Les potentiels d’un pays s’apprécient par le biais de différents critères et facteurs comme ses richesses minières, sa position géographique mais surtout par sa situation politicoéconomique. Ces différents critères contribuent à l’atteinte des objectifs macroéconomiques. Mais Madagascar est un pays considéré comme instable politiquement et économiquement. Cette instabilité se traduit par des crises à répétition qui plonge le pays vers des dysfonctionnements au niveau économique. Les crises politiques ont eu des effets néfastes majeurs sur les relations avec les extérieurs. Les sanctions prises par la communauté internationale ont conduit à une baisse de la production du pays et à celle des revenus de la population mais surtout à des problèmes graves sur le marché de l’emploi. Ces différents facteurs, entre autres, se sont combinés et ont favorisé la prolifération des activités informelles.
Aucun pays dans le monde n’échappe à l’existence du secteur informel ainsi qu’aux problèmes liés au marché du travail. En fait ce sont des problèmes courants qui ne se dissocient guère des réalités économiques. Ils peuvent se présenter sous plusieurs aspects mais des ressemblances existent. C’est pourquoi il est important d’avoir des connaissances sur les faits observés dans les autres contrées. Autant dire que Madagascar est lui aussi soumis aux mêmes difficultés auxquelles les nations d’aujourd’hui doivent surmonter.
Vu le chômage accru frappant les secteurs les plus importants en terme de création d’emploi ainsi que la nécessité pour la population malgache d’assurer sa consommation autonome, force est de constater que pour survivre, il faut à tout prix trouver des sources de revenus à titre principal ou supplémentaire. Par conséquent, entrer dans l’informel s’avère alors, pour certaines personnes, être une nécessité de survie surtout pour les plus démunis. La faculté des agents économiques à s’adapter aux réalités du pays constitue une énigme pour certains observateurs. C’est justement cet exploit à toute épreuve qui prouve que la grande île a beaucoup de potentiels exploitables.
APERҪU GLOBAL DU SECTEUR INFORMEL ET DU MARCHÉ DE L’EMPLOI
Les problèmes liés au marché du travail et au secteur informel sont des phénomènes habituels de la société. Ils influent énormément sur le fonctionnement de l’économie. De ce fait, il est important de déceler toutes leurs facettes. Ayant une corrélation directe avec la pauvreté, ces deux phénomènes méritent des attentions particulières tant sur le plan économique que social. Par ailleurs, le cinquième rapport national sur le développement humain (RNDH de 2010) à Madagascar introduit les problèmes de l’emploi en général ainsi que le secteur informel dans le concept de développement humain.
Mis à part cela, le secteur informel rend difficile et incertain toutes sortes d’évaluation de performance utilisant les indicateurs macroéconomiques habituels comme le PIB par tête par exemple. Certains auteurs économistes se sont penchés sur l’étude de ces circonstances et ils ont ainsi sorti des théories pour pouvoir s’exprimer davantage sur ces phénomènes. Certains de ces ouvrages sont devenus des références mondiales.
A l’image de John Maynard Keynes avec son ouvrage : « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » publié en 1936 qui a connu un énorme succès, en partie dû à la répercussion catastrophique de la crise de 1929 dans le monde. Ou encore le livre de Bruno Lautier intitulé : « L’économie informelle dans le tiers monde » sortie en 1994 et réédité en 2004. Ces ouvrages permettent d’avoir une grille d’analyse sur les situations que l’on veut observer. En effet, les théories et les concepts élaborés par ces auteurs aident à mieux interpréter et ainsi à mieux comprendre les fonctionnements de l’économie en général. Cependant, le débat animant le secteur informel est largement plus récent par rapport à celui du marché de l’emploi. De ce fait, les rapports relatifs aux relations de dépendance ou d’indépendance entre les deux (2) sujets restent encore dans le stade primitif. « On pense souvent à tort que les deux secteurs sont indépendants l’un de l’autre …» . Or, le marché de l’emploi et le secteur informel sont étroitement liés dans la mesure où l’équilibre du premier peut être influencé par le second. Cette interdépendance peut aller dans le même sens ou bien s’opposer complètement. Effectivement, le secteur informel peut soulager les distorsions du marché de l’emploi mais dans des cas particulier, il peut se présenter comme étant une source de perturbation à l’équilibre du marché du travail.
APPROCHES DU SECTEUR INFORMEL
Le terme « Secteur Informel » tire son origine de la Conférence internationale du travail tenue en 1969. Cette conférence lançait le programme mondial de l’emploi. La première mission organisée en Afrique concerne le Kenya. Lors de cette mission, il s’est révélé que dans les pays en développement, le principal problème n’est pas celui du chômage, mais celui de l’existence d’une catégorie de personnes qui travaillent et qui peuvent même travailler très dur, mais dont l’emploi n’est pas productif, dans les sens où celui-ci ne leur permet pas de gagner un revenu atteignant un minimum décent.
L’économie informelle est une expression perverse de la rationalité. De ce fait, elle relève encore du domaine de la science. Etant donné que c’est la nuance entre les moyens engagés pour arriver aux fins qui différencie le sens informel du sens formel. Cependant, l’informel n’obéît pas aux mêmes lois économiques que le secteur formel. En effet, les avantages de l’un ne sont pas forcément favorables à l’autre, dans certains cas, ils sont même opposés. Si l’on considère le fait que le secteur informel est plus compétitif parce qu’il supporte moins de charge (sans impôt à payer…), force est de constater que celui-ci, ne peut en aucun cas bénéficier d’aucune protection vis-à-vis de la législation et du gouvernement.
« Dans la littérature, un débat est ouvert sur le rôle de l’informel dans le processus d’intégration : Pour certains, l’informalité est un ferment du marché régional ; comme tel, elle constitue un facteur de développement qui doit être encouragé et inséré dans les stratégies de développement des pays, notamment de réduction de la pauvreté. D’autres y voient plutôt un phénomène en marge de la législation de l’Etat dont la soustraction à la régulation de celui-ci en fait un élément de déstructuration des Etats-nations. » .
Présent dans tous les secteurs d’activités et pratiqués par toutes les catégories sociales, le secteur informel attire des discussions, des études ainsi que les attentions particulières des différents observateurs (Organismes internationaux et Auteurs…). Du fait de cette popularité, l’étude du secteur informel a donc toute son importance tant sur le plan économique que social. Beaucoup se sont alors intéressés sur le sujet et ont tenté de classer ou de définir ce secteur selon des normes et des principes d’observation.
Les concepts de l’informalité
« Depuis son introduction au début des années 1970, le concept d’informalité a donné naissance à d’intenses débats. Les opinions divergent non seulement sur les causes et la nature du secteur informel, mais aussi sur ses liens avec le secteur formel. Jusqu’au milieu des années 1990, ces opinions divergentes pouvaient facilement être classées en trois grandes écoles de pensée : l’école dualiste, l’école structuraliste et l’école légaliste (Chen , 2005 ; Cimoli et al., 2005). L’approche dualiste… est basée sur un modèle de marché du travail dual, où le secteur informel est considéré comme une composante résiduelle de ce marché n’entretenant pas de lien avec l’économie formelle ; c’est une économie de subsistance qui n’existe que parce que l’économie formelle est incapable d’offrir des emplois en nombre suffisant. Par contraste, l’école structuraliste… considère le secteur informel comme étant formé de petites entreprises et de travailleurs non immatriculés, soumis à des grandes entreprises capitalistes. Les premiers fournissent de la main-d’œuvre bon marché et des entrées aux dernières, améliorant ainsi leur compétitivité. Selon l’école structuraliste, il est improbable que la croissance élimine les relations informelles de production, car celles-ci sont intrinsèquement associées au développement capitaliste. Ainsi, les entreprises modernes réagissent à la mondialisation en mettant en place des systèmes de production plus flexibles et en sous-traitant, ce qui leur permet de réduire leurs coûts. Ces réseaux de production mondiale engendrent une demande de flexibilité que l’économie informelle est la seule à pouvoir fournir, selon cette école. Enfin, l’école légaliste ou orthodoxe, prônée par Hernando de Soto dans les années 1980 et 1990, considère le secteur informel comme étant fait de microentrepreneurs qui préfèrent fonctionner de manière informelle afin d’éviter les coûts associés à l’immatriculation (De Soto, 1989). Tant que les coûts d’immatriculation et d’autres procédures officielles seront supérieurs aux avantages à se trouver dans le secteur formel, les micro entrepreneurs continueront à choisir l’informalité. Ils constituent ainsi un vaste réservoir d’augmentations futures de la croissance et des niveaux de vie, si des réformes des règlementations et des réductions des impôts pouvaient être introduites. Cette école souligne la nature potentiellement volontaire de l’informalité lorsque les travailleurs et entreprises décident de quitter l’économie formelle suite à une analyse coûts-bénéfices. » .
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Table des matières
Introduction
Première partie : Aperçu global du secteur informel et du marché de l’emploi
Chapitre I : Approche su secteur informel
A. Les concepts de l’informalité
B. Les facteurs prolifiques à l’accroissement du secteur informel
Chapitre II : Cadres théoriques du marché de l’emploi
A. Les approches selon les courants de pensée
B. Les politiques de l’emploi
Deuxième partie : Les réalités de Madagascar
Chapitre III : Les impacts des crises à Madagascar
A. Les impacts globaux
B. Les impacts sur le marché de l’emploi
Chapitre IV : Les enjeux du secteur informel sur l’économie malgache
A. Le secteur informel, une alternative aux défaillances du système économique
B. Les rôles de l’Etat
Chapitre V : Recommandations et perspectives
A. Instaurer un cadre propice à la formalisation du secteur informel
B. Amélioration du quotidien de la population
Conclusion