D’après la littérature actuelle, environ 1 personne sur 2 connaitra au cours de sa vie un épisode de cervicalgie entrainant une raideur du rachis cervical et des retentissements cliniques importants. [1] Il existe une disparité des taux de prévalence rapportés dans les études épidémiologiques avec une incidence annuelle comprise entre 15 et 50% ; une revue systématique rapporte un taux moyen de 37,2%[2]. Selon la HAS, la douleur cervicale fait partie des 4 troubles musculo squelettiques les plus fréquents dans le milieu professionnel. La douleur cervicale associée à une douleur dans le bras (douleur cervico-brachiale) est une plainte fréquente chez les patients cherchant une prise en charge masso-kinésithérapique. L’origine neurogène de ces douleurs sont estimés à 20% dans cette population[3]. En 2015, la CNAMTS (Caisse National d’Assurance Maladie des Travailleurs Salariés) a donné un référentiel concernant la durée d’arrêt de travail dans le cas de la névralgie cervico-brachiale. La durée de référence est alors de 15 à 42 jours (pour un traitement conservateur)[4]. Au vu de la prévalence de la maladie dans la population et de la durée d’arrêt de travail en France, les névralgies cervico brachiale présentent un coût considérable de santé[4]. L’enjeu des professionnels de santé est donc d’en diminuer la durée, la douleur et les retentissements fonctionnel, biologique, psychologique, professionnel et social. La neurodynamique est largement utilisée pour traiter différents troubles neuromusculaires. Une méta-analyse récente suggère un effet positif de l’utilisation de la neurodynamique pour traiter la lombalgie[5]. Ces effets ont été observés pour l’utilisation seule du traitement ou de manière combinée. Ces résultats encourageants nous mènent à penser que l’amélioration des névralgies cervico-brachiales pourraient se faire grâce à la mobilisation neurale. Lorsque l’on parle de cervicalgie il est important de pouvoir classifier pour mieux traiter. Il existe de nombreuses classifications :
– En fonction de la durée : aigue pour une durée inférieure à 6 semaines, subaiguë pour une durée de 3 mois et la douleur chronique décrite après 3 mois. [4]
– En fonction de leur étiologie, elles sont dites « communes » ou « non spécifique » lorsqu’elles n’ont pas d’origine précise et définie telle qu’une origine traumatique ou infectieuses. [6]
– En fonction des lignes de traitements[7]: déficit de mobilité, déficit de coordination, associé à des céphalées cervico-géniques et associé à des douleurs irradiantes. Une classification intéressante a été proposé par Fritz et Brennan en 2007.
– En fonction de la gravité de la douleur : en 2010, la Neck Pain Task Force (NPTF) propose un nouveau système de classification[8]. Cette dernière facilite le système et permet une meilleure compréhension de tous autant les chercheurs et cliniciens que les patients. Cette classification contient 4 niveaux de gravité des douleurs.
Rappels anatomiques
Le rachis s’étend de la base du crâne au socle pelvien et correspond à un axe mobile pourvu de rigidité accueillant l’axe nerveux médullaire. Ce rachis contient plusieurs étages ; cervical, thoracique, lombaire, le sacrum et le coccyx. Cette charpente du corps humain est un empilement de vertèbres articulées entre elles de manière complexe, renforcé par un système ligamentaire. Ce socle permet l’insertion des muscles assurant la fonction de mobilité et de statique rachidienne coordonnée. Nous nous intéresserons au premier segment de cette structure : le rachis cervical et nous décrirons cette région en détail ou nait une structure nerveuse importante ; le plexus brachial.
Structure articulaire du rachis cervical
Le rachis cervical compte 7 vertèbres (de C1 à C7), c’est un segment doté de souplesse et de mobilité. Il est formé dans le plan sagittal d’une courbure concave en arrière appelée lordose cervicale.
• Description des vertèbres (Annexe n°1) : Les vertèbres sont des os courts et symétriques qui présentent en leur centre un creux appelé foramen vertébral. On leur décrit 2 arcs ; antérieur et postérieur :
– L’arc antérieur est composé d’un plateau vertébral circulaire accueillant le disque intervertébral.
– L’arc postérieur constitue un bras de levier pour les muscles qui s’y attachent. Les pédicules circonscrivent le foramen vertébral. Les lames prolongent ces derniers et à leur union nait le processus épineux. A l’intersection des lames et des processus transverses on retrouve les processus transarticulaires postérieurs (2 paires par vertèbres, supérieures et inférieures). Les pédicules de 2 vertèbres consécutives forment le foramen intervertébral.
• Particularités des vertèbres cervicales : Le rachis cervical, ayant pour fonction le support, l’orientation dans l’espace de l’extrémité céphalique et le maintien du regard à l’horizontal, est pourvu d’une grande mobilité grâce à ses particularités.
Les vertèbres cervicales se différencient des vertèbres types notamment par leur forme très aplatie et possèdent les caractéristiques suivantes : le corps est un parallélépipède limité latéralement par des saillies appelées uncus pour la face supérieure et biseaux pour la face inférieure, les pédicules sont dirigés en arrière et en dehors, les lames sont plus larges que hautes et les processus épineux sont bifides. Finalement, les processus transverses sont larges et court à apex bifides et contiennent une gouttière axiale ; avant de se réunir ils forment le foramen transversaire spécifique aux vertèbres cervicales permettant le passage de l’artère et de la veine vertébrale.
Parmi les 7 vertèbres cervicales, 3 sont uniques :
– L’Atlas (C1) n’a pas de corps ; ses deux arcs vertébraux se réunissent et forment un anneau horizontal qui vient se plaquer directement au niveau du foramen magnum de l’os occipital de la base du crâne. Les processus trans-articulaire postérieur constituent un ménisque osseux, cette articulation n’a pas de disque intervertébral.
– L’Axis (C2) se décrit en deux parties. La moitié supérieure présentant le processus odontoïdes répondant à l’anneau de l’atlas et la moitié inférieure répondant morphologiquement à C3 par un disque intervertébral. L’articulation C1-C2 se fait également sans disque.
– La 7ème vertèbre cervicale (C7) constitue la charnière cervico-thoracique et présente des facettes costales répondant à la 1ère côte. Cette dernière vertèbre ne livre pas de passage aux artères vertébrales.
Articulations intercorporéales : De type symphyse, c’est l’articulation des corps vertébraux de 2 vertèbres consécutives grâce aux disques intervertébraux qui insèrent leur fibre au niveau de la plaque cartilagineuse des corps. Ces disques en forme de lentille bi convexe ont une structure fibrocartilagineuse et présentent 2 parties :
– Une partie centrale, constituant 30 à 60 % du disque, comprenant le noyau appelé nucléus pulposus qui est dur, déformable et incompressible. Il constitue un pivot mobile. Il se situe au regard de la paroi postérieure de la colonne vertébrale.
– Une partie périphérique ou anulus fibrosus, large est composée de lamelles concentriques. A l’étage cervical le disque est limité latéralement par les articulations unco-vertébrales.
• Articulations inter-facettaires postérieures : Au nombre de 2 par étages, elles correspondent à l’articulation entre les processus articulaires postérieures et inferieurs des vertèbres susjacentes et des supérieures des articulations sous jacentes. De surfaces planes, elles sont encroutées de cartilage hyalin.
Structure ligamentaire du rachis cervical
Les ligaments constituent des moyens d’union entre ces vertèbres et on retrouve :
– Les ligaments longitudinaux antérieur et postérieurs présents au niveau des faces antérieure et postérieure des corps vertébraux et des disques intervertébraux et courent du foramen magnum et sacrum.
– Les ligaments jaunes présents entre 2 lames sont pairs et constitués de nombreuses fibres élastiques.
– Le ligament inter épineux s’insère entre les bords épineux.
– Le ligament supra épineux s’attache au niveau des processus inter-épineux de chaque vertèbre. Au niveau cervical, il prend le nom de ligament nucal qui est résistant et permet l’insertion des muscles superficiels de la région. Les ligaments intertransversaires sont absent au niveau cervical.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Rappels anatomiques
Structure articulaire du rachis cervical[9]
Structure ligamentaire du rachis cervical[9]
Structure musculaire du rachis cervical[9,10]
Structure neurale[9,11] 8
1.2 La névralgie cervico-brachiale
Classification et drapeaux rouges
Physiopathologie
Signes cliniques et diagnostic
Diagnostic différentiel [18]
1.3 Prise en charge masso-kinésithérapique : techniques de mobilisations neurales et de neurodynamique
Concept[24-30]
Évaluation : test neurodynamiques
Traitement : Les mobilisations neurales
1.4 Importance et objectifs de notre revue de littérature
2 Méthode
2.1 Critères d’éligibilité des études pour cette revue
Schémas d’étude
Question de recherche
Critères d’inclusion et d’exclusion
2.2 Méthodologie de recherches des études
2.3 Méthode d’extraction et analyse des données
Sélection des études
Évaluation de la qualité méthodologique des études sélectionnées
Méthode de synthèse des résultats
3 Résultats :
3.1 Description des études
Diagramme de flux
Références des études exclues
Références des études inclues
Synthèse des études inclues
3.2 Risques de biais des études inclues
Les biais de sélection ou d’attribution (items 2 à 4 de l’échelle PEDro)
Les biais dû à des écarts par rapport aux interventions prévues (Items 5 et 6)
Les biais liés à la mesure des résultats (item 7)
Les biais liés aux données de résultat manquantes (items 8 et 9)
Les biais dans la sélection et l’interprétation des résultats (items 10 et 11)
3.3 Effets de l’intervention
Effets sur les critères de jugements principaux
Effets sur les critères de jugements secondaires
4 Discussion
4.1 Analyse des résultats principaux
La douleur
La capacité fonctionnelle
4.2 Analyse des résultats secondaires
Les amplitudes articulaires
La distribution des symptômes
Les réponses aux ULNTs
4.3 Résumé des résultats
4.4 Applicabilité des résultats en pratique clinique
Praticabilité des techniques de neurodynamiques
Applicabilité aux patients
4.5 Qualité des preuves
4.6 Biais potentiels de la revue de littérature
4.7 Limites de la revue
5 Conclusion
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