L’INTERCOMMUNALITE COMME LEVIER DE DEVELOPPEMENT TERRITORIAL

Le développement territorial

  Le développement territorial est habituellement défini comme un processus de mobilisation des acteurs autour de la définition d’objectifs à atteindre, des moyens à mettre en œuvre et des actions à entreprendre, sur la base d’enjeux, d’identités et de valeurs partagés. Le développement territorial traduit une approche participative et volontariste du développement avec comme toile de fond la territorialité c’est-à-dire le sentiment d’appartenance à un territoire. C’est un développement par le territoire au travers d’un examen des potentiels de développement de celui-ci. Il est conçu comme « la construction dans un espace à géométrie variable d’un processus fédérant et mobilisant des potentiels locaux autour d’un projet d’ensemble économique, social, culturel »43. (WAN 01) Le succès du développement territorial nous semble être le fruit des insuffisances notoires de l’aménagement du territoire marqué par une approche « top-down » et du développement local caractérisé par une approche localiste. Il se joue dans l’entremise du local et du national et vise à rendre les territoires attractifs et compétitifs à l’échelle internationale. Bernard Pecqueur conçoit le développement territorial comme « un processus de mobilisation des acteurs qui aboutit à l’élaboration d’une stratégie d’adaptation aux contraintes extérieures, sur la base d’une identité collective à une culture et à un territoire ». L’analyse de cette réflexion de Pecqueur révèle que le développement territorial ne peut faire figure d’un modèle standardisé, mais implique autant de modèle qu’il n’existe de territoires. Car les stratégies d’adaptation varient d’un territoire à un autre et, chaque territoire est produit et producteur de sa propre identité. Benoit Lévesque met en relation trois approches d’auteurs étudiant le développement territorial : la première est celle de Bernard Pecqueur, déjà cité, qui s’inscrit explicitement dans une approche dite de proximité, une approche à la fois économique et géographique, qui définit le territoire à partir de différentes formes de proximité dont l’articulation peut donner lieu à une typologie des territoires et même à une typologie des stratégies de développement, selon les ressources mobilisées et selon le type d’insertion dans l’économie mondiale ; Quant à Bruno jean, il adopte une approche sociologique orientée vers l’identité rurale et la mise en place de rapports plus solidaires des milieux urbains avec les territoires ruraux ; et, enfin, Ricardo Abromovay qui propose une théorie de l’interaction sociale qui ouvre sur le politique, y compris au sein des marchés ( ce que rendent possible les notions de champs, d’habilités sociales et rapports de forces). Ainsi donc, le développement territorial apparait comme une propension à un développement sous-tendu par la proximité géographique, sociale, relationnelle et des ressources physiques de développement des territoires. Ce type de développement repose selon Fabienne Leloup « sur une mise en place d’un diagnostic territorial dépassant les statistiques classiques : en effet, il s’appuie sur les potentiels tout autant que les sur les états de richesses, la perception des espaces appropriés ou la richesse relationnelle locale, y compris l’histoire des processus socioéconomiques en cours. » Le développement territorial entre dans la même logique que le développement durable, en ce sens qu’il englobe ses trois piliers (économique, social et écologique), mais mieux, il inscrit le spatial dans ses priorités en interrogeant les valeurs qui fondent sa singularité et en analysant ses principales mutations. Bernadette Schumacker (2010) dira que le développement territorial cherche à « rendre attractif et compétitif un territoire en le positionnant sur la concurrence mondiale, en combinant les préoccupations sociales, économiques, environnementales et spatiales. » Dans ce sillage, parler du développement territorial durable nous semble pléonastique. Ainsi, tour à tour est apparue l’approche intégrée du développement territorial qui se veut de proposer des solutions aux problématiques territoriales indépendamment des limites administratives. Elle appelle à une commune volonté des collectivités, dans une échelle cohérente et fonctionnelle, de matérialiser un projet territoire. Elle promeut d’aborder les projets dans les dimensions à la fois environnementale, économique et sociale. Il est donc clair que, sous cet angle, le développement territorial intégré se confond avec l’intercommunalité. L’approche intégrée du développement territorial « réunit les différents acteurs (locaux, régionaux, privés, société civile etc.) par la mise en place et l’animation d’un partenariat et d’une organisation collaborative qui constitue un système consolidé de gouvernance multi-niveaux, avec un rôle prépondérant du chef de file (à désigner), animateur de partenariat et garant du cap stratégique à garder pour le projet. » Le développement territorial est donc un projet qu’une collectivité seule ne peut endosser et, dont l’opérationnalisation requiert une mobilisation consensuelle des citoyens et des collectivités commune volonté de répondre à des défis partagés.

La végétation

   Le département de Dagana dispose de potentiel faunique remarquable qui se présente distinctement selon qu’on est dans le Walo ou dans le Diéri. Dans le Walo se développe une végétation aquatique dense dominée par le typha et le roseau mais de plus en plus menacés par les activités anthropiques liées à l’avancée du front agricole, aux activités halieutiques et pastorales mais aussi d’espèces comme le Prosopis chilensis (Dakhar Tubab), Azadirachta indica (Neem) qui sont en vaste progression. Dans le Diéri, du fait des péjorations pluviométriques, les espèces xérophiles sont les plus présentes comme le zizyphus mauritiana (Sidem), le Balanites aegyptiaca (Sump), l’acacia nilotica (Gonakié), l’acacia andosonii Nébnéb), Boscia senegalensis (Ndiandam), Calotropis procera (Paftane), etc. La strate herbacée est très dégradée en raison des charges pastorales. Mais, existe-t-il globalement une steppe arbustive, une steppe herbacée et une steppe arborée. Le département de Dagana dispose de forêts classées riches en espèces fauniques et végétatives comme le parc de Dioudj, troisième réserve cynégétique mondiale, la forêt classée de Richard-Toll, la Forêt classé de Goumel, etc. qui donnent l’espoir de la survie sinon la prolifération des espèces déjà présentes dans le milieu.

Le potentiel touristique de Dagana-territoire

   La situation géographique de Dagana-territoire, son histoire immortalisée par des monuments, des hommes de culture et des lieux, son milieu faunique et floral riche en espèces et préservé, offrent l’opportunité de faire du tourisme un secteur porteur de développement. Le département de Dagana dispose d’atouts sûrs pour expérimenter le modèle tourisme social, écologique et solidaire qui constitue un véritable levier de brassage social, d’intégration territorial et de développement local par l’attractivité qu’il exige et les valeurs ajoutées qu’il génère. Ce tourisme autrement est classé dans la catégorie de tourisme responsable impliquant le respect de soi, l’harmonie avec la nature et la convivialité avec autrui. Toutefois, nos enquêtes ont révélé que le secteur Tourisme participe très faiblement à l’économie locale120 à cause du manque de valorisation du potentiel existant. En effet, Dagana-territoire abrite des espaces touristiques naturels : le parc de Djoudj, classé patrimoine mondiale de l’Unesco, 3ème réserve cynégétique mondiale, réserve nationale d’oiseaux migrateurs et d’espèces en voie de disparition ; des campements de chasse pour le tourisme cynégétique, des forêts classées (Richard Toll, Goumel…). En outre, il abrite à Bokhol la plus grande centrale solaire d’Afrique de l’Ouest d’une puissance de 20 mégawatts avec plus de 75.000 panneaux solaires sur une superficie de 40 hectares. En plus, des espaces qui renseignent beaucoup sur l’histoire : Les sites historiques de l’ancienne capitale du Waalo au village de Nder; Le Fort de Faidherbe à Dagana construit pendant la période coloniale en 1854 par Faidherbe au bord du fleuve et classé patrimoine historique en 1993. Il offre actuellement une vue pittoresque grâce à sa réhabilitation en hôtel; la Folie du Baron Roger qui fut la résidence, à Richard Toll, du Baron Roger, premier Gouverneur civil du Sénégal de 1822 à 1827. L’on trouve aussi des espaces culturels et cultuels capables de faire de l’épicentre Dagana une destination touristique imposante. A l’occasion des grands événements religieux comme les gamous, un grand nombre de fidèles tidianes se dépêchent au village de naissance de El hadji Malick Sy à Gaé pour découvrir et s’acquitter de leurs ziaras (acte de dévotion) tout comme à Bokhol.

L’agroindustrie

   L’agroindustrie connait un essor relativement considérable dans le département de Dagana mais reste, cependant, en deçà des besoins exprimés pour l’industrialisation et la commercialisation des produits agricoles locaux. Ironie du sort, nombre d’entreprises traversent des difficultés les conduisant soit à la fermeture soit à tourner au ralenti. La Socas par exemple, qui était, pour la commune de Dagana, un important bassin d’emploi, une source de revenu capitale pour la municipalité et l’unité de transformation de la tomate cultivée dans les départements de Dagana et de Podor est fermée depuis 2013. Dans la même logique de problèmes, les entreprises Cheikhlô et Ferlogomme à Mbane et Senhuile à Ngnith sont actuellement non-fonctionnelles et Témey-agro à Mbane ne verse que quatre cent mille francs CFA par an à la municipalité.Le groupe Vital, premier acheteur de riz au Sénégal avec une capacité de traitement de 120 000 tonnes de paddy, faute d’approvisionnement, ne fonctionne qu’à 20% de ses capacités. A cela s’ajoutent les taxes de gros industriels installés avant la réforme de l’acte 3 dans les Communautés rurales comme SENEINDIA à Mbane et SENHUILE à Ngnith que les municipalités ne perçoivent pas. Ainsi, la présence d’unités agroindustrielles ne peut garantir le développement de Dagana-territoire si ces dernières ne peuvent résister à l’usure du temps et n’apporte pas d’appoint substantiel à la situation économique des municipalités. En réponse à la précarité des profits à tirer des agroindustries, les collectivités locales se devraient de s’inscrire dans une dynamique entrepreneuriale, en partenariat avec le privé, pour saisir l’opportunité de rouvrir certaines usines agroindustrielles fermées grâce à une adjonction de leurs forces financières. Ce faisant, chaque collectivité locale protagoniste sera considérée comme une actionnaire et aura droit à un quota d’employés-ressortissants et à une plus-value en fonction du capital qu’elle aura investi. Cette idée de mise en synergie des moyens financiers pour entreprendre est largement partagée par les élus rencontrés mais l’idée de quelle C L abritera tel ou tel service intercommunal sera nécessairement fille d’un long dialogue et de rapport de force entre les parties prenantes.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE1 : CADRE THEORIQUE
A) Problématique
B) Objectifs de la recherche
C) Hypothèses de recherche
D) Analyse conceptuelle
CHAPITRE 2 : METHODOLOGIE DE RECHERCHE
1) La Revue documentaire
2) Etude de terrain
3) Démarche retenue
4) Le logiciel de collecte
5) Le calendrier de la recherche
6) Les limites
DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DU CADRE D’ETUDE
CHAPITRE 3 : CADRE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIE DE DAGANA-TERRITOIRE
1) Historique
1) Géographie de la Zone d’étude
A) Limites traditionnelles et organisation administrative
A-1) Limites traditionnelles
A-2) L’organisation administrative
B) Cadre Physique
1) Relief et Climat
2) Hydrographie
3) La végétation
CHAPITRE 4 : QUELS VECTEURS OPERATOIRES POUR CONSTRUIRE L’IDENTITE DE DAGANA-TERRITOIRE
1) Les vecteurs de construction identitaire de Dagana
a) L’histoire
b) La culture et l’organisation sociale
c) Les activités socioéconomiques
CHAPITRE 5 : LE POTENTIEL DE DEVELOPPEMENT DE DAGANA-TERRITOIRE
1) Le potentiel agricole de Dagana-territoire
2) Le potentiel agro-industriel et agro-alimentaire de Dagana-territoire
3) Le potentiel touristique de Dagana-territoire
TROISIEME PARTIE : L’INTERCOMMUNALITE COMME LOCOMOTIVE DU DEVELOPPEMENT DE DAGANA
CHAPITRE 6 : LES BESOINS D’INTERCOMMUNALITE DANS LE DEPARTEMENT DE DAGANA
a) Les exploitations agricoles familiales (EAF)
b) L’agroindustrie
c) La gestion foncière
d) La gestion des ordures
e) Les politiques sociales
f) Le Savoir-faire administratif
CHAPITRE7 : RELATIONS VILLE / CAMPAGNE ET SPECIALISATION DES COMPETENCES DANS DAGANA-TERRITOIRE
CHAPITRE 8 : COORDINATION ENTRE LE MESO, LE REGIONAL ET LE NATIONAL
I) La gouvernance et enjeux du développement territorial de Dagana-territoire
A) Présentation des principaux acteurs territoriaux au Sénégal
1) L’Etat et ses services
2) Les collectivités locales
3) Les populations
4) Les organisations de la société civile
5) Les Partenaires au développement
6) Le secteur privé
B) Analyse du jeu des acteurs
II) Des espaces intercommunaux dans la vallée comme vecteurs d’édification du Pôleterritoire du Fleuve
III) Les pôles-territoires, pivot pour réduire les disparités territoriales au Sénégal
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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