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Dette publique, politique monétaire et inflation:
Dette publique et inflation:
En revenant sur l’équation de contrainte budgétaire(IV): bt = (1+r / 1+x+µ) b t -1 + (gt – tt)
Nous pouvons bien constater qu’une forte augmentation du taux d’inflation x fait décroître le ratio dette-revenu. Rappelons que ce apport ratio dette-revenu est (1+r / 1+x+µ).
Une forte inflation conduit » aux autorités de mener des politiques fiscales et des politiques des dépenses publiques moins rigoureuses sans que la dette devienne immédiatement insoutenable ». Autrement dit, l’inflation agit comme une taxe, c’est la taxe inflationniste qui donne des revenus à l’Etat grâce aux plus values fiscales. En effet, l’Etat fortement endetté serait tenté de susciter délibérément l’inflation. Les dettes publiques sont libellées en termes nominaux, la hausse de prix enréduit la valeur réelle.
L’Etat ne relève donc pas les impôts, diminue les dépenses publiques avec l’inflation, il lui suffit d’augmenter la masse monétaire. Il peut par la suite percevoir des revenus dit « seigneuriage »4. On appelle seigneuriage les recettes acquises par l’émission d’argent. Lorsque l’Etat émet de la monnaie nouvelle à son propre usage, il réduit la valeur de la monnaie ancienne détenue par les gens. L’inflation est doncun impôt de la détention de la monnaie.
Les économistes comme Buiter (1985)5 ont remarqué que:
1) « l’augmentation de la masse monétaire repoussant le seuil de soutenabilité se paye par une accélération notoire de l’inflation »;
2) » l’augmentation de la vitesse de circulation de la monnaie provoque à long terme une crise d’endettement nécessitant par la suite des corrections budgétaires radicales et brutales ».
En effet, s’il y a anticipations rationnelles des agents économiques; c’est à dire qu’il savent a priori que l’Etat appliquera la taxe inflationniste pour maîtriser, neutraliser les effets des déficits budgétaires sur la valeur du ratio dette/revenu, cela ne fera qu’amplifier l’accélération de l’inflation jusqu’à la crise deonfiance. Il est donc nécessairement qu’il doit être prudent dans la monétisation de la dette.
PRINCIPE D’EQUIVALENCE RICARDIENNE ET NEUTRALITE DE LA DETTE PUBLIQUE
L’objectif de la présente section est d’expliciteret discuter les hypothèses sur lesquelles est basé le théorème de l’équivalence ricardiennet, de mettre en exergue les critiques à l’encontre du principe. Néanmoins, il nous parait nécessaire d’exposer l’approche traditionnelle de la dette publique avant d’aborder l’approche ricardienne de la dette publique.
L’approche traditionnelle de la dette publique:
La vision traditionnelle de la dette publique est: une réduction fiscale est financée par l’emprunt public. Cette réduction a de nombreux impacts sur l’économie. Le plus immédiat de ceux ci est de stimuler les dépenses de consommation., ce qui affecte l’économie tant à court terme qu’à long terme
A court terme, des dépenses accrues de consommationaccroissent de la demande de biens et services et donc de la production et l’emploi. Les taux d’intérêt tendent également à augmenter, à mesure que les investisseurs sont conf rontés à un flux réduit de l’épargne. Cette hausse des taux d’intérêt décourage l’investissemennational et attire les capitaux étrangers. Tout ceci tend à à renchérir la monnaie nationale e n termes de devises étrangères, ce qui affecte négativement la compétitivité des entrepris nationales sur les marchés internationaux.
A long terme, la baisse de l’épargne nationale provoquée par les réduction fiscales pèse négativement sur le stock de capital et positivemen sur l’emprunt à l’étranger. Il en resulte une production nationale moins élevée et une emprise del’étranger sur un plus large part de la production.
Il est difficile d’estimer l’impact global de la réduction fiscale sur le bien être économique général. Les générations actuelles bénéficient d’une consommation et d’un emploi accrus, mais au prix d’une inflation plus élevée aussi. Les générations futures devront supporter de larges parts des déficits budgétairesactuels, dans la mesure où elles seront nées dans une nation d’un stock de capital moindre et d’un endettement public accru.
L’approche ricardienne de la dette publique:
L’approche traditionnelle de la dette publique est basée sur l’hypothèse selon laquelle lorsque l’Etat réduit des impôts et encourt un déficit budgétaire, les consommateurs réagissent à leurs revenus après impôts en dépensant davantage. Une autre approche, appelée équivalence ricardienne, remet en cause cette hypothèse.
· Le principe d’équivalence ricardienne :
Pourquoi parle-t-on de l’équivalence en ajoutant l’adjectif ricardienne ?
La paternité en revient à Ricardo. Sous sa forme moderne, elle est attribuée à Robert BARRO (1974)9 qui combine le thème d’éviction et d’anticipationsrationnelles. Ce principe considère que les consommateurs sont retournés versl’avenir et fondent donc leurs dépenses, non seulement sur leurs revenus courants, mais également sur leurs revenus futurs attendus.
La thèse de l’équivalence entre l’impôt et l’emprunt apparaît le plus explicitement dans le Funding System (1820), lorsque Ricardo examine trois modalités possiblesdu financement d’une guerre de vingt coûtant annuellement 20 millions livres:
1) soit l’Etat prélève un impôt annuel de 20 millions jusqu’à la fin des guerres,
2) soit il y a émission d’un emprunt non remboursable de même montant, l’Etat n’ayant par l’impôt qu’à servir les charges d’intérêt mais,naturellement en perpétuité;
3) soit, enfin, l’Etat émet un emprunt remboursabl. Il doit alors financer chaque année, par impôt, le paiement des intérêts et d’une partiede principal.
Ricardo considère donc qu’il y a équivalence des charges financières de la dette et de l’impôt ( » du point de vue de l’économie il n’y a pas de réelle différence entre ces trois modalités, car 20 millions en un seul paiement, 1 million par an perpétuité, ou 1 200 000 pendant 45 ans ont précisément la même valeur »)
Quelle est la logique de base de l’équivalence ricardienne?
Illustrons par un exemple: supposons que l’Etat malgache emprunte Ar 1000 au citoyen représentatif pour accorder pour celui ci une réduction d’impôts de Ar 1000. Fondamentalement, cette politique revient à offrir à ce citoyen des obligations d’Etat pour une valeur de Ar 1000. D’un côté de ces obligations, on lit: « l’Etat doit au détenteur de ces obligations Ar 1000 augmentés des intérêts ». De utrel’a côté, on lit: » le détenteur de ces obligations, en tant que contribuable, doit à l’Etat Ar 1000 augmentés des intérêts ». On voit donc que les obligations offertes par l’Etat au citoyen représentatif ne rendent celui ci ni plus riche ni plus pauvre, la valeur de l’obligation étant compensée par la valeur de l’impôt qui devra être payé à l’avenir.
Le principe général est que la dette publique équivaut à des impôts futurs et que, si les consommateurs sont retournés vers l’avenir, les impôts futurs équivalent aux impôts actuels.
Financer l’Etat par l’endettement revient donc au même que le financer par des impôts. On appelle cette interprétationéquivalence ricardienne.
L’implication de l’équivalence ricardienne est qu’une réduction fiscale financée par l’emprunt laisse inchangée la consommation. Les ménages épargnent une part accrue de leur revenu disponible pour payer l’impôt qui leur sera demandé pour demain. Cet accroissement de l’épargne privée compense exactement l’épargneubliquep. L’épargne nationale, soit la somme des épargnes privée et publique, reste inchangée. La réduction fiscale n’a donc aucun des effets que les analyses inspirées par les interprétations traditionnelles prévoient.
La logique de l’équivalence ricardienne ne signifiepas que toutes les modifications des politiques budgétaires sont pertinentes. Les modifications des politiques budgétaires influencent l’épargne du consommateur si elles ontun impact sur les dépenses actuelles et futures. Ainsi, supposons que l’ Etat réduit les impôts aujourd’hui parce qu’il projette de réduire les dépenses publiques à l’avenir. Si le consommateur comprend que cette réduction fiscale n’exigera aucune hausse des impôts demain, il aura le sentiment d’être plus riche et il accroîtra sa consommation. Remarquons cependant que c’est la réduction des dépenses publiques plutôt que celles des impôts qui stimule la consommation, l’annonce d’une réduction future des dépenses publiques accroît la consommation aujourd’hui, même si les impôts actuels restent inchangés, car elle implique des impôts moins élevés dans un avenir plus ou moins proche.
Le modèle intergénérationnel de Barro:
Comme nous avons remarqué ci dessus que Robert BARRO avait donné une version moderne du principe d’équivalence ricardienne. Il est donc important de mettre en vue son analyse là dessus. Barro utilise un modèle à générations imbriquées oùla vie de chaque individu est divisée en deux périodes: jeunesse et vieillesse. Considérons la situation d’un individu i représentatif. Il cherche à maximiser son utilité ntertemporelle,i qui ne dépend non simplement de sa propre consommation au cours de chaque phase de sa vie, mais aussi l’utilité de son héritier direct sous contraintes de budget propres à chaque période.
Il en résulte pour chaque génération et à chaque phase de vie, les valeurs désirées de sa consommation ainsi que son montant de la richesse accumulée destinée à la génération suivante. Supposons alors que le gouvernement décide de financer des nouvelles dépenses en s’endettant, par l’émission des titres d’un montantB par tête supportant le taux d’intérêtdu marché jusqu’à son échéance qui peut être très lointai e. On suppose également que les impôts prélevés pour couvrir les charges en intérêts etamortissementl’ du capital sont forfaitaires (autrement dit les charges en intérêts et l’amortissement du capital sont fixés à une valeur).
En effet, l’échange entre l’impôt et l’emprunt créeune richesse nouvelle (les titres publics dont l’acquisition peut être financée para lréduction d’impôt), mais il est générateur d’un engagement financier pour la (ou les) période(s) suivante(s) et, pour la (ou plusieurs) génération(s) suivante(s). En supposant que la substitution est effectuée au cours de la phase 0 (correspondant à la phase âgée de la générationi ) et que la dette est remboursée au cours de la phase 2 (soit lors de la période de vieillesse de la générationi+1), on peut résumer de la manière suivante les flux modifiant le budget des agents:
· lors de la phase 0, la génération s’enrichit du montant B des titres émis par l’Etat(BTA);
· lors de la phase 1, la générationi+1 paye, par l’impôt, les intérêts B;
· et lors de la phase 2, cette dernière paye des intérêtsB et rembourse le principal B.
Si le ménage considéré se préoccupe du sort de laénérationg suivante, il est conscient que dans les périodes 1 et 2, ses héritiers devrontpayer plus d’impôt pour rembourser les intérêts et le principal de la dette. Puisqu’il avait prévu de laisser un héritage positif, il affectera dans l’économie d’impôt qu’il a lui mêmeréalisée à la constitution d’une épargne compensatoire qu’il transmettre à sa progéniture. Ainsi, tout report d’impôt d’une génération sur l’autre reste bien sans effet sur la contrainte budgétaire de la première génération qui maintiendra la valeur réelle initialement prévue dulegs, dans le but de voir que la consommation de la génération suivante reste inchangée par l’endettement public et que ni l’épargne, ni l’équilibre du marché des capitaux leset taux d’intérêts, ne sont affectés par ce phénomène.
Ces résultats peuvent être étendus à une situationoù les impôts qui financent la dette publique affectent les générations plus lointaines(i+2, i+3,…..) parce que la dette est émise à long terme. Il suffit que les générations successiv soient liées les unes aux autres par une chaîne d’héritages qui permet de rembourser la dett.
Cette proposition générale signifie donc la neutralité de la dette publique à long terme. Il faut remarquer que Barro repose sa théorie grâce à un outil appelé fonctions d’utilités intertemporelles à générations imbriquées ; qu’est ce que cela signifie ?
1) L’utilité à un temps t n’est pas la même à unempst t+1, et ainsi de suite……..
2) L’agent représentatif introduit un facteur d’actualisation s’il désire à améliorer ou maintenir intact. Ce facteur est un taux d’escompte (d’intérêt) subjectif,
3) L’agent représentatif est altruiste; il désireléguer à ses enfants ( aux générations suivantes) un héritage leur permettant d’assurer uncertain niveau de vie (d’utilité) grâce à l’épargne. Il est conscient qu’il ne survivra pas uxa autres générations mais ne considère pas qu’il disparaît (il est relié à ces générations). nEeffet, la fonction d’utilité qu’il comporte donc comme arguments sa propre consommation (présente et future) ainsi que l’utilité de ses descendants. Dans ces conditions, une dépense supplémentaire ou une réduction d’impôts qui a en contrepartie de la dette publique ne change pas le plan intertemporel de consommation des individus (la consommation permanente dans le temps). En effet, la dette publique sera remboursée grâce aux impôts sur les revenus de la g énération future. Pour maintenir son niveau d’utilité, ainsi que sa consommation intertemporelle, chaque individu épargne l’intégralité de la réduction d’impôts et transmett cette épargne, avec les intérêts qui la rémunèrent, à la génération future. Cette dernièrepourra à son tour maintenir son niveau de consommation et transmettra un legs à ses héritiers qui pourront eux aussi préserver leur niveau d’utilité, et ainsi de suite…
Le processus de legs de génération en générationransformet ainsi, d’un point de vue économique, des agents à durée de vie finie en individus éternels (générations imbriquées). D’où vient l’appellation:des ménages (individus) mortels à horizon de vie illimité. C’est cette caractéristique qui est à l’origine du résultat d’équivalence selon laquelle les modalités de financement du déficit laissent intacte le richessedes agents. La dette publique sous forme des titres d’emprunts ou de réduction d’impôts n’accroît pas la richesse nette (revenu disponible plus les valeurs actualisées des actifs).
Critiques de l’approche ricardienne:
Malgré la thèse de Barro, si ingénieuse, nombreuses sont les critiques à l’encontre de celle ci.
· La croissance économique et la non neutralité de ladette publique:
La neutralité de la dette publique repose, dans le modèle de Barro, sur l’hypothèse que les générations sont reliées par les transferts positifs d’un parent à son héritier. L’incidence de la croissance sur le théorème est double : en premier lieu, la hausse des revenus qu’elle engendre peut compromettre le mécanisme de transfert; en second lieu, elle est susceptible d’alléger la charge de la dette incombant aux générations futures.
Les obstacles de transfert intergénérationnel:
La baisse de la démographie:
La présence des familles sans enfants qui sont moins soucieuses du sort des générations futures, constitue une grande incidenceau transfert: dégagés de souci de léguer un patrimoine, ces ménages pourront consommer l’intégralité des impôts économisés. Ce n’est que les ménages chargés des enfants, souciant la surcharge des impôts dont seront victimes leurs enfants dans le futur, compensent ces comportements par une augmentation de leurs legs.
La hausse du niveau de vie:
Les parents peuvent considérer que grâce au progrès technique, les salaires réels de leurs enfants seront supérieurs aux leurs, car la plupart des enfants seront plus favorisés que ne l’étaient leurs parents. En effet, la croissancedu niveau de vie d’une génération à la suivante peut réduire les legs laissés aux enfants.
Un autre argument vient renforcer l’hypothèse précédente. Dans les sociétés démocratiques, c’est le vote des citoyens qui déterminent, directement ou indirectement, le mode de financement des dépenses publiques. Les agents altruistes sont indifférents entre le choix de l’impôt et la dette, si cette dernière solution est retenue, ces agents ajusteront leurs legs de façon à ne pas alourdir les charges supplém entaires de leurs descendants. Ils répartiront donc à peu près également leurs votes ntre les deux modalités de financement. Par contre, les agents non altruistes, soucieux de leur bien être immédiat, voteront massivement le financement des dépenses publiques par la dette quipréserve leur potentiel de consommation.
Ce qui accroîtra la part de la consommation dans le revenu national, et réduira la formation de capital. Cette tendance se trouve souvent limitée car l’éviction du capital induite par l’augmentation de la consommation modifie le taux de rendement des différents facteurs: le prix relatif du capital augmente, ce qui dégrade la situation des salariés par rapport à celle des détenteurs des capitaux. Il est possible donc que la perte sur les salaires devient supérieur au gain à la hausse des taux d’intérêts; par conséquent, la population finisse par s’opposer à l’endettement public, et il existe un frein naturel à la création des déficits. L’analyse des coalitions d’intérêts et des conditions économiquespropres à soutenir l’endettement public a été conduite par Cukierman et Meltzer (1989) . Leur conclusion est que plus les dépenses publiques augmentent, plus les impôts deviennent lo urds, plus s’accroît le nombre des agents désireux de faire financer les dépenses par l’endettement.
L’introduction des investissements en capital humain:
Les parents dotent prioritairement leurs enfants en capital humain par des dépenses d’éducation. Ces dépenses procurent à leurs bénéficiaires un taux de rendement supérieur à celui des investissements non humains. En effet, les parents espéreront que leurs descendants percevront, en contrepartie de leur formation, un salaire plus élevé. Le différentiel du salaire dû à la formation est supérieur au taux de rendement de l’investissement en capital non humain. Toutefois, la formation (et la plus value salariale) profitent à l’enfant non à ses parents. Or, on ne peut pas imaginer, entre un père et son fils, un contrat aux termes duquel que le premier finance le second en capital humain, et dans l’avenir le second lui remboursera par le bénéfice retiré du capital humain accumuléPar. conséquent, les parents sont contraints de rationner leurs dépenses en capital humain au profit du capital non humain, moins rentable, mais dont ils percevront les bénéfices lorsqu’ilseronts retraités.
Si l’Etat substitue au financement par l’impôt de ses dépenses un financement par l’emploi, les parents peuvent donc s’investir de plus en capital humain. Ils escomptent des gains salariaux de leurs enfants grâce au supplément de revenu que procure la formation. En effet, ils augmenteront leur propre niveau de consommation sans compromettre le niveau de consommation de leurs descendants. Ainsi, les agents ne sont pas égoïstes, mais ils donnent aux transferts intergénérationnels la forme d’investissement en éducation, ils peuvent violer le principe de l’équivalence ricardienne.
La croissance de l’économie et les charges de ladette:
L’une des objections essentielles émises à l’encontre des conclusions de Barro repose sur l’hypothèse de la constance de revenu et de la population. Or, l’introduction de la croissance peut engendrer un effet de richesse et plusieurs situations sont envisageables selon les rapports entre le taux de croissance de l’économie et le taux d’intérêt par l’Etat.
· Si le taux de croissance est supérieur au taux d’intérêt, l’Etat n’a pas besoin de lever des impôts pour payer le service de la dette; celui ci peut être assuré par l’émission des nouveaux titres qui sont financés par l’expansion économique, sans faire une imposition supplémentaire. La première génération sait qu’aucune génération future n’est appelée à payer la dette publique, elle pourra donc accroître sa propre consommation par rapport à l’accumulation du capital: il n’y a pas d’équivalence entre le montant de la dette et le montant actualisé des impôts futurs supplémentaires.
· Dans la situation inverse, le taux de croissance de l’économie est inférieure au taux d’intérêt, des impôts devront être levés pour limiter la croissance de la dette; la réduction consécutive de bien être des générations concernées p ut conduire la première génération à augmenter son legs. Or, ces impôts n’arriveront p as à couvrir l’intégralité de la dette, il faudra recourir à l’émission des nouveaux titres, émission permise par la croissance économique. Le legs supplémentaire, constituée parla génération initiale pour la génération suivante, n’est qu’une fraction seulement de l’endettement public, ce qui peut engendrer un effet de richesse car la génération actuelle voit son portefeuille augmenté par l’acquisition des nouveaux titres publics; en effet, elle va augmenter sa consommation.
· Les critiques libérales:
Les causes de non équivalence selon les libéraux Buchanan,( 1987)15 reposent sur l’hypothèse forte d’impôts « forfaitaires ». En réalité, les impôts sont « progressifs », et considérés par les libéraux comme « distorsifs ». L’analyse estaxée sur les conséquences de financement par l’impôt ou l’emprunt sur la substitution entre travail et loisir ou arbitrage entre consommation présente et future.
L’argument est avancé comme suit: si, à une périodet, le gouvernement accroît sa dépense budgétaire en la finançant par une augmentation des impôts sur le revenu et la consommation, les agents auront tendance à travaill er et à consommer moins à la période actuelle t et plus dans le futur t+1, lorsque les impôts seront moins élevés.
La consommation présente et le temps consacré au travail seront plus élevés lorsque les autorités décidaient au contraire de financer al variation des dépenses par l’emprunt. Dans ce cas, l’effet revenu l’emporte sur l’effet substitution (travail, loisir); les agents essaient de travailler et consommer davantage aujourd’hui que dans la période future car ils anticipent pour les périodes à venir une fiscalité plus lourde.
Les impôts « distortifs » modifient le taux marginal de substitution entre travail et loisir ou entre consommation présente et consommation future, tandis que le financement par emprunt encourage l’activité. Donc, il ne peut y avoir de l’équivalence.
· Les critiques keynesiennes:
Les critiques keynesiennes intègrent la myopie16 des agents et les contraintes de liquidité et d’incertitude.
La myopie:
L’hypothèse de l’équivalence ricardienne est: les gentsa repartissent rationnellement leurs revenus entre la consommation et épargne. S’il y a emprunt public, les agents rationnels anticipent des impôts nécessaires pour rembourser ultérieurement la dette. Ceci suppose de leur part une grande connaissance des faits, autant qu’une solide capacité de prévoir.
En revanche, la version keynesienne stipule que les gens sont myopes. Ceci est expliqué par le fait que les agents ne comprennent pas les conséquences des déficits budgétaires. Ils peuvent donc imaginer que les impôts futurs resteront inchangés par rapport à leur niveau actuel. Dans ce cas, ils ne tiendront pas compte les implications futures des impôts par les politiques publiques. De ce cas, une réduction fiscale financée par l’emprunt semble faire augmenter le revenu cumulé dans la vie, alors que ce n’est pas le cas. Dans cette situation, une réduction fiscale fiancée par l’emprunt entraîne évidemment une consommation accrue et une réduction de l’épargne nationale. Làencore, le principe a été violé.
Les contraintes de liquidité et d’incertitude:
Ricardo, les monétaristes et Barro expliquent la consommation à partir de la richesse (ou revenu permanent) et, avec une hypothèse des marchés financiers parfaits. En réalité, les agents peuvent être rationnés sur les marchés de éditcr et des titres . De ce fait, ils subissent des contraintes de liquidité. Il ne peuvent emprunter autant qu’ils souhaitent. Lors d’une augmentation des impôts, ils sont obligés de réduire leurs consommation. Par conséquent, la réduction des impôts et l’augmentation du déficit aitf enrichir les ménages, et stimuler la consommation.
Ces contraintes de liquidité rassurent aussi les agents face à l’incertitude car:
· lorsque le gouvernement augmente le dépense publique, il versait aux agents ce qu’ils auraient gagné dans le futur, même si ces versement doivent être remboursés dans l’avenir; il y a donc une stimulation de la consommation et réduction de l’incertitude sur revenus futurs;
· le dépense supplémentaire du gouvernement permettral’utilisation des ressources oisives, donc la création de revenus nécessaires au paiementdes impôts dûs dans le futur.
De plus l’approche ricardienne de la dette publique est fondée sur l’hypothèse de revenu permanent composé conjointement du revenu courant et de revenu futur anticipé. Selon cette hypothèse, les réductions fiscales financées par l’emprunt accroissent le revenu permanent et la consommation. Or, les keynesiens affirment qu’il faut se méfier de l’hypothèse de la perception de revenu sur l’ensemble de la vie, dans le mesure où certains agents sont confrontés à un rationnement de crédit, il n’est pas possible de consommer que son revenu courant. C’est donc ce dernier, et non le revenu au cours de la vie qui détermine la consommation: une réduction fiscale financée par empruntl’ accroît le revenu courant, et donc la consommation. Ce qui rend moins valide le principe d’équivalence ricardienne.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : DETTE PUBLIQUE ET POLITIQUES ECONOMIQUES
Section 1 : Soutenabilité de la dette
I- Concept de soutenabilité
II- Dette publique, inflation, politique monétaire
Section 2 : Principe d’équivalence ricardienne et neutralité de la dette publique
I- L’approche traditionnelle de la dette publique
II- L’approche ricardienne de la dette publique
III- Critiques de l’approche ricardienne
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES OPERATIONS FINANCIERES DE SECTEUR PUBLIC : BTA
Section 1 : Procédures de BTA
I- Marché primaire
II- Marché secondaire
Section 2 : Les opérations financières publiques et les différents indicateurs
I- L’impact de l’émission des BTA sur la disponibilité des ressources financières
II- L’évolution des taux d’intérêt sur le marché des BTA
III- L’évolution du ratio du financement intérieur dans le total de financement de l’écono mie
IV- L’évolution de la dette intérieure et son intérêt
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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