Notre époque est marquée par l’évolution de la population en médecine générale notamment avec une augmentation de la prévalence des patients dit «polypathologiques » dans la population française du fait d’une augmentation de l’espérance de vie. (1) Cela est aussi le cas dans la région Pays de la Loire. (2) Cependant des études récentes montrent que la polypathologie ne reste pas l’apanage du sujet de plus de 65 ans et touche aussi le sujet jeune.
La définition de la polypathologie n’est pas communément admise mais peut se définir comme « la co-occurrence de plusieurs maladies chroniques (au moins deux) chez le même individu sur la même période ». (4) L’enseignement de la médecine, les études scientifiques en médecine et l’organisation du système de santé ont été développé sur un modèle dit « mono-pathologique ». La modification de ce schéma replace la médecine de soins primaires au cœur de la prise en charge de ces patients dont les enjeux de prise en charge globale, de suivi longitudinal ainsi que la médecine dite « personnalisée » nécessitent l’expertise du médecin traitant et de la relation à long terme « médecin-malade ». Ainsi Cowie L et al montrent que pour des patients avec plusieurs pathologies, un suivi en soins primaires et une relation médecinmalade stable dans le temps favorisent le suivi et la coordination des différentes prises en charges spécialisées (notamment concernant des problèmes de communications médicales ou organisationnelles). (5) De plus la collaboration avec une équipe spécialisée pourrait améliorer les performances du médecin généraliste notamment dans la détection et la prise en charge des complications des maladies chroniques.(6) Les patients abordent d’autant mieux leurs maladies et leurs évolutions s’ils sont capables de créer un lien avec les thérapeutiques et de les hiérarchiser. (7) Le rôle du médecin généraliste étant de prioriser les problématiques médicales, cela pourrait améliorer la compliance et l’observance des traitements.
Principaux résultats
Intérêt pour le projet
Il existe une demande forte chez les médecins traitants du bassin choletais (100 % des répondants sont favorables) pour la mise en place d’un lien « ville-hôpital » dont la forme pourrait être une hospitalisation de jour. 12 commentaires libres faisaient part du caractère intéressant et/ou adapté du projet.
Moyens de communication et interlocuteurs
La mise en place de moyens de communication multiples semble indispensable mais doit aussi nécessairement comprendre une ligne directe « d’avis » (89 % de réponses favorables) afin de favoriser les échanges directs entre médecins. 7 commentaires libres insistaient sur ce point. Le médecin référent de l’HDJ reste l’interlocuteur privilégié (96 %). Les résultats suggèrent une préférence pour l’association email/téléphone par rapport à l’association email/téléphone/fax (78 % versus 65 % de réponses favorables) .
L’interaction doit nécessairement faire preuve de réactivité face à des demandes diverses. 98 % des répondants souhaitaient un retour rapide sur l’accord de principe. Dans ce sous-groupe, 85 % des répondants souhaitaient un délai situé dans les 24 heures (29 %) ou 48 heures (56 %). Il n’y a pas de moyen privilégié pour effectuer cette confirmation. Les lettres de liaisons doivent être systématiques (100 %), d’ailleurs un commentaire libre rapporte le caractère « essentiel » de ce document afin de poursuivre la prise en charge du patient. Bien que les médecins rapportent que cela modifie leurs attentes en termes de délais (80 %), seulement 17 % souhaitaient attendre une synthèse définitive avec l’ensemble des éléments. 72 % souhaitaient l’obtention du CRH dans un délai d’une ou deux semaines (respectivement 37 % et 35 %).
Patients et situations médicales ciblés
Les patients ciblés semblent être surtout les patients âgées et/ou polypathologique (73 %) et les personnes dépendantes (65 %). Le bilan diagnostique (88 %) et la prise en charge thérapeutique (85 %) semblent être les situations médicales identifiées comme particulièrement intéressantes pour les médecins traitants. Concernant le contexte médico-psycho-social, c’est la prise en charge ou l’exploration d’une pathologie chez un patient présentant une situation de handicap (physique ou psychique) et pour laquelle une hospitalisation complète s’avèrerait délétère (83 %) et les situations médicales complexes nécessitant une expertise pluridisciplinaire chez un patient pouvant rester au domicile (79 %) qui semblent intéresser le plus les médecins traitants.
Connaissance du cadre réglementaire et des situations éligibles
Les médecins de villes ont une faible connaissance du cadre légale permettant d’organiser une hospitalisation de jour. 76 % rapportaient ne pas connaître les contraintes réglementaires encadrant l’organisation d’une HDJ et donc une précision sur les prises en charges éligibles doit être apportée. La mise en place d’un référentiel de situation est souhaitée à 91 % pour y répondre mais ne peut se substituer à un contact direct comme énoncé ci-dessus.
Aspects relationnels
Les résultats suggèrent que la mise en place d’une telle structure pourrait améliorer les relations avec l’hôpital (98 % de réponses favorables) et les échanges de pratiques/connaissance (91 %). Parmi les commentaires libres, 4 faisaient état de retour d’expérience positive. 5 commentaires faisaient état de réserves : 2 rapportaient une crainte concernant la majoration des délais notamment du fait de difficultés croissantes à obtenir des avis spécialisés pour la médecine de ville et le risque de recours aux urgences par défaut le cas échéant. Un autre rapportait une crainte concernant le contenu et l’organisation de l’HDJ. Un autre évoquait la difficulté à homogénéiser les avis. Enfin le dernier posait la question de l’intérêt de l’HDJ puisque cela « n’aboutira qu’à des avis spécialisés qui recommanderaient des examens en externe ». Ce commentaire a aussi été codé dans la catégorie « doute sur la compréhension du projet » puisque l’intérêt est de réaliser ces examens le jour de l’HDJ. Le commentaire évoquant la difficulté à homogénéiser les avis a aussi été codé dans cette catégorie puisqu’il ne s’agissait pas d’une étude sur un projet visant à homogénéiser les demandes d’avis au sein du CH de Cholet. Les 3 autres commentaires codés rapportaient les propos suivants : « être informé le jour même du décès du malade », le caractère « non adapté pour les personnes avec maintien à domicile difficile » et « crainte de transfert de responsabilité de l’hôpital sur la médecine générale […] (charge supplémentaire de travail pour obtenir des RDV) ». 4 des 5 répondants dont le commentaire était codé dans la catégorie « doute sur compréhension du projet » n’avaient pas participé à une des réunions d’information sur le projet.
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Table des matières
INTRODUCTION
MÉTHODES
1. Présuppositions des chercheurs
2. Population
3. Recueil des données
3.1. Méthode de recueil
3.1.1. Sondage par questionnaire informatique
3.1.2. Création du questionnaire
3.2. Création d’un référentiel de situation clinique de l’HDJ
4. Durée de l’étude
5. Analyses des données
RÉSULTATS
1. Les sondés
1.1. Recrutement
1.2. Description des sondés
2. L’intérêt de l’hospitalisation de jour : pour qui ? pour quelles situations ?
2.1.1. L’intérêt de l’hospitalisation de jour
2.1.2. L’HDJ : pour qui ?
2.1.3. L’HDJ : pour quelles situations ?
3. La mise en place pratique du lien « ville-hôpital »
3.1.1. Les moyens de communication ville-hôpital
3.1.2. Reconnaitre les situations « éligibles » à l’hospitalisation de jour
3.1.3. Le retour d’information
3.1.4. La communication HDJ-ville
4. Relations professionnelles et échanges
4.1. Questions fermées
4.2. Questions ouvertes
DISCUSSION ET CONCLUSION
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