Le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives
L’histoire du CEA
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le gouvernement français adopte une politique orientée vers l’industrie nucléaire pour reconstruire le pays. Le Général de Gaulle crée par ordonnance le 18 octobre 1945 le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Selon l’ordonnance, cet organisme a pour mission « de poursuivre les recherches scientifiques en vue de l’utilisation de l’énergie atomique dans les domaines de la science, de l’industrie et de la Défense nationale. » Le premier centre CEA est inauguré en région parisienne en 1946 et le centre de Saclay est inauguré en 1952. Depuis, le CEA a développé ses compétences dans tous les domaines de recherche liés au nucléaire. Enfin, le 10 mars 2010, le CEA change de nom et devient le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives, un nom plus en accord avec les recherches menées dans les différents centres. Les trois lettres sont conservées : le CEA.
Aujourd’hui, le CEA comprend dix centres en France : Cadarache, Cesta, DAM Ilede-France, Fontenay-aux-Roses, Gramat, Grenoble, Le Ripault, Marcoule, Saclay et Valduc.
Il est classé en tant qu’Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) c’està-dire « un établissement public dont l’objet est la production et la commercialisation de biens et services et dont les ressources sont essentiellement constituées par les redevances payées par les usagers ». En effet, le CEA est un institut de recherche public mais les deux tiers de ses ressources proviennent des partenariats industriels.
Le CEA Grenoble
L’histoire du CEA Grenoble
Avant de raconter l’histoire du CEA Grenoble, il faut d’abord s’arrêter un peu sur l’histoire de Grenoble. L’histoire industrielle de Grenoble a débuté à la fin du XIXème siècle avec l’invention de la houille blanche par Aristide Bergès. Suivront ensuite la mécanique et l’électronique. Au cours du XXème siècle, l’histoire économique et scientifique de Grenoble a été marquée par « les trois Louis » : Louis Merlin, fondateur de Scheider Electric, Louis Weil, enseignant-chercheur et fondateur de l’école Grenoble INP et enfin, Louis Néel, physicien nobélisé en 1970 et premier directeur du CEA Grenoble. Ces trois personnalités sont la preuve de la présence du triptyque éducation, recherche et industrie et du développement des synergies entre ces mondes à Grenoble bien avant la construction de la Presqu’île scientifique. La géographie de Grenoble est également propice à ce type de rencontre : c’est une ville resserrée en raison des trois massifs qui l’entourent à la différence des nombreuses villes étalées.
Pour revenir au CEA, il se développe dans les années 50 et souhaite ouvrir un centre CEA en province. Parmi les villes candidates c’est Grenoble qui est choisie pour son développement industriel et ses liens déjà créés entre universités, recherche, industrie…. Le Centre d’Etudes Nucléaires de Grenoble (CENG) est créé le 27 janvier 1956. Le premier directeur du CENG est Louis Néel, physicien français, lauréat du Prix Nobel de Physique en 1970.
Le CENG va s’installer sur l’ancien polygone d’artillerie qui deviendra le polygone scientifique. Le nouveau centre est inauguré le 26 janvier 1960. Les premiers laboratoires installés sont spécialisés dans la recherche nucléaire, la physique de la matière condensée, la chimie et les sciences de la matière. Ces différents domaines d’études sont indispensables pour comprendre le fonctionnement de l’énergie nucléaire. D’ailleurs, d’autres domaines d’études vont s’ajouter au fur et à mesure tel que les sciences du Vivant pour évaluer la radioactivité sur les êtres vivants ou encore le service d’électronique qui est en charge de la maintenance de l’électronique présente dans les installations nucléaires.
En 1995, le CENG est renommé Commissariat à l’Energie Atomique de Grenoble (CEA Grenoble). Deuxième changement majeur : les programmes nucléaires sont regroupés sur les autres sites du CEA en 2000. A partir de 2001, le démantèlement des six réacteurs nucléaires du CEA Grenoble débute. C’est l’amorce de la reconversion du centre qui se tourne dorénavant vers la recherche industrielle publique et privée. C’est la Direction de la Recherche Technologique (DRT), basée à Grenoble, qui est en charge du transfert technologique vers les industriels. Cela peut se faire de différentes manières et le CEA a choisir les partenariats laboratoires-industrie et l’essaimage c’est-à-dire la création de start-up.
Grâce à ce tournant, certains services comme celui de l’électronique créé en 1958 vont diversifier les activités. Ce dernier va même devenir un institut et devient le Laboratoire d’électronique et de technologie de l’information (Leti). De même, un service des transferts thermiques a été créé dans les années 60 pour étudier le refroidissement des réacteurs. Après fusion avec d’autres départements, il est devenu en 2004 un institut appelé Laboratoire d’innovation pour les technologies des Energies nouvelles et nanomatériaux (Liten). Sa mission est d’étudier la diversification énergétique dans le domaine des énergies renouvelables et matériaux haute performance pour l’énergie.
Le CEA Grenoble en chiffres
Le CEA Grenoble est aujourd’hui présent sur deux sites géographiques. Le site de Grenoble présent sur la presqu’île scientifique fait 64 hectares (39% de la presqu’île). Le second site est à Chambéry et est représenté par l’Institut National de l’Energie solaire (INES), créé en 2005, et qui s’étend sur 7,8 hectares. Une partie de l’INES dépend du Liten. Concernant les moyens humains, le CEA Grenoble emploie environ 4 300 personnes, a plus de 1 500 partenaires industriels et de recherche ainsi que plus de 1 000 sous-traitants. Au niveau de la recherche, il est constitué de 115 laboratoires de recherche (certains regroupés dans les deux laboratoires de recherche technologique Leti et Liten mais également dans les instituts de recherche fondamentale INAC et IrTSV), 85% représentent la recherche technologique et 15% la recherche fondamentale. Les laboratoires de recherche appliquée déposent environ 600 brevets par an, et, comparé à la position de 27me en dépôt de brevets du CEA national, le CEA Grenoble a déposé en 2015 560 demandes de brevets soit 70% des demandes du CEA. Enfin, il travaille avec 80% des entreprises du CAC 40 ainsi que plus de 500 PME et ETI. Au niveau international, c’est plus de 145 partenaires internationaux. Pour avoir une idée de grandeur, nous pouvons comparer avec le service d’électronique de 1958 devenu le Leti : il y avait quatre chercheurs dans ce service en 1958, ils sont aujourd’hui 1 800, aidés de 250 doctorants. Le Liten représente, quant à lui, environ 1 000 ingénieurschercheurs.
L’influence des politique s de l’innovation
Le CEA est donc monté en puissance au cours de la seconde moitié du XXème siècle et a su soutenir les différentes mises à l’échelle demandée. Aujourd’hui, la politique de l’innovation au niveau national, européen, et international impose de nouvelles règles auquel le CEA est en train de s’adapter.
Les politiques n atio nales et européennes
Tout centre de recherche a besoin de financements pour exister. Le CEA étant avant tout un organisme public, il est donc en partie financé par l’Etat. Ainsi, il est important de prendre en compte le contexte politique national voire européen pour comprendre l’évolution de cet institut.
Selon Marcel Morabito , l’environnement national a une influence certaine sur le fonctionnement de la recherche. Par exemple, l’innovation est souvent mesurée en fonction du budget alloué à la recherche et au développement ainsi que sur l’importance du tissu économique. Si le monde de la recherche se porte à peu près bien, le tissu économique français est lui en difficulté. Cela pose des questions pour le développement de start-up et de nouveaux partenariats dans la recherche. En revanche, la forme juridique de l’Etat ne semble pas être un facteur déterminant dans la réussite d’une politique de recherche puisque certains
Etats Fédéraux tels que l’Allemagne ou les Etats-Unis ont su développé des laboratoires de rang mondial, de même que certains Etats Unitaires comme la France et le Japon.
De même, la structuration de la recherche compte pour le développement d’un institut. En France, la distribution du budget de recherche et développement semble privilégier la recherche fondamentale à la recherche technologique. C’est l’inverse que l’on constate en Allemagne.
En politique de l’innovation, même si les grands axes sont choisis par les ministères au niveau national, chaque niveau des collectivités territoriales a développé une politique de soutien à l’innovation en faisant partie des projets de partenariat entre éducation, recherche et industrie construit sur leur territoire.
Le débat reste, par ailleurs, ouvert sur les directions à prendre pour développer cette politique. Bien souvent, deux directions sont privilégiées à savoir la compétitivité ou l’aménagement du territoire. Ces deux logiques ne sont pas forcément opposées. Malgré tout, des pays comme l’Allemagne ou les Etats-Unis ont clairement opté pour la compétitivité en construisant des laboratoires de rang mondial dans certaines régions du pays et non pas dans toutes. La France, quand à elle, semble hésiter. Dû à l’histoire nationale forte, il est difficile de privilégier les régions sur d’autres mais en même temps le financement de pôles de recherche étant de plus en plus élevé, il s’agit de sélectionner les lieux les plus à même de performer au rang mondial. Par exemple, la création de pôles de compétitivité en 2004 semblait montrer une ouverture vers la compétitivité. Cependant, le nombre de pôles de compétitivité à savoir 71 ainsi que l’absence de priorités thématiques ne semblent pas trancher sur le développement d’un territoire par rapport à un autre. De même, les Investissements d’Avenir ont pour but de sélectionner des « dossiers d’excellence » afin d’apporter des financements à des universités de recherche, des organismes de recherche via des appels d’offres nationaux. Or, les appels d’offres sont plus nombreux que prévus et favorisent beaucoup d’organismes au lieu d’augmenter la compétitivité de quelques uns. Malgré tout, les grands axes stratégiques des investissements d’avenir ont été suivis par le CEA.
Les règles de la recherche internationale
La globalisation semble avoir contribué au développement de pôles territoriaux. On constate par ailleurs une certaine homogénéisation des pratiques. Tout d’abord, les objectifs des centres de recherche dans le monde se regroupent autour de trois axes :
– Agir en fonction des attentes sociétales c’est-à-dire la mise en avant de domaines prioritaires tels que l’a fait l’Union européenne.
– Fédérer les acteurs de la connaissance en regroupant les acteurs sur un territoire et en créant des liaisons entre éducation et recherche, entre recherche et industrie en valorisant la recherche technologique ou entre éducation et industrie où certaines entreprises s’installent directement sur les campus.
– Attirer les talents : il faut recruter les meilleurs doctorants afin de former des chercheurs renommés qui véhiculeront une image positive du centre de recherche. Il s’agit également d’avoir des financements pour financer leur venue ainsi qu’avoir un campus rappelant une ville avec un certain dynamisme pour les inciter à venir.
Tous ces aspects politiques renversent la logique traditionnelle qui était un institut isolé avec une marque institutionnelle forte et poussée sur la scène internationale. Aujourd’hui c’est la logique de réseau qui prime afin de compléter toute la chaine de valeur de l’innovation et éviter la rupture entre chaque étape. Dorénavant, c’est une prise en compte des Technologies Readiness Levels (TRL) c’est-à-dire les stades de développement de la recherche : l’invention (stade 1 à 3) à l’innovation créée durant la phase de développement (4 à 6) avant les premiers tests d’industrialisation et de mise sur le marché (7 à 9). On voit donc davantage s’amorcer un regroupement des acteurs de la recherche afin de remplir la chaîne de valeur car un seul institut ne peut totalement embrasser une telle variété de compétences.
Le CEA a choisi de suivre cette évolution en agrandissant son réseau, notamment grâce au changement d’orientation du CEA Grenoble, via la Direction de la Recherche Technologique (DRT) qui se tourne vers la recherche technologique. Cependant, cela ne pouvait se faire sans un changement de marque. En effet, une marque est basée sur trois éléments : un sens lié à des valeurs propres à l’entreprise, des signes visuels distinctifs tel qu’un logo et enfin des actes tel que le positionnement adopté. Or, dans le cas du CEA, le sens est lié à son histoire elle-même liée avant tout à la recherche nucléaire, de même que son logo. Et ses actes sont le développement de la recherche nucléaire. Ainsi, le CEA a gardé une image rattachée au nucléaire et à la défense, image portant largement en rupture avec les activités menées sur le site de Grenoble. Il s’agissait donc de faire un choix. Mettre en valeur un des instituts créés sur Grenoble aurait pu être une possibilité mais cela écartait une partie des compétences développées sur le centre de Grenoble. Le choix ? Construire une nouvelle marque, complémentaire à celle du CEA Grenoble.
Le CEA Grenoble, un organisme pluri – marques
Le modèle du triptyque : MINATEC
« Le site de Grenoble ne travaillant pas pour les secteurs de la Défense ou du nucléaire, il était indispensable de renforcer son attractivité si nous voulions trouver des ressources nouvelles nous permettant de faire face à la réduction des financements publics. » JeanCharles Guibert, directeur de MINATEC.
Le campus d’innovation MINATEC (MIcro et NAnoTEChnologies) a été imaginé dans les années 90 par Jean Therme ancien-directeur du Leti, du CEA Grenoble et de la DRT. « Pour passer du stade Leti des années 90 à celui de MINATEC des années 2000, il a fallu lever 1 milliard d’euros sur 5 ans. Parce que c’est le ticket pour l’entrée dans le club mondial des pôles de microélectronique. » Soutenue par les collectivités locales, la construction des bâtiments de MINATEC a été assurée par le Conseil Général. Une convention entre tous les partenaires du projet (Etat, collectivités locales, CEA, Grenoble INP, et la Caisse des dépôts et des consignations) a été signée le 18 janvier 2002 et MINATEC est inauguré le 2 juin 2006.
A la différence des pôles de compétitivité qui évoluent vers des structures plus éclatées géographiquement, le but de ce campus est de positionner sur une même aire géographique limité à un ou deux kilomètres des acteurs de la thématique micro et nanotechnologie. Pour comprendre l’enjeu de MINATEC, il faut connaître son thème de recherche : La microélectronique est « l’étude et la fabrication de composants électroniques à l’échelle du micromètre ». De même, les nanotechnologies sont « l’étude, la fabrication et la manipulation de structures, matières et dispositifs dont la taille ne dépasse pas une quarantaine de nanomètres ». Les micro et nanotechnologies font partie de notre quotidien : elles sont présentes dans tous les objets communicants (smartphones, Télévision, GPS…) et également dans les transports, l’environnement, la défense et la sécurité. Elles sont plus connues sous la forme de capteurs et transistors. Le but est donc de faire du monde de la recherche grenobloise un pôle majeur dans le futur de la recherche des micro et nanotechnologies.
Afin de promouvoir la marque, le directeur de MINATEC est invité sur les différents campus internationaux afin de créer de nouveaux partenariats et de faire connaitre la marque.
Il fait également partie des bureaux de certains instituts à l’étranger. Il y a également quelques actions faites afin d’animer le campus et créer un sentiment d’appartenance telles que les midis MINATEC qui sont des conférences d’une trentaine de minutes de chercheurs travaillant sur la Presqu’île dans le but d’échanger sur les sujets de recherche de chacun. Il y a aussi la MINA-NEWS qui est le journal d’information du campus d’innovation afin que tous les partenaires soient informés de ce qui se passe sur le site et dans les autres laboratoires.
Par ailleurs, MINATEC a développé des programmes à destination du pôle éducation : le programme nano@school à destination des lycéens. Ces derniers viennent faire des travaux pratiques sur la plate-forme du CIME, présent sur le site MINATEC afin de leur faire découvrir le monde la recherche. MINATEC a également développé le programme MINATEC Nanolab qui consiste à monter un projet en commun avec des pays en croissance technologique afin de leur apporter des équipements dont ils ont besoin. Ce programme permet de monter des salles blanches qui n’ont pas forcément pour but de créer des technologies de pointe mais de répondre à des enjeux du pays en question. Ce programme a été utilisé à Madagascar, au Pérou, au Brésil, en Argentine…
Pour cela, MINATEC a été l’un des premiers à développer un modèle bien connu maintenant dans le monde de la recherche : le triptyque éducation, recherche et industrie, concentré en même lieu. Le premier pôle est représenté par l’école Grenoble INP Phelma (Institut Polytechnique de Grenoble – Physique Electronique Matériaux), le pôle de la recherche par un institut de recherche appliqué, le Leti, ainsi qu’une partie d’un institut de recherche fondamentale, l’Institut Nanosciences et Cryogénie (INAC) ainsi qu’un pôle industriel formé par des laboratoires industriels ainsi que des start-up). A chaque fois qu’un tel modèle est appliqué, un des acteurs jouent le rôle d’opérateur du campus. Dans le cas présent, il s’agit du CEA. C’est d’ailleurs ce modèle qui est visible dans le logo MINATEC avec les trois hélices en nuancier de bleu.
En concentrant sur un même site les trois groupes centraux dans le cheminement d’un projet de recherche, MINATEC favorise les interactions et les coopérations. De plus, des plate-formes sont mutualisées c’est-à-dire mises en commun et à disposition des chercheurs et des industriels. Cela permet de mutualiser le financement d’équipements de pointe puisque les coûts sont divisés entre tous les partenaires. Ce modèle concourt donc à la mission principale que s’est donné le CEA Grenoble : favoriser le transfert technologique. D’ailleurs MINATEC suit la règle des 4P : recherche fondamentale au travers des Publications, la recherche technologique avec les Patents (brevets), le développement industriel avec les Prototypes, et la production (Products).
De plus, il s’agit d’avoir une taille critique pour être visible et rester dans la course internationale de l’innovation. Tous les partenaires ont gagné une visibilité qu’ils n’auraient peut-être pas eu sans le regroupement au sein de MINATEC. Cependant, MINATEC ne remplace pas les membres, il n’est pas une entité légale : c’est uniquement une marque, un label représentant une collaboration entre plusieurs partenaires. MINATEC représente aujourd’hui 3 000 chercheurs, 1 200 étudiants et 600 industriels et spécialistes du transfert industriel et s’étend sur 20 hectares. C’est également plus de 10 000 m2 de salles blanches. Une salle blanche est un environnement dans lequel la taille et le nombre de poussières sont parfaitement contrôlés, garantissant ainsi la non-altération des circuits produits. C’est un type de laboratoire très spécifique. L’ensemble de ces équipements dispose d’un budget annuel de 350 millions d’euros annuels, dont 60% provient d’industriels et contrats. Enfin, les acteurs de MINATEC déposent chaque année 300 brevets et signent plus 1 600 publications. Il est aujourd’hui le premier campus d’innovation européen en micro et nanotechnologies.
Le modèle multi- thématique : GIANT
GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies) est un campus d’innovation, créé en 2012, au périmètre plus large que MINATEC et il est multithématiques. En effet, il regroupe le campus MINATEC, sur la thématique des micro et nanotechnologies, GreenR, ^pour les énergies et Nanobio pour la santé. Même si ces deux autres campus sont moins développés actuellement que MINATEC, ils ont vocation à fonctionner sur le même modèle que ce dernier. GIANT est donc le regroupement de ces trois pôles et fonctionne donc lui-aussi sur le même modèle que MINATEC avec des acteurs de l’éducation, des industriels et plusieurs laboratoires de recherche. Sont également présents dans le projet GIANT trois pôles transversaux à savoir le management de l’innovation représenté par Grenoble Ecole de Management (GEM), la recherche fondamentale représentée par l’INAC et le Centre National de Recherche Scientifique (CNRS) ainsi que les grands instruments présents sur la presqu’île que sont l’European Molecular Biology Laboratory (EMBL), l’European Synchrotron radiation Facility (ESRF) ainsi que l’Institut LaueLangevin (ILL). Sans oublier les organismes présents dans les trois pôles thématiques : Grenoble INP au-travers de l’école Phelma et l’Ecole nationale supérieure de l’énergie, de l’eau et de l’environnement (ENSE3), l’Université Joseph Fourrier et le CEA Grenoble autravers du Leti et du Liten. Tous ces organismes sont les partenaires de GIANT, présents dès sa création.
Conclusion
Le CEA Grenoble est un centre de recherche unique autant par son nombre de publications et brevets, par la richesse des acteurs présents sur le site, par son lieu géographique que par le nombre de marques qu’il soutient. Un milieu aussi riche a adopté un fonctionnement complexe auquel les chargés de communication se confrontent au quotidien. Chacun arrive à se coordonner pour que chaque marque soit un plus et non pas une affaire de concurrence.
Cependant, tout visiteur extérieur ne peut appréhender durant sa visite qu’une partie de la richesse du site, soit par une visite de MINATEC soit au contact des business developpers de CEA Tech soit par l’équipe GIANT qui accueille les jeunes chercheurs étrangers. Ces multiples portes d’entrée peuvent être un avantage car le CEA est plus visible indirectement mais brouille également l’image d’une seule marque forte développée sur les autres campus d’innovation mondiaux. Pourtant, les deux logiques fonctionnent. Une seule marque forte est plus propice au développement du centre de recherche par les indicateurs scientifiques (brevets, publications, partenariats) et a une communication unifiée. Un système pluri-marques permet d’adopter une logique de réseaux et de dépasser le statut d’institut pour devenir un réel modèle de l’innovation et être plus compétitif. Il s’agit de veiller à la cohérence général du message envoyé. Ces deux logiques sont efficaces car comme le montre le classement Reuters 2016, le CEA est premier avec la logique pluri-marques tandis que l’institut allemand Fraunhofer est second avec une seule marque forte affichée. De plus, il faut savoir que le CEA va s’agrandir dans les prochaines années avec l’arrivée de l’Open Innovation Center (OIC) qui sera construit sur la presqu’île à proximité de MINATEC. Ce sera un lieu ouvert afin de permettre à des acteurs extérieurs d’intervenir auprès du CEA. Un nouveau développement qui devrait appeler une nouvelle marque, l’OIC et de nouveaux enjeux. En effet, le CEA se dirige vers l’innovation ouverte alors qu’il est un commissariat sur des domaines stratégiques tels que la Défense et la Sécurité et appelle une science fermée. De fait, comment assurer ce nouveau tournant à savoir assurer la confidentialité du centre tout en ouvrant ses portes ?
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1 : Le CEA, un organisme particulier
I – Le Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives
A. L’histoire du CEA
B. Le CEA en chiffres
II – Le CEA Grenoble
A. L’histoire du CEA Grenoble
B. Le CEA Grenoble en chiffres
III – L’influence des politiques de l’innovation
A. Les politiques nationales et européennes
B. Les règles de la recherche internationale
Chapitre 2 : Le CEA Grenoble : instituts forts, marques fortes…pôle fort ?
I – Le CEA Grenoble, un organisme pluri-marques
A. Le modèle du triptyque : MINATEC
B. Le modèle multi-thématique : GIANT
C. Une marque technologique : CEA Tech
II – Etude de positionnement
B. Une identité claire dans un environnement riche
C. Une stratégie de terrain
D. Perspectives
III – Le cas grenoblois : un exemple unique international
Chapitre 3 : Quelques Propositions
I – Une complémentarité des marques à développer
II – Explorer les outils de mesure d’impacts possibles
III – Concevoir son propre modèle de l’innovation
Glossaire
Table des Annexes
Bibliographie
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