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Historique et création de la réserve
Il faut rappeler que la création de la réserve tient essentiellement sur l’initiative d’un homme, Monsieur Charles Rouchouse, chercheur à IRD ex ORSTOM dont le travail sur le terrain, la perspicacité et la ténacité pendant plusieurs années 1982 à 1986 d’abord, puis de 1986 à 1989 ensuite, ont convaincu les responsables techniques et administratifs de donner une nouvelle vocation à la partie sud de la forêt classée de Popenguine, fortement dégradée malgré la protection officielle dont elle jouissait.
C’est en 1986 qu’un décret présidentiel officialise la création de la réserve pour assurer la pérennité du patrimoine naturel vivant. La particularité de cette réserve est qu’elle a une partie continentale et une partie marine.
En 1996, avec l’avènement du collectif des groupements d’intérêt économiques (GIE) pour la protection de la nature (COPRONAT), la RNP est devenue partie intégrante de l’Espace Naturel Communautaire qui combine à la fois un espace naturel, c’est-à-dire la réserve elle-même soustraite à l’exploitation directe, et tous les terroirs avec lesquels elle constitue un complexe accepté par les populations.
L’ENC est un milieu essentiellement rural faisant partie de la petite côte sénégalaise. La forme géométrique de l’espace naturel est assimilable à un cercle ayant 10 km de diamètre. Il se localise entre 14° et 14° 30’ de latitude nord et entre 16° et 16° 30’ de longitude ouest. Il est limité par l’Océan Atlantique sur sa partie occidentale, avec une zone littorale constituée d’une succession de falaise surplombant des plages de sable fin, et dont la plus imposante est celle du Cap de Naze qui s’élève à une hauteur de 74 mètres au-dessus de l’océan Atlantique.
Cadre et justification de la réserve
La première ambition de la DPN était d’abord de restaurer un habitat complètement détruit par l’effet combiné de la sècheresse, du surpâturage et l’exploitation anthropique. Cet objectif de la RNP est atteint grâce à l’existence d’une grille qui entoure toute la partie terrestre de cette réserve. La restauration du milieu est un succès puisque les limites de la RNP sont intangibles. Même si le reboisement ne s’est pas fait comme on le pensait, puisqu’il se fait souvent autour du campement touristique « Ker Cupaam » qui abrite le bureau du conservateur, l’écosystème s’est considérablement reconstitué après vingt ans de mise en défense. Ensuite, la réserve servira de laboratoire d’étude d’implication et de participation populaire à la gestion d’une aire protégée. Ces objectifs constituent un pas considérable pour le Sénégal qui a signé et ratifié les diverses conventions internationales en matière de protection de la nature et de la conservation des ressources naturelles.
Caractéristiques du milieu
La zone d’étude fait partie de l’ensemble du Massif de Diass qui est compris entre 14° 30’ et 14° 50’ nord de latitude et 17° et 17° 10’ ouest de longitude.
Le secteur a fait l’objet de quelques travaux en géologie et en géomorphologie notamment (Demoulin, 1970).
La monotonie d’ensemble du bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien est rompue par la région du massif de Diass aux altitudes assez élevées et au relief relativement accidenté.
Milieu physique
Géologie
Le bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien est la structure qui occupe l’ensemble de la région. Le bassin est d’âge méso-cénozoïque (Demoulin, 1970).
Le Maestrichtien se rencontre sous forme d’un gré avec de nombreuses passées d’argiles et de sables. Il représente les formations des falaises côtières de Popenguine et du Cap de Naze.
A Popenguine, il affleure sous la chapelle sous la forme d’un gré calcaireux. Au Cap de Naze, la falaise est constituée par une alternance de gré argileux et d’argiles parfois gypseuse d’âge maestrichtien. Ces grés ont subi une altération poussée.
Le maestrichtien est souvent recouvert par les formations quaternaires :
• Les calcaires zoogènes qui sont largement karstifiés
• Les marno-calcaires de Ndayane faits d’une alternance de bancs de calcaires et de bancs de marnes. Ils reposent sur un faible niveau argileux.
A l’intérieur du massif de Diass et de la zone de Popenguine, ce sont donc essentiellement des formations calcaires et gréseuses datant du paléocène que l’on trouve. La formation de Ndayane est constituée par des calcaires jaunes à roux. Il y a aussi les sables, les grès et les argiles du maestrichtien.
Sur ces formations, des cuirasses se sont mises en place à la faveur d’importantes variations climatiques enclenchées à la fin du paléocène. (Demoulin, 1970) y a individualisé trois types de cuirasses :
• Le premier type de cuirasse est composé de grés en bloc. Ce type de cuirasse donne un relief caillouteux formé de grosses pierres brunes très caractéristiques de l’intérieur de la réserve.
• Les deux autres types de cuirasses sont ferrugineuse avec un aspect grossier pour l’un et alvéolaire pour l’autre.
L’occupation humaine et les activités socioéconomiques
Peuplement et composition démographique
La population de Popenguine est essentiellement composée de sérères safènes, ethnie qui se trouve sur presque toute la petite côte. Leur arrivée sur ce lieu, d’après les résultats de beaucoup de recherches, se situerait vers le XIIème ou le XIIIème siècle (Ndiaye, 1991).
Sur place, ils ont trouvé des populations socé qu’ils ont soit assimilé, soit repoussé vers d’autres territoires. « Le peuplement de la petite côte s’est effectué par migrations successives d’ethnies diverses vers la mer. Ces dernières appartiennent aux aires culturelles de l’espace sénégalais : mandings, sérères, wolofs, lébous, peulhs » (Sow, 1980).
A Popenguine se trouve une petite minorité de wolof-lébous. D’après F. Sow leurs ancêtres viennent du walo, ils constituent des vagues de peuplement plus tardives.
La fusion wolof-sérère semble admise par tous les chercheurs qui se sont penchés sur le sujet du peuplement de la petite côte (Sow, 1980).
(Paul Pélissier, 1966) nous dit, quant à lui, que la petite côte ou « la partie occidentale du domaine sérère, restée la moins organisée et la moins peuplée, a connu l’arrivée des colons wolofs et même la fixation des navétanes étrangers. Pénétrant en pays sérères, en franchissant l’axe Khombole-Thiès, les wolofs se sont infiltrés dans les vides séparant les anciens villages (…) en direction de la Petite Côte ».
Popenguine a sûrement hérité de ce peuplement car sa fondation ne remonte pas aussi loin que les vagues de peuplement qui eurent lieu il y a huit siècles environ.
Les langues sont autant diversifiées que les ethnies, mais la communication est facilitée par l’usage du wolof qui est parlé par plus de 80% de la population.
La composition sociodémographique de Popenguine est très fortement influencée par les traditions des différentes ethnies qui la composent. L’harmonie sociale est fondée sur la répartition spatiale, les modes de vie, les pratiques religieuses et culturelles. Cette cohésion sociale est renforcée par la parfaite entente qui existe entre les deux principales religions (islam et christianisme) pratiquées dans la Commune. Démographiquement, les villages de la Commune de Popenguine n’échappent pas à la tendance du fort peuplement des zones côtières sénégalaises.
Les activités socioéconomiques
Les activités socioéconomiques dépendent fortement des potentialités du milieu écologique et varient d’une zone à une autre. Ainsi, à Popenguine, les principales activités menées par les populations locales sont vivrières et contribuent à l’amélioration de leurs conditions de vie. Les plus importantes dépendent des écosystèmes terrestres et marins.
L’agriculture
L’agriculture est essentiellement pluviale et dépend des aléas climatiques. Les productions varient d’une année à une autre et dépendent aussi des quantités de pluie enregistrées, ainsi que leur répartition temporelle et spatiale. La surexploitation des sols induit leurs pertes de fertilité, ce qui explique parfois les baisses des rendements agricoles (Ndiaye, 1991).
Les principales cultures vivrières qui sont pratiquées par les populations sont le mil, le sorgho, l’arachide et le niébé.
Les cultures maraichères (tomates, oignons, aubergines, haricots verts, piment, gombo) et l’arboriculture fruitière (manguiers, agrumes) occupent certaines personnes durant la saison non pluvieuse. Cependant, il faut noter le faible effectif des agriculteurs qui s’adonnent à ces activités de contre saison, qui constitue pourtant une source de revenu non négligeable.
l’élevage
La grande originalité du terroir sérère réside dans l’association étroite faite entre l’agriculture et l’élevage. Il constitue l’un des rares exemples en Afrique de l’ouest d’une bonne intégration des cultures vivrières et de l’élevage par le biais de la stabulation.
Ceci n’est pas le cas cependant dans le terroir Popenguinois où l’élevage brille par son absence totale.
La configuration du relief, telle qu’elle apparait, laisse très peu d’atouts au développement des activités pastorales. Le terrain est inadapté au parcours du bétail, à cause des nombreuses buttes et collines cuirassées qui le jalonnent.
Les conditions climatiques non plus ne favorisent point l’essor de cette activité. Les points d’eau, nécessaires à tout pâturage font cruellement défaut à Popenguine. L’une des conséquences directes de la faiblesse des précipitations sur le milieu est la réduction de sa couverture végétale. Ce phénomène constitue d’ailleurs un des handicaps majeurs au développement de l’élevage dans cette localité.
La couverture herbacée est, en effet, très peu étendue dans toute la zone, dans l’espace comme dans le temps car dès l’arrêt des maigres précipitations, elle disparait. La végétation de ligneux est composée, comme l’indique (Demoulin, 1970) « sur les collines et les buttes des formations cuirassées d’un peuplement arbustif formé d’arbrisseaux à épineux avec comme arbuste caractéristique l’Acacia ataxacantha ».
Ce couvert végétal, très pauvre et situé sur des parties difficiles d’accès pour le gros bétail ne peut profiter qu’aux petits ruminants, les chèvres et moutons essentiellement.
Tourisme
La petite côte est une zone à vocation touristique. Ceci est le résultat de nombreux avantages naturels qu’elle détient. De Bargny à Joal, elle offre des sites naturels très adaptés aux activités de loisirs balnéaires (Diop, 1987).
Popenguine ne déroge pas à cette règle. La localité possède exactement les mêmes atouts naturels, sinon même davantage que les autres endroits du littoral comme Somone, Saly-Portudal ou Nianing.
La grande particularité du site Popenguinois par rapport au reste de la petite côte est sans aucun doute la présence de la falaise du Cap de Naze. Celle-ci domine tout le paysage de son imposante masse.
Grâce à l’influence de la mer, il existe par ailleurs, un micro climat très agréable à Popenguine qui se caractérise par une douceur sans commune mesure avec le climat qui règne à l’intérieur des terres.
Les températures moyennes oscillent autour de 20° C durant la période froide et autour de 30° C durant la période chaude.
L’ensoleillement y est très satisfaisant pendant presque toute l’année, bien qu’il soit parfois perturbé par la brume sèche qui se répand dans la région vers le mois d’avril.
Les baignades sur les plages se font, de ce fait, avec un minimum de risques pour les amateurs. Cette situation prévaut d’ailleurs pour l’ensemble des localités de la petite côte qui d’après (Diop, 1987) « est protégée par la presqu’ile du Cap-Vert contre les assauts de fortes houles prenant naissance dans les tempêtes des Açores ».
D’autre part, les températures de l’eau dans le littoral Popenguinois sont en toute saison favorable aux baignades dans la mesure où, « même pendant la période froide (décembre à avril), elles ne descendent jamais en dessous de 20° C » nous rappelle (Diop, 1987).
Ces températures deviennent beaucoup plus chaudes à partir du mois de mai et le restent jusqu’au mois de décembre. C’est d’ailleurs cette période qui correspond à l’hivernage que la plage de Popenguine est la plus fréquentée par la population locale essentiellement.
Popenguine est aussi marquée par la présence saisonnière de touristes étrangers européens. Certains touristes européens ont fini même par acheter des maisons qu’ils ont transformées en résidence secondaire ou simplement des campements touristiques.
Pêche
Popenguine, comparée aux villages de Ndayane et de Guéréo est loin d’être un grand centre de pêche. Le nombre des pêcheurs dans le village est très faible vu les énormes possibilités dont le village dispose dans ce domaine. La pêche se pratique sous plusieurs formes et aspects à Popenguine.
Types de pêche
Si la pêche piroguière est très développée dans la localité, il n’en demeure pas moins que la pêche moderne appelée industrielle est aussi pratiquée dans certaines zones de pêche.
Comme son nom l’indique, elle se pratique au moyen d’une pirogue motorisée ou non. Les acteurs sont collectifs, mais le rendement est faible.
La pêche artisanale est pratiquée en toute saison dans les eaux marines des villages de Popenguine, Ndayane et Guéréo. Cette pêche artisanale ou piroguière se fait par équipe de 4 à 5 personnes au maximum avec des pirogues dont la longueur varie entre 12 et 24 mètres. Les pirogues utilisées ne sont pas à l’usage exclusif de leurs propriétaires. La pêche artisanale à Popenguine utilise des embarcations légères de fabrication traditionnelle, des filets dormants de fond et de surface et des lignes. La production est destinée principalement à l’autoconsommation, au ravitaillement des villages de l’intérieur et à la fourniture des unités traditionnelles de transformation.
La pêche modernisée à Popenguine se pratique à l’aide de pirogues motorisées disposant de quelques équipements de base. Le nombre de pirogues motorisés dans les trois villages dépasse 400 pirogues, mais seule une centaine est trouvée sur place. La quasi-totalité sont parties à Joal, Djifère et Missirah.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ETAT DES CONNAISSANCES
I.1 Les AMP
I.2 Rôle des AMP pour la conservation de la biodiversité marine et côtière
I.3 Les AMP comme outils de gestion des pêches
DEUXIEME PARTIE : ZONE D’ETUDE
I.1 Réserve Naturelle Communautaire de Popenguine
I.2 Historique et création de la réserve
1.3 Cadre et justification de la réserve
I.4 Caractéristiques du milieu
I.4.1 Milieu physique
I.4.2 Géologie
I.4.3 Relief
I.4.4 Hydrologie
I.4.5 Climatologie
I.4.6 Végétation
I.4.7 Faune
CHAPITRE II : L’occupation humaine et les activités socioéconomiques
II.1 Peuplement et composition démographique
II.2 Les activités socioéconomiques
II.2.1 L’agriculture
II.2.2 l’élevage
II.2.3 Tourisme
II.2.4 Pêche
II.2.4.1 Types de pêche
II.2.5 Conditions océanographiques favorables à la pêche
II.2.5.1 Facteurs climatiques
II.2.5.2 Facteurs biologiques
II.2.6 Autres activités
TROISIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
III.1 Matériels
III.2 Méthodes
QUATRIEME PARTIE : RESULTATS
CHAPITRE I : CARACTERISATION DES PECHERIES
I.1.Nombre et origine des pêcheurs
I.2 Caractérisation des zones de pêche
I.3 Catégorie d’âge et socioprofessionnelle par activité de pêche
I.5 Caractéristiques des captures
CHAPITRE II : LA GESTION DE L’AMP
II.1 Système de gestion
II.1.1 Structures de gestion
II.1.2 Modèle communautaire de la gouvernance de la réserve de Popenguine
II.2 Perception de l’AMP et ses règlements par les populations
II.2.1 Rôle du comité de gestion de l’AMP
II.2.2 Relation avec les autres usagers
CHAPITRE III : DISCUSSION
III.1 Particularités des pêcheries dans la Réserve de Popenguine
III.2 Place des pêcheries dans le système de gestion de l’AMP
III.3 IMPLICATIONS POUR LA GESTION DE L’AMP
BIBLIOGRAPHIE
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