet de ressortir les disparités spatiales d’accès aux soins des populations.

La desserte en structures sanitaires dans la Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud

La Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud compte deux (2) postes de santé pour une population estimée à 95.588 habitants en 2008 .Ce qui donne en moyenne le ratio d’un poste de santé pour 47.794 habitants. Ce chiffre est loin des normes préconisées par l’OMS qui est d’un poste de santé pour 10.000 habitants.

Il ressort de ce tableau que les postes de santé de Yeumbeul Sud desservent en théorie une très forte population. La couverture en poste de santé est très insuffisante dans la Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud. La moyenne des ratios est 4 fois supérieure aux normes préconisées par l’OMS et aux objectifs du PDIS (1 PS / 10.000 habitants) et à la moyenne nationale qui est d’un poste de santé pour 11.143 habitants. Elle reste encore deux fois plus importante à la moyenne du District sanitaire de Pikine qui est d’un poste de santé pour 26.485 habitants et à celle de la région de Dakar d’un poste de santé pour 23.972 habitants.

Cette faiblesse de la couverture en service de santé primaire est à mettre dans le compte du déficit en poste de santé (cf. tableau 3) que connait la capitale du Sénégal comparé au reste du pays. En effet, la région de Dakar qui rassemble 22 % de la population nationale et prés de 80% des infrastructures de santé du pays est faiblement dotée en poste de santé . Comparé aux ratios des autres régions comme Ziguinchor avec 1PS/4.509 habitants, St Louis 1/PS7.064 habitants, Fatick 1PS/7.110 habitants et Tambacounda 1PS/8.438 habitants, le ratio de la région de Dakar (23.972) dépasse de loin les normes de l’OMS.

L’ACCESSIBILITE AUX STRUCTURES DE SOINS

L’étude de l’accessibilité aux structures de soins permet d’apprécier le niveau de l’offre de soins dans une zone donnée. Elle est définie par Picheral. H, (2001) comme la capacité matérielle d’accéder aux ressources sanitaires et aux services de soins. C’est aussi la possibilité de recourir aux prestations de soins. Elle est fonction du couple distance/temps donc de l’éloignement de l’établissement et du trajet à parcourir et n’a donc de valeur potentielle que la desserte. Selon Niang A, (1997), « l’accès aux soins est soumis en premier lieu aux facteurs géographiques. La distance physique et l’organisation socio spatiale du système peuvent constituer une contrainte ou un avantage séparant ou rapprochant le malade du service de soins auquel il prétend. La distance au poste de santé devient, ainsi, un indicateur évocateur de la qualité de la desserte des populations et de leur accessibilité aux soins de santé primaires ».

Les aires théoriques de desserte des postes de santé 

L’aire théorique de desserte correspond à l’espace polarisé par une structure de soins. C’est la zone de responsabilité d’un infirmier chef de poste. C’est le lieu de prédilection des activités de prévention et d’éducation des populations. Il offre également un paquet minimum de soins de base. Selon MSAS seules les populations situées à une distance inférieure ou égale à 5 Km du poste de santé ont une bonne accessibilité aux soins de santé primaires. Les postes de la Commune d’Arrondissement Yeumbeul Sud polarisent dans l’ensemble un nombre important de quartiers. L’aire théorique du poste de santé de Yeumbeul sud est le plus étendu (cf. carte n°2). Celui de Thiaroye Miname dessert en théorie le plus faible nombre de quartier.

La lecture de cette carte numéros deux (2) montre des espaces médicaux variés. L’espace médicale correspond à l’aire de provenance des patients d’une structure donnée. Elle est aussi la zone de prédilection d’un praticien. Selon Picheral l’espace médical des praticiens « correspond au territoire professionnel, à l’aire d’influence du praticien, dont les limites, la surface et le rayon varient en fonction de la qualification, du mode et du milieu d’exercice, de la notoriété… » . L’espace médicale du poste de santé de Yeumbeul sud est très large. Ce qui suscite une interrogation à savoir si l’ensemble des quartiers polarisés par le poste de santé de Yeumbeul sud ont-ils une bonne accessibilité physique à cette structure ? Pour tenter de répondre à cette interrogation, nous avons étudié l’accessibilité géographique des populations aux soins de santé primaires.

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Table des matières

Introduction
Problématique
I/ Objectifs de recherche
II/ Analyse conceptuelle
III/ Hypothèses de recherche
IV/ Méthodologie de recherche
Première partie : L’offre et l’accessibilité en soins de santé primaires
Chapitre I : L’offre en soins de santé primaires dans la Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Sud
Chapitre II : L’accessibilité aux structures de soins de santé primaires
Conclusion
Deuxième partie : Le recours des populations aux soins de santé primaires
Chapitre I : L’analyse du recours aux soins
Chapitre II : La variation de la morbidité déclarée dans les postes de santé
Conclusion
Troisième partie : Les types de recours thérapeutiques déclarés et la consommation médicale
Chapitre I : Les types de recours thérapeutiques déclarés
Chapitre II : La consommation médicale
Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie

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