Le défi de développement durable impose le réalisation d’une croissance économique soutenue, d’un développement social et un environnement durable. Madagascar continue encore sa voix dans la recherche d’une situation plus améliorée en essayant de réduire le taux de pauvreté de 15 % d’ici à l’an 2015.
Combattre la pauvreté consiste à ne pas marginaliser les pauvres et à les aider dans leurs activités afin qu’ils puissent les financer de façon pérenne , donc il s’agit de promouvoir leur capacité de générer leurs revenus. Or, la majeure partie de la population pauvre vivent en milieu rural et elles dépendent beaucoup pour leurs subsistances des ressources naturelles qui, à Madagascar, vont d’une simple modification à une situation de pire dégradation. Alors, que vont devenir ces couches défavorisées. Le thème du présent mémoire s’intitule « Dégradation de l’environnement : facteur de pauvreté ». Cette dégradation, en effet, influe sur le niveau de vie des gens pouvant encore empirer leur situation .La question qui se pose est donc, comment atténuer la dégradation de l’environnement afin de réduire la pauvreté à Madagascar d’une part, et d’autre part, réduire la vulnérabilité des couches le plus pauvres. Il est à noter que le phénomène Environnement – Pauvreté est une relation à double sens .En effet, dans un autre sens la pauvreté peut également conduire à la dégradation de l’environnement. Mais nous nous limitions seulement dans le présente cadre de l’étude au sens Dégradation/ Pauvreté. Pour apporter plus d’éclaircissement sur le sujet, nous débuterons par une présentation générale de l’économie et de la situation de l’environnement à Madagascar Dans une seconde partie on apportera plus de précision sur le fait que la dégradation a une influence sur le pauvreté tant en milieu urbain qu’en milieu rural. Et pour clore l’étude, on énoncera quelques recommandations de réduction de la pauvreté en intégrant la dimension environnementale.
Concernant le secteur agricole, près de 70% de l’activité de la production du pays est dominé par la riziculture. Or, la production de riz n’augmente que de 1,2% par an depuis 1980 et son rendement n’a jamais dépassé les 2,1 tonnes à l’hectare. Depuis le début des années 70, l’offre nationale de riz ne suffit pas toujours à couvrir les besoins annuels de consommation du pays qui s’élèvent à 1 650 000 tonnes. La part de l’agriculture dans le PIB et dans celui du secteur primaire connaît une baisse depuis les dix dernières années : en effet, le poids de l’agriculture dans le PIB était de 17,5% et celui le secteur primaire était de 48,5% en 1990 contre 15,3% du PIB et 44,5% du secteur primaire en 2001. Cette baisse tendancielle est due au faible taux de croissance de l’agriculture (2% par an de 1997 à 2000) par rapport à la sylviculture (9,8% par an) et à d’autres branches. [Source des chiffres : DSRP juillet 2003].
Le secteur secondaire
Le secteur secondaire représente 13,4% du PIB et 49,8% des exportations. En 2001, il a connu un taux de croissance de 7,6% contre une croissance négative de –21% en 2002 (Cf tableau 1). A Madagascar, il est surtout concentré autour de quelques industries : l’industrie métallique (avec un taux de croissance de 36,4% en 2001), l’industrie agroalimentaire (le taux de croissance de l’industrie alimentaire en 2001 est de 4,3% et pour l’industrie de boissons : 7,1%), l’industrie pharmaceutique tient également une place avec un taux de croissance de 126% en 2001. La croissance industrielle s’est accélérée durant trois dernières années, et ce, grâce aux Zones Franches Industrielles. L’importance des Zones Franches Industrielles se trouve dans leur capacité de créer des emplois et de fournir des emplois indirects (commerce, transport de marchandises …). Ainsi, les Zones Franches Industrielles, dont 162 entreprises opérationnelles, font partie des entreprises ayant une forte capacité d’emplois car les emplois directs qui étaient moins de 20 000 en 1994 sont passés de 75 000 emplois directs en 2000 et environ 120 000 en 2001. Selon les études effectuées par le FMI, près de 80% des investissements étrangers à Madagascar vont vers les zones franches, 38% proviennent de la France, 25% de Maurice et 9% des autres pays Européens.
Le secteur tertiaire :
Le taux de croissance de ce secteur était de 6,1% en 2001. A Madagascar, le potentiel touristique de Madagascar reste très sous- exploité. Les avantages de l’île sont dus aux richesses de la faune, flore et la biodiversité biologique qui créent un attrait particulier pour les touristes. L’apport en devise du secteur touristique est de 170 Millions DTS, ce qui classe ce secteur comme le premier fournisseur de devises du pays. Du côté de la télécommunication, le système malgache s’est modernisé, les mobiles sont acquis bien que le coût soit élevé. Mais, il s’avère également nécessaire de faire un aperçu sur le contexte général économique et de la pauvreté afin de bien cadrer l’économie du pays.
Situation économique et de la pauvreté
Il y a lieu de voir l’évolution de la pauvreté et l’état des grandeurs économiques : telles la croissance économique et la dette extérieure.
L’évolution de la pauvreté
On définit les pauvres d’après les normes internationales comme les individus dont les ressources (monétaires : salaire ou produit de vente, non monétaires : autoconsommation, transfert, paiement en nature) sont insuffisantes pour consommer, en plus des éléments non alimentaires indispensables, une ration alimentaire de 2133 calories par jour, le minimum et le nécessaire pour mener une vie normale. Le taux de pauvreté à Madagascar est de 69,6% en 2001 et l’intensité de la pauvreté est estimée à 34,9% . En 1997, la pauvreté s’est aggravée (incidence de pauvreté : 73,7 en 1997 contre 70,4 en 1993, intensité de pauvreté : 34,6 en 1997 contre 31,3 en 1993). Mais la relance économique à partir de 1997 a permis une baisse de l’incidence jusqu’à 69,6%.
En effet, les ménages urbains semblent avoir une vie beaucoup plus meilleure par rapport aux ménages ruraux. En milieu urbain, le taux d’incidence de la pauvreté a diminué de 2,1% contre une légère diminution de 1,8% en milieu rural (intensité de la pauvreté : 39,8% en milieu rural contre 18,3% en milieu urbain en 2001). Ainsi, la pauvreté à Madagascar touche beaucoup plus la population rurale.
Cependant, cette amélioration n’est pas perceptible pour chaque province car si certaines voient leur situation s’améliorer, pour d’autres, elle s’est aggravée. L’incidence de la pauvreté n’a pas évolué de la même manière dans les six provinces. La pauvreté à Antananarivo, par exemple, a diminuée progressivement avec un taux passant de 63,4% en 1993 à 48,3% en 2001. Toamasina a suivi cette même tendance sauf en 2001. Dans les trois autres provinces, la pauvreté rurale a entraîné une dégradation de la situation globale.
La croissance économique
Malgré le potentiel naturel et physique dont dispose Madagascar, il figure aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres. En effet, la classification par rapport au PIB par tête place notre pays parmi les quinze pays les plus pauvres au monde avec un PIB par habitant de 200 dollars US en 2000. Les premiers résultats positifs des plans d’ajustement structurel obtenus à partir de 1988, indiquent des taux de croissance supérieurs au taux d’accroissement de la population, sauf pour la période 1991 – 1996 où les programmes ont été suspendus, la croissance annuelle moyenne est de 3,5% pour la période 1988 – 1990 et de 4,3% pour la période 1997 – 2000. L’amélioration de la situation économique a été bouleversée par les événements de 1991. Le taux de croissance moyen, par habitant est tombé à –2,7% entre 1991 et 1996. Le PIB par habitant a été très bas en 1996 (198 dollars) contre 338 dollars constants de 1987 en 1971. La période 1997 – 2001 a été marquée par une certaine stabilité et des opportunités pour la relance économique. Le taux d’inflation est passé de 14% en 1999 à 8% en 2001, l’investissement étranger est passé de 10 Millions dollars US en 1996 à 120 millions dollars US en 2001 et le taux de croissance moyen de l’économie est de 4,5% . [ Source Chiffre : rapport provisoire DSRP en juillet 2002].
La dette extérieure
Un autre facteur grève les performances de l’économie qui se rapporte au poids de la dette très élevé par rapport aux capacités de remboursement du pays. L’encours de la dette extérieure de Madagascar après rééchelonnement est évaluée à 2933,2 millions de DTS, soit 109% du PIB en 1995 [source : STA en Octobre 2001, situation dette extérieure]. On note la part importante de la dette publique à moyen et long terme qui représente plus de 60% du volume global de la dette de la période 1995 – 1998.
Le service de la dette représente en 1995 près de 152% de recettes fiscales soit 52% des recettes d’exportation. L’interruption des programmes d’ajustement entre 1991 et 1996 a entraîné une accumulation importante des arriérés de paiement extérieur. A la fin 2002, l’encours nominal de la dette extérieure s’est élevé à 4 587 millions de dollars US, soit 100,6% du PIB.
Les ressources naturelles
Biodiversité terrestre
Les écosystèmes terrestres sont les habitats naturels très diversifiés des êtres- vivants. Les pressions qui pèsent sur eux, surtout les écosystèmes forestiers constituent des menaces pour la biodiversité faunistique et floristique. On en distingue quatre grandes catégories de biodiversité terrestre..
Les formations primaires :
➤ Les forêts primaires ont existé depuis longtemps avant toute intervention humaine. Elles occupent les 16% de l’île ayant une forte diversité biologique de la faune et la flore caractérisée par un taux d’endémicité élevé. Sur le versant oriental, Sambirano et l’extrémité nord de l’île, on rencontre les FORETS DENSES HUMIDES SEMPERVIRENTES. Sur les Hautes terres Centrales, ce sont les FORETS SCLEROPHYLLES DE MONTAGNES, tandis que sur le versant occidental du Centre, on trouve les SCLEROPHYLLES DE MOYENNE ALTITUDE et enfin on trouve les FORETS DENSES SECHES CADUCIFOLIEES dans le nord ouest et la partie sud ouest de l’île.
➤ Les fourrés de montagne se trouvent sur les hautes terres et les fourrés xérophiles (bush) occupent le sud ouest et la partie sud.
Les formations secondaires
Ces forêts qui occupent 63% de l’île correspondent aux formes de dégradation des forêts primaires. Les forêts secondaires ou Savoka dans la région orientale et du Sambirano proviennent de la destruction de la formation primaire par l’usage du tavy. Les savanes, formation herbeuse occupant de grandes places dans les régions occidentales et sur les hautes terres centrales proviennent de la destruction du savoka par passages répétés des feux. La steppe, formation herbeuse dans le sud résulte de la dégradation des fourrées xérophiles.
Les formations particulières.
Elles sont régies par des conditions écologiques particulières. Elles sont subdivisées en 3 types :
• Végétation des affleurements rocheux qui est abondante sur les dômes granitiques de la région Centrale.
• Végétation des marais et marécages occupant 0,5% de l’île , se trouve dans la région orientale, la région centrale et occidentale et dans les vallées humides.
• Les mangroves forment 0,6% de Madagascar.
Les plantations artificielles et les cultures
Les reboisements occupant 0,5% de la superficie de Madagascar sont formés d’Eucalyptus et de pins répartis dans les régions des hautes terres comme le HautMangoro, la Haute Matsiatra, le Vakinankaratra. Les différents types de culture sont pratiqués sur les différents types de forêt déjà détruits par l’homme : les cultures vivrières la riziculture les cultures de rente et les cultures maraîchères.
Cette grande diversité des écosystèmes terrestres explique la richesse floristique et faunistique de Madagascar. Les forêts primaires renferment notamment de nombreuses essences à bois précieux et de grande valeur commerciale comme le palissandre ou l’ébène et de nombreuses espèces de plantes médicinales, ornementales et aromatiques. Elles constituent également les habitats naturels de nombreuses espèces animales. Les 80% de la biodiversité animale malgache se trouvent dans les milieux aquatiques, terrestres , les 20% restant vivent dans les zones humides et seules quelques espèces sont savanicoles. A part ses écosystèmes terrestres, Madagascar possède également des écosystèmes aquatiques.
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I : CADRE GENERAL DE L’ECONOMIE ET DE L’ENVIRONNEMENT
Chapitre 1 – Aperçu sur l’économie de Madagascar
Section 1- Les secteurs de production
1.1- Secteur primaire
1.2- Secteur secondaire
1.3- Secteur tertiaire
Section 2- Situation économique et de la pauvreté
2.1- L’évolution de la pauvreté
2.2- La croissance économique
2.3- La dette extérieure
Chapitre 2 – Généralités sur l’environnement de Madagascar
Section 1- Les ressources naturelles
1.1.Biodiversité terrestre
1.2.Biodiversité aquatique
Section 2- Un environnement en phase de dégradation
Chapitre 3 – Les différents facteurs de dégradation de l’environnement
Section1- Activités humaines
Section 2- Facteur démographique
Section 3-Desequilibre terre/population
Section 4- Pratiques culturales
Section 5- Non-respect des règlements
Section 6- Défaillances des marchés
Chapitre 4- Principales contraintes influant sur la dégradation de l’environnement
Section 1- Insuffisance des ressources financières
Section 2- Défaillances des informations
Section 3- Problèmes relatifs aux ressources humaines
Conclusion partielle
Partie II – L’INFLUENCE DE LA DEGRADATION DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA PAUVRETE
Chapitre 1- Analyse des problèmes environnementaux touchant les pauvres
Section1- La terre
Section 2- L’accès à l’eau
Section 3- L’accès à l’énergie
Section 4-L’accès aux produits de la forêt
Section 5- Les cataclysmes naturelles
Chapitre 2- Liens entre dégradation de l’environnement et pauvreté
Section 1- La dégradation conduit à la pauvreté
1.1 Pauvreté en milieu rural
1.1.1-Les conditions d’exploitation agricole
1.1.2-La dégradation de l’ environnement
1.1.3- Les calamités naturelles
1.2 Manifestation de la dégradation de l’environnement en milieu urbain et ses impacts
1.2.1- La pollution de l’eau et ses impacts
1.2.2- La pollution de l’ air et ses conséquences
Section 2- La pauvreté entraîne la dégradation des ressources
Chapitre 3- Evaluation de la dégradation sur la pauvreté _ Etudes de quelques régions
Section 1- Effets de l’érosion sur la production rizicole
1.1 –Production rizicole à Madagascar
1.2 –Production rizicole dans les zones enquêtées
1.3 – Evaluation monétaire de la perte
Section 2- Impacts de la déforestation sur les ménages
2.1- Description de la situation
2.2- Coût de la déforestation sur les ménages
Section 3- Impacts de la pollution de l’air sur la santé
3.1-Présentation de l’étude
3.2- L’état de santé
3.3- Les coûts
Conclusion partielle
Partie III- MESURES ENVIRONNEMENTALES POUR LA REDUCTION DE LA PAUVRETE
Chapitre 1- Lutte contre la dégradation de l’environnement
Section 1- Mesures antipollution intérieure
1.1-Moyens pour réduire la pollution
1.2-Bénéfices perçus en réduisant la pollution de l’air intérieure
Section 2- Protection des sols
2.1-Accroitre la sécurité foncière
2.2- Mettre en place des mécanismes financiers
2.3- Mobiliser les associations de base
2.4- Meilleure gestion de la fertilisation et contrôle phytosanitaire
Section 3- Lutte contre la déforestation
3.1-Protection des forêts existants
3.2-Developpement socio-économique
3.3-Réformes des politiques et des institutions
Chapitre 2- Croissance économique profitant aux pauvres
Section 1- Liens entre croissance économique, réduction de la pauvreté et environnement durable
1.1-L’angle d’un développement durable
1.2-Propositions des politiques
Section 2- Le développement rural
2.1-Réformec institutionnels
2.2-Production agricole et gestion durable des ressources
2.3-Accès aux services sociaux
2.4-Disponibilité alimentaire suffisante
2.5-Emergence des acteurs économiques partenaires du monde rural
Section 3-Accès des producteurs au capital foncier
Chapitre 3-Prise en compte de l’environnement pour la réduction de la pauvreté
Section 1- Mise en place d’un cadre institutionnelle pour l’environnement
1.1-Au niveau local, sectoriel ,intersectoriel
1.2-Gouvernance environnementale
1.3-Renforcement de la recherche sur l’environnement
1.4-Développement de l’éducation, de la formation et de la sensibilisation à la protection de l’environnement
Section 2- Compatibilité des politiques sectorielles, régionales, locales avec l’environnement
CONCLUSION
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