L’importance du cadre architectural

Association Genève Montagne

Numérique et technologies en bibliothèque

On ne peut pas évoquer les grandes tendances en bibliothèques sans consacrer une réflexion à la question du numérique. En effet, l’accueil du numérique en bibliothèque est une tendance qui répond directement à la menace du web. Une menace qui se matérialise depuis le début du XXIe siècle et qui devient considérable en 2017, avec environ cinquante pour cent de la population mondiale connectée à internet, dont la moitié du trafic réalisé sur des supports mobiles (Coëffé 2017). Les postes informatiques et un accès WIFI constituent souvent les éléments de base de l’accès au numérique en bibliothèque. Par ailleurs, il est devenu courant de prêter des DVD dans les bibliothèques dès les années 1990. La grande tendance du moment est le prêt de livres numériques (ebooks) qui s’instaure progressivement en Suisse (Voisard 2015). Le prêt de liseuses au contraire est problématique (coût élevé, manque d’intérêt des usagers, offre de documents numériques limitée, etc.), comme en témoigne l’expérience de la bibliothèque de Carouge (Ferrière 2015) ou encore une statistique effectuée sur le territoire américain (Danilewsky 2014).

En plus de l’offre numérique disponible sur place, une bibliothèque doit proposer des services sur le web. Elle doit permettre aux usagers de consulter un compte client en ligne et d’y effectuer certaines actions (prolonger un emprunt, réserver un livre, etc.). En outre, le site web doit être une base fiable pour obtenir des informations ou pour rediriger l’internaute vers des sources externes. Enfin, notons que les applications mobiles de bibliothèques deviennent de plus en plus courantes et cela est particulièrement important pour la Suisse où les usages mobiles ont crû ces dernières années (Office fédéral de la statistique 2016b). La dimension technologique des bibliothèques ne doit pas être négligée. En effet, le développement de systèmes robotiques intelligents en bibliothèque est désormais considéré comme un élément clé pour l’avenir (Arup 2015). En outre, les objets connectés, ainsi que la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle sont voués à envahir de plus en plus de secteurs d’activités.

La place de l’usager L’usager doit être placé au centre de l’attention, telle est la grande tendance. En effet, comme les documents sont « facilement » accessibles sur le web, la bibliothèque doit offrir un autre service que le document, sinon elle perd son utilité aux yeux des usagers. Recentrer l’attention sur l’usager garantit la pérennité d’une bibliothèque, car cela encourage une offre de services fondée sur les besoins de celui-ci. D’après la première partie du livre Planning Our Future Libraries (Bonfield et al. 2014) consacrée à une analyse sur la place de l’usager dans les bibliothèques, il ressort que l’usager doit non seulement être au centre des préoccupations, mais également participer à l’évolution des institutions. Les mêmes constats ont été faits lors de workshops organisés par l’Arup (2015). Des constats auxquels s’ajoute la nécessité de proposer des services toujours plus personnalisés aux usagers. Placer l’usager au centre, cela implique que les collaborateurs d’une institution doivent lui accorder du temps. Ils doivent l’aider dans ses recherches et même le former, afin qu’il puisse les effectuer lui-même au quotidien.

Cette notion est mise en évidence dans une note de synthèse sur le futur des bibliothèques fondée sur une étude internationale de grande envergure : « La compétence informationnelle et l’apprentissage tout au long de la vie faisant partie du champ d’intervention des États, les bibliothèques publiques sont attendues dans la promotion de la littératie, soit « l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités. » (Chevallier, Jacquot 2008) Des activités et des actions doivent être organisées autour de l’usager et pour ce dernier. Par exemple, de brèves formations peuvent être données sur demande. Un service de question-réponse peut également être proposé. Une autre voie d’action est de faire participer l’usager à l’évolution de la bibliothèque. Des enquêtes peuvent être réalisées à cet effet. De façon moins formelle, un tableau à idée ou un cahier de suggestions peuvent être disposés dans les locaux. La possibilité pour un usager de faire des propositions d’achat est également une pratique appréciée et déjà très répandue. L’idée centrale étant toujours la même : impliquer l’usager pour que le service gagne en valeur à ses yeux.

L’importance du cadre architectural. Une autre tendance majeure dans le monde des bibliothèques est la redéfinition de leur cadre architectural. Par cadre architectural, j’entends aussi bien le bâtiment que l’aménagement intérieur. Historiquement, deux périodes architecturales se sont suivies avant la période contemporaine. La première période est celle des bibliothèques de la Renaissance et de l’Âge classique faites pour mettre en valeur le pouvoir. La seconde période est marquée par la tendance des bâtiments fonctionnels et peu esthétiques. Aujourd’hui, malgré les doutes propagés concernant l’avenir des bibliothèques physiques, un renouveau architectural étonnant prend place. En effet, les constructions modernes sont souvent des bâtiments d’importance à l’esthétique complexe réalisées par des architectes de renom (Dubosson 2016). Autre particularité de la tendance moderne, le bâtiment abritant la bibliothèque est parfois prévu pour accueillir d’autres services. Une cafétéria, un restaurant, des locaux d’associations et même une salle de sport ou un centre commercial peuvent coexister avec une bibliothèque (Dubosson 2016). En ce qui concerne l’aménagement intérieur des bibliothèques, le concept par excellence, vastement adopté, est celui de troisième lieu.

Dans cette théorie, le premier lieu est le domicile et le second est celui du travail. L’idée qui se cache derrière cette formule est maintenant bien connue du milieu professionnel : transformer l’aménagement intérieur des bibliothèques pour en faire des lieux de vie sociale mais non commerciale au sein des villes. Dans ces lieux, il doit être possible d’expérimenter et de partager en plus d’étudier ou de travailler. Il faut également que les espaces aient une atmosphère adaptée à leur fonction, qu’ils soient flexibles et confortables. Enfin, la bibliothèque troisième lieu doit être chaleureuse et accueillante, s’adresser à tous et refuser la hiérarchisation des savoirs (Masson, Tromme 2016).

Le lieu fédérateur

Quel que soit l’endroit où l’association établira son lieu fédérateur, ce dernier devra comprendre au minimum les éléments suivants : une grande salle d’escalade (formation, compétition et événementiel), des locaux pour les associations et les cours, un café et un espace culturel. Les analyses effectuées dans le présent mémoire se concentrent essentiellement sur le projet actuellement en négociation que j’ai appelé « GM Lancy ». Néanmoins, il m’a fallu prendre en considération la possibilité d’un échec de cette négociation. Pour cette raison, une partie du mémoire est consacrée à une hypothèse d’espace culturel idéal pouvant convenir à un autre contexte. Le projet GM Lancy serait réalisé dans un parc d’environ 20’000 m2 jouxtant le parc Chuit, à Lancy. Il consisterait en un ensemble de bâtiments distincts répartis dans le parc et comprendrait notamment une grande salle d’escalade, une Maison des associations (salles de réunion et de conférence), un espace d’accueil (réception, secrétariat et café-restaurant), une estrade (compétitions d’escalade, concerts, spectacles…) et notre espace culturel. S’agissant de l’environnement, il s’agirait donc d’un complexe entouré de terrains d’herbes et d’arbres, central dans le canton de Genève, très accessible en transports publics et en vélo, sans parking propre, mais avec des parkings payants à proximité. Le lieu fédérateur proposé par l’association Genève Montagne, quelle que soit sa forme finale, aura pour but de se positionner comme une institution de référence dédiée à la montagne. Cette institution devra être une référence dans la région, mais également aux niveaux national et international par sa taille, son expertise, ses forts liens avec le milieu associatif et la qualité de ses services.

Activités de montagne

En complément de l’analyse des domaines couverts par le projet, nous avons voulu définir avec plus de précision l’expression « activités de montagne ». Prise dans son sens large, l’expression « activités de montagne » peut s’appliquer à une infinité d’objets. Déjà utilisée plusieurs fois dans le présent travail et abondamment employée par différents acteurs du milieu de la montagne, cette expression démontre son utilité. Cependant, elle nécessite d’être précisée pour lever le flou actuel et poser des limites. Les activités couvertes par le CAS et ses sections, présentées sur le site web officiel (CAS 2017), ont servi de base pour cette analyse. J’ai toutefois élargi le champ de recherche en consultant d’autres sites web relatifs aux activités de montagne, notamment celui de l’annuaire sportif Noomba (2017).

J’ai divisé mes résultats de recherche en deux tableaux dont le premier est consacré aux sports de montagne et le second à d’autres types d’activités de montagne. Les sports de référence du projet sont sur fond vert dans le tableau. Certains sont clairement au cœur du projet et bénéficieront de nombreux services dans le lieu fédérateur. Les autres ont été sélectionnés, car ils sont couverts par les membres institutionnels de l’association Genève Montagne et le CAS. Ces derniers bénéficieront d’un niveau de service moins élevé, mais restent fondamentaux dans notre contexte. Les sports sur fond orange sont fortement liés au projet pour les raisons mentionnées dans la colonne « commentaires ». Ils bénéficieront d’un certain niveau de service, mais ne sont pas au centre du projet. La slackline, qui dispose de sa propre association faîtière (Swiss slackline 2017), pourrait être impliquée dans le projet GM Lancy qui dispose d’un parc et de nombreux arbres, utiles aux pratiquants.

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Table des matières

1. Introduction
1.1 Nature et objectifs du mandat
1.2 Méthodologie
2. Tendances
2.1 Bibliothèques : aperçu des grandes tendances
2.1.1 Pratiques des individus
2.1.2 Numérique et technologies en bibliothèque
2.1.3 La place de l’usager
2.1.4 L’importance du cadre architectural
2.1.5 Élargir les horizons
2.2 Espaces d’exposition : aperçu des grandes tendances
2.2.1 Impliquer et divertir le public
2.2.2 Dynamiser l’espace
2.2.3 Exposer ailleurs
2.2.4 Aller plus loin
3. État de l’art
3.1 Le lieu fédérateur
3.1.1 Domaines couverts
3.1.2 Activités de montagne
3.2 Institutions de référence
3.2.1 Bibliothèques spécialisées
3.2.1.1 Bibliothèque de la section Genevoise du CAS
3.2.1.2 Bibliothèque de la section des Diablerets du CAS
3.2.1.3 Bibliothèque de la section Monte Rosa du CAS
3.2.1.4 Bibliothèque de la section Neuchâteloise du CAS
3.2.1.5 Bibliothèque des autres sections du CAS
3.2.1.6 Bibliothèques dans le monde
3.2.2 Collections documentaires liées
3.2.3 Musées et espaces d’expositions spécialisés
3.2.3.1 Alpines Museum der Schweiz (ALPS), Berne
3.2.3.2 Matterhorn Museum, Zermatt
3.2.3.3 Bergführermuseum, St. Niklaus
3.2.3.4 Grindelwald Museum, Grindelwald
3.2.3.5 Musées dans le monde
3.2.4 Espaces muséaux liés
4. Contexte et besoins
4.1 Analyse externe du Bivouac
4.1.1 Macro-environnement
4.1.1.1 Politique
4.1.1.2 Économique
4.1.1.3 Sociologique
4.1.1.4 Technologique
4.1.1.5 Écologique
4.1.1.6 Légal
4.1.2 Industrie
4.1.2.1 Fournisseurs
4.1.2.2 Clients
4.1.2.3 Entrants potentiels
4.1.2.4 Produits de substitution
4.1.2.5 État
4.1.2.6 Associations
4.1.2.7 Intensité concurrentielle
4.2 Analyse interne du Bivouac
4.2.1 Publics cibles
4.2.1.1 Public professionnel
4.2.1.2 Public ordinaire
4.2.1.3 Segmentation
4.2.2 Services
4.2.2.1 Services essentiels
4.2.2.1.1 Politiques et règlements
4.2.2.1.2 Accessibilité
4.2.2.1.3 Accueil et renseignements
4.2.2.1.4 Référence
4.2.2.1.5 Prêt et consultation
4.2.2.1.6 Travail sur place
4.2.2.1.7 Web
4.2.2.1.8 Animation et médiation
4.2.2.1.9 Exposition
4.2.2.2 Services à évaluer
4.2.2.2.1 Formation
4.2.2.2.2 Revue de la presse
4.2.2.2.3 Bibliographies
4.2.2.2.4 Produits documentaires
4.2.2.2.5 Autres
4.2.3 Besoins pour l’offre documentaire
4.2.3.1 Collection générale
4.2.3.1.1 Taille de la collection
4.2.3.1.2 Répartition entre les documentaires et la fiction
4.2.3.1.3 Répartition entre les collections adulte et jeunesse
4.2.3.1.4 Types de supports
4.2.3.1.5 Répartition linguistique
4.2.3.1.6 Répartition en fonction des thématiques
4.2.4 Besoins pour l’espace d’exposition
4.2.4.1 Collection historique
4.2.4.1.1 Taille de la collection
4.2.4.1.2 Répartition dans l’espace
4.2.4.1.3 Types d’objets et usages
4.2.5 Besoins en ressources numériques
4.2.6 Besoins en technologies
4.2.7 Besoins en ressources humaines
4.2.7.1 Personnel nécessaire
4.2.7.2 Qualifications et compétences
5. Conception
5.1 Espaces
5.1.1 Espaces essentiels
5.1.1.1 Administration
5.1.1.2 Accueil et prêt
5.1.1.3 Libre accès
5.1.1.4 Informatique
5.1.1.5 Travail individuel
5.1.1.6 Travail en groupe
5.1.1.7 Détente
5.1.1.8 Exposition
5.1.1.9 Technologie
5.1.1.10 Conservation et stockage
5.1.2 Autres éléments relatifs aux espaces
5.1.3 Espaces à évaluer
5.1.4 Dimensions des espaces
5.2 Bâtiment et locaux
5.3 Signalétique
6. Budgets et financement
6.1 Budgets pour le projet GM Lancy
6.1.1 Budget d’investissement
6.1.2 Budget de fonctionnement annuel
6.2 Budgets pour un bâtiment à créer
6.3 Sources de financement
7. Conclusion
7.1 Limites du projet dans le bâtiment préexistant
7.2 Le double rôle du Bivouac
7.2.1 Rôle régional, national et international
7.2.2 Rôle dans le cadre du lieu fédérateur
7.3 Résultats et perspectives
7.3.1 L’avenir
Bibliographie

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