L’influence du parcours linguistique sur l’apprentissage d’une langue étrangère (espagnol) pour les collégiens des établissements en éducation prioritaire

La présente thèse, oeuvre d’une enseignante d’espagnol du secondaire, s’inscrit dans la perspective d’une recherche-action en matière de didactique du plurilinguisme. Elle prend appui sur une expérience de trente années d’exercice en ZEP et dix-sept années dans le collège Madame de Sévigné de Perpignan, classé REP+ depuis 2014.

A des fins d’équilibre interne, la thèse a été divisée en quatre parties, Le cheminement de la didactique des LVE en Europe retrace l’histoire de la didactique des langues étrangères depuis l’invention de l’imprimerie (1448) jusqu’à nous jours. L’Education prioritaire en France, un enjeu majeur, traitera de l’application de la  politique éducative plurilingue européenne en France, pays qui connaît un contexte socioculturel particulier, dû à une forte immigration maghrébine au milieu du XXème siècle. Le troisième chapitre, Un REP + préfigurateur : le Collège Madame de Sévigné, développera les facteurs qui ont placé cet établissement en Education Prioritaire depuis 1997 et en REP + depuis 2014, en tant qu’exemple concret d’un politique prioritaire inefficace de la part de l’Education Nationale. Enfin, notre dernière partie, Du parler à au parler de, tentera de démontrer que l’application de méthodes qui prennent en compte les capacités plurilingues de nos élèves non seulement diminuent le sentiment d’insécurité linguistique de ces derniers, mais rendent l’élève plus actif dans des conditions de communication interculturelles et donc, coopératives.

L’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère en milieu scolaire a fait l’objet d’une multitude de réflexions de la part de professionnels, de théoriciens et de chercheurs issus de domaines scientifiques divers. Historiquement, quelques pédagogues éclairés ont contribué au développement de méthodes à contre-courant d’un enseignement purement théorique du latin, langue essentielle, constituant à elle seule toute instruction (Bréal,1891). En effet, l’enseignement du latin, notamment à partir de la Renaissance, et plus particulièrement, dès la diffusion des auteurs classiques grâce à l’invention de l’imprimerie (1448) par l’allemand Johannes Gutenberg (1399 ?-1468), se centrera sur le latin écrit classique. Quintilien (Calahorra, 30-100), dont le traité De institutione oratoria, liber primus découvert en 1416, et ses principes ont servi de base théorique aux méthodes d’apprentissage de langues de la Reinassance, après son impression en 1470, s’était déjà prononcé contre l’insuffisance des grammaires en tant qu’outil d’apprentissage car, pour lui, «ne parler latin que selon l’exactitude de la grammaire, ce n’est point parler latin ». Le Frère morave tchèque Jan Amos Komensky (1592-1670) -latinisé en Comenius-, pédagogue et auteur de l’Orbi Sensualium Pictus (1568) et la Ianua Linguarum Reserata (1631), s’inscrit dans la tradition d’une réflexion occidentale sur l’enseignement/apprentissage des langues, tant étrangères ou secondes (L2) que maternelles (L1), et plus particulièrement dans la relation que cette réflexion entretien, depuis l’Antiquité, avec la grammaire. Comenius reprend dans le premier ouvrage -destiné aux débutants- les techniques de l’ « ars memoriae » (Ciceron ou Quintilien), moyennant l’usage systématique des images. Il s’agit, donc, du premier livre illustré à des fins didactiques. Comenius applique dans le second ouvrage ce que Besse (2001), qualifie de « méthode d’enseignement graduée », à savoir, donner à apprendre une langue profondément travaillée par le projet didactique dans lequel elle s’inscrit : tous les mots doivent se placer à la portée des enfants, dans la langue déjà connue des enfants, en n’insistant que sur les différences existant entre les deux. Pour Comenius, l’idéal est que maître et élève parlent la même langue vulgaire car les explications doivent être données dans la langue connue de l’élève . Il procède « graduellement », c’est-à-dire, « d’abord comprendre, puis écrire en laissant le temps de réfléchir, enfin parler ». La « Méthode Naturelle » a permis à beaucoup d’auteurs (Montaigne 1533-1592, l’Abbé Pluche 1688- 1761) la prise de conscience d’un certain nombre de processus fondamentaux dans l’acquisition des langues ; trois grands principes se dégagent des textes de ces auteurs :

La prise en compte des capacités des élèves, de leurs interêts et de leurs besoins dont les moyens mis en place seront la sélection des contenus issus du monde concret et familier aux élèves, la progression de facile à difficile, du particulier au général et la présentation de contenus linguistiques dans des textes authentiques ou fabriqués et non dans des listes.
-L’appel à l’intelligence des élèves mais aussi à leurs facultés d’appréhension directe par le sens : « nihil est in intellectu quid non prius fuerit in sensu » (il n’y a rien dans l’enseignement qui n’ait été auparavant dans les sens. De Vallange, (auteur de l’Art d’enseigner le latin aux petits enfants en les divertissant et sans qu’ils s’en aperçoivent,1730) précise que la vue et l’ouïe sont les deux sens auxquels il est le plus facile de faire appel en classe.
-La sollicitation permanente de l’activité des élèves, imposant la méthode socratique-le dialogue oralet le recours au jeu.

Ce que l’abbé Pluche propose pour l’enseignement du latin comme pour celui des langues modernes, c’est d’adapter la méthode naturelle à l’enseignement scolaire : «A la place d’un père et d’une mère, qui sont pour les enfants les premiers maîtres de langue, faisons parler Plaute, Terence et Cicéron » (1711).

Malgré la richesse de la pensée didactique réformiste pendant des siècles, force est de constater l’incroyable résistance de la méthodologie traditionnelle d’enseignement des langues anciennes et modernes, survivant ainsi dans l’enseignement scolaire français jusqu’au milieu des XIXème siècle. Ce n’est qu’après 1870 que se mettent en place les conditions institutionnelles pour une véritable recherche et expérimentation collectives en didactique des LVE ainsi que la volonté de les homogénéiser.

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Table des matières

Introduction
1.Le cheminement de la didactique des LVE en Europe
1.1. Le rôle des Instructions officielles dans l’enseignement des LVE en France
1.2. Les apports de la recherche sur le bilinguisme et le Conseil européen pour l’ apprentissage des LVE
2. L’Éducation Prioritaire en France : un enjeu majeur
2.1. La politique de découpage des zones d’éducation prioritaire
2.2. L’expérimentation et la formation contre la persistance des inégalités scolaires
3.Un REP + préfigurateur : le collège Madame de Sévigné
3.1. Madame de Sévigné ou la « règle de Corbinelli »
3.2. Les élèves UPE2A : quel(s) parcours, quel(s) atout(s) ?
4.La Maîtrise de la langue : du parler à au parler de
4.1. Les textes ministériels actuels et les pratiques pédagogiques
4.2.Je sais dire, donc je sais écrire ? Bien s’approprier la langue orale pour mieux appréhender l’écrit
Conclusion

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