L’influence de la philosophie classique allemande

L’influence de la philosophie classique allemande

L’une des sources de la pensée marxiste est inéluctablement la philosophie classique allemande. Celle-ci a été d’un apport non négligeable dans l’élaboration de sa doctrine. Marx s’est intéressé à elle par le biais de Friedrich Hegel, mais aussi, de Ludwig Feuerbach.

L’importance de Friedrich Hegel

Nous pouvons parler d’une influence notoire de Hegel dans la conception philosophique de K. Marx dans la mesure où celui-ci a fortement contribué dans le cadre de son idéalisme à faire une certaine présentation de l’homme. Et, il a développé des concepts qui n’ont pas paru insignifiants aux yeux de Marx. . En effet, Hegel dans sa pensée philosophique, octroie une place de choix à l’idée de dialectique, mais aussi, à la conscience (à l’idée).

Le concept de dialectique suppose, selon Héraclite, les deux idées que sont la contradiction et le devenir : « On ne se baigne pas deux fois, attestait Héraclite, dans les eaux du même fleuve». Cela témoigne et renforce l’idée suivant laquelle les choses ne sont pas fixes et qu’elles suivent un flux perpétuel. Au fait, nous sommes ici en face d’un matérialisme qui met l’accent sur les différentes fluctuations dont fait état la réalité matérielle, attestait Héraclite. Premièrement, la notion de devenir sous-tend la conception selon laquelle rien n’est fixe et que tout est en mouvement. Cette notion qu’est le devenir est très ancienne. Selon un penseur tel que Héraclite, par exemple, les hommes qui entrent dans les mêmes fleuves voient affluer d’autres et d’autres eaux. Au fait, cette conception — qui met en avant l‘idée de mouvement — s’oppose à celle de Parménide selon laquelle tout est fixe et immuable. La dialectique hégélienne récupère ces deux idées que dénote la dialectique ; deux idées que sont : la contradiction et le devenir. Seulement il faut noter que Hegel est avant tout idéaliste. En effet, selon lui, le développement dont il est question ici n’est rien d’autre que celui de l’idée, de l’esprit. Cet idéalisme d e type hégélien prône que c’est l’idée qui est premier et qu’elle gouverne la matière. C’est la raison pour laquelle, la dialectique hégélienne est avant tout une dialectique de l’esprit.

Hegel lui-même avait indiqué :
« Toute réalité qui n’est pas réalité posée par le concept même, est existence passagère, contingente, extérieure, opinion, apparence superficielle, erreur, illusion, etc. » .

L’esprit, en question, ne devient ce qu’il est qu’après un cheminement durant lequel il est appelé à dépasser des étapes qui ne sont pas encore l’esprit mais qui sont des passages nécessaires. Hegel lui-même parle de cette aventure de l’esprit en termes de «déchirement ». C’est ainsi que dans son ouvrage intitulé La phénoménologie de l’esprit, il s’exprime en ses termes : «L’esprit conquiert sa vérité seulement à condition de se retrouver soi-même dans l’absolu déchirement » .

Durant cette « odyssée » où la raison devient esprit, nous allons observer toute la finesse de Hegel qui va montrer une double dimension de la dialectique : Tout d’abord, la raison — comme nous l’avons dit sur les quelques lignes audessus — devient esprit mais seulement après un long cheminement. Ainsi, elle passe tour à tour par la conscience du monde (de l’objet), la conscience de soi (du sujet) et enfin atteint « l’absolu » par la saisie de l’unité qui existe entre l’objet et le sujet. En effet, la conscience «c’est d’abord la présence de ce qui est ici et maintenant ; c’est la sensation. En celle-ci, la conscience s’épand out entière ; elle s’y reconnaît et s’y perd » .

Ensuite, nous voyons par la même occasion que dans cet acte dont la finalité est le dévoilement de l’absolu, Hegel introduit deux concepts clés que sont le dépassement et la conservation. Il pense que le devenir inclut d’entrée de jeu le «travail du négatif». Il affirmait lui-même à ce propos : « Ce qui est bien connu en général, justement parce qu’il est bien connu n’est pas connu. » .

Ce qui est ici déterminant, c’est qu’une fois que l’esprit se rend compte qu’il ne détient pas la vérité, il se rend compte — du même coup — qu’il se détourne de ce qu’il est convenu de nommer l’absolu. En d’autres termes, il y a en quelque sorte «une perte » de l’esprit ; mais nous pouvons considérer que ce qui est perdu est d’une certaine manière retrouvée dans une réalité supérieure. De la sorte, le travail du négatif se révèle être indispensable dans la quête de l’absolu, de la vérité. C’est pourquoi, Hegel, toujours dans la même optique nous montre que l’esprit doit être considéré comme « cette puissance en n’étant pas semblable au positif qui se détourne du négatif »

Aussi, Hegel ne manquera pas de montrer sous quel angle l’esprit devient cette puissance. C’est la raison pour laquelle il poursuit son idée dans cette assertion: « (…) l’esprit est cette puissance seulement en sachant regarder le négatif en face, et en sachant séjourner prés de lui. Ce séjour est le pouvoir magique qui convertit le négatif en être. » .

Et, dans sa conception de l’esprit, Hegel nous montre que l’esprit ne craint pas et n’évite pas la mort ; au contraire la vie de l’esprit doit être appréhendée comme étant une vie qui porte en son sein la mort. L’esprit devient ce qu’il est ; mais au paravent il est appelé à passer par un déchirement, à sa perte, à son aliénation. Alors, c’est seulement au terme de cette aventure qu’il devient absolu et vrai. D’après tout ce que nous venons de dire, nous ne devons pas perdre de vue que le cheminement de la pensée suppose une idée essentielle : Celle-ci n’est rien d’autre que la conséquence directe du mouvement dialectique de l’esprit afin de devenir l’absolu.

En effet, durant son « odyssée », la raison arrive à des stations nécessaires mais dont le dépassement est incontournable. Le dépassement, tel qu’il est conçu par Hegel, va de pair avec la conservation. Il prône l’idée suivant laquelle ce qui est dépassé n’est ni détruit ni oublié mais plutôt subsiste au sein d’une réalité supérieure. Au fait, selon Hegel, lorsque l’état de la conscience naturelle est dépassée, il est conservé dans celui de la conscience de soi laquelle l’est aussi à son tour dans celui de l’unité qui existe entre le sujet et l’objet. Pour signifier tout cela, nous avons le concept de « haufheben, aufhebung ».

Dès lors, nous voyons comment la dialectique est utilisée par Hegel pour signifier cette « odyssée » qui est avant tout celle de l’esprit. C’est ce mouvement dialectique de l’esprit qui va octroyer aux notions «d’opposition», « de dépassement », « de conservation », « de réconciliation », les sens qu’elles renferment dans la philosophie hégélienne. Avec Hegel, nous voyons que la vérité n’est plus considérée comme un fait mais est plutôt appréhendée tel un produit voire un résultat. Mais, en quoi l’étude de cette dialectique de l’esprit a-t-elle une importance dans l’élaboration de notre analyse ? Au prime abord, il peut sembler que le cheminement de l’esprit que nous venons de relater dans ses grandes lignes n’a rien à voir avec notre analyse; cependant tel n’est pas le cas. En vérité, là où nous voulons en venir c’est la subordination de la matière que Hegel observe au profit de l’idée. Il s’agissait de commencer par montrer que le mouvement dialectique tel qu’il est perçu par Hegel est avant tout celui de l’esprit. Et, par rapport à cela, il pense en tant que théoricien idéaliste que la réalité matérielle est déterminée par l’idée. D’où, la conception hégélienne selon laquelle l’histoire n’est rien d’autre que l’histoire de l’esprit. La réalité matérielle n’étant que la manifestation sensible du développement de l’idée. De telle sorte que dans les différents types de sociétés culturelles, ce qui doit être déceler c’est une certaine extériorisation de l’esprit en cours de réalisation. Au fait, la conception hégélienne de la philosophie peut être résumée comme étant la réconciliation de l’idée et du réel. Il (Hegel) nous montre qu’il n’existe point de séparation entre les deux entités ou qu’elle ne saurait être qu’apparente. Il y’a une réelle unité qui subsiste entre eux puisque l’idée ne peut être conçue que replacée au sein d’une réalité ; et de la même manière, le réel est déterminé et gouverné par l’idée.

Bref, après tout ce que nous venons d’avancer, force est d’admettre que la philosophie hégélienne a permis de promouvoir la dialectique, mais aussi, de favoriser l’idée au détriment de la réalité concrète. La philosophie hégélienne n’a pas manqué de séduire plus d’un philosophe ; seulement, comme il est de coutume dans la philosophie, son épigone qui est Ludwig Feuerbach va par la suite essayer de dépasser celui qui l’avait, auparavant, émerveillé (à savoir Hegel). C’est dans cette optique que nous allons tour à tour voir comment Feuerbach a été influencé par Hegel avant d’opérer un « renversement » da la pensée de celui-ci. En effet, Feuerbach va juger que la philosophie hégélienne est à l’envers. De ce fait, au lieu de l’adopter telle quelle, il entreprend de la « remettre sur ses pieds ».

L’APPORT NOTOIRE DE LUDWIG FEUERBACH 

Dans le cadre de notre travail, la convocation d’un auteur tel que Ludwig Feuerbach est plus que nécessaire pour mieux percevoir l’originalité de l’orientation que Marx va observer. Nous pouvons, d’ors et déjà, noter que Feuerbach lui- même a été influencé par Hegel avant de présenter une critique à son endroit. Il ne ménagera aucun effort pour attaquer l’idéalisme hégélien . D’où, nous allons tenter de montrer que Feuerbach a été engagé dans la voie hégélienne et qu’il est même arrivé à concevoir un « renversement » de la philosophie de celui-ci. L’intérêt de convoquer Feuerbach renferme tout son sens. C’est un intérêt capital dans la mesure où nous savons qu’il a été pour beaucoup dans l’orientation philosophique de Karl Marx. À ce sujet, Louis Althusser avançait : « On peut voir, en particulier à quel point les œuvres de jeunesse de Marx sont imprégnées de la pensée de Feuerbach. » .

Donc, à la lumière de ces propos, nous comprenons que la théorie de Feuerbach est importante ; car elle nous permet de saisir l’itinéraire et l’originalité de la philosophie marxiste. Feuerbach marque un tournant décisif dans l’élaboration de la pensée philosophique de Marx pour plusieurs raisons : d’une part il a présenté une analyse audacieuse sur la religion ; d’autre part, il a été l’un des premiers théoriciens allemands à avoir confectionné le matérialisme. Aussi, il apparaît que pendant la période qui s’étendait de 1842 à 1844, Marx détenait une terminologie largement influencée par Feuerbach.

C’est ainsi que plusieurs concepts Feuerbachiens se trouvaient utilisés par le Jeune Marx durant cette période : Tel est le cas avec les notions « d’aliénation», de « l’homme générique », de «renversement du sujet en prédicat»… Et, toujours pour montrer que l’étude de Feuerbach est nécessaire pour la compréhension de plusieurs textes et articles de Marx, nous allons faire appel à ce commentaire de Louis Althusser selon laquelle : « Des articles comme La Question Juive ou la Critique de la philosophie de l’état de Hegel ne sont intelligibles que dans le contexte de la problématique Feuerbachienne. » .

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : les sources de la pensée marxiste
A. L’influence de la philosophie classique allemande
a. L’importance de Friedrich Hegel
b. L’apport notoire de Ludwig Feuerbach
B. L’influence de l’économie anglaise
a. L’influence d’Adam Smith
b. Les notions héritées de David Ricardo
C. L’influence du socialisme français
a. La portée des analyses de pierre Joseph Proudhon
b. L’intérêt des pensées de : C.Fourier et Saint Simon
DEUXIEME PARTIE : Marx, une nouvelle vision philosophique et économique
A. La philosophie marxiste : dépassement des héritages
a. Marx et son « renversement » philosophique
b. Une nouvelle définition de l’homme
B. La conception marxiste de l’économie
a. Marx et sa critique de l’économie politique classique
b. Des notions économiques développées par Marx
C. La détermination de la structure économique
a. L’économie et le rôle déterminant
b. L’économie comme base de la superstructure
TROISIEME PARTIE : Marx, une philosophie tournée vers la réalité concrète
A. Le travail et ses implications
a. Le travail et l’aliénation de l’homme
b. Les rapports de production et la lutte des classes
B. L’importance de la pratique chez Marx
a. La théorie et la pratique dans l’optique marxiste
b. Marx, une philosophie à vocation pratique
C. Nécessité d’une révolution communiste
a. La philosophie marxiste, une philosophie révolutionnaire
b. La visée humaniste de l’analyse de Karl Marx
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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