L’impact de la radiothérapie sur les scores cognitifs en fonction des régions irradiées

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Facteurs de risque des séquelles cognitives

Dans la littérature, plusieurs facteurs ont été identifiés comme prédictifs de risque de séquelles cognitives tardives. Le premier est lié à la maladie, il implique la localisation de la tumeur et l’âge au diagnostic. Le second facteur est lié au schéma thérapeutique utilisé (la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie). Le troisième facteur identifié est le facteur environnemental et concerne notamment l’influence du milieu familial.

Facteurs de risque liés à la maladie

La localisation tumorale

L’emplacement anatomique de ces tumeurs à l’intérieur et/ou adjacent au cervelet met les voies cérébelleuses et les fonctions sous tendu par le cervelet à risque lors de la résection chirurgicale (Hanzlik et al., 2015). Le cervelet est composé de trois parties : le vermis et les hémisphères cérébelleux situés de part et d’autre (Figure 5). Il joue un rôle important dans les fonctions sensoriomotrices, le contrôle de l’équilibre et le réflexe oculaire vestibulaire (Ito, 2006, Vuillier et al., 2011) mais également dans un large éventail de fonctions cognitives, incluant le langage, la vitesse de traitement, la mémoire et les fonctions exécutives (Desmond and Fiez, 1998; Riva, 2004; Quintero-Gallego et al., 2006; Eckert, 2010, 2011). Situés latéralement dans l’hémisphère, les noyaux dentelés, qui sont les noyaux profonds les plus volumineux, ont été décrits comme des relais centraux dans le passage des voies anatomiques reliant le cervelet au cortex cérébral non moteurs (Jissendi et al., 2008).

Les séquelles neuropsychologiques consécutives à un syndrome de mutisme cérébelleux à la suite de la résection tumorale en fosse postérieure sont maintenant bien connues (Pollack et al., 1995; Siffert et al., 2000). Le syndrome de mutisme cérébelleux est une entité clinique postopératoire caractérisée par un discours diminué ou absent durant une période limite, une ataxie, une hypotonie et une labilité émotionnelle (Siffert et al., 2000; Robertson et al., 2006; Gudrunardottir et al., 2011). Malgré la disparition du syndrome de mutisme akinétique au bout d’un mois, celui-ci reste associé à un risque élevé de séquelles cognitives (Palmer et al., 2010). Sa fréquence d’apparition peut-être variable selon les études (8-25% – Pollack et al., 1995; Pitsika and Tsitouras, 2013) et les facteurs associés à l’apparition de ce syndrome ne sont pas encore clairs. Actuellement, l’infiltration du tronc cérébral et l’histologie de la tumeur (i.e. médulloblastome) semblent être les deux variables fréquemment associées à l’apparition d’un syndrome de mutisme akinétique. En revanche, l’hypothèse selon laquelle les techniques chirurgicales pour atteindre le quatrième ventricule (incision du vermis vs. approche par les voies télo-vélaires) pourraient augmenter la probabilité d’apparition de ce syndrome n’a pas été démontré (Tamburrini et al., 2015)

Des symptômes additionnels à ceux décrits dans le syndrome de mutisme cérébelleux ont également été rapportés chez ces enfants et s’inscrivent plus largement dans ce qu’on appelle le syndrome de la fosse postérieure (Gudrunardottir et al., 2011; Thomale and Driever, 2013). Outre le mutisme cérébelleux, il est caractérisé par des troubles du comportement (changement de personnalité, apathie, problème de mémoire ou d’attention), des difficultés sur le plan langagier (agrammatisme, manque du mot, dysarthrie) et moteur (manque d’initiation du mouvement, paralysie des nerfs crâniens) (Levisohn et al., 2000; Siffert et al., 2000; Gudrunardottir et al., 2011). De façon intéressante, cette association de symptômes, déjà décrite chez l’adulte (Schmahmann and Sherman, 1998), est connue sous le nom de « syndrome cérébelleux cognitif et affectif ».
Aujourd’hui, la question de savoir si une lésion dans le cervelet peut causer ou non des déficits neurocognitifs n’est plus discutée. En revanche, les relations entre le site topographique de la lésion, la gravité et le type de séquelles, sont moins claires. L’atteinte du vermis a été associée à un risque plus élevé de séquelles cognitives et affectives (Riva and Giorgi, 2000; Grill et al., 2004; Richter et al., 2005; Puget et al., 2009). Des corrélations entre le type de difficultés et la latéralisation de la lésion ont également été observées chez des enfants traités pour PFT. Une tumeur dans l’hémisphère cérébelleux droit serait associée principalement à des difficultés sur le plan langagier et du raisonnement logique alors qu’une lésion gauche induirait plutôt des difficultés de type attentionnel et visuo-spatial (Riva and Giorgi, 2000; Baillieux et al., 2010). Chez les PFT, l’atteinte des noyaux dentelés sur l’imagerie post opératoire a été associé à un QI plus bas que la moyenne et a des difficultés de dextérité motrice (Puget et al., 2009).

L’âge au diagnostic

Le jeune âge au diagnostic de tumeur cérébrale est un facteur de risque de séquelles cognitives à long terme (Radcliffe et al., 1992; Mulhern et al., 2001; Palmer et al., 2001; Merchant, Schreiber, et al., 2014). Ris et al., (2001) ont montré dans une étude longitudinale (3 ans post-diagnostic) que le déclin cognitif des enfants traités avant l’âge de 7 ans était plus important que ceux traités à un âge plus tardif. Pour Mulhern et al., (2001), c’est principalement l’irradiation CS qui en est la cause. Les patients plus jeunes traités par radiothérapie CS avec ou sans chimiothérapie associée auraient une myélinisation plus déficiente, ou une perte de la substance blanche plus importante avec le temps, ce qui favoriserait l’apparition de certains déficits cognitifs. Toutefois dans plusieurs études, l’association entre l’âge au diagnostic et les séquelles cognitives n’a pas été mise en évidence (Grill et al., 1999; Mabbott et al., 2008; Pietilä et al., 2012).

Dans d’autres études, un effet de l’âge au diagnostic n’était retrouvé que pour certaines mesures cognitives (Mulhern et al., 2001; George et al., 2003), suggérant le caractère multifactoriel de la survenue de séquelles. Par exemple, dans l’ étude de George et al., (2003), les QIV, QIP et QI moyens étaient significativement plus élevés chez les enfants de plus de 6 ans au moment du diagnostic que chez les plus petits. En revanche, les performances moyennes aux évaluations mnésiques (« Wide Range Assessment of Memory and Learning ») étaient similaires. Palmer et al., (2003a) propose une explication alternative à ces divergences notables. L’âge au diagnostic influencerait plus la rapidité du déclin cognitif que son intensité. Chez les plus petits, le déclin cognitif commencerait en moyenne 2 ans post-diagnostic puis se stabiliserait. En revanche, chez les plus grands les difficultés cognitives commenceraient à émerger plus tardivement après le diagnostic. Selon elle, la diminution de QI au cours du temps entre les petits et les plus grands serait comparable à partir 6 et 7 ans post diagnostic.

Facteurs de risque liés aux traitements

Traitement de l’hydrocéphalie

L’effet spécifique de l’hydrocéphalie sur le développement fonctionnel et académique des enfants avec PFT reste en revanche moins clair. En contrôlant l’effet potentiel des variables cliniques et démographiques (âge au diagnostic, radiothérapie, niveau socioéconomique), Hardy et al., 2008 ont montré que les enfants avec PFT traités pour une hydrocéphalie obtenaient des performances aux tests de QI, de mathématiques, d’écriture et visuo-moteurs significativement inférieures à ceux n’ayant pas été traités pour une hydrocéphalie. Dans la même veine, (Merchant et al., 2004) ont rapporté une corrélation entre l’importance de l’hydrocéphalie, obtenu via des échelles de mesures ventriculaires (e.g Evan’s index, Media cella Index (Keats and Sistrom, 2001; Toma et al., 2011), et les performances de QI chez des enfants traités pour un épendymome. Alors que plusieurs autres études ont corroboré ces résultats ainsi qu’étendu à d’autres domaines cognitifs (mémoire, performances académiques et sociales etc ; Mabbott et al., 2005; Pietilä et al., 2012; Reimers, Mortensen, & Schmiegelow, 2007), d’autres n’ont observé aucun effet de l’hydrocéphalie sur les performances cognitives (Ellenberg et al., 1987; Kao et al., 1994; Mabbott et al., 2008) avec parfois même des résultats contradictoires (Johnson et al., 1994). Enfin, on peut également noter que la survenue d’une méningite ou d’une infection de la valve de dérivation a également été associée à une baisse importante du QI (Kao & al, 1994).

La radiothérapie

La radiothérapie est aujourd’hui considérée comme un des facteurs majeurs des déficits neurocognitifs (Grill et al., 1999; Conklin et al., 2008; Lawrence et al., 2010b; Padovani et al., 2012). Plus précisément, l’irradiation CS (Grill et al., 1999; Kieffer-Renaux et al., 2000; Spiegler, 2004; Merchant, Schreiber, et al., 2014), le volume recevant l’escalade de dose, classiquement dénommé « boost » (Merchant et al., 2006) et le fractionnement (Carrie et al., 2003; Lawrence et al., 2010b) semblent particulièrement liés à la détérioration intellectuelle progressive rapportée chez enfants traités pour une tumeur cérébrale.

L’effet de l’irradiation craniospinale sur les fonctions cognitives

Grill et al., (1999) ont rapporté une association claire entre les doses délivrées en CS et les performances aux échelles de Wechsler (Wechsler, 1991), en particulier pour le QI et le QIV, chez 31 patients traités pour un épendymome ou un médulloblastome. Cet effet a été de nombreuses fois répliqué chez les enfants traités pour une PFT et a été également étendu à d’autres fonctions cognitives telles que : l’attention, les fonctions exécutives, la coordination visuo-motrice ou encore des compétences plus académiques (lecture, mathématiques) (Mulhern et al., 1998; Copeland et al., 1999; Kieffer-Renaux et al., 2000; Merchant, Schreiber, et al., 2014). La réduction de la radiothérapie en CS (25 Gy ou 18 Gy), en particulier pour les médulloblastomes plus jeunes et à risque standard, semble avoir un effet bénéfique sur la préservation des fonctions cognitives. Toutefois, une diminution substantielle des performances aux échelles de Wechsler au fil des années semble persister (Ris et al., 2001).

Effet du boost sur les fonctions cognitives

Une autre façon de mieux préserver à long terme les performances cognitives des enfants porteurs d’une PFT a été de réduire, en plus de l’irradiation CS, le volume recevant le boost (.i.e. fosse postérieure). En effet, même si la diminution de l’irradiation en CS permet de réduire les doses délivrées sur l’ensemble du cerveau (Figure 6, A); le boost sur l’ensemble de la fosse postérieure induit des doses plus élevées dans les régions adjacentes telles que les lobes temporaux, les hippocampes, le tronc cérébral ou encore l’hypothalamus (Merchant et al., 2006). Réduire le volume du boost de la fosse postérieure au lit tumoral pourrait diminuer significativement le volume de tissu sain recevant la dose la plus élevée (Figure 6, B).

Effet régional de la radiothérapie sur les fonctions cognitives

Plusieurs études récentes se sont intéressées à l’ effet spécifique de l’irradiation dans certaines régions cérébrales sur les performances cognitives d’enfants traités pour une tumeur cérébrale (Merchant et al., 2006; Armstrong et al., 2010; Jalali et al., 2010; Merchant, Schreiber, et al., 2014). Dans une étude menée sur 28 jeunes (6 à 23 ans) patients traités pour une tumeur cérébrale avec de la radiothérapie stéréotaxique, Jalali et al., (2010) ont étudié les effets sur le changement de QI des doses de radiothérapie délivrées dans différentes régions cérébrales.

Les patients ayant reçu une dose >43.2 Gy dans plus de 13% du lobe temporal gauche étaient plus à risque de présenter une diminution > 10% du QI dans les deux ans suivant le traitement. Cette association n’a pas été retrouvée dans les autres régions (cerveau entier, lobe temporal droit, lobes frontaux). Dans une mouvance similaire, Armstrong et al., (2010) ont étudié les relations entre les doses maximales reçues dans différentes régions cérébrales (.i.e. régions temporales, frontales, pariéto-occipitales) et les difficultés rencontrées sur le plan cognitif au cours des 6 derniers mois, grâce à un auto-questionnaire, chez des patients traités pour une tumeur cérébrale pendant l’enfance. Chez les patients traités pour un médulloblastome, ils ont mis en évidence une forte association entre la dose maximale reçue au niveau des lobes temporaux et la présence de difficulté d’attention, de traitement de l’information («Task efficiency ») et de planification (« Organization »).

Plus récemment, Merchant et al., (2006); Merchant, Schreiber, et al., (2014) ont analysé l’impact des doses moyennes dans plusieurs régions (i.e. cerveau entier, lobe temporal, hippocampe et fosse postérieure) sur le changement de QI dans le temps. Ils ont conclu que parmi les régions évaluées, la fosse postérieure semblait être la plus tolérante à la radiothérapie; suivie des lobes temporaux, des hippocampes et enfin de l’espace sustentoriel (i.e. le cerveau). Toutefois, le pattern inverse a été observé par la même équipe chez des enfants traités pour un épendymome. Merchant et al (2014b) ont alors rapporté, une association entre la dose moyenne délivrée au niveau de la fosse postérieure et la baisse du QI dans le temps, alors que cette association n’était pas retrouvée pour la région sus-tentorielle. Selon les auteurs, cette absence d’association n’est pas liée à une plus faible dose moyenne délivrée (≈ 14 Gy) dans le cerveau par rapport à la fosse postérieure. En effet, des effets délétères sur le QI de l’irradiation du cerveau entier ont déjà été observés chez des patients ayant reçu des doses similaires (Spiegler et al., 2006) ou des doses bien inférieures (Merchant et al., 2005). Les auteurs attribuent ces différences à la méthodologie utilisée : index de dose (.i.e. moyenne de dose dans la région) par opposition au pourcentage de volume recevant intervalle de dose (.i.e. 0-5 Gy).

Chimiothérapie

La chimiothérapie a été également impliquée dans l’émergence de difficultés cognitives chez des enfants traités pour une PFT ou plus généralement pour une tumeur cérébrale (Riva et al., 2002; Pietilä et al., 2012). Toutefois, sa contribution spécifique reste encore très débattue.
Dans une étude portant sur 52 enfants traités pour une tumeur cérébrale (malignes et bénignes), les enfants traités par chimiothérapie présentaient un QI inférieur à ceux traités sans chimiothérapie (Pietilä et al, 2012). Il est important de noter néanmoins que les auteurs de cette étude ne semblent pas prendre en compte les facteurs confondants (ex. Tumeurs bénignes/ malignes vs. Présence/ absence de chimiothérapie). La chimiothérapie a également été associée à une altération de la mémoire immédiate et à long terme chez les patients atteints de tumeurs cérébrales dans l’enfance (Shortman et al., 2014). Selon ces auteurs, la chimiothérapie pourrait être un facteur de risque de futures difficultés scolaires. D’autres études n’ont toutefois montré aucun effet négatif significatif de la chimiothérapie sur le développement cognitif par rapport à la radiothérapie (Copeland et al., 1999; Moleski, 2000; Palmer et al., 2003b; von der Weid et al., 2003).

L’une des raisons de ces disparités est probablement lié au fait que les chimiothérapies sont inégalement porteuses de séquelles à long terme, certaines sont plus à risque, comme le méthotrexate par exemple. Pour Riva et al, 2002, l’administration de méthotrexate augmenterait significativement la survenur de difficultés cognitives chez les enfants, par rapport à d’autres chimiothérapies. Les auteurs ont montré que les groupes traités par radiothérapie et chimiothérapie avec méthotrexate avaient des performances cognitives significativement plus faibles que les contrôles, en particulier chez les plus jeunes. En revanche, ceux traités avec radiothérapie et chimiothérapie sans méthotrexate avaient des résultats similaires aux contrôles dans la plupart des tests cognitifs. Le méthotrexate est associé à une neurotoxicité portant sur la substance blanche et peut être à l’origine de leucoencéphalopathie (Gosavi et al., 2013). Il est actuellement difficile d’estimer l‘impact de la chimiothérapie sur la cognition des patients traités pour une tumeur cérébrale en raison de nombreux facteurs de confusion. Chez les enfants traités pour une PFT, la chimiothérapie est souvent associée à la radiothérapie et lorsqu’elle est délivrée toute seule, il s’agit d’enfants très jeunes généralement traités notamment avec du méthotrexate. La probabilité de présenter des difficultés cognitives est par conséquent déjà élevée sans compter le potentiel impact des autres facteurs de risque qui ne sont pas souvent pris en compte par manque de puissance statistique.

Facteurs environnementaux

Outre les facteurs liés à la maladie et à son traitement, l’environnement scolaire et familial des patients influence le devenir cognitif des patients. Une récente étude a montré que le niveau socio-économique de la famille, mesuré par la profession de la mère, était un facteur prédictif significatif du niveau de séquelles neurocognitives chez les enfants traités pour un médulloblastome (Beaugrand et al., 2009). Dans la même mouvance, (Palmer et al., 2003a) a analysé l’effet du niveau socio-économique des patients (mesuré par le niveau d’étude des parents) sur le changement du QI dans le temps, chez des enfants traités pour un médulloblastome. De façon intéressante, une différence de QI moyen était observée entre les groupes de niveau socio-économique différents et cette différence était maintenue au fur et à mesure que les scores diminuaient au fil du temps. En d’autres termes, il existerait des différences de QI entre les enfants de niveau socio-économique différents, mais la perte de QI entre deux points temporels chez ces enfants serait la même quel que soit le niveau socio-économique.

Un environnement familial stressant et l’incapacité des parents, en particulier de la mère, à mettre en place des stratégies pour s’adapter aux contraintes liées à la maladie (« coping ressources ») sont des facteurs également associés à un risque plus élevé de séquelles (Carlson-Green et al., 1995). Enfin, les aménagements scolaires et des rééducations appropriées pourraient significativement impacter sur les performances académiques des patients porteurs de PFT, en favorisant la mise en place de stratégies pour pallier aux difficultés cognitives (Laroussinie, 2004; Butler and Mulhern, 2005; Nagel et al., 2006). Ces facteurs environnementaux pourraient impacter sensiblement sur l’évolution des fonctions intellectuelles des enfants souffrant de PFT, leur prise en compte expliquerait probablement une part non négligeable de la variabilité parmi les enfants traités pour une PFT.

La mémoire épisodique

Développement de la mémoire épisodique

Pour Tulving, (1985, 2002) un souvenir ne peut être épisodique que s’il contient les informations lié à l’action « Quoi », au contexte spatial « Où » et au contexte temporel « Quand ». La récupération de ce souvenir est également caractérisée par un sentiment de reviviscence qui implique que le sujet ait acquis la notion du self et qu’il soit capable de voyager mentalement dans le temps grâce à sa conscience autonoétique.

Durant les deux premières années de vie, les souvenirs épisodiques seraient quasi-inexistants et les bébés se reposeraient alors sur les autres systèmes mnésiques déjà en place, c’est-à-dire mémoire procédurale, système de représentations perceptives, mémoire sémantique, puis mémoire de travail (Tulving, 1995). L’existence d’une mémoire à long terme explicite chez le bébé dès l’âge de six mois (Barr et al., 1996; Carver and Bauer, 1999; Collie and Hayne, 1999) serait par conséquent de nature sémantique. Ainsi, les bébés maintiendraient en mémoire la séquence d’action sans la lier à l’endroit où elle a été apprise, avec qui ils l’ont apprise et ainsi de suite. Cependant, il ne semble pas exister de démonstration définitive selon laquelle le souvenir précoce n’est pas épisodique. Par ailleurs, l’absence de langage chez les jeunes enfant rend complexe l’évaluation du « Où, Quoi, Quoi » (Reese, 2009), limitant les conclusions sur le statut de la mémoire épisodique (ME) du jeune enfant. Cette période s’apparente au phénomène d’amnésie infantile, qui a été décrite à partir des données développementales issue du champ de recherche sur la mémoire autobiographique (Figure 8 ; Rubin, 2000).

Chez les enfants de 3 à 5 ans, les événements sont rappelés à des taux inférieurs à ce qu’on pourrait attendre d’une fonction d’oubli normale. Les souvenirs sont rappelés sous une forme fragmentaire (Newcombe et al., 2007). Au mieux, les enfants rappelleront le « Quoi » de l’évènement, et quelques brides sur le « Où » et le « Quand » (Reese, 2009). Cette période correspond à l’amnésie de l’enfance (Figure 8 ; Rubin, 2000). Ce n’est qu’ entre 6-10 ans que la ME semble atteindre un certain niveau de maturité (Rubin, 2000; Reese, 2009; Guillery-Girard et al., 2013a). Cette même période jusqu’à l’adolescence est marquée par une augmentation importante des détails temporels et spatiaux de l’événement en mémoire (Reese, 2009; Ghetti and Bunge, 2012). Les informations liées aux « Quoi » et au « Pourquoi» des évènements seraient également plus détaillés, plus riches que lors de la petite enfance (Fivush et al., 2004; Reese, 2009).

L’ augmentation importante des détails contextuels rapportés durant ces périodes est également à mettre en lien avec l’émergence lente et progressive de la conscience autonoétique (Picard et al., 2009). Pendant les premières années de la vie, les évènements rappelés sont dépourvus de conscience autonoétique. Les enfants pensent être à l’origine de l’information rapportée (Taylor et al., 1994), ils ne se souviennent plus du contexte d’apprentissage, traduisant l’ implication importante de la mémoire sémantique (Picard et al., 2009). La conscience autonoétique qui permettrait le voyage mental du présent vers le passé, puis vers le futur, n’émergerait que vers 4 ans et serait précédé de formes de conscience de soi plus rudimentaires telles que reconnaissance de son corps dans le miroir (Gallup, 1970) ; l’émergence du self cognitif (Howe and Courage, 1997). Selon Picard et al., (2009), les capacités de l’enfant à rappeler l’origine des modalités sensorielles et la source d’encodage (Gopnik and Graf, 1988) augmenteraient significativement à partir de 5 ans. Vers 8 – 10 ans jusqu’à l’adolescence, l’accès aux souvenirs s’effectue progressivement à travers d’un véritable processus de recollection , traduisant l’implication de plus en plus importante de la ME sur celle de la mémoire sémantique (Billingsley et al., 2002; Guillery-Girard et al., 2013b)

Il semble également exister une dissociation développementale de mémorisation entre les informations temporelles et spatiales des évènements (Hayne and Imuta, 2011; Guillery-Girard et al., 2013b). Selon Russell and Thompson, (2003) les enfants seraient capables dès deux ans de mémoriser pendant au moins 24 heures des associations entre un jouet et le lieu où celui-ci a été placé (e.g. boîte). Cette aptitude semble augmenter significativement pendant l’enfance (3.5 -10 ans), avec ensuite des changement plus subtils mais toujours présents à l’adolescence (12-23 ans) (Bauer et al., 2012; Guillery-Girard et al., 2013a; Ribordy Lambert et al., 2017).

Les capacités à encoder ou mémoriser les informations temporelles de des évènements semblent émerger plus tardivement. Durant la phase de rappel de la tâche de « cache-cache », les enfants de trois ans avaient des performances similaires à ceux de quatre ans lorsqu’ils devaient rappeler les lieux spécifiques dans lequel le jouet était caché. Cependant, contrairement aux enfants de quatre ans, ceux de trois ans avaient beaucoup plus de mal à rappeler avec précision « le moment » où l’objet avait été caché (Hayne and Imuta, 2011). A 4-5 ans, les enfants seraient capables de se rappeler d’un évènement spécifique s’étant déroulé récemment (e.g « hier ») ou dans un passé plus lointain (e.g. « pendant cet hiver »). En revanche, ils n’arriveraient pas avant 6-8 ans à localiser/ou ordonner de manière fiable, plusieurs événements/ou items sur une échelle de temps (Friedman, 1993; Pathman et al., 2013). Selon Guillery-Girard et al., (2013b) leurs performances augmenteraient de manière particulièrement importante entre 9-10 ans, suivi d’un nivellement jusqu’à l’âge adulte. L’habileté à encoder et récupérer à long terme les éléments temporelles d’un évènement semblent être dépendantes d’une mise en œuvre effective des fonctions exécutives (stratégies verbales, inférences etc. Friedman and Lyon, 2005; Guillery-Girard et al., 2013b; Ben Malek et al., 2017) . Pour certains auteurs, chez l’enfant comme chez l’adulte, les éléments temporels ne seraient pas directement accessibles en mémoire, ils seraient généralement le fruit d’une reconstruction à partir de stratégies inférentielles (Friedman and Lyon, 2005; Ben Malek et al., 2017) (eg. « C’était pendant un samedi car je ne suis pas allée à l’école ce jour-là » ; Pathman et al., 2013)

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Table des matières

Chapitre I – Introduction générale
Partie 1 – Les tumeurs pédiatriques de la fosse postérieure
Partie 2 – La radiothérapie conformationnelle 3D
Partie 3 – Les séquelles cognitives
Partie 4 – Facteurs de risque des séquelles cognitives
Partie 5 – La mémoire épisodique
Partie 6 – Objectifs
Chapitre II – Contribution expérimentale
Partie 1 – Approche globale : relation entre la baisse du fonctionnement intellectuel global et les facteurs de risque chez des jeunes enfants traités pour une PFT.
Etude 1 – Altération de facteurs cognitifs spécifiques chez des enfants traités pour un médulloblastome
Etude 2 – L’impact de la radiothérapie sur les scores cognitifs en fonction des régions irradiées
Partie 2 – Approche focale : impact de la maladie sur le développement de la ME et sur la maturation hippocampique structurelle chez des enfants traités pour une PFT.
Etude 1 – Altération de la ME chez des jeunes enfants traités pour une PFT
Etude 2 (en cours) – Etude volumique hippocampique chez des jeunes enfants traités pour une PFT
Etude préalable à l’étude volumique : Caractérisation des malrotations hippocampiques chez 29 enfants traités pour une PFT
Chapitre III – Discussion générale
Références

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