Musique et Ecole Maternelle
L’intérêt de la musique dans le développement de l’enfant
De nombreuses études démontrent aujourd’hui l’intérêt de la pratique musicale chez le jeune enfant. Il a été prouvé que pratiquer la musique améliorerait le langage des enfants (Bolduc, 2006), le développement de la confiance en soi, et accroissait le niveau général de réussite scolaire, la mémoire (spatiale, immédiate des chiffres), l’attention, l’écriture et la lecture.
Définition : Education musicale
L‘éducation musicale est une discipline qui se pratique. Les élèvent chantent, écoutent des musiques, inventent (productions avec instruments ou non). Cette discipline se centre donc sur l’écoute et les pratiques vocales. Il ne s’agit pas d’enseigner le solfège, loin de là, mais bien de développer chez les élèves des compétences spécifiques comme découvrir la variété des styles selon les époques et les cultures, se constituer un bagage permettant d‘installer une culture commune et développer un sentiment d’appartenance.
Fonction sociale de la musique chez l’enfant
Daniel Levitin raconte que la musique a avant tout une fonction sociale. Selon ce neuroscientifique, la musique influencerait les comportements. En reprenant l’idée de psychologues tels que Cosmides et Tooby selon laquelle l’une des fonctions de la musique est de préparer les enfants à des activités sociales, il précise que jouer dans un groupe, tous ensemble, rassemble les individus. Cette idée que la musique développe la communication, Virginie Pape la reprend dans son ouvrage Les musiques de la vie. Cette musicienne et professeure à l’université de Toulon, nous explique que la musique permet aux personnes âgées de conserver des liens sociaux, de mieux apprendre à vivre avec leur vieillesse, leur maladie ou autre, et que pour les jeunes la musique est un moyen de lutter contre la solitude. Si la musique permet aux personnes âgées de conserver des liens sociaux, elle permet aussi d’en créer chez les plus jeunes. Il faut savoir que dès son plus jeune âge, le bébé est confronté à un nombre important de stimuli. Selon Piaget, le développement perceptif de l’enfant influencerait son développement général. Par ailleurs, il analyse le comportement musical des jeunes enfants autour de trois axes :
– Le jeu sensori-moteur : avant 3 ans, il s’agit de la manipulation d’objet pour faire varier la sonorité de ce dernier. L’enfant s’écoute lui-même.
– Le jeu symbolique : en maternelle de 3 à 6 ans, l’enfant imite des sons. C’est pendant cette période qu’il prend en compte des paramètres tels que l’intensité, la durée, le timbre, la hauteur et l’attaque du son.
– Le jeu de règles : à 6 ans, l’enfant peut s’essayer à de petites créations musicales. Grâce aux jeux vocaux ou instrumentaux, l’enfant peut inventer. Et en inventant, il développe sa perception et sa sensibilité en abordant le monde de l’imaginaire.
La musique peut donc toucher n’importe quel âge. A l’école maternelle, le fait de participer à des activités musicales en groupe est important, car cela développe chez l’enfant la collaboration et l’écoute d’autrui. Par ailleurs, comme le note Piaget, le fait d’écouter et créer la musique peut lui permettre d’explorer ses émotions,
Développement cognitif
L’adjectif « cognitif », dérivé du mot « cognition », désigne l’ensemble des processus mentaux qui permettent à l’individu d’agir face à des situations plus ou moins complexes. Ce terme englobe les fonctions dirigées par le cerveau telles que l’attention, la mémoire, le raisonnement, la coordination des mouvements, les fonctions exécutives (le raisonnement, la planification, le jugement, l’organisation) et le langage. Notons que les habiletés de pensées citées ci-dessus se construisent au fil du temps et évoluent. Nous verrons que la musique aide au développement cognitif. Bien sûr, les capacités cognitives des enfants augmentent sans forcément avoir recours à la musique. Cependant, dans plusieurs travaux de recherches (Lecoq et Suchaut, 2012) les chercheurs ont observé une augmentation plus significative chez les jeunes enfants ayant une pratique musicale régulière que chez ceux qui n’en avaient pas. En effet, Lecoq et Suchaut ont mis en place une démarche expérimentale dans laquelle un groupe d’enseignants devait appliquer leur protocole expérimental dans leur classe de Grande section, tandis qu’un second groupe d’enseignants (groupe témoin) ne recevait pas de consigne particulière pour la pratique de la musique au sein de leur classe. Le protocole de recherche était le suivant : pendant six mois, le programme « musique au quotidien » (se déclinant en cinq domaines : chant, écoute, activités instrumentales, codagedécodage, activité rythmique) a été proposé aux élèves de Grande section deux heures par semaine, à raison de quatre séances de trente minutes chacune. Afin de noter les progressions des élèves au fur et à mesure de l’expérimentation, des tests (NBA1 pour le test initial et NBA2 pour le test intermédiaire) ont été présentés aux élèves. Un test final (pour l’évaluation de la lecture, des mathématiques et de mémoire) est mis en place au Cours Préparatoire. Les résultats de cette recherche permettent de confirmer l’influence de la musique sur les progressions cognitives des enfants ayant participé au programme musical, en comparaison avec des enfants du groupe témoin. Bien évidemment, tous les enfants ont progressé, cependant, ceux du groupe expérimental ont davantage évolué que ceux du groupe témoin.
Par conséquent, cette expérimentation confirme l’efficacité des activités liées à la musique concernant le développement des habiletés cognitives des enfants. Une autre étude démontre l’intérêt de la musique dans ce domaine. Bolduc a mis en place une étude qui met en lumière comment la musique contribue au développement cognitif des jeunes enfants. Celle-ci concerne plus particulièrement la mémoire spatiale et la mémoire immédiate des chiffres.
Dans cette recherche, des enfants d’environ cinq ans ont suivi un programmehebdomadaire de musique (soixante minutes) pendant quinze semaines. Deux groupes d’enfants ont été formés, un groupe expérimental et un groupe témoin. Le programme du groupe expérimental comportait des objectifs musicaux : développer les habiletés relatives au chant, à la création musicale, développer la réceptivité sensorielle. De plus, des activités qui favorisent l’émergence de l’écrit (conscience phonologique, reconnaissance de mots) leur ont été proposées. Concernant le programme du groupe témoin, il s’agissait d’inventer des pièces vocales/instrumentales, d’interpréter des pièces musicales et d’apprécier des œuvres musicales. Chaque enfant a passé un prétest et un post-test sur les tâches de mémoire immédiate des chiffres et de mémoire spatiale avant et après les 15 semaines (tâches extraites du K-ABC, Batterie pour l’évaluation psychologique de l’enfant).
Lorsque les tests ont été réalisés à la fin des programmes de musique, des comparaisons ont été effectuées. Les analyses données montraient qu’à la suite des deux programmes musicaux, chaque groupe s’était amélioré pour les deux tâches cognitives (conscience phonologique et réceptivité sensorielle), avec une progression plus significative pour la tâche de la mémoire spatiale. La conclusion de ces recherches est donc que l’apprentissage de la musique chez les enfants âgés de moins de six ans est une activité qui stimule le développement cognitif.
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Table des matières
Introduction
I. Partie théorique
A. Musique et Ecole Maternelle
1. L’intérêt de la musique dans le développement de l’enfant
a) Définition : Education musicale
b) Fonction sociale de la musique chez l’enfant
c) Développement cognitif
2. Les comptines pour le développement musical de l’enfant
a) Les bienfaits de la comptine
b) Les comptines comme provocateur de langage
B. Conscience phonologique
1. Définition
2. L’intérêt d’un travail sur la conscience phonologique en maternelle
a) Concernant la lecture
b) La conscience phonologique à l’école : ce qu’en disent les programmes et les compléments des programmes
c)La musique au service du langage (les points communs)
II. Protocole de recherche
A. Question de départ, problématique et hypothèses
B. Méthodologie de recherche
1) La population
2) L’outil de méthodologie
a) Ma méthode
– Le choix des comptines
– Déroulement des séances
b) Epreuves administrées
3) Les limites de l’étude / Ressenti par rapport aux deux groupes d’enfants
C. Présentation et analyses des données
Conclusion
Bibliographie
Annexes