L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine

Près de trois décennies après la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), l’infection par le VIH demeure un problème de santé publique. En fin 2017, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estimait à 36,9 millions les personnes vivant avec le VIH (PVVIH), dont 1,8 million d’enfants. La Région africaine de l’OMS, où 25,7 millions de personnes vivaient avec le VIH en 2017, est la région la plus touchée. Elle concentre également près des deuxtiers des nouvelles infections par ce virus survenant dans le monde [74]. Depuis l’introduction des trithérapies on constate cependant que l’espérance de vie des personnes infectées par ce virus s’est nettement améliorée. Du fait de l’augmentation de la durée de vie des personnes traitées efficacement pour le VIH, les coïnfections par les virus des hépatites (B, C, D) sont devenues de véritables facteurs de comorbidité et de mortalité [10]. L’hépatite B est l’hépatite virale la plus redoutée du fait de son pouvoir cirrhogène et oncogène [54]. Environ 1% des personnes infectées par le virus de l’hépatite B (VHB) (2,7 millions de personnes) sont également porteuses du VIH. Inversement, la prévalence mondiale de l’infection VHB chez les sujets infectés par le VIH est de 7,4% [75]. L’infection par le VIH modifie l’histoire naturelle du VHB et aggrave le pronostic de l’hépatite chronique B [83] [66]. Elle majore notamment le risque de passage à la chronicité en augmentant la réplication virale du VHB. Depuis 2015, l’OMS recommande de traiter toutes les personnes pour lesquelles le diagnostic de l’infection à VIH a été posé, quel que soit le stade de la maladie. Le ténofovir, inclus dans les associations thérapeutiques recommandées en première intention contre le VIH, est également actif contre le VHB [75].

L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine

Définition

Le Sida ou syndrome d’immunodépression acquise, révélé en 1981, est la conséquence grave de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), responsable une diminution de l’immunité cellulaire qui est source d’infections opportunistes. Ce virus fait partie de la famille des rétrovirus et deux sérotypes ont été isolés : le VIH1 et le VIH2. Ce qui distingue le VIH des autres virus, c’est qu’il atteint le système immunitaire en prenant le contrôle des lymphocytes TCD4.Ces dernières ont pour rôle de coordonner la réponse immunitaire lorsqu’un virus se présente. Lorsque le VIH utilise les cellules CD4 pour se propager il les endommage et les détruit. Ce faisant, le VIH mine de l’intérieur le système immunitaire qui a pour rôle de le combattre [45].

Historique

L’histoire du Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (SIDA) débute en 1981 lorsque le Center for Disease Control (USA) est informé de l’utilisation de la Pentamidine dans les hôpitaux de Los Angeles pour traiter cinq jeunes adultes atteints d’une forme particulière grave de la Pneumocystose pulmonaire [39]. La survenue d’autres cas semblables chez les homosexuels et les toxicomanes aboutit à individualiser une nouvelle entité clinique se manifestant par une altération de l’immunité cellulaire et donc appelée Syndrome de l’Immunodéficience Acquise (SIDA). L’épidémie a d’emblée suggéré une transmission par un agent pathogène présent dans les humeurs.

L’hypothèse rétrovirale a été très rapidement avancée d’autant qu’il existait plusieurs modèles animaux de déficits immunitaires impliquant cette famille de virus et que le virus HTLV-1 (Human T-cell Leukemia/lymphoma virus) venait d’être isolé chez les malades atteints de leucémies et lymphomes T humains [61]. Le premier signe documenté d’infection par le VIH chez l’homme remonte en 1959 [103], année où une prise de sang fut effectuée sur un homme à Léopoldville (actuelle Kinshasa) dans le Congo belge ; suivent alors plusieurs patients atteints de maladies rares (Maladie de Kaposi) aujourd’hui considérées comme des maladies opportunistes dans les cas d’infection par le VIH. Comme les premiers malades étaient  exclusivement homosexuels, le syndrome est appelé le « gay related immunodeficiency disease » (GRID) mais les autorités sanitaires se sont rendues compte que ce syndrome touchait aussi les hémophiles, les usagers de drogue par injection intraveineuse, les hétérosexuels [15]. En Mai 1983, dans la revue «Science», l’équipe de Jean Claude CHERMANN de l’Institut Pasteur décrivit pour la première fois le virus responsable de la maladie qu’on nomme « Lymphadenopathy Associated Virus » ou LAV (futur VIH-1) [5]. Après quelques mois de recherches, les chercheurs démontrèrent les liens de causalité entre la maladie et ce virus; ils travaillèrent également sur un test de dépistage la même année. Les premiers travaux sur la transmission possible du virus chez les chimpanzés furent entrepris. Il y a désormais 13000 cas de SIDA aux Etats Unis et 460 furent décédés de la maladie. Les premières directives quant à des relations sexuelles plus sécuritaires furent données par divers organismes en santé publique. Dès 1985, la notion de variabilité génétique du VIH a été évoquée par la découverte chez des patientes travailleuses du sexe originaires d’Afrique de l’Ouest, d’un second virus apparenté au premier mais génétiquement distinct [86]. Ces virus de la même famille, considérés comme agents responsables du SIDA, furent dénommés après une harmonisation taxonomique, VIH-1 et VIH-2. En 1990, apparaissent les premières associations de médicaments Antirétroviraux (ARV) sous le nom de multithérapie. En 1996, les premiers tests commerciaux pour la détermination de la charge virale de l’infection à VIH-1 ont été disponibles [57] ainsi que les premières trithérapies [57].

Epidémiologie

Dans le monde

Selon les dernières statistiques mondiales de l’ONUSIDA, en 2017, 21,7 millions de personnes avaient accès au traitement antirétroviral et 36,9 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH. En 2017, en moyenne,
– 1,8 million de personnes sont devenues nouvellement infectées par le VIH
– 940 000 de personnes sont décédées de maladies liées au sida  Depuis le début de l’épidémie, 77,3 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 35,4 millions de personnes sont décédées de suite de maladies liées au sida. Parmi les PVVIH, 75 % connaissaient leur statut VIH en 2017. En 2017, 21,7 millions de personnes vivant avec le VIH avaient accès au traitement antirétroviral, soit une augmentation de 2,3 millions depuis 2016 et de 8 millions en 2010.

En Afrique subsaharienne (Afrique de l’Ouest et Centrale)

En 2017, il y avait 6,1 millions de personnes vivant avec le VIH en Afrique de l’Ouest et centrale. Les femmes représentent 56 % du nombre total de personnes vivant avec le VIH dans la région. Environ 370 000 nouvelles infections par le VIH ont été recensées en 2017. Les nouvelles infections à VIH ont diminué de 9 % entre 2010 et 2016. Il a été estimé, en 2017, 280 000 personnes décédées de maladies liées au sida. Le nombre de décès liés au sida dans la région a diminué de 21 % entre 2010 et 2016.

Au Sénégal 

Le Sénégal est un pays à épidémie de type concentré. Elle est caractérisée par une prévalence relativement faible inférieure à 1% (0.7%) dans la population générale ; 0.5% en 2012 selon les données de l’ONUSIDA mais particulièrement élevées dans les populations les plus exposées l’infection au VIH avec notamment : une prévalence de 18.5% (ENSC 2010) chez les professionnels du sexe (PS) en 2010 contre 19.8% (ENSC 2006) en 2006 ;une prévalence de 18.5% (ELIHos 2013) au niveau des hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes en 2013 contre 21.8% (ELIHos 2007) en 2007 ;une prévalence de 10.2% (ELIHos 2013) chez les consommateurs de drogues [22]. Les nouvelles infections étaient estimées à 1600 chez les adultes de 15 à 49 ans en 2013. Cependant on observe une baisse régulière du nombre de nouvelles infections depuis l’année 2001 estimée environ 70% [21]. Cela marque une tendance la baisse de l’infection VIH au Sénégal liée la précocité et la régularité des programmes de prévention et d’accès aux soins. Cependant il faut noter d’importantes disparités dans la distribution de l’épidémie selon les régions.

Modes de transmission 

Le VIH peut se transmettre par l’échange de divers liquides corporels provenant de personnes infectées tels que: sang, lait maternel, sperme et sécrétions vaginales. On ne peut être infecté par les contacts de la vie courante tels que baiser, étreinte, poignée de mains, partage d’objets personnels, ingestion d’eau ou de nourriture.

La transmission sexuelle ou hétérosexuelle

C’est la voie la plus répandue au monde. Le SIDA est une infection sexuellement transmissible (IST). En Afrique subsaharienne, plus de 90% des cas de SIDA notifié résultent d’une transmission hétérosexuelle. Une proportion croissante des cas signalés en Asie, en Amérique Latine, en Afrique du nord et au moyen Orient est également imputable à cette forme de transmission. Elle peut se faire par des rapports hétéro ou homosexuels avec une personne infectée. Aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest, la diffusion du VIH s’est effectuée essentiellement par voie sexuelle, en premier lieu dans la communauté homosexuelle masculine. Le risque de transmission par un rapport anal serait environ 10 fois supérieur à celui d’un rapport vaginal, du fait de la finesse et de la structuration de la membrane rectale [42].

La transmission sanguine 

Elle constitue le second mode de transmission à travers les facteurs suivants :
● La toxicomanie intraveineuse, infectée
● La réutilisation des aiguilles non stérilisées
● La transmission dans les lieux de soins
● Certaines pratiques thérapeutiques ou rituelles (scarification, excision, circoncision).

La transfusion de sang non dépisté constitue un sujet de préoccupation dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. La toxicomanie intraveineuse constitue la principale voie d’entrée du VIH en Europe et aux Etats Unis [100].

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Table des matières

Introduction
1. L’infection par le virus de l’immunodéficience humaine
1.1 Définition
1.2. Historique
1.3. Epidémiologie
1.3.1. Dans le monde
1.3.2. En Afrique subsaharienne
1.3.3. Au Sénégal
1.4. Modes de transmission
1.4.1. La transmission sexuelle ou hétérosexuelle
1.4.2. La transmission sanguine
1.4.3. La transmission verticale
1.5. Agent causal
1.5.1. Classification
1.5.2. Structure
1.5.3. Cycle réplicatif
1.5.4. Variabilité génétique
1.6. Histoire naturelle
1.6.1. Primo-infection
1.6.2. Phase d’infection chronique ou phase asymptomatique
1.6.3. Phase de SIDA : phase symptomatique d’immunodépression
1.6.4. Stades cliniques de l’infection à VIH
1.6.4.1. Selon l’OMS
1.6.4.2. Classification CDC
1.7.1. Diagnostic indirect
1.7.1.1. Tests pour le dépistage de l’infection VIH
1.7.1.2. Tests de confirmation
1.8. Prise en charge thérapeutique
1.8.1. Suivi biologique
1.8.1.1. Numération des Lymphocytes TCD4
1.8.1.2. Charge virale VIH
1.8.1.3. Cinétiques des marqueurs immuno-virologiques
1.8.2.2. Principe du traitement
1.9. Prévention
2. L’infection par le virus de l’hépatite B
2.1. Définition
2.2. Historique
2.3. Epidémiologie
2.3.1. Dans le monde
2.3.2. Au Sénégal
2.4. Modes de transmission
2.4.1. La voie sanguine
2.4.2. La voie sexuelle
2.4.3. La transmission mère-enfant ou transmission verticale
2.4.4. La transmission horizontale
2.5. Agent causal
2.5.1. Classification
2.5.2. Structure
2.5.3. Organisation génomique
2.6. Histoire naturelle
2.6.1. Hépatite aigue B
2.6.2. Hépatite chronique B
2.7. Diagnostic biologique
2.7.1. Diagnostic biologique direct de l’infection par le VHB
2.7.1.1. La culture
2.7.1.2. La microscopie électronique
2.7.1.3. La recherche des Ag viraux
2.7.1.4. Détection et quantification de l’ADN du VHB
2.7.2. Diagnostic indirect
2.7.3. Cinétique des marqueurs
2.7.3.1. Hépatite B aiguë
2.7.3.2. Hépatite chronique
2.8. Traitement
2.9. Prévention
3. La co-infection VIH / VHB
3.1. Epidémiologie
3.2. Histoire naturelle de la coinfection
3.4. Traitement
3.5. Prévention
Conclusion

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