L’impact des populations sur l’écosystème

L’IMPACT DES POPULATIONS SUR L’ECO SYSTÈME

COMPRENDRE L’IMPACT DES POPULATIONS SUR L’ECOSYSTEME

Torokoro est un terroir en pleine mutation; encore considéré il y a quelques années comme un front pionnier (densité de population: 4 hab./km2 en 1975), il est l’objet d’un flux migratoire important compromettant la reproductibilité du système. Une étude faite par Augusseau (2000) visant à caractériser la pression agricole du terroir a révélé une occupation de l’espace agricole relativement peu importante (17 %), mais en forte évolution (plus de 57 % en 5 ans). Plusieurs raisons sont à l’origine de l’attrait de la population pour ce terroir. Un climat de type sud soudanien – précipitations supérieures à 1000 mm et étendues sur presque la moitié de l’année- (tab. 1) avec une formation naturelle de type savane boisée à Isoberlinia doka (Caesalpinaceae) (Annexe 8), rendent favorable le milieu aux activités agricoles (Atlas de l’Afrique, 2001, Samyn & Zongo, 1984, INERA 2000). Tableau 1: Données pluviométriques de Mangodara. Moyenne faite sur 7 ans le site météorologique datant de cette période Les sols de Torokoro de couleur brun foncé à brun grisâtre dénote d’une relative richesse en matière organique également favorable aux activités agricoles; ils sont profonds à moyennement profonds avec dans certains cas une prise en masse assez consistante du dernier horizon (60 – 120 cm) voir un carapacement de cet horizon.

D’une manière générale, ils sont assez structurés et profonds, favorables à des cultures exigeantes comme l’igname. Cependant ils ont pour la plupart un horizon supérieur de texture sablo limoneuse, qui se dégrade facilement en cas de pression éventuelle sur les terres. La diversité ethnique de la population, qui caractérise en général les terres d’immigration, joue un rôle sur l’évolution de l’écosystème mais son impact reste controversé (fig. 2). Pour certains les nouveaux venus ont tendance à se comporter en prédateurs plutôt qu’en gestiOlmaire de l’espace agricole et ce d’autant plus que les droits sur le foncier sont incertains (Barbault, 1997). Mais la migration est également perçue comme l’occasion d’amener de nouvelles pratiques dans les modes d’exploitation des ressources du milieu et les rapports sociaux. Elle peut dans ce cas là être un facteur d’innovation, élément décisif dans la transformation de l’envirOlU1ement (Pourtier, 1992).

En terme de pression démographique cette controverse est parallèle à celle confortant les partisans de la thèse de Malthus (1798) et ceux de la thèse de Boserup (1970). Les premiers arguant la nécessaire limitation des poussées démographiques pour éviter la dégradation des ressources disponibles, les seconds soulignant l’effet positif de la croissance démographique sur les changements du système de production. C’est dans cette dynamique que nous avons évalué la durabilité de l’écosystème: un système durable étant celui qui « répond aux besoins du présent sans compromettre le capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins» (Bruntland, 1988). Deux niveaux de durabilité, sont distingués dans la présente étude : la durabilité des exploitations à l’échelle des unités de production familiale (UPF) : elle repose sur une adéquation entre la reproductibilité du système (durabilité agronomique) et la satisfaction des objectifs de l’agriculteur et de sa famille (durabilité économique et sociale) : «Qu’est ce qu’une exploitation durable?

C’est une exploitation viable, vivable, transmissible et reproductible» (Landais, 1998). Pour cette étude nous utiliserons des indicateurs, un indicateur étant une « valeur calculée à partir de paramètres donnant des indications sur ou décrivant l’état d’un phénomène, de l’environnement ou d’une zone géographique, d’une portée supérieure aux informations directement liées à la valeur d’un paramètre » (OCDE, 1994 in Sandron, Sghaier, 2000). la durabilité des ressources arborées à l’échelle du terroir: elle correspond au maintien du parc arboré sur le plan qualitatif (biodiversité spécifique) et quantitatif (densité). Selon Soucy (in Alabaladejo, Tulet, 1996), une consolidation des organisations sociales ainsi qu’une sécurité foncière, sont les meilleures garanties d’une bOlIDe administration des ressources, des liens sociétés – territoires et par conséquent de la durabilité de l’écosystème. Or sur le terroir de nombreux groupements se sont disloqués depuis 2000 (GV, groupement des jeunes fixés, groupement des femmes) (Annexe 11). Il est également à signaler la suppression du poste de conseiller agricole. D’après Cleaver et Schreiber (1992) une agriculture durable nécessite également qu’un certain nombre de conditions soient réunies: «taux d’accroissement faible de la population, production acceptable de l’agriculture et une politique agricole cohérente» (débouchés, infrastructure, droits fonciers). Or le taux d’occupation en forte évolution sur le terroir ne répond pas aux critères évoqués par les auteurs.

Les limites

Un problème financier a retardé le début des opérations. Initialement la partie inventaire forestier devait être terminée avant la présente étude, ce qui aurait permis d’axer la recherche sur l’identification des causes de ces variabilités. Cela n’ayant pas pu être fait à temps, j’ai émis des hypothèses qui seront confirmées ou infirmées par les enquêtes et ou inventaires. Pour les mêmes raisons l’ensemble des données n’a pu être traité (analyse du DBH et du houppier), cela a également empêché d’élargir l’étude aux autres terroirs comme cela été prévu initialement. DES AfIGRANTSETDES ARBRES En ce qui concerne les données de l’inventaire forestier, certains champs, notamment ceux des Peul n’ont pu être fait par un manque de compréhension entre nous. Cela aurait pu confirmer ou non les propos retenus par nos enquêtes. De même les vergers d’anacardiers n’ont pas été inventoriés, or il aurait été intéressant de voir si la densité des espèces agroforestières n’était pas moindre du à la compétition avec l’anacardier ou bien suite à une coupe par les paysans. Quelques données ont été omises lors des relevés, les pousses de moins de 30 cm de circonférence n’ont pas été prises en compte dans les champs, alors que cela aurait permis de voir la dynamique d’occupation de l’espace par la végétation (rapidité et biodiversité).

Un autre problème réside dans la relative petite taille de certaines exploitations – 0,5 voire 0,25 ha.-, qui ont obligé à multiplier les densités relevées afin d’avoir une densité par hectare: ces valeurs ont donc une moindre fiabilité. Au niveau des enquêtes, l’échantillonnage est trop faible pour être représentatif du terroir, et de nombreux tests statistiques n’ont pu être fait à cause d’un effectif trop faible pour le caractère discriminant pris en compte: l’ethnie, la région d’origine, ou encore la date d’arrivée sur le terroir. L’aspect médicinal, devant initialement être traité, n’a finalement pas été pris en compte ayant eu des difficultés à avoir des réponses complètes quant aux espèces utilisées ainsi que leurs usages en raison du tabou lié à ce thème. De plus il faut bien se rappeler que les résultats obtenus par enquête sont purement déclaratifs. Certaines questions portant sur des sujets sensibles comme les modalités d’appropriation de la terre, les raisons de la mise en place des vergers … donnent lieu à des réponses volontairement approximatives, incomplètes, voire fausses (Micheau, 1997). Il est donc préférable de considérer ces réponses comme des données indicatives et non comme des valeurs absolues tant qu’elles n’ont pas été recoupées par des observations ou des recensements tel que l’inventaire forestier.

Igname Ce front de colonisation est une des principales régions productrices d’igname du Burkina Faso. L’igname (Dioscorea sp), espèce volubile dont les tubercules contiennent d’importantes réserves nutritives – glucideest une culture exigeante nécessitant d’être en tête d’assolement. Cette culture est par conséquent essentiellement pratiquée par les autochtones qui bénéficient encore de terres « vierges ». Autrefois destinée à l’autoconsommation, le passage à la culture de rente a été possible avec l’introduction d’une nouvelle variété d’igname, l’igname Florido -Dioscorea alata. Cette variété offre des rendements élevés même en l’absence de tuteur, les arbres morts laissés sur les parcelles lors de la défriche peuvent éventuellement servir de tuteurs naturels. Elle présente un bon comportement en conservation (le tubercule peut être conservé cinq mois sans altération de la qualité culinaire) et elle est moins exigeante comparativement aux autres variétés en ce qui concerne ses besoins en nutriments. L’exploitation de la terre ne doit cependant pas dépasser 3 – 4 ans (Dumont, 1997). Une autre variété Dioscorea cayenensis-rotundata, destinée à la consommation du ménage est également cultivée; cette variété, plus appréciée notamment pour la préparation dufoutou, ne peut cependant être cultivée sur de grandes superficies au vu de ses exigences et de la mauvaise conservation des tubercules (Vernier, 1997). L’introduction de Dioscorea alata a bouleversé le système de production: on est ainsi passé d’une culture en association avec du mil sur de petites surfaces – 0,5-2 ha et assolement 4-5 ha -, à une culture pure consommatrice d’espace rural- moyenne de 5 ha et assolement 9,5 ha -, amplifiant les problèmes d’insécurité foncière (Augusseau, 2000).

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Table des matières

INTRODUCTION
I.COMPRENDRE L’IMPACT DES POPULATIONS SUR L’ECO SYSTÈME
1.1 PROBLÉMATIQUE.
1.2 MATÉRIEL ET MÉTHODES
1.2.1. Echantillonnage
1.2.2. Enquêtes
1.2.3. Terrain
1.2.4. Traitement des données
1.2.5. Les limites
1.1.1. DURABILITÉ DES EXPLOITATIONS
II.1.1. Typologie des exploitations
A : Exploitations autochtones homogènes
M : Exploitations allochtones
111.3. Reproductibilité du système vivrier ?
11.1.3.1. Un système fragile
11.1.3.2. Une population qui s’adapte
1. 4. Durabilité et Stabilité?
11.2. DURABILITÉ DES RESSOURCES ARBORÉES
II.2.1. Une strate arborée importante dans la vie quotidienne
2.2. Un parc en situation stable
11.2.2.1 Une biodiversité croissante
II.2.2.2. Une densité constante
Il,2.2.3. Des pratiques au service du parc
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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