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Un cadre naturel défavorable
Le relief, la géologie et les sols
Le Sénégal est un pays relativement plat marqué par quelques élévations notamment au sud et au centre ouest. La ville de Touba qui fait l’objet de notre étude, est situé dans le bassin arachidier sénégalais dominé par la planéité du relief. A Touba, l’altitude s’abaisse très légèrement vers la vallée du Sine au Sud. Toutefois, de nombreuses dépressions subsistent dans le noyau central de la ville ; notamment à :
– Touba Mosquée (Marchés Occas, Mbal, Degg Mafari, Gare Bou Ndaw : 37 ha) ;
– Keur Niang (Mboss et Ndiénéne : 6 ha) ;
– Darou Marnane : 3 ha ;
– Darou Khoudoss : 4,5 ha ;
– Gouye Mbind : 9,5 ha. (PDU, Touba 2020, p16).
Le site de Touba appartient au bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien du secondaire et du tertiaire. Ce bassin est structuré en trois niveaux :
– Le lutétien inferieur composé de couches calcaires et marneuses ;
– Le paléocène formé de roches calcaires et argileuses ;
– Le gré de sable du Maestrichtien. (Tableau 2, Annexes p99).
Ces trois niveaux sont recouverts par une couche de sable fin d’origine continentale mis en place entre la fin du secondaire et le début du Tertiaire.
Les sols sont principalement sableux et assez pauvres. Ainsi on note : les sols ferrugineux non lessivés « Dior », les sols « Deck » (ferrugineux lessivés) au Sud-ouest et les sols bruns hydromorphes dans les vallées fossiles du Sine et du Carcar.
Le climat
La région de Diourbel est dominée par l’Harmattan, vend chaud et sec, qui souffle pendant presque toute la saison sèche de direction Nord, Nord/Est à Est. La Mousson, vent du Sud, souffle de juin à octobre. Elle renforce l’humidité et amène la pluie. La vitesse moyenne annuelle des vents est de 2m/s30.
Les températures demeurent constamment élevées et les amplitudes thermiques enregistrées au niveau de la station de Diourbel s’inscrivent dans l’intervalle 27° – 29°C (Tableau3, Annexes, p99). Mais, il faut noter les variations thermiques fréquentes dans l’année allant de 25°C au mois de Janvier à 30 à 32°C en début Juin.
L’analyse de la pluviométrie au niveau de Touba renseigne avec pertinence sur la situation géographique de la ville qui se trouve en milieu soudano-sahélienne. Entre 2001 et 2007, le total pluviométrique annuel atteint rarement les 500 mm de précipitations (Tableau4, Annexes p99). Cette situation pluviométrique recoupe avec les statistiques pluviométriques (Figure1, p34) où la moyenne est établie autour des 400mm. En somme nous pouvons dire que la pluviométrie du milieu n’est pas un atout pour la ville qui se trouve tout de même au coeur du bassin arachidier.
Les ressources en eau et la végétation
La ville de Touba se trouve dans une zone dépourvue d’eau de surface, caractéristique des établissements humains du Sahel africain. Les seules ressources en eau disponibles sont celles des nappes sous-terraines. On dénombre quatre systèmes aquifères dominés par le Maestrichtien. Cette nappe couvre une grande partie du pays mais n’est accessible qu’aux forages sur des profondeurs variant entre 100 et 450 mètres. La qualité de cette eau mise en consommation dans la ville est passable devenant considérablement salées en profondeur. A côté de cette nappe on trouve l’Eocène, le Paléocène et le Lutétien qui sont soient difficilement exploitables soient peu productives.
Cette absence d’eau de surface combinée à de faibles moyennes pluviométrique confère à cet espace une végétation pauvre dominée par l’herbe. Les formations végétales de la zone soudano-sahélien sont dominées par les épineux, des espèces comme les acacias (Acacia Albida, Kad), les baobabs, Khaya Senegalensis, etc.
TOUBA, UN POLE URBAIN EN PLEINE MUTATIONS.
Une démographie galopante
Une croissance rapide de la population
La population de la ville de Touba a connu une croissance exponentielle qui a débuté dans la deuxième moitié du XXème siècle. Cheikh GUEYE (2002)31 précise que la population de Touba est passée de 2.127 habitants en 1958 à 4.353 habitants en 1960 soit un taux d’accroissement de 40% par an. Cette situation contraste avec l’évolution traditionnelle des villes de l’intérieur du Sénégal poussant ce même auteur a affirmé : « la ville de Touba a connu depuis 1958, de forts taux de croissance qui recoupent avec ceux exprimant la faible dynamique qui a longtemps marquée les villes secondaires sénégalaises ». Cette croissance rapide de la population est à mettre en rapport avec plusieurs évènements majeurs qui ont marqué l’histoire de la ville de Touba. L’appel formulé par le premier khalife de la confrérie en l’occurrence Mouhamadou Moustapha Mbacké fils ainé du fondateur de la ville pour la construction de la grande mosquée est l’évènement catalyseur de ce boom démographique. La plupart des populations venus participer à l’exécution des travaux y ont élis domicile. Il s’en est suivi plusieurs appels au peuplement effectué par les différents khalifes qui vont se succéder au trône, le premier lotissement de 1960 et également l’ouverture du marché OCCAS, qui ont joué un rôle important dans l’évolution démographique de la ville. Il faut noter que ce rythme a été marqué par un ralentissement de la croissance au début des années 1970 du fait de la fin des travaux de la grande mosquée mais aussi certainement du fait de la crise du monde rurale liée à une suite de sécheresse qui provoque un exode massive des ruraux vers la capitale. Cependant, il est très difficile de nos jours d’évaluer la population totale de Touba du fait des énormes écarts notés sur les résultats des différents recensements. Selon le recensement général de la population et de l’habitat du Sénégal(RGPH) de 2002, Touba serait peuplé de 542.419 âmes. Par contre cette même population a été évaluée à 1.060.462 habitants en 2005 par l’enquête ménage effectuée par le cabinet d’architecture et d’urbanisme du Sénégal (C.A.U.S.), cette contraste statistique serait liée au fait que la période de réalisation du RGPH de 2002 aurait coïncidé (au niveau de Touba) avec un appel à une mobilisation générale pour des travaux champêtres au niveau du domaine agricole de Khelcom (Plan Directeur de l’Urbanisme ; PDU Touba, 2006).
Une population majoritairement féminine et jeune
La population de Touba à l’instar de la population national est marquée par une prédominance de la population féminine sur celle masculine. Déjà en 1988, Touba était composée de 62.650 hommes pour un total de 76.044 femmes32. Les chiffres avancées dans les résultats de l’enquête du C.A.U.S font état d’un total de 562.588 femmes soit 53,05% de la population contre 497.874 hommes correspondant à 46,65% des urbains (Tableau5, p36).
Cette population majoritairement féminine est légèrement dominée par la jeunesse constituée du groupe des 0 à 20 ans. La part de cette classe d’âge dans la population locale est estimée à 527.020 individus soit 49,69% du total urbain. Cette situation qui caractéristique des centres urbains des pays du Sud résulte des forts taux de concentration des écoles d’enseignement coranique dans la ville mais également de l’installation saisonnières ou définitives des adultes dans les domaines agricoles de leurs guides religieux. Ainsi cette catégorie d’âge vient en deuxième position à Touba avec un pourcentage de 44,89%, très nettement devant le groupe des plus de 60 ans (5,42%).
Une économie de plus en plus dominée par le Tertiaire
Un secteur primaire sous le joug de l’agriculture
Aussi bien que considérée comme étant une ville du fait de son poids démographique et économique, Touba demeure un terroir rural par essence. La majorité des populations urbaines sont originaires des villages environnants. Et, ces derniers continuent d’intervenir ou de financer l’exploitation de leur domaine à l’extérieur de l’espace urbain. Cette dichotomie rural/urbain donne une place importante au secteur primaire dans l’économie de la ville. En effet, l’agriculture est une des principales activités primaire des habitants de la ville de Touba. Elle occupe une bonne partie de la population du fait que ces derniers sont issus des villages environnants pour venir s’installer en ville. L’arachide et le mil sont les principales cultures dans la localité33 appartenant au bassin arachidier sénégalais. Mais cette agriculture qui se pratique en dehors de la ville le plus souvent au niveau des daaras perd de plus en plus sa place du fait de l’empiétement de l’espace urbain sur les domaines agricoles. Ainsi, sa part dans la population active à régulièrement baissée passant respectivement de 53% et 47% en 1976 et 1988, à 19,28% en 2006 (PDU Touba).
Cependant, l’élevage prend de plus en plus de l’ampleur. Cette croissance de la pratique de l’élevage est à mettre en rapports avec la multiplication des cérémonies religieuses appelées Magal occasionnant une très forte demande en bétail. La perte de vitesse de l’agriculture entraine ipso facto une recomposition territoriale. Les populations urbaines ont sus saisir l’opportunité offerte par les multiples évènements religieux pour se repositionner dans le domaine de l’élevage. Cet élevage prend soit une forme intensive qu’on peut trouver même au sein de l’espace urbain soit une forme extensive à l’extérieur de la ville. Il faut aussi souligner que les autorités religieuses sont de grands éleveurs et qu’ils sont propriétaires de grands troupeaux qui sont élevés au niveau des daaras. L’élevage porte aussi bien sur les bovins, les ovins, les caprins et aussi sur l’aviculture.
Une industrie marginale
L’artisanat est la principale activité secondaire des populations de la ville. Elle porte sur une variété d’activité et occupe 32% de la population active. L’activité artisanale porte sur une grande variété d’activités allant de la création à la transformation de produits locaux. L’industrie est le maillon faible de l’économie urbaine. En effet, Touba ne compte qu’une usine fonctionnelle. Il s’agit de la fabrique de glace fondée en 1979 et qui assure l’approvisionnement en glace de la ville et de ses environs.
Les services
Le secteur tertiaire connait depuis quelques années de fortes mutations au niveau de la ville de Touba. Le commerce et les services diverses s’imposent de plus en plus dans le tissu urbain comme l’alternative pour une société rurale en perte de ses racines du fait de la menace de l’urbanisme sur les espaces agricoles. Les nouveaux citadins se sont efforcés de s’adapter à la recomposition spatiale devenue obligatoire. Cette situation se concrétise par la multiplication des marchés qui passent de 4 en 1990 à 15 au début des années 2000. Le marchée OCCAS se positionne à cet effet comme le noyau de la vie économique de Touba. Ce développement de l’activité commercial dans la ville s’accompagnera avec l’explosion des nouvelles technologies et leurs appropriations par les populations de Touba.
Les institutions bancaires ont également joué un rôle de premier plan dans le développement du tertiaire à Touba. Toutes les grandes banque du présente au Sénégal ont élis siège dans la ville sainte de Touba.
Une ville rurale en devenir
Un monstre spatial
D’une bourgade perdue dans le Sahel sénégalais, la ville de Touba n’a cessé de grandir et de s’imposer dans la hiérarchie des établissements humains du pays. Touba était d’abord une seule concession située sur l’emplacement actuelle de la grande mosquée que Cheikh Ahmadou Bamba avait aménagé après la découverte du site sur lequel il devrait bâtir la future cite de Touba. Touba selon Paul MARTY(1913) était comme « une zaouïa, centre d’études religieuses et profanes, sorte d’université minuscule ou une cinquantaine d’étudiants de 10 à 25 ans s’abreuvent aux sources des belles lettres musulmanes : théologie, exégèse coranique, droit, grammaire, logique, rhétorique, prosodie »34. Ce n’est qu’à la suite de la disparition du fondateur de la ville que les populations ont commencé à s’installer à Touba. Très vite Touba deviendra un foyer d’accueil de populations venues de diverses contrées du pays.
Cette extension du tissu urbain de Touba où le passage du rural à l’urbain est nettement tributaire de l’arrivée de nouvelles populations venus le plus souvent des zones rurales des provinces historiques du Baol et du Cayor pour s’installer en ville ce qui occasionne une forte demande en parcelles à usage d’habitation. Ainsi, sur le plan spatial, la surface bâtie est passée de 575 ha en 1970 à 3900 ha en 1990. Cette extension spatiale sans cesse constitue une menace pour les superficies agraires des régions rurales environnantes qui se vident par le phénomène de l’exode des populations vers la ville de Touba. Actuellement Touba est bâti sur un site de plus de 12.000 hectares ce qui fait de lui le plus grand centre urbain du Sénégal du point de vue spatial.
Pouvoir religieux et administratif ; organisations, logiques relationnelles et compétences.
Touba : une ville religieuse
Genèse et évolution du pouvoir religieux
L’Islam né en Arabie Saoudite s’est propagé dans les autres contrées du monde à travers le djihad surtout. C’est le mouvement almoravide qui engendrera l’entrée de la religion dans l’Afrique subsaharienne. Entrée en Afrique vers le XIème siècle, l’Islam est devenu une religion incontournable dans cet espace. Cette religion va tout de même être réadaptée au contexte des pays d’accueils surtout au Sénégal. En effet, l’Islam sénégalais répond à une double demande de la société qui ne se reconnaît pas nécessairement dans le système religieux imposé par la colonisation et qui aussi aspire à un système de protection sociale différent de celle des autorités traditionnelles « ceedo ».
Le pouvoir religieux de Touba a prit naissance dans ce contexte particulier en Afrique subsaharienne. Elle correspond avec l’avènement du fondateur de la confrérie et la domination coloniale française grandissante au Sénégal. Très vite, les rapports entre Cheikh Ahmadou Bamba et les autorités seront de caractères tendus et basés sur la suspicion et la méfiance des colons envers le cheikh36. Cette attitude des occidentaux constituera une entrave à la liberté du maître de Touba toute sa vie durant. Malgré cette vie jalonnée par l’absence de liberté physique, Cheikh Ahmadou Bamba aura parvenu à bâtir une nouvelle doctrine religieuse basée sur la rénovation de la tradition prophétique. Il sera assisté, relayé dans son oeuvre par des disciples acquis à sa cause et qui en sa présence ou non perpétueront l’enseignement de leur maître. Ainsi, une nouvelle force politico-religieuse est née. Le mouridisme est non seulement marqué par la superpuissance des descendants de son fondateur mais également par la sanctification des progénitures des hauts dignitaires, frères ou disciples de la première heure du Cheikh. Les relations entre ce pouvoir religieux et l’Etat central seront très mouvementées dans la période post Cheikh Ahmadou Bamba.
Chef religieux et pouvoir central
Les marabouts et l’état colonial : d’indésirables à partenaires ; la culture de l’arachide point de convergence.
Le contexte de la naissance de la confrérie mouride et plus tard de la création de la ville de 36 Les colonisateurs voyaient en Cheikh Ahmadou Bamba le prototype d’un résistant basé sur la religion musulmane ainsi, il sera exilé de 1895 en 1902 au Gabon, puis en Mauritanie entre 1902 et au Djolof avant d’être assigné à résidence surveillée à Diourbel à partir de 1912.
Touba est marqué par des relations plutôt tendues entre autorité colonial et chef religieux mouride. Cheikh Ahmadou Bamba, considéré comme un résistant et une menace à l’Etat colonial français a eu à subir plusieurs déportations et arrestations à partir de 1895 jusqu’à sa disparition. L’influence grandissante du marabout auprès des populations locales n’est pas restée sans accroitre la crainte des autorités envers le Cheikh. Cette crainte se fait remarquée dans ce passage de Vincent MONTEUIL (1962) parlant du séjour du Cheikh au Djolof : « la grande préoccupation de l’époque c’est de savoir qui vient voir Ahmadou Bamba, quel cadeau on lui apporte et de quel sujet on l’entretient : « nous ne pouvons tolérer un Etat dans l’Etat », écrit, le 3 Mars 1909, le Chef de Cercle de Louga, qui propose et obtient de nombreuses restrictions au droit du Serigne à recevoir ses amis : il leur faut une autorisation ; d’autre part, son école musulmane est fermée et son « carré » – ou clôture familiale – réduit a vingt cases, tandis que cinquante de ses fidèles seulement pourront désormais vivre auprès de lui (Décembre 1909 )»37. L’usage de l’expression « un Etat dans un Etat » atteste ici de l’ampleur de la méfiance et du caractère réfractaire de l’autorité colonial envers Cheikh Ahmadou Bamba.
A partir de 1927 date du rappel à Dieu du Cheikh on note une nette amélioration dans les relations entre les chefs religieux et les colons. La culture de l’arachide devient le trait d’union entre les colons et les marabouts de la confrérie mouride. Les chefs religieux soucieux de mener à bout leur projet social s’allierons avec l’Etat dont l’intérêt réside dans le développement de la filière arachidière. En effet, les mourides ayant érigé le travail en pilier d’où la formule « travail comme si tu ne devais jamais mourir et pris comme si tu devais mourir demain » était les potentiels partenaires des colonisateurs dans la politique d’implantation de la culture arachidière au Sénégal. Cette pacification des relations entre ces deux entités va favoriser l’octroi de l’autorisation pour la construction de la grande mosquée de Touba mais également le développement de plusieurs secteurs d’activités qui peut être considéré comme le corollaire de cette nouvelle donne. A partir de 1960, le Sénégal accède à l’indépendance. Le pays est désormais appelé à être dirigé par des citoyens sénégalais imprégnés des réalités locales ce qui augure de nouvelles perspectives dans les relations Etat/marabouts.
Les marabout au lendemain des indépendances
En accédant en l’indépendance en 1960, l’Etat sénégalais, fort d’une légitimité de type rationnel légal et soucieux d’assurer la promotion immédiate et simultanée du développement économique et social avait dû largement fait appel à la collaboration des marabouts. Mountaga Diagne(2008)38. Cette remarque de Mountaga Diagne montre que les marabouts ont pu gagner plus de considération de la part des nouvelles autorités étatiques qui voient en cette classe sociale un allier pour se maintenir au pouvoir tant sollicité du fait de leur capacité de mobilisation et leur influence sur la population locale. La course au trône sur la piste électoral a toujours mené les politiques à tisser des relations stratégiques, à se rapprocher des religieux pour décrocher leur soutien qui garantirait le soutien des talibés. Pendant ce temps, les chefs religieux soucieux de mettre en place un modèle qui leur assurerait la pérennisation de leur legs étaient eux aussi obligés de s’allier aux détenteurs du pouvoir temporel pour l’atteinte de leurs objectifs. Se dessinait alors un système de partenariat spirituel/temporel renforcer par les ordres de masses (Ndigal électoral) qui étaient l’arme fatale que les religieux n’hésitaient point de brandir pour portée ou maintenir quelqu’un au pouvoir pour une promesse ou un service rendu à la communauté. Ce fut le cas sous les magistères de Serigne Fallou Mbacké, qui malgré la différence de culte fut un allier de taille du président Léopold Sédar Senghor mais également de Sergine Abdoul Ahad Mbacké qui à fini par être un soutien de taille de l’ancien président Abdou Diouf. Cette relation basée sur la mécanique électorale va prendre une nouvelle tournure avec l’avènement de Serigne Saliou Mbacké.
En effet, les relations entre les autorités maraboutiques et l’Etat du Sénégal ont connu des changements notoires à partir du début des années 1990. Avec l’arrivée à la tête de la confrérie mouride de Serigne Saliou, les rapports entre l’Etat et le nouveau khalife changent profondément. Le désintéressement de ce dernier pour ce qui concerne la vie politique et les affaires mondaines met à l’arrêt l’usage du « Ndigal » dans le domaine électoral. Toutefois, Touba demeure d’un enjeu politique de taille, pour lequel les prétendants au pouvoir se livrent bataille. La proximité avec le khalife général constitue un gage de confiance de la part des disciples envers les hommes politique soucieux de massifier leur électorat. Ainsi, la proximité entre Serigne Saliou et le président de la république Abdoulaye Wade atteste de la complexité des rapports entre ces deux niveaux de pouvoirs. Ainsi, une simple apparition du président à côté du khalife, ou une déclaration de ce dernier incluant le président peut faire basculer l’opinion de beaucoup de disciple39.
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Table des matières
PREMIERE PARTIE : Localisation de la ville, étude des caractéristiques physiques et des dynamiques urbains, démographiques et économiques
Chapitre I : TOUBA, UNE VILLE CARREFOUR DU SAHEL SENEGALAIS
I. Situation géographique de la ville de Touba
I.1. Touba dans le Sénégal
I.2. Touba et son hinterland
II. Un cadre naturel défavorable
II.1. Le relief, la géologie et les sols
II.2. Le climat
II.3. Les ressources en eau et la végétation
Chapitre II : TOUBA, UN POLE URBAIN EN PLEINE MUTATIONS
I. Une démographie galopante
I.1. Une croissance rapide de la population
I.2. Une population majoritairement féminine et jeune
II. Une économie de plus en plus dominée par le Tertiaire
II.1. Un secteur primaire sous le joug de l’agriculture
II.2. Une industrie marginale
II.3. Les services
III. Une ville rurale en devenir
III.1. Un monstre spatial
III.2. Monuments et infrastructures
DEUXIEME PARTIE : Pouvoir religieux et administratif ; organisations, logiques relationnels et compétences
Chapitre I : Touba : une ville religieuse
I. Genèse et évolution du pouvoir religieux
I.1. Chef religieux et pouvoir central
I.1.1. Les marabouts et l’état colonial : d’indésirables à partenaires ; la culture de l’arachide point de convergence
I.1.2. Les marabout au lendemain des indépendances
I.2. Les dimensions du pouvoir religieux
I.2.1. L’institution khalifale des passages des zones trouble à la stabilité institutionnelle
I.2.2. Le khalife des mourides, un symbolisme renforcé par l’action sociale
I.2.3. Les khalifes de lignages et autres chefferies religieuses
II. Logique de contrôle spatiale et projet de ville maraboutique
II.1. Structure du pouvoir maraboutique et contrôle de l’espace
II.1.1. Le khalife général et ses démembrements
II.1.2. Filiations et contrôle de l’espace
II.2. Processus de construction d’une ville religieuse et expertise maraboutique dans la gestion urbaine
II.2.1. Matlaboul fawzeyni : la ville rêvée
II.2.2. Expertise du pouvoir maraboutique dans la gestion urbaine
Chapitre II : Touba, une collectivité territoriale « spéciale »
I. De la communauté rurale à la commune de Touba
I.1. Trajectoire d’une collectivité sénégalaise
I.1.1. De la communauté rurale à la municipalité
I.1.2. Le khalife choisi ses élus locaux
I.2. La commune de Touba et l’exercice des compétences transférées
I.2.1. Fonctionnement du conseil municipal
I.2.2. Budget de la municipalité et programme de développement
II. L’administration déconcentrée
II.1. La sous-préfecture de Ndame
II.2. Les services déconcentrés
TROISIEME PARTIE : Société civile et acteurs exogènes dans une ville religieuse
Chapitre I : Les associations, moteurs de l’animation et de la croissance urbaine
I. Les organisations communautaires de base
I.1. Les Groupement d’Intérêts Economiques
I.2. les Groupement de Promotion Féminine (GPF)
II. Les structures religieuses
II.1. Les dahiras mourides ; nouvelle forme de socialisation ou exigence religieuse
II.2. Les grandes associations religieuses mixtes
Chapitre II : Les cellules administratives de bases et les partenaires au développement.
I. Les chefs des villages et ou quartiers
I.1. Les chefs de villages relais des pouvoirs religieux et administratif
I.2. Les conseils de quartiers ; l’échelon manquant du système
II. Les partenaires au développement
II.1. Les mutuelles
II.2. ONG et partenaires étrangers à Touba
QUATRIEME PARTIE : Pratique de la gestion urbaine et des effets du jeu des acteurs sur le développement local
Chapitre I : Les relations entre les différents acteurs locaux
I. Les forces et faiblesses des relations entre les autorités et les populations locales
I.1.Les délégataires de pouvoir religieux face aux présidents de commission municipale
I.2. Les lobbies maraboutiques facteurs de la désobéissance
I.3. La municipalité et la population locale
II. Un dynamisme associatif mal maîtrisé
II.1. Relations entre associations religieuses à vocation dissociée
II.2. Relations entre associations religieuses et autres OCB
Chapitre II : Une coordination harmonieuse des projets, moteur du développement urbain
I. Les déterminants de la participation aux actions de développement locale
I.1. Les « ndigals » et l’identité ; des facteurs déterminants
I.2. Structuration de la population et dynamisme local
II. Impact de la volonté de construction sur le développement local
II.1. L’assainissement devient une affaire de tous
II.1. Les daaras et l’agrobusiness : les clés de l’autosuffisance
II.2. Une dynamique infrastructurelle pour moderniser la ville
II.3. Des stratégies innovatrices pour une gestion efficiente des ressources.
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
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