L’influence de la grossesse sur l’activité sportive
Matériel et méthode
L’étude effectuée était quantitative, transversale, rétrospective et monocentrique sur le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers du 25 avril 2013 au 22 décembre 2014. L’étude s’est intéressée aux femmes majeures enceintes pendant leur troisième trimestre de grossesse. La population de l’étude choisie, était toutes les femmes majeures au troisième trimestre de grossesse, qu’elles aient ou non une activité sportive. Les critères d’exclusion étaient une hospitalisation au cours de la grossesse, une pathologie antérieure à la grossesse contre-indiquant l’activité sportive et les questionnaires insuffisamment remplis. Les femmes ont été recrutées lors de leurs consultations du huitième et neuvième mois de grossesse au CHU d’Angers sur la période du 3 novembre au 14 novembre, lors des consultations du troisième trimestre et aux cours de préparation à la parentalité du 22 octobre 2014 au 22 décembre 2014 par une sage-femme libérale. Un premier questionnaire papier (Annexe 1) leur a été distribué à la fin de chaque consultation. Une fois rempli, il devait être déposé par les patientes dans une bannette prévue à cette effet. Leur consentement était par ailleurs recherché pour répondre à un deuxième questionnaire (Annexe 2), électronique ou téléphonique, trois semaines plus tard.
Le premier questionnaire permettait de connaître les caractéristiques de la population, âge, indice de masse corporel (IMC), âge gestationnel, profession, niveau d’étude, nombre d’enfant, pathologie de la grossesse. Il demandait quel type et quelle quantité de sport les femmes pratiquaient l’année avant leur grossesse et au cours de celle-ci. Il les interrogeait sur les conseils ou les contre-indications qu’elles avaient reçus par leur médecin, leur sage-femme ou un proche vis-à-vis du sport pendant la grossesse. Il a été créé à l’aide du « pregnancy physical activity questionnaire (PPAQ) » (annexe 3) [14], validé par une étude scientifique et spécifique à la grossesse. Le deuxième questionnaire interrogeait leur ressenti sur leur activité sportive. Les questions portaient sur la présence ou non d’activité sportive avant et pendant la grossesse ainsi que sur leurs motivations. Les patientes expliquaient les raisons pour lesquelles elles ne pratiquaient pas de sport ou les raisons pour lesquelles elles arrêtaient avant ou en cours de grossesse. Le questionnaire permettait de cibler les informations pouvant les motiver à maintenir une activité sportive pendant leur grossesse. De plus, des questions étaient posées sur la reprise de sport dans le post-partum.
Points fort et points faibles de l’étude
Le nombre de questionnaires distribués aux patientes sur une période de quinze jours était relativement important. Cependant le fait que les patientes recevaient les questionnaires après leur consultation et qu’elles les déposaient ensuite dans une bannette a induit beaucoup de perdues de vue. La part de femmes (69%), ayant répondu au premier questionnaire et acceptant de recevoir le second questionnaire, était quant à elle assez importante. Cette étude comptait un certain nombre de biais. La première difficulté a été de définir l’activité physique et l’activité sportive. En effet, les définitions trouvées sont vastes et subjectives. Il n’y a pas de valeurs définies en terme de durée ou de fréquence pour définir une activité comme étant sportive ou non, ou encore même de liste d’activités sportives. Il n’était pas possible non plus de créer une définition à moins d’inclure des biais supplémentaires à l’étude. Le choix a été laissé aux femmes de définir elle-même si elles considéraient faire du sport ou pas. La deuxième limite était le caractère rétrospectif de l’étude qui engendrait des biais de mémoire. La troisième limite de l’étude était son caractère transversal. Les informations recueillies à un instant précis donne un aperçu de l’activité sportive sur une courte période. Les données de l’étude doivent être interprétées avec prudence.
Caractéristiques de la population
Le deuxième questionnaire avait une part plus importante de femmes âgées de plus de 30 ans par rapport au premier questionnaire. Il comportait également une part plus importante de femmes ayant un IMC normal ou étant obèses que de femmes maigres ou en surpoids. Il intéressait plus de femmes cadres, professionnelles intellectuelles ou intermédiaires que d’employées ou de femmes sans activité. Il a été observé un infléchissement de la part des femmes ayant un niveau inférieur aux deux années post baccalauréat. Concernant les pathologies, il n’y avait pas de différences observées entre les deux questionnaires. L’étude n’était pas représentative de la population française (annexe 5). En effet, les caractéristiques de la population des deux questionnaires étaient différentes de la population française observées par l’institut national de la statistique et des études économiques de 2014 (INSEE) [15]. Les questionnaires comprenaient une part moins importante de femmes entre 30 et 40 ans. Les femmes maigres ou obèses étaient plus représentées. Les ouvrières et les autres femmes sans activité étaient sous représentées par rapport aux femmes exerçant une autre activité socio-professionnelle. Les femmes ayant un niveau d’étude supérieur ou égal à deux ans post baccalauréat étaient surreprésentées par rapport à la population française mixte. Les femmes ayant un diabète ou un retard de croissance intra-utérin étaient surreprésentées, alors que celles ayant une hypertension artérielle ou une menace d’accouchement prématuré étaient sous représentées. Cependant en ce qui concernait la parité, les questionnaires avaient une part semblable de nullipare par rapport à l’enquête nationale périnatale de 2010 [16](45,6% vs 43,4%).
Activité sportive Si chaque activité était prise séparément, il a été observé une stabilité de la pratique de la marche normale, une diminution de la nage au premier trimestre et au troisième trimestre de grossesse mais une augmentation au deuxième trimestre, une augmentation des cours de préparation à la parentalité et une baisse des autres activités. Que ce soit avant ou pendant la grossesse, les résultats montraient que les sports pratiqués étaient majoritairement des sports individuels. En effet, une seule femme pratiquait un sport collectif, le football, et seulement avant la grossesse. De plus les sports pratiqués étaient des sports en aérobie, meilleurs pour la santé, et les seuls indiqués pendant la grossesse. Il n’était pas non plus mentionné de sport de raquettes ou de combats, qui sont déconseillés pendant la grossesse [12].
Il semblerait que les femmes soit naturellement attirées par des sports compatibles avec la grossesse. L’étude ne montrait pas d’impact de la grossesse sur les sports déconseillés, mais sur les autres types de sports. Lorsque l’ensemble des activités du premier questionnaire sont prise en compte : 97,5% des femmes pratiquaient une activité pour le loisir et l’exercice avant la grossesse, 97,5 % au premier trimestre, 98,7% au second trimestre, 94,9% au troisième trimestre. Cependant, dans le deuxième questionnaire, 61,4% des femmes disaient faire du sport avant la grossesse, 40,9% pendant la grossesse et 34% jusqu’à la fin de la grossesse. Il semblerait donc que toutes les activités citées dans le premier questionnaire n’étaient pas considérées comme un sport par les femmes.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATÉRIEL ET MÉTHODE
RÉSULTATS
DISCUSSION
BIBLIOGRAPHIE
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