L’interface entre la sphère privée et la sphère publique
Avant de savoir si le balcon présente les caractéristiques physiques ou/et sensitives liées au seuil, il me paraît primordial de rappeler ce qu’est le seuil.
Le seuil est associé à la baie, la baie étant le dispositif permettant de passer d’un espace à un autre ; la baie peut être dotée d’une porte, d’une fenêtre, d’un rideau…
Il n’a pas de réelle interprétation physique du seuil en occident. Celui-ci se matérialise simplement par un changement de matière, de niveau, ou les deux.
Mais le seuil a une faculté sensorielle liée à son ambivalence : le franchissement et la séparation. Le balcon est un élément qui ne s’observe jamais dans son entité seule, il n’existe que par son lien transversal liant l’intérieur à l’extérieur.
Sur le balcon : la relation au corps
Le balcon possède plusieurs postures face à la rue mais il est surtout là pour nous reconnecter avec l’espace extérieur. Selon sa forme, son orientation, sa profondeur, et son garde-corps. Celui-ci tient un rôle majeur, implicitement lié à cette relation avec le corps, c’est le dernier rempart avec l’espace public.
Seul le vide nous fait prendre conscience de son importance ; j’aimerais à ce sujet évoquer une expérience personnelle.
J’ai vécu un moment où le garde-corps d’un balcon, par sa composition, provoqua chez moi un sentiment de vertige. C’était au douzième étage d’une tour d’habitation à Toulouse. Ce garde-corps en verre, malgré son efficacité évidente, m’incita tout de même à la méfiance. Lorsque l’on se trouve au douzième étage, soit à environ 36m du sol, la vue est très dégagée et ça impressionne. Certes, le privilège du panorama demande un certain temps d’adaptation pour être pleinement apprécié.
Le garde-corps translucide haut d’un mètre me sépare du vide. Au début, le corps réagit, je recule, je ne m’appuie pas dessus. Ensuite, je m’adapte. Mais tout le monde ne réagit pas de la sorte. A côté de moi quelqu’un était beaucoup moins à son aise, tandis que d’autre n’avait pas relevé l’impact comportemental du gardecorps.
Cette expérience montre que sur un balcon, la relation du corps à son environnement diffère selon la personne et aussi selon le dispositif de protection.
Filtrage des vues et intimité
En période nocturne, nous, habitants, sommes plus vulnérables aux vues des passants ou des voisins. La lumière intérieure met en scène un moment de la journée propice à la décontraction, où l’intimité est de mise. Mais cette notion est culturelle.
Par exemple, à Copenhague , il n’y a pas de rideaux aux fenêtres, en centre ville.
La nuit tombée, c’est encore plus flagrant de constater l’indifférence des gens à votre mode de vie. Pourtant la pièce étant normalement éclairée, vous êtes littéralement mis en lumière. Vous seriez immédiatement repéré à observer directement à travers la fenêtre du voisin.
Personne ne se cache, donc personne ne regarde : culturelle ou historique (un héritage du protestantisme puritain : on ne doit pas se cacher et on doit vivre à la vue de tous), cette approche est propre au Danemark est s’étend à quelques pays scandinaves.
En France, en revanche, l’intimité est une notion à prendre en compte quand on conçoit un bâtiment d’habitation. Les périodes nocturnes influent moins dans la conception et ne sont pas distinguées de la période diurne, car l’intimité est assurée par rideaux et volets. Elle se résume au vis à vis, simplement.
Mais pourrait-on inclure dans la conception architecturale, un dispositif extérieur prenant aussi en compte le filtrage des vues, pendant la nuit.
La question de l’intimité touche les habitants au sein de leur sphère privative, mais elle s’étend également en dehors du chez-soi pour se définir dans un rapport à l’autre, le voisin, en vue d’être partagée avec lui. L’intimité n’est pas purement subjective, elle se définit par rapport à l’autre, aux autres.
C’est pourquoi la construction du chez-soi se fait aussi en dehors du logement.
Habiter n’est pas seulement être enfermé à l’intérieur de son logement, habiter passe par la construction d’un univers intime pour Soi, univers intime qui peut être extérieur au logement : le sentiment d’être chez-soi est d’abord vécu dans l’espace du logement mais peut s’étendre hors des murs.
L’habitant est capable de transformer le lieu pour se l’approprier en utilisant son potentiel sensoriel, spatial, social afin de s’inventer son confort, son intimité, sa culture domestique et pour communiquer avec l’environnement humain. Si l’intimité est un besoin à la fois universel et individuel, comment peut-on la concilier dans le contexte de l’Habitat Individuel Dense qui autorise une liberté mesurée?
Les constructions du chez-soi se jouent au-delà du découpage public/privé.
La relation intime avec le lieu se manifeste quel que soit le type d’habitat, mais elle est accentuée dans l’Habitat Individuel Dense. Dans ce type d’habitat, la densité spatiale impose une gestion des rapports à l’autre et une négociation forcée des limites. Dans ce contexte, il est possible d’identifier et de décrire des éléments morphologiques et sociaux qui favorisent ou non le surgissement de l’intimité. On peut ainsi supposer que dans les zones d’Habitat Individuel Dense, les processus de construction de l’intimité se traduisent par des configurations appropriables qui modèlent le chez-soi et échappent au découpage classique privé/public. Ainsi, les habitants fabriquent eux-mêmes leurs dispositifs quand l’intimité n’est pas suffisamment intégrée par le concepteur. Parfois, afin d’anticiper les dérives esthétiques il arrive de voir des garde-corps en verre opalescent (Fig. 8) sur de nombreuses opérations de logements. Cette solution complaisante accommodant le promoteur et l’habitant révèle une faiblesse architecturale, pouvant s’apparenter à la mise en place d’un élément rapporté (l’architecture se doit d’être pensée dans la globalité).
La relation au corps
Comme évoqué dans la section précédente, une réflexion est menée sur le rôle du balcon en relation avec le corps.
Le balcon nous reconnecte avec l’espace extérieur par sa morphologie : cela dépend de sa forme, son orientation, sa profondeur, et son garde-corps.
En particulier, ce dernier constitue un élément majeur car il représente la limite physique de franchissement entre le corps et l’espace public.
La sensibilité de l’usager n’est pas un facteur pris en compte lors de la conception du balcon, mais reste toutefois un élément distinctif pouvant nuancer un choix lors d’une acquisition par le futur habitant.
La protection peut être très légère (masse et aspect visuel) mais efficace et l’utilisateur est rassuré par rapport à la hauteur et la sensation de vide
Contre exemple, avec une autre approche plus protectrice. Le corps est en contact avec l’extérieur sans vraiment être exposé. Ce dispositif propose un compromis entre la fenêtre et le balcon en s’affranchissant du prolongement de l’habitat vers l’extérieur pour donner à l’utilisateur un sentiment d’appartenance au paysage.
Filtrage des vues et intimité
Dans la ZAC de Borderouge, et en règle générale, l’appropriation des balcons passe souvent par une installation qui protège du regard, l’espace intime derrière le garde-corps . Aussi je m’interroge sur la conception du balcon et la compatibilité avec notre culture française très pudique avec son rapport au voisinage. On pourrait décliner cette question de pudeur autour de plusieurs dispositifs architecturaux qui sont les rideaux, les volets, les persiennes, etc.
A différents degrés, ils préservent notre intimité si désirée.
Ces dispositifs sont, à la base, conçus pour fournir une protection contre la surchauffe de l’habitat et ne sont donc pas pleinement appropriés comme filtre visuel. Par conséquent les balcons peuvent bénéficier de telles protections uniquement lorsqu’ils sont orientés sud et sud-ouest. Là où le balcon est mal orienté (donc sans protection) l’habitant tente souvent de s’isoler des vues par des moyens de fortune, ce qui pose la question du concept même du balcon et de sa compatibilité à la culture de notre Pays. En effet, ces protections solaires qui font office de protections visuelle mais pas de manière exhaustive, mettent en évidence une incompréhension de la notion d’intimité dans l’habitat contemporain et des préoccupations des usagers.
Filtrage des vues et intimité
On découvre des systèmes de protections ingénieux sur certaines façades, en contrexemple de la fiche précédente.
Ces systèmes peuvent se révéler constitutifs de la façade, aboutis et surprenants.
Dans l’inventaire des protections solaires, la plupart sont amovibles puisqu’elles s’adaptent à la course du soleil. Et cette possibilité devrait être un atout dans la maîtrise de son intimité. Comme une sorte d’auto-gérance de son humeur et de son ressenti par rapport à l’environnement extérieur. Je décide de m’ouvrir aux autres, ou je décide de préserver mon intimité. Dans la temporalité d’une journée, les façades vibrent aux rythmes des humeurs de ses occupants. Ces systèmes amovibles assortissent les façades d’un aspect dynamique esthétiquement intéressant.
Filtrage des vues et intimité
L’architecture est le prolongement de soi. Le balcon est un espace sensoriel extérieur au même titre que la pièce intérieure qui le jouxte. C’est parce qu’il est en contact avec l’extérieur qu’il est confortable à vivre. Pour sentir l’air, les rayons du soleil sur la peau, la barrière physique ne devrait pas être totalement étanche, de plus l’étanchéité annihile tout confort visuel.
Le balcon se doit de conserver cette ambivalence intérieur/extérieur, tout comme le système qui fait sa séparation. C’est à dire que le filtre est synonyme de nuance, par opposition il n’est pas qu’ouvert ou que fermé. Un balcon complétement fermé serait alors plongé dans le noir.
Par conséquent, le filtrage des vues est remis en question dès lors que le système s’apparente à un système binaire (ouvert/fermé), l’intimité qui en dépend n’est plus assurée, sinon au sacrifice du confort sensoriel que procure le balcon.
Ces mêmes systèmes s’avèrent parfois anecdotiques. L’enjeu plastique de la façade et de son dispositif en fait oublier l’usage, et cela se joue aussi sur des détails. Dans le cas d’une écriture verticale du filtre visuel l’écartement entre ses éléments est déterminant. Quelques centimètres de trop et le système n’est plus un filtre visuel, il devient ornement. L’erreur de discernement se révèlerait coûteuse et inutile.
Son statut d’externalité
Lors du franchissement du seuil, celui de l’intérieur vers l’extérieur ou inversement, nous, êtres humains dotés de capacités cognitives, sommes soumis à un état.
Par exemple, je sors de chez moi pour me rendre au travail: l’action d’ouvrir la porte et de franchir ce seuil, procure une certaine sensation. C’est en quelque sorte une ponctuation dans le temps.
Maintenant, on transpose cette faculté sensorielle au seuil du balcon, puis nous dériverons vers la question posée dans le titre de ce chapitre.
Franchissement du seuil
Lorsque un individu est confronté à choisir son habitat, il est indéniable que la présence d’un espace extérieur (balcon, loggia, terrasse) constitue un avantage par rapport à un logement qui n’en propose pas. On se sent naturellement attiré par l’offre d’un espace extérieur privé, quelle qu’en soit la dimension, car même si on n’en jouira pas toute l’année, on est conscient du potentiel que ce dispositif contient.
C’est le privilège d’un passage exclusif vers le monde extérieur, sans sortir de chez soi. « …tiré de « pas », « passus » en latin, « passage » désigne le déplacement, l’acte de se déplacer. Une marche vers ailleurs (à côté, là bas, plus loin, plus haut…), une enjambée, un cheminement, un processus de transformation en train de s’opérer, et non déjà effectué ; en même temps que le lieu où s’effectue ce processus, sa trace ou son support, que ce soit au sens morphologique, spatial, géographique ou bien métaphorique… » (M. de la Soudière, 2000, p. 5)
Le passage du séjour au balcon doit se faire le plus naturellement possible, la matérialité participe à la lecture de l’espace et peut renforcer la fluidité de la déambulation.
Aussi on parle de franchissement dès lors que la fluidité est perturbée par une différence de hauteur entre le balcon et le séjour, celle-ci matérialisée par le seuil. « …réfléchir sur les franchissements, c’est questionner les passages dans leur matérialité… » (M. de la Soudière, 2000, p. 16.) « …s’il y a rite de passage, c’est qu’il y a séparation, franchissement d’une limite… » (P. Bonnin, 2000, p.68-69.)
L’univers extérieur s’ouvre plus naturellement à nous quand le seuil s’efface sous nos pieds. C’est alors que le paysage s’invite à l’intérieur devenant le prolongement naturel de l’habitat.
Le sentiment d’appartenance à cet univers extérieur fait de la pièce un espace qualitatif. Ce sentiment ne dépend pas uniquement du seuil, mais aussi du gardecorps: si celui-ci est translucide, ou largement ajouré, le rapprochement avec le milieu extérieur est significatif. Egalement, la lumière joue un rôle dans la transition de l’intérieur vers l’extérieur, elle dépend notamment de la conception du balcon. Le balcon se conjugue avec quelques critères importants dans le jeu d’ombre et de lumière : la matérialité de la sous-face, la profondeur même du balcon, le système occultant ou encore le dessin du garde-corps. C’est ce contraste de lumière qui accentuera la nuance de délimitation des espaces.
Le balcon comme pièce supplémentaire
Le balcon, en tant que élément franchissable ne serait-ce-que visuellement, peut être considéré comme une limite, un seuil, entre l’intérieur et l’extérieur, entre les murs et le paysage, entre les sphères publique et privée. Il devient une épaisseur qui est le prolongement de l’habitat.
Ce prolongement est donc habité. Il est à la fois un espace intime et exposé, il est le reflet de l’espace domestique intérieur. Son utilisation est étroitement liée aux besoins de l’usager, la manière de le vivre pouvant être choisie ou subie. En effet, sa physionomie peut découler d’une carence d’espace secondaire de l’habitat, ou d’un souhait d’une extension agréable du chez soi. Dans son livre « A travers les murs », Jean-Charles Depaule évoque l’épaisseur, la façade au Caire (Egypte) : « …pièce supplémentaire, annexe ou débarras, exutoire ou prolongement, il est rare que le balcon ou la loggia soit seulement un lieu où on jouit pour lui-même (l’air, les vues…) presque toujours ils est aussi un palliatif, une réponse, à des multiples manques… » (JC. Depaule, 1985, p.223).
La manière de vivre cette pièce supplémentaire influence son aménagement, qui est également à l’image du goût, des moyens, de la culture de son utilisateur.
Dans le quartier de Barceloneta à Barcelone (F. 10) utiliser le balcon comme étendoir fait partie du folklore du quartier et cette pratique n’est en rien perçue comme une pollution visuelle. En revanche, la même pratique dans un environnement de ZAC récente provoque un contraste qui peut déranger les regards, à tel point que cela peut faire l’objet d’interdiction.
Le balcon au Rez-de-Chaussée
La question du balcon au RdC est délicate quand il s’agit de construire dans un milieu urbanisé. Elle soulève des problèmes récurrents avec des réponses d’ordre usuelles: les commerces. Les Rez-de-Ville sont des espaces d’échange, mais ne sont pas habités.
L’enjeu est moindre dans des groupements de logements dit « sécurisés » type résidence, dans ce cas le rez-de-chaussée est habité. D’ailleurs, on parle souvent de « Rez-de-jardin ». Il est aussi moins exposé qu’un niveau habité en contact avec la chaussée.
En ville, les balcons existent à partir du premier niveau car les logements sont en règle générale, décollés de la chaussée. Les commerces, entrées de parking et autres dispositifs, sont les seuls contacts directs avec le piéton.
En revanche les logements en bande des milieux périurbains proposent des jardins, car le but de ces typologies est de densifier tout en intégrant la dimension domestique de la maison pavillonnaire bordée de son jardin.
Quelle est la caractéristique de ces rez-de-chaussée dans la Z.A.C de Borderouge ?
Quels sont les enjeux en termes de connexion avec le trottoir, premier élément de l’espace public ?
Le P.L.U règlemente ces Z.A.C. Il dessine les limites ; les aires séparatives, le recul par rapport à la rue… Par rapport à la rue, nous y sommes. Ci-dessous, l’extrait du P.L.U de la ville de Toulouse concernant la zone UA4 de Borderouge et les dispositions spécifiques: « ARTICLE 6 (UA4) – IMPLANTATION DES CONSTRUCTIONS PAR RAPPORT AUX VOIES ET EMPRISES PUBLIQUES ET VOIES PRIVEES Rappel : Les « dispositions générales » et les « dispositions communes » s’appliquent.
Le balcon comme pièce supplémentaire
Selon ses dimensions, son orientation, son alignement, son exposition aux regards, ses usagers…le balcon peut être vécu comme pièce supplémentaire.
Par son aménagement, l’usager s’approprie de ce dispositif.
Si le balcon n’est pas pensé comme une véritable pièce à vivre, il peut se réduire à un débarras en créant un problème d’image pour les habitants, jusqu’à dévaloriser un quartier.
Cette dérive esthétique peut naître d’une mauvaise gestion de l’habitat ou bien d’une mauvaise conception de celui-ci. Les pièces secondaires (telles que cellier, buanderie, cave, etc.) sont inexistantes ou sous dimensionnées, ce qui pousse l’habitant à en créer des nouvelles en se servant de la seule surface disponible : le balcon.
Le sous dimensionnement généralisé des logements collectifs est dû, en partie, à la loi sur l’accessibilité PMR qui engendre une redistribution des surfaces des pièces tout en conservant la même surface globale liée au système de promotion immobilière.
Le même besoin peut également naître d’une précarité en termes de sécurité dans le quartier, et parfois dans la résidence même, qui oblige les habitants à convertir le balcon en local vélo, poussette, etc…C’est là que le rôle de l’architecte devient primordiale, pour tenter d’éviter ces inesthétiques en intégrant des systèmes simples de stockage et rangement dans la conception du balcon.
Le balcon peut se transformer en espace qualitatif qui confère une véritable valeur ajoutée au logement. C’est le cas du balcon aménagé en tant que salon d’été, salle à manger, jardin suspendu. A contrario, dans ce cas il contribue à valoriser la façade, mais aussi le quartier grâce à l’amélioration de la qualité de vie qu’il apporte à ses habitants.
Dialogue dans l’urbanité
« Conséquence de l’urbanisation. Comme dans les villes d’Europe du sud ou d’Afrique, c’est parfois le trottoir qui est une annexe de la maison. On parle aussi de formes d’occupation définitive ou éphémère de l’espace public (pieds d’immeubles, terrain vagues, dents creuses et vides de toutes espèces) qui sont autant de marques d’appropriation non programmée, formes de résistance, donc de privatisation de l’espace. » (M. Segaud, 2010, p. 69).
C’est cette rencontre des deux mondes, celui de l’intimité et celui de la vie publique, en prenant en compte le contexte, fondamental dans cette histoire de rencontre.
Il faut imaginer une ville où il n’y aurait que des cours intérieures et une ville où les balcons seraient les vecteurs d’une communication silencieuse… Alors pourquoi une cour, pourquoi des coursives et/ou pourquoi des balcons ? Le balcon est un entre-deux qui se cherche une identité dans l’habitat contemporain. Il n’est plus un objet inerte ; je pense qu’il mute et participe à « l’architecture ».
On va délimiter pour s’approprier, mais s’approprier quoi ? Un extérieur ? Un ordre ? Un désordre ? On communique ou pas sur ce que laisserait voir l’intérieur d’un logement à travers son balcon. Séparer l’ordre du désordre. « La symbolique qui rend compte entre le devant et le derrière du logement renvoie à l’opposition entre ce qui est montrable socialement et ce qui doit être caché, ce qui relève d’une convention culturelle. » (C. Moley, 2006, p. 142-143). « …L’appropriation revêt ainsi un double aspect : celui de compétence, c’est à dire la capacité de chacun à développer des pratiques d’appropriation et de performances, c’est-à-dire les pratiques effectives. Mettre de fleurs à son balcon implique des pratique d’entretien (arrosage) mais signifie aussi que cette action esthétique ( de décoration) qualifie un lieu montré « aux gens qui passent ».Ainsi on peut mettre ( ou ne pas mettre) des fleurs à son balcon et dans l’un comme dans l’autre cas, si la possibilité matérielle autorise cette pratique, elle implique à la fois une capacité générale et la possibilité de ne pas le faire (tout le monde en effet ne met pas des fleurs à son balcon)… » (M. Segaud, 2010, p. 69).
« Pour l’immeuble de rapport, sa relation à la rue repose essentiellement, dans les décennies au tournant du XXe siècle, sur la règle de l’alignement, sans qu’un tel contact direct, en l’absence de tout espace intercalaire, traduise un manque d’articulation privé/public. Cette articulation est en fait réalisée à l’intérieur de l’appartement»(C. Moley, 2006, p. 142-143).
Dans le chapitre « Prolongements individuels » du livre, Christian Moley fait référence à un ouvrage de Chombart de Lauwe : Famille et Habitationqui interroge les architectes contemporains sur les tendances actuelles, on est en 1960 et la cellule comme habitation n’évolue pas (C. Moley, 2006, p. 142-143).
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Table des matières
Préambule
Présentation du mémoire
Localisation de la ZAC de Borderouge dans la métropole de Toulouse
Localisation des éléments analysés dans la ZAC de Borderouge
Légende
Introduction
Définitions
I. L’interface entre la sphère privée et la sphère publique
Sur le balcon : la relation au corps
Filtrage des vues et intimité
FICHES 1-4
II. Son statut d’externalité
Franchissement du seuil
Le balcon comme pièce supplémentaire
Le balcon comme agrément
Le balcon au Rez-de-Chaussée
FICHES 5-8
III. Les balcons et le paysage
Dialogue dans l’urbanité
La façade habitée
Jeu architectural et formel
Influence urbanistique
FICHES 9-13
Conclusion
Bibliographie
Table des illustrations
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