La végétation
Au XIXe siècle, le Fogny, comme toute la Basse-Casamance comprenait de très grandes forêts aux essences très variées, utilitaires, médicinales et décoratives. La description que fait Paul Pélissier insiste sur la diversité du boisement d’une zone à une autre: En Basse-Casamance, nous avons des forêts demi-sèches sur les plateaux, palmeraies aérées sur les versants, vallées en couloirs où serpentent marigots et mangroves, vasières et cordons littoraux (…) qui créent un milieu naturel dont la relative complexité fait un brutal contraste avec les plateaux et les plaines aux tapis végétaux homogènes du Sénégal central et oriental 10 Pélissier établit bien des différences a propos du couvert végétal du Fogny. Le plateau central, fait-il remarqué, est le domaine des arbres géants comme les cailcédrats, les fromagers, les rôniers. Tous ces arbres interviennent dans les besoins en textiles, en alimentation ou en ornement pour le Diola. Une végétation de type arbustive occupe les versants du plateau. Il s’agit en particulier des palmeraies touffues en bordure des rizières. Ces arbres utilitaires participent à l’alimentation de l’homme par ses noix rouges fréquemment utilisés pour les préparations des sauces ou par sa sève qui constitue le bounouck ou vin de palme très apprécié par les hommes du Fogny en particulier et les Diolas en général. Le long des marigots et rivières pousse une végétation particulière composée de palétuviers ; c’est la mangrove. Le Fogny a donc été dans le passé une zone de « hautes forêts » aux arbres gigantesques, pouvant atteindre 50m de hauteur et couverts de lianes. Aujourd’hui, cette forêt offre un triste spectacle d’une zone clairsemée conséquence d’une action destructrice énergiquement entreprise par l’homme et dont les conséquences impactent directement le comportement des nombreuses espèces animales qui s’y trouvent.
La faune
Si l’on évoque la richesse de la forêt du Fogny au XIXème siècle, il s’agit, au-delà de sa flore à nulle autre pareille au Sénégal, de souligner l’abondance et la diversité de sa faune. Les populations locales évoquent la présence, jusqu’à une époque pas très lointaine, de grands carnassiers. Simon SAMBOU, cite un de ses informateurs, Modou DIEDHIOU, âgé de 73 ans en 1994 : Les grands fauves, tels les lions, les panthères, les léopards étaient tellement nombreux qu’ils faisaient des ravages réguliers dans les troupeaux de bœufs. Des bandes d’éléphants, des hippopotames, des buffles, des antilopes, mais aussi des lièvres, des porcs-épics, des singes, des chats sauvages, des hyènes, des fouines, des civettes grouillaient dans la forêt du Fogny. L’avifaune, ensemble des oiseaux, de la faune ailée est aussi d’une grande abondance. En toute saison, pullulent aigles, vautours, chauves-souris, merles, perdrix pintades, pigeons et autres oiseaux aquatiques. Quant à la faune marine, elle est constituée des caïmans et lamantins qui peuplent les nombreuses rivières. Au nombre des espèces de poissons les plus fréquentes, figurent la carpe qui inondent toutes les eaux du fleuve Casamance, de ses affluents et de ses marigots. Ce poisson est de loin le plus utilisé dans les préparations des repas chez les populations locales. D’autres produits halieutiques comme les crustacés aquatiques (crabes, crevettes, écrevisses, homards, langoustes) sont aussi très courants au plus grand bonheur des populations du Fogny.
L’occupation française du Fogny
Les premiers européens à avoir foulé le sol du Fogny, furent les Portugais, au XVIIème siècle. Ils entretenaient des relations commerciales avec les Diolas de Jigauche29 Sud et les Baïnunk du bas-Soungrougrou. Toutefois, les Portugais n’avaient pas d’emprise sur les populations locales. L’arrivée des Français au début des années 1830 va tout changer des relations européennocasamançaises qui devinrent une longue suite d’expéditions militaires et de luttes sanglantes pour soumettre des populations rétives. Parvenus au Fogny par voie fluviale, les Français convoitèrent d’emblée les immenses richesses naturelles telles que la cire, le caoutchouc, la noix de palme, les peaux et l’ivoire. Ils tentent aussitôt de soumettre les populations locales ce à quoi celles-ci répondent par des actions de pirateries sur les bateaux de commerce. Face à des populations décidées à ne pas subir mais à défendre leurs terroirs, les Français durent recourir à la stratégie du « diviser pour mieux régner » en passant une multitude de petits traités avec des chefs de village qui ont du mal de se défendre. Ces stratèges français durent aussi s’appuyer sur les marabouts en particulier les prosélytes mandingues alors en pleine guerre sainte contre les populations païennes Diolas, Baïnunk et Soninké du Fogny. Pour venir à bout de la résistance armée des Diola en particulier, la France intensifia sa présence dans tout le Fogny par la création de postes militaires chargés notamment d’assurer l’exploitation des richesses naturelles du terroir et de sécuriser le commerce. La mise en place de l’administration coloniale sonne comme l’ultime étape d’achèvement de processus de domination des populations de la colonie. Au début du XXème, le Fogny est une terre conquise par les Français qui y entreprirent l’exploitation économique au profit exclusif de la métropole.
Les origines du diaxanké Fodé Kaba
Fodé Kaba naquit vers 1818 à Gumbel, petit village du sud du Boundu dans le département actuel de Bakel-Kidira. Son père Fodé Bakari Dumbouya, marabout diakhanké, lui donna le prénom d’Ibrahima. Le futur Fodé prit le nom de Kaba patronyme des ancêtres de sa famille. Plus tard, le jeune Fodé suivit son père qui alla s’installer non pas dans le Gabou comme le prétendent certains griots mais dans ses dépendances. En fait, ils traversèrent le Ouli, le Niani, franchirent le fleuve Gambie pour s’établir dans le petit village de Kérévane en Casamance, sur l’actuelle frontière de la Gambie. Ce village avait été créé et était dirigé par un roi malinké païen, Silati Kéléfa, qui habitait Soumacounda.
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Table des matières
INTRODUCTION
LE SYSTEME VOCALIQUE DIOLA
PREMIÈRE PARTIE : CONSIDÉRATIONS SOCIOPOLITIQUES ET RÉALITÉS HISTORIQUES
CHAPITRE I : PRÉSENTATION PHYSIQUE ET SOCIO-POLITIQUE DU PAYS FOGNY
A. LE CADRE PHYSIQUE
a. Localisation
b. Les éléments du relief
c. Le réseau hydrographique
d. Le climat
e. La végétation
f. La faune
B. LES POPULATIONS DU FOGNY DANS LA 2EME MOITIE DU XIXème SIECLE
a. Les Baïnunk
b. Les Diolas
c. Le Peuplement Mandingue
CHAPITRE 2 : CONTEXTE ET HISTORIQUE DE L’OCCUPATION FRANÇAISE ET L’ACTION DES FORCES MARABOUTIQUES DANS LE FOGNY
a. Rappel du contexte
b. L’occupation française du Fogny
c. L’action des forces maraboutiques
DEUXIÈME PARTIE: TRANSCRIPTION ET TRADUCTION DU CORPUS
TROISIÈME PARTIE: ANALYSE DU CORPUS
CHAPITRE I : QUELQUES GÉNÉRALITÉS SUR L’ÉPOPÉE AFRICAINE
CHAPITRE II : CONTEXTE DE PRODUCTION
1. Production et énonciation
II. Le Narrateur
CHAPITRE III : ORGANISATION DU RÉCIT
I. PROLOGUE (v.1-35)
II. Généalogie des personnages principaux (V. 36-49)
III. Le récit de la vie du héros épique (V.50-479)
1) La naissance du héros
a) selon la version de notre corpus (V.50-55)
b) selon la version historique
2) L’enfance et l’adolescence d’Ahoune
a) Version de notre corpus (V. 56- 65)
b) Version historique : Une enfance et une adolescence marquées par l’épreuve
3) La formation du futur héros (V.62-65)
4) Les péripéties militaires (V.66-479)
4.1. Les motifs du conflit (V.66- 73)
4.2. Le héros (V86-366)
4.3. Les adjuvants
4.3.1. Samili
4.3.2. Le djin
4.3.3. La première femme de Fodé Kaba
4.4. Les opposants ou anti-héros
4.4.1. Fodé Kaba
4.4.2. Demba Adiada
4.5. LE COMBAT FINAL
4.6. LE DÉNOUEMENT
CHAPITRE IV : ANALYSE THÈMATIQUE
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE
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Bonsoir !
Nous vous remercions beaucoup de nous fournir ces rares informations. Mais, pouvons-nous obtenir le mémoire entier sur cette étude ?