L’agriculture constitue la principale activité qui absorbe plus de 70% de la population active aux Comores en général et à Anjouan en particulier. La culture vivrière comme le nom l’indique est destinée à nourrir la population locale. Ce secteur malgré les potentialités existantes est confronté à plusieurs contraintes qui entravent son développement. Comme dans de nombreux autres pays, la forte croissance démographique (3% par an ) que connaissent les Comores laisse peu de temps aux agriculteurs et donc aux systèmes de culture pour intégrer les changements induits par le raccourcissement des temps de jachère et on observe une tendance générale à la dégradation de la fertilité du sol [2] .
GENERALITES
L’archipel de Comores correspond à quatre iles d’origine volcanique qui émergent à une profondeur supérieure à 3500 m [3]. Ces îles basaltiques sont reparties sur un axe Nord-Ouest, Sud-est à l’extrémité septentrionale du canal de Mozambique, suite à l’activité d’un point chaud qui aurait disloqué au Miocène [8,14]. Ces îles sont : Anjouan ou Ndzouani (424 km2), Mohéli ou Mwali (220 km2), Grande Comores ou Ngazidja( 1148 km2), formé par un volcan actif (le Karthala) et Mayotte (374 km2) qui est toujours administrée par la France. Ainsi la superficie totale des Comores est 1800km2 avec une population totale inférieure à 500.000 habitants, suite à un recensement général effectué en 1991, dont 80% sont des ruraux.
Le sol
Bien qu’elles aient un sol basaltique d’origine volcanique dans l’ensemble, les îles ont chacune leurs spécificité biologiques. D’une manière générale, l’île de Mohéli a un sol plus ancien, fragile et très sensible à l’érosion, avec de reliefs plus accidentés. Quant aux sols de la Grande Comore, ils sont de types andosols, fertiles en générale mais avec une rétention d’éléments phosphoriques. En plus le caractère récent de son volcan actif conduit la présence de sols peu évolués sur de la lave [2]. En ce qui concerne Mayotte, le sol présente un risque d’érosion à cause des sols fragiles à pente forte, supérieure à 12% [11]. Enfin, Anjouan présente de types de sols particuliers, le caractère ancien de son volcan éteint, lui a donné naissance à des sols bruns avec des affleurements de basalte et de pouzzolanes. Au niveau des zones non lessivées, les sols ferralitiques se caractérisent par une grande fertilité malgré des carences en phosphores [15]. On peut rencontrer alors les types des sols suivant à Anjouan :
– Un sol ferrugineux entre 1500 m à 1200 m d’altitude
– Un sol ferralitique à tendance lessivé entre 1200 m à 800 m d’altitude.
– Les sols bruns
– Les andosols .
Cependant, peu épais, ils subissent des dégradations par l’érosion qui est accentué par les pressions anthropiques ; notamment :
– L’ agriculture sur brûlis
– La déforestation accélérée.
Le climat
Les Comores connaissent un climat de type tropical avec une alternation de saison chaude, humide et pluvieuse. La température moyenne varie entre 24 et 35°C à basse altitude et elle dimunie avec l’altitu de suivant un gradient thermique de l’ordre de 0,7°C par 100m. La pluviométrie annue lle varie en moyenne entre 1500 à 6000 mm selon l’altitude et l’exposition par rapport au vent. La Grande Comore, bien qu’elle est très arrosée, présente peu de réserves en eaux souterraines ou de surfaces en raison de la nature poreuse de la roche mère. En revanche, Mohéli et Anjouan sont mieux approvisionnés en eau de surface, des sources alimentant des rivières permanentes.
La végétation
La végétation est de type tropicale et varie suivant l’altitude. La zone côtière a longtemps été la zone agricole par excellence. Elle est couverte par les cultures d’exportations (Vanille, ylang-ylang, giroflier) et l’arboriculture. La zone de moyenne altitude est la zone des cultures vivrières. Sur l’île d’Anjouan l’explosion démographique a entrainé un déboisement massif, les pratiques agricoles actuelles sont inadaptées et favorisent l’érosion. A la Grande Comore, l’ancien zone d’élevage déboisé depuis longtemps pour le pâturage, est en cours d’appropriation individuelle par la mise en culture. La zone de haute altitude, domaine de la forêt dense, comporte des essences de grandes valeurs pour l’ébénisterie et le bois d’œuvre et offre une biodiversité intéressante grâce au caractère endémique de nombreuses espèces végétales. La surface dimunie à cause d’une mise en culture progressive dans une forêt éclaircie.
Evolution de la population
La population relativement jeune connait un taux de croissance très élevé d’environ 3,3%, cette croissance rapide exerce une pression sur les ressources naturelles ; en particulier sur la terre et sur les forêts qui a tendance à devenir insoutenable. On observe aujourd’hui deux traits marquants :
– Le recul de la forêt
– La progression de cultures vivrières associées à un couvert arboré. La forêt a diminué de 36% sur la Grande Comores, de 73% sur Anjouan et de 53% sur Mohéli entre 1972-1987 et ce processus ne cesse de s’amplifier de jour en jour. En effet, en 2001, par rapport aux surfaces cultivables, la densité de la population est estimée à 211 hab /km2 à Mohéli, 753 hab./km2 à Anjouan et 474 hab./km2 à la grande Comores.
SITUATION GENERALE DE LA CULTURE VIVRIERE AUX COMORES
Aux Comores comme dans les autres pays sous développés, la culture vivrière se fait par association des cultures. Plusieurs espèces occupent la même parcelle, leurs cycles culturaux se chevauchent, sans pour autant être forcément plantées ou récoltées en même temps [10] . Il y a cependant une simultanéité globale dans le temps et dans l’espace. Les agriculteurs associent fréquemment des espèces à cycle de développements variés :
– Plantes pérennes,( manguiers, cocotiers….etc.),
– Plantes semi pérennes (Bananier, manioc, igname…….etc.)
– Plantes annuelles (arachides, maïs….etc.).
Elles peuvent être disposées en étage, avec des plantes hautes et basses : arborescentes, drainées, rampantes. Les associations culturales peuvent être arrangées de façon diverse dans l’espace :
● De manière intercalée : les différentes espèces sont organisées en lignes ou en bandes alternées, parfois dans le but de protéger les plantes contre le vent ou le sol contre le ruissellement et l’érosion hydrique ;
● En mélange : Dans ce cas là, il n’y a pas d’arrangement géométrique nettement observable.
Cultures en relais et culture dérobée
Une première culture est d’abord mise en place, puis une deuxième, alors que la première culture a atteint le stade reproductif mais n’est pas encore récoltée, puis parfois une troisième. Cela est possible lorsque la saison de culture est plus longue que le cycle de la production principale. La culture dérobée est le terme utilisé pour désigner la deuxième culture mise en place lorsque deux cultures sont implantées en relais : Elle ne constitue pas la production principale.
Culture séquentielle
Plusieurs espèces sont plantées les unes après les autres pendant une année, sans que leurs cycles culturaux se chevauchent. Il peut y avoir ainsi de deux à quatre cultures dans l’année.
Culture multiple
L’expression culture multiple est générique et désigne tout système de culture dans lequel on cultive plusieurs espèces sur une même parcelle au cours de la même saison de culture ou de la même année : Il englobe ainsi les cultures associées, les cultures en relais et les cultures séquentielles. L’importance de la culture vivrière dans la région de Bambao se prouve grâce aux associations des cultures (des mélanges de 4 à 5 cultures dans une même parcelle par an). Ceci est dû aux principales cultures suivantes : Manioc (M), Bananier (B), Maïs (ma), Arachide (A), Patate douce (P)etc., grâce à l’introduction des nouvelles variétés de Manioc , Bananier, Maïs, riz pluvial par l’intervention du centre de Bambao.
PRESENTATION DU CENTRE
Le Centre d’Encadrement et de Développement Agricole de Bambao (CEDA) est une structure d’appui conseillée, financée respectivement par l’autorité Arabe pour l’investissement et le développement Agricole (A A I D A) et le Gouvernement de l’Union de Comores. Il s’installe Nord Est de l’île d’Anjouan , tout près de la société Bambao. Cette dernière extrait des huiles d’ylang-ylang , de la vanille ….. etc. mais plutôt derrière le palais Royal de Bambao ( MAWANA) vers la route principale du village d’Ongoni. Le centre couvre 5 ha dont 4 ha sont destinés à l’exploitation agricole et 1ha pour les infrastructures telles que :
❖ Le bureau de directeur de centre (bureau administratif)
❖ Les magasins pour les intrants
❖ Un poulailler
❖ Un bâtiment pour le service élevage
❖ Chambre de conférence, douche, cuisine et un logement d’accueil des stagiaires.
Par ailleurs, le centre a effectivement démarré ses activités en Janvier 2007 après l’affectation de deux cadres chargés de l’exécution des activités. La mise en œuvre du centre est confiée à ces deux cadres :
1) Directeur exécutif technique
Un cadre national, ingénieur agronome, chargé de la programmation et de l’exécution technique des activités du centre.
2) Directeur administratif et financier
Un cadre expatrié, chargé de la gestion et des affaires administratives du centre.
Le centre a comme horaire :
On travaille du lundi au Samedi, du 7 h 00 jusqu’au 14 h 00
Exceptionnellement, le vendredi, une journée de conférence, on rentre de 7h 00 à
10 h 30 pour pouvoir profiter de la prière du vendredi.
Historique
Le Centre d’Encadrement et de Développement Agricole (CEDA) de la région de Bambao M’tsanga opère dans une des régions qui bénéficient des potentialités agricoles très importantes, notamment des terres fertiles et de l’eau par rapport au reste d’Anjouan. La présence de ce centre dans cette région a montre l’importance de la culture vivrière grâce aux techniques agricoles apportées aux paysans de cette région mais aussi à l’introduction de nouvelles variétés. En effet, après l’adoption du projet par les autorités de l’Union des Comores en Janvier 2007, les autorités de l’île autonome d’Anjouan ont mis à la disposition de l’AAIDA (l’Autorité Arabe pour l’Investissement et le Développement Agricole) l’ancien site du CADER (Centre d’Appuis aux développement Rural) de Bambao pour exécuter le projet. En plus, le centre abrite également le projet DRINEA (Développement Rural Intégré Nord Est d’Anjouan) financé par le FED (Fond
Européen de Développement) de 1991 à 1995. Depuis la fin de ce projet, les infrastructures ne sont pas valorisées et ce n’est que vers 2002 à 2004 que le projet DECVAS (Développement de cultures vivrières et Appuis Semenciers) financés également par l’Union Européenne qui menait des activités de production de semence dans le site.
En outre, le centre s’inscrit dans la politique du Document de stratégie et de Réduction de la pauvreté (DSRP). Il vise à mettre en place un centre d’encadrement autonome, autogéré et pérenne capable d’assurer une amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sur l’île d’Anjouan d’une manière générale et des régions environnantes de la zone du projet en particulier.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
PARTIE- I
I.1. Généralités
I.1.1. Le sol
I.1.2. Le climat
I.1.3. La végétation
I.1.4. Evolution de la population
I.2. SITUATION GENERALE DE LA CULTURE VIVRIERE AUX COMORES
I.2.1. Cultures en relais et culture dérobée
I.2.2. Cultures séquentielles
I.2.3. Cultures multiples
I.3. PRESENTATION DU CENTRE
I.3.1. Historique
I.3.2. Principaux objectifs du centre
I.3.3. Organisation du centre
I.3.4. Activités du centre
I.3.4.1. La multiplication de fourrage
I.3.4.2. Production de semences et de plants des agroforrestiers
I.3.4.3. Activités démonstratives
I.3.4.4. Activité d’élevage
I.3.4.5. Le centre d’appuis aux pêcheurs
PARTIE- II
II.1. MATERIELS ET METHODOLGIE DE TRAVAIL
II.1.1. Le rejet de bananier
II.1.1.1. Choix et préparation des rejets
II.1.1.2. Trouaison
II.1.1.3. Plantation
II.1.2. Bouture de manioc
II.1.2.1. Choix et préparation des boutures
II.1.2.2. Mode de plantation
II.1.2.3. Entretien
II.1.3. Semences de maïs
II.1.3.1. Entretien
II.1.4. Bouture de patate douce
II.1.4.1. Choix et préparation des boutures
II.1.4.2. Mode de plantation
II.1.4.3.Entretien
II.1.5. Semences du riz
II.2. ENQUETES AUPRES DES PAYSANS
PARTIE- III
III.1. Résultats et interprétation
III.1.1. Résultats obtenus sur la pratique au centre
III.1.2. Résultats obtenus sur l’enquête aux paysans
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES